Quel est le plus grand commandement de la Loi ? Question classique dans les écoles rabbiniques à l’époque du Christ… On la pose à Jésus, considéré comme maître. Il y répond de manière originale en liant l’amour de Dieu et celui du prochain. Ses disciples ne devront jamais les dissocier, pas plus qu’on ne saurait séparer le tronc des racines d’un arbre. Notre amour pour Dieu intensifie notre amour envers nos frères et plus nous aimons notre prochain, plus s’approfondit notre amour pour Dieu.
Mieux que personne, Jésus connaît ce Dieu que nous devons aimer et comment il doit être aimé : il est son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu (cf. Jn 20, 17). Il aime chacun personnellement. Il est mon Dieu, il est ton Dieu. Il est le Dieu de tous, qui dit à chacun de nous : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».
Et c’est parce qu’il nous a aimés le premier que nous pouvons répondre à son amour en l’aimant. Tournons-nous vers lui avec la même confiance de Jésus lorsqu’il l’appelait Abbà, Père. Parlons-lui souvent, confions-lui nos besoins, nos résolutions, nos projets. Redisons-lui notre amour exclusif. Attendons avec impatience ce moment de dialogue, de communion, d’intense intimité et de contact profond avec lui qu’est la prière. Nous pouvons alors lui exprimer tout notre amour, l’adorer, chanter sa gloire, lui qui est présent dans l’univers entier, le louer au fond de notre cœur ou vivant dans le tabernacle. A n’importe quel moment nous pouvons penser à lui, là où nous sommes, dans notre chambre, au travail, au bureau, que nous soyons seuls ou avec d’autres…

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)

Jésus nous enseigne aussi une autre manière d’aimer le Seigneur notre Dieu. Pour lui, aimer voulait dire accomplir la volonté de son Père, en mettant son esprit, son cœur, ses énergies, sa vie même, à sa disposition. Il s’est complètement donné au projet que le Père avait sur lui. L’Évangile nous le montre toujours et totalement tourné vers le Père (cf. Jn 1, 18), toujours en lui, attentif à ne dire que ce qu’il avait entendu du Père, à n’accomplir que ce que le Père lui avait dit de faire. De nous aussi, Dieu attend cet amour total. Aimer signifie faire la volonté de l’Aimé, sans demi-mesure, de tout notre être : « de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée ». Car l’amour n’est pas simplement un sentiment : « Et pourquoi m’appelez-vous « Seigneur, Seigneur » et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Lc 6, 46), demande Jésus à ceux qui n’aiment qu’en paroles.

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée »

Comment vivre alors ce commandement de Jésus ? En entretenant avec Dieu un rapport filial et de confiance, mais surtout en faisant sa volonté. Comme Jésus, notre attitude envers Dieu sera de nous tourner toujours vers le Père, à son écoute, lui obéissant pour accomplir son œuvre et rien d’autre.
Il nous est demandé de l’accomplir de tout notre être, car, à Dieu, on ne peut pas donner moins que tout : tout notre cœur, toute notre âme, toute notre pensée. Cela veut dire bien faire, et complètement, cette action qu’il nous demande.
Pour vivre sa volonté et nous y conformer, il faudra souvent brûler la nôtre, sacrifiant tout ce qui, dans notre cœur et notre esprit, ne concerne pas le présent. Il peut s’agir d’une idée, d’un sentiment, d’une pensée, d’un désir, d’un souvenir, d’un objet, d’une personne…
Nous serons alors tout entiers à ce qui nous est demandé dans l’instant présent. Qu’il s’agisse de parler, de téléphoner, d’écouter, d’aider, d’étudier, de prier, de manger, de dormir… Accomplir tout cela parfaitement, de tout notre cœur, notre âme, notre pensée ; avoir l’amour comme unique moteur de nos actions, au point de pouvoir dire, à chaque instant de la journée : « Oui, mon Dieu, en cet instant, en cette action, je t’ai aimé de tout mon cœur, de tout moi-même ». Et nous pourrons dire que nous aimons Dieu, que nous répondons à son Amour.

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)

Comment vivre cette Parole de vie ? Il pourra être utile de nous examiner de temps en temps, en nous demandant si Dieu est vraiment à la première place dans notre âme. Mais pour conclure, que devons-nous faire en ce mois ? Choisir à nouveau Dieu comme unique idéal, comme le tout de notre vie, en le remettant à la première place, en vivant à la perfection sa volonté dans le moment présent. Nous devons pouvoir lui dire sincèrement : « Mon Dieu et mon tout », « Je t’aime », « Je suis tout à toi », « Tu es Dieu, tu es mon Dieu, notre Dieu d’amour infini ! »

Chiara LUBICH

 

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