L’Évangile est agréable à lire, mais sa mise en pratique provoque le scandale chez les gens bien comme il faut. L’Évangile ne supporte pas la stagnation, il n’assure pas le repos. Lui, le « signe de contradiction », ne promet pas une sinécure : « C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49).

L’histoire du Christ sur la terre, en vingt siècles, est une suite d’échafauds, entre bagnes et piloris, et l’on ne voit pas toujours l’océan de larmes pleurées en secret.

Et pourtant, sur ce silence désolé et obscur, la foi vaut la peine d’être vécue. Cela vaut la peine de croire sans voir. Rappelons-nous la recommandation de Jésus : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33).
Pour un peu de temps, il disparaît et nous souffrons, restés seuls, mais ensuite il revient. Dans la mystique, cette nuit obscure se termine par une irruption flamboyante du soleil. C’est l’épreuve, et celui qui la supporte avec force connaît la victoire. Il s’agit d’une souffrance qui engendre la vie : une semence qui meurt en terre pour porter du fruit au soleil.

« De même, en effet, que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même, par le Christ, abonde aussi notre consolation » (2 Co 1,5).

Celui qui accueille Jésus crucifié accueille la douleur par amour : et en en faisant un acte d’amour, il trouve la joie. Il faut à cet effet un entraînement à l’Esprit Saint.

Et ainsi, l’existence semble un drame cruel, avec des défaites apparentes et d’atroces déceptions : mais il faut résister. Rien n’est gaspillé de ce que l’on donne dans la douleur : le fruit d’une résistance dans la rationalité et dans la foi, avec force et charité, est utile tant dans l’ordre civil que dans l’ordre spirituel, en ce que le peuple devient, par ces moyens aussi, Corps social du Christ mystique.

On sème dans les larmes, on moissonne dans la joie. 


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