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« On ne peut pas exprimer ici qui a été Igino Giordani pour le mouvement des Focolari. Il suffit de penser qu’il est cofondateur du mouvement lui-même. Eh bien, être fondateur ou même cofondateur d’une œuvre que l’Eglise reconnaît sienne, comporte une action multiple et complexe de la grâce de Dieu, des impulsions très variées et sûres de l’Esprit Saint, des comportements de la part du sujet, vraiment décisifs pour l’œuvre et le plus souvent imprévus parce que suggérés d’en Haut, la nécessité de souffrir souvent de manière pénétrante et prolongée dans le temps, l’accueil de grâces lumineuses et d’amour peu ordinaires. Alors il est meilleur de confier la révélation de cette figure à l’histoire de l’Eglise et des mouvements spirituels qui l’embellissent de siècle en siècle.

On peut dire quelque chose d’Igino Giordani focolarino, même si ce n’est pas facile.

Le focolarino fait tout, il prie, il travaille,  il souffre, pour arriver à ce but : être parfait dans l’amour. Eh bien, il nous semble devoir affirmer que Giordani a atteint ce but. Pour autant que l’on puisse juger, il a été parfait dans l’amour.Il a donc personnifié le nom qui lui avait été attribué dans le mouvement : Foco, feu. C’est-à-dire cet amour envers Dieu et le prochain, surnaturel et naturel, qui se trouve à la base et au sommet de la vie chrétienne, concourant ainsi de manière unique à garder vivante au milieu de nous tous la réalité de la « parole de vie » qui lui avait été indiquée à son entrée dans le mouvement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Ceux qui ont bien connu Igino Giordani, sont d’accord pour constater et affirmer qu’il a vécu les béatitudes.

A commencer par « Heureux les cœurs purs »,  qu’il a vécue de manière exceptionnelle: il a ouvert aux personnes mariées des deux sexes, en divers points du monde, la possibilité d’une consécration originale à Dieu, tout en étant  mariés, grâce à  une virginité spirituelle, effet de la plus ardente charité. Cette pureté de cœur affina en lui les sentiments les plus sacrés et les a développés. Il avait un amour très tendre envers sa femme. A la fin de sa vie l’intensité de son affection pour ses quatre enfants était émouvante et impressionnante. De même pour ses petits-enfants. C’était un père parfait, un grand-père parfait et un homme tout entier donné à  Dieu.

Il fut “pauvre en esprit”, complètement détaché non seulement de tout ce qu’il possédait, mais surtout de tout ce qu’il était.

Il était plein de miséricorde. A côté de lui, même le pécheur le plus misérable se sentait pardonné, et le plus pauvre se sentait roi.

Une des caractéristiques les plus prononcées, comme le décrit même son histoire d’homme politique, fut celle d’être  «artisan de paix ».

Il était arrivé à un tel niveau d’humilité qu’il faisait comprendre ce que l’évangile dit de celui qui vit cette vertu : il possède la terre. Grâce à sa  sa gentillesse la plus noble, à sa manière de s’adresser aux personnes, à ses paroles toutes spéciales pour chacun, il gagnait l’estime de tous ceux qu’il côtoyait. Avec lui n’importe qui se sentait à son aise, considéré avec dignité, même les jeunes réussissaient à établir avec lui un rapport d’égal à égal. Et l’on constatait, surtout les dernières années, combien il communiquait le surnaturel en parlant.

“J’avais faim et soif de justice”… il s’est battu toute la vie pour cette phrase. Il en a subi des persécutions au nom de Dieu, voilà pourquoi aujourd’hui nous le croyons en possession de Son Royaume. Mais beaucoup d’autres paroles de l’évangile nous font penser à lui.

En le voyant, on comprend ce que veut dire cette conversion que Jésus demande, pour laquelle il faut redevenir enfants. Chrétien de première catégorie, érudit, apologète, lorsqu’il lui a semblé avoir trouvé une source d’eau pure qui jaillissait de l’Eglise, il a su « tout vendre » pour suivre Jésus qui l’appelait à s’y désaltérer.

Pour avoir beaucoup souffert du manque de considération dont les laïcs, à son avis, faisaient l’objet dans l’Eglise de son temps, il aspirait de tout son grand cœur à abattre les cloisons entre les personnes qui se trouvaient dans un état de perfection et les autres – ajoutait-il en riant – qui se trouvaient en  état d’imperfection. Autrement dit, il était très sensible aux signes des temps, il était lui-même un signe des temps, de ces temps où l’Esprit Saint appelle tout le peuple de Dieu à la sainteté.

Lorsqu’Igino Giordani rencontra le mouvement, celui-ci n’était formé que de personnes consacrées dans la virginité. C’est lui qui l’a ouvert aux mariés, qui, à sa suite, ont éprouvé la soif de sainteté et de consécration, en concrétisant le projet, jusque là seulement entrevu, d’un partage de vie entre vierges et mariés, pour autant que possible, à l’image de la famille de Nazareth. Giordani fut l’un des plus grands dons que le ciel ait pu faire au mouvement des Focolari ».

(extrait de Chiara Lubich, Igino Giordani focolarino, “Città Nuova” n° 9-10 mai 1980)

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