Au Paradis terrestre, Dieu conversait avec l’homme : Père qui dialogue avec son fils. Le péché rompt le dialogue. Pour le rétablir, la parole (le Verbe) est venue sur terre et s’est faite chair: le Verbe devient Médiateur entre les hommes et Dieu et, par Lui, le dialogue se rétablit..

Il suscite un ordre nouveau, dont la loi est l’amour. Et l’amour s’exprime en premier lieu par la parole : l’amour n’est pas monologue, il est dialogue, il ne se referme pas sur lui-même, mais recherche l’autre et le sert.

(…) Le Christ rompt toutes les barrières et rétablit le contact avec tous. Il parle avec des femmes perdues, comme aussi avec des bandits, il pardonne, y compris aux crucifiés (…) .Il est venu pour les pécheurs et non pour les justes, qui n’existent pas.

Saint Paul, pharisien devenu chrétien, risque de se faire tuer par ses anciens compagnons de faction, parce qu’il rencontre des impurs, des païens, ces païens avec lesquels les Juifs zélotes ne parlaient pas et dont il tirera la grande Église. Pour lui, il n’y avait ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni maîtres, ni hommes ni femmes, mais des âmes toutes filles de Dieu.

(…) Une impulsion puissante a été donnée à l’évangélisation du monde, et donc au développement de la civilisation chrétienne, dès le deuxième siècle, par le dialogue des apologistes grecs – Justin en tête – avec des penseurs païens quand ceux-ci recherchent dans la sagesse de Socrate et Platon et des sages romains et d’autres races les germes de la Raison divine et, dès lors, les valeurs de la solidarité, de la communion, de l’égalité.  C’est ainsi qu’un terrain d’entente fut trouvé et que s’engagea un dialogue, qui a rapproché gentils et chrétiens, après que des persécutions des empereur et des controverses théologiques les avaient davantage séparés.

Les malheurs  de la division et du silence sont survenus quand la religion a été remuée – et mêlée aux intrigues de la politique  et alors, au lieu de s’entretenir avec les musulmans, à l’exemple de François d’Assise, elle s’est battue contre eux, perdant temps, argent et âmes pour des générations (…) Face à toutes ces formes de régression, ce fut le groupe des saints qui fit vivre le dialogue.

(…) Et c’est le dialogue qui, sous l’impulsion des papes Jean XXIII et Paul VI, a rapproché orthodoxes, protestants et catholiques en quelques années, ce que n’avaient pas réussi les controverses et subtilités, oublis et silences de nombreux siècles.

(…) La religion ne connaît pas d’autre obstacle que la haine, car elle est l’amour. Elle cherche l’unité et la paix.

Igino Giordani – Extrait de “Ut unum sint”, 1967, n.7, pp.28-30.

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