Frères et soeurs, lorsque j’entends les mots “victoire” ou “défaite” – a dit le pape François lors de l’audience générale du 4 février dernier – je ressens une grande douleur, une grande tristesse dans le cœur. Ce ne sont pas les mots justes : le seul mot juste est « paix ». C’est le seul mot juste. Je pense à vous, frères et sœurs ukrainiens…Pensez donc, c’est une guerre entre chrétiens ! Vous avez tous le même baptême ! Vous êtes en train de vous battre entre chrétiens. Réfléchissez à ce scandale. Et prions tous, parce que la prière est notre protestation devant Dieu en temps de guerre »

Tandis que la diplomatie mondiale se mobilise, les faits sembleraient démentir toute perspective de paix. Et pourtant il y a des personnes et des institutions qui mettent courageusement tout en œuvre pour la sauvegarder, même au risque de leur propre vie.

Notre question à Vera Fediva, du Mouvement des Focolari, qui habite en Ukraine: comment les gens du peuple vivent-ils cette situation?

« C’est une période très difficile pour notre Pays: pleine de douleurs et de frustrations. Presque 5000 civils tués, de nombreux blessés et handicapés, des milliers de réfugiés… on n’arrive pas à entrevoir la fin de cette tragédie. La façon dont est né notre mouvement, en pleine Seconde Guerre Mondiale, lorsque tout s’écroulait, nous vient souvent à l’esprit, …mais nous n’aurions jamais imaginé que cela puisse encore arriver au XXIème siècle, presque au cœur de l’Europe, dans un pays tranquille comme l’Ukraine. Notre communauté se trouve à Mukacevo, dans la partie occidentale du Pays, où il n’y a pas de conflits armés. Mais psychologiquement c’est difficile de tenir : aussi parce que beaucoup d’entre nous avons des amis, des parents, des voisins et même des jeunes enfants qui combattent. Beaucoup ont perdu des êtres chers. Nous vivons dans une situation où rien n’est stable. Il est difficile de programmer quelque chose. Personne ne sait ce qui peut arriver demain, un fils unique ou un mari peuvent partir au combat. Nous ne pouvons compter que sur Dieu, qui est Amour. Comme au début du Mouvement… Dans une telle situation nous sentons qu’il est très important de ne pas laisser entrer la haine dans notre cœur, pour être en mesure de pardonner et même de prier pour nos ennemis »

Comme dit le Pape, la prière est notre protestation. Une année après le début du conflit, comment vous êtes-vous mobilisés en tant que communauté des focolari et aussi avec d’autres chrétiens, pour faire sentir cette « protestation » ?

«Il y a déjà quelques années que nous menons des actions pour la défense de la vie sous toutes ses formes; cela nous a permis de tisser des liens avec des personnes appartenant aux différentes Eglises de notre ville. Nous avons organisé ensemble quelques événements comme « Marches pour la vie » et « Fêtes de la famille ». Nous avons été stimulés par l’exemple du groupe « Ecumena » de Kosice (Slovaquie) qui se nourrit de la spiritualité de l’unité. L’an dernier nous avons organisé, au centre ville, une grande manifestation de « Prière pour la paix en Ukraine », avec une dizaine d’Eglises différentes, beaucoup de gens y ont pris part. Par la suite nous avons continué à nous retrouver et nous avons vécu ensemble trois grands moments de « Prière pour la paix » depuis que la guerre a débuté. Il nous semble que cette unité entre nous tous soit particulièrement importante, en ce moment où des chrétiens se battent et s’entretuent dans cette guerre absurde. C’est notre petite et silencieuse réponse à la prière du Pape, pour dépasser ce scandale de la division et donner une contribution à la paix et à la réconciliation de notre Pays ».

3 Comments

  • Grazie per questa testimonianza dall Ucraina. E’ un forte richiamo a unirci ancora di più nella preghiera e nella solidarietà condividendo angosce e speranze

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *