br1Le Brésil est la terre des contradictions : emblème d’allégresse, d’accueil, de folklore, musique, nature non-contaminée, plages, forêts luxuriantes, métropoles, d’un côté. Mais d’un autre, comme bien des pays du monde, terre de contrastes, violence, criminalité, déséquilibres sociaux.

Dans les villes, le trafic de drogue représente une véritable plaie sociale, cause de conflits armés. De plus, un taux élevé de femmes assassinées, prostitution, manque d’assistance sanitaire, travail des enfants, bas niveau d’instruction, extension de situations de travail semblables à de l’esclavage qui engendrent des niveaux très hauts de déséquilibre social, dont les « favelas » et les quartiers périphériques sont le signe le plus évident. Ici santé et instruction ne sont pas garanties et pour les jeunes il n’existe pas de futur dans l’éducation ni le travail, ni la possibilité de développement social.

Mon désir d’aimer le prochain, de me donner en particulier aux plus marginalisés de la société, m’a poussé à m’engager avec l’esprit du Focolare pendant 5 ans dans un projet social de l’archidiocèse de Teresina, le « Centre de vie ensemble Nouveaux enfants ».

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Le projet, visant les enfants et les jeunes à risque, essaie d’offrir des possibilités diverses. Pendant les temps libres de l’école, quatre-vingts enfants et jeunes environ (de 5 à 17 ans) fréquentent les cours de musique, de danse, de théâtre, sont accompagnés dans leurs études puis nourris, puisque bien des fois ils n’ont rien à manger chez eux. Il s’agit, souvent, d’orphelins, très pauvres, qui viennent de familles mêlées à des histoires de drogue et de violence. Leur vie change au contact de quelqu’un qui les accueille et prend soin d’eux. J’ai essayé moi aussi de m’engager en écoutant tous ceux qui ont partagé avec moi leurs souffrances, grâce au rapport que j’ai voulu construire avec chacun personnellement. Par exemple, un garçon m’a confié ses problèmes de drogue et m’a demandé de l’aider à sortir du tunnel où il se trouvait. Un autre m’a raconté qu’il volait pour avoir de l’argent. Beaucoup de cas ont été pris en charge par l’équipe des experts qui travaillent sur place, surtout des psychologues et des assistantes sociales. Aujourd’hui beaucoup de ces enfants ont grandi, étudient et essaient de travailler honnêtement. D’autres continuent à venir pour chercher une possibilité de mieux vivre, se sentir aimés, soignés. L’un d’eux, abandonné par son père, m’appelle papa et j’ai assumé ce rôle.

Un autre avait souffert différentes formes de violence et d’abandon ; nous avions trouvé la manière de canaliser ses énergies par le judo qui avait produit un tournant dans sa vie. C’était devenu même un motif d’orgueil pour nous qui l’avions aidé. Cependant un jour, il n’est plus venu au centre d’accueil. Nous avons appris qu’il était retourné dans les mauvais endroits et un jour, alors qu’il était assis devant chez lui, il a été tué. Il avait à peine 15 ans. Ce fut une grande souffrance pour tout le monde, même pour moi à cause du rapport que nous avions construit entre nous. Beaucoup d’autres jeunes ont fini de la même manière.

Le projet prévoit aussi des moments de formation destinés aux éducateurs et aux jeunes, à partir de la spiritualité de Chiara Lubich, ainsi que des rencontres mensuelles autour de la Parole de vie.

A partir de cette expérience j’en ai déduit qu’il fallait de la continuité pour récupérer ces jeunes, en travaillant en synergie avec l’Etat, les politiques publiques de la santé et de l’éducation, avec la société civile, l’Église. Pour vaincre ce défi il faut se mettre en réseau et dialoguer à tous les niveaux : personnel, dans les groupes, les communautés, jusqu’à arriver aux instances supérieures de la société. Mais en commençant par l’engagement personnel, en sortant de nous-mêmes pour aller à la rencontre des différentes périphéries. Nous, nous avons déjà commencé.

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