Celui qui aime ne voudrait jamais être séparé de la personne aimée. Ce désir est aussi celui de Dieu, qui est Amour. Il nous a créés pour que nous puissions le rencontrer et nous n’aurons la plénitude de la joie que lorsque nous parviendrons à être intimement unis à lui qui seul peut répondre à l’attente de notre cœur. Il s’est fait chair pour demeurer parmi nous et nous introduire dans la communion avec lui.
Dans sa première épître, Jean parle de « demeurer » réciproquement l’un dans l’autre, Dieu en nous et nous en lui, faisant écho à la recommandation exprimée par Jésus au cours de la dernière Cène : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ». Il avait souligné, par l’image de la vigne et des sarments, combien est fort et vital le lien qui nous unit à lui.
Mais comment parvenir à l’union à Dieu ? Simplement en observant ses commandements, répond Jean.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

Y a-t-il beaucoup de commandements à observer pour parvenir à cette unité ?
Non, puisque Jésus les a résumés en un seul : « Voici son commandement – dit le verset qui précède immédiatement celui qui a été choisi comme Parole de Vie de ce mois – adhérer avec foi à son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres… »
Croire en Jésus et nous aimer comme lui-même nous aimés : voici l’unique précepte.
Si notre existence trouve son accomplissement lorsque Dieu demeure parmi nous, il n’y a qu’une seule manière de nous épanouir pleinement : aimer ! Jean en est tellement convaincu qu’il ne cesse de le répéter dans son épître : « Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui »  ; « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. »
La tradition raconte, à ce propos, que lorsqu’on l’interrogeait sur les enseignements du Seigneur, Jean, désormais avancé en âge, rappelait souvent les paroles du commandement nouveau. Quand on lui demandait pourquoi il ne parlait pas d’autre chose, il répondait : « Parce que c’est le commandement du Seigneur ! Si on le met en pratique, tout est là ».
Et il en est ainsi pour toute Parole de Vie : elle conduit invariablement à aimer. Il ne peut en être autrement, parce que Dieu est Amour. Chacune de ses Paroles contient l’amour, l’exprime ; et si elle est vécue, elle transforme tout en amour.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

La Parole de ce mois-ci nous invite à croire en Jésus, à adhérer de tout notre être à sa Personne et à son enseignement. Croire qu’il est la manifestation de l’amour de Dieu parmi nous – comme nous l’enseigne encore Jean dans son épître – et que c’est par amour qu’il a donné sa vie pour nous . Croire même lorsqu’il nous semble lointain, lorsque nous ne percevons pas sa présence, lorsque surviennent les difficultés ou qu’arrive la souffrance…
Forts de cette foi, nous saurons vivre à son exemple, et pour obéir à son commandement, nous aimer comme il nous a aimés.
Aimer même quand l’autre nous paraît impossible à aimer, même quand nous avons l’impression que notre amour n’est pas celui qu’il faudrait, ou nous paraît donné en pure perte, sans réciprocité. En agissant ainsi, nous raviverons les relations entre nous, les rendant toujours plus sincères et profondes, et notre unité attirera la présence de Dieu entre nous.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

« Nous nous aimions profondément, mon mari et moi, et nos relations étaient si faciles les premières années de notre mariage, raconte une amie japonaise. Ces derniers temps, cependant, je le sentais fatigué et stressé. Au Japon le travail est un fardeau lourd comme une montagne. Un soir, en rentrant du travail, il s’est mis à table pour le dîner. J’ai voulu m’asseoir à côté de lui, mais il m’a crié de m’en aller : “Tu n’as pas le droit de manger, parce que tu ne travailles pas !” J’ai pleuré toute la nuit, je songeais à quitter la maison, à me séparer de lui. Le lendemain une pensée lancinante : “Je me suis trompée en l’épousant, je n’arrive plus à vivre avec lui”. Dans l’après-midi j’en ai parlé aux amies avec lesquelles je partage ma vie chrétienne. Elles m’ont écoutée avec amour et cette communion m’a donné la force nécessaire pour me remettre sur pied. J’ai réussi à préparer une nouvelle fois le dîner pour mon mari. Au fur et à mesure que l’heure de son retour approchait, ma crainte augmentait : comment va-t-il réagir aujourd’hui ? Mais une voix au fond de moi me disait : “Accueille cette souffrance, tiens bon, continue à aimer”. Et lorsqu’il est apparu sur le seuil de la porte, j’ai vu qu’il m’avait apporté un gâteau. “Pardonne-moi – a-t-il dit – pour ce qui s’est passé hier”. »

Chiara LUBICH

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