La conférence internationale sur l’économie de communion (ÉdeC), organisée conjointement par l’Université catholique d’Afrique de l’Est (CUEA) et par le mouvement des Focolari, s’est achevée par la création d’un « Centre d’études Chiara Lubich » pour l’économie. La conférence, qui s’est tenue à Nairobi du 26 au 28 janvier derniers, avait pour thème : « Économie de communion : un nouveau modèle de développement pour l’Afrique ». Le centre sera opérationnel dès juillet 2011 avec un premier cours.
Les participants, qui attendaient beaucoup de cette première présentation du projet ÉdeC sur le continent africain, étaient plus de 300. La conférence a réuni des économistes et des experts de plusieurs pays africains, spécialisés dans différentes disciplines, ainsi que des chercheurs, des entrepreneurs et des acteurs sociaux venus des États-Unis, des Philippines et de divers pays d’Europe.
Le professeur Luigino Bruni, qui enseigne l’économie politique à l’université de Milan-Bicocca et à l’Institut universitaire « Sophia » de Loppiano (région de Florence), responsable du projet à l’échelle mondiale, a présenté l’ÉdeC, née du charisme de l’unité apporté par Chiara Lubich à l’Église. L’ÉdeC a trouvé un soutien et un élan grâce, entre autres, à la mention qu’en fait l’encyclique « Caritas in veritate » (n°46).
« Un vrai développement pour l’Afrique doit sous-entendre la spiritualité de communion, le souci des autres et la solidarité envers les nécessiteux », a affirmé le vice-président de la CUEA, le Pr. Maviiri, en ouverture. « Les idées novatrices présentées au cours de cette conférence suscitent de grandes espérances et offrent de grandes opportunités de développement humain, dans un continent où environ 60% de la population continue de vivre sous le seuil de pauvreté », a conclu Kiflemariam Abraham, professeur de la même université. Le nonce apostolique du Kenya, l’archevêque Paul Alain Lebeaupin, était également présent. « Je suis très heureux que le mouvement des Focolari ait pu délivrer ce message de l’ÉdeC, que le Pape apprécie beaucoup », a-t-il déclaré.
Les défis que l’Afrique doit relever ont été abordés avec une rationalité lucide par Geneviève A. Sanze, experte en éthique des affaires et en développement durable.
L’accent a été mis sur les expériences concrètes d’entrepreneurs et économistes du monde entier. Par exemple, celle de Teresa Ganzon, administrateur délégué de Banko Kabayan (Philippines) dans le secteur de la micro-finance, une réalité qui éveille beaucoup d’intérêt en Afrique, ou de John Mundell, des États-Unis, président de Mundell & Associates, qui évolue quotidiennement dans un environnement fortement compétitif.
Au cours des jours précédents, du 23 au 25 janvier, la « mariapolis Piero », cité-pilote des Focolari située à Kalimoni (Nairobi), a accueilli la première « Economy of Communion School » pour les jeunes se destinant à devenir entrepreneurs et dont la plupart venaient d’Afrique. « C’est un des événements les plus intenses que j’aie vécus avec l’ÉdeC », a affirmé le Pr. Bruni en concluant son intervention. Citons quelques-uns des résultats de l’école panafricaine :
– Elle a jeté les bases du futur pôle industriel à la mariapolis Piero, qui compte déjà 15 associés et a obtenu ses premiers fonds. Les pôles d’entreprises figurent parmi les éléments fondamentaux pour l’intuition sur l’ÉdeC. Ils sont construits près des cités pilotes du mouvement, afin que l’esprit du projet reste toujours vivant. Il s’agit d’une concentration d’entreprises, d’un laboratoire visible et d’un point de référence, idéal mais aussi opérationnel, pour les autres entreprises de l’ÉdeC. Actuellement, il existe 7 pôles : en Argentine, en Italie, au Brésil (2), en Croatie, en Belgique et au Portugal, et 3 pôles sont en cours de réalisation : au Brésil (Benevides, État de Pará), aux Philippines et en Allemagne.
– Une dizaine d’entrepreneurs africains ont adhéré à l’Économie de communion avec leur entreprise.
– Des projets concrets ont vu le jour. Par exemple, le Bangco Kabayan est entré au Burundi comme partenaire dans le cadre d’un programme de microcrédit et a ainsi débuté ses activités hors des Philippines.
« Ici, les gens veulent vivre », déclare Luigino Bruni, le coordinateur, au terme de cette école. « J’ai été touché de voir combien les jeunes ici aiment étudier. Pour eux, intégrer une université, c’est l’entreprise de leur vie, parce que c’est synonyme d’avenir. On voit des jeunes étudier la nuit à la lumière des lampadaires parce qu’ils n’ont pas tous l’électricité chez eux… Sans ce désir et cette soif d’avenir, notre mouvement ne peut pas grandir. »
Site de l’Économie de communion (francophone) : www.economie-de-communion.org
Voir une vidéo de l’événement : http://vimeo.com/19533079