Avec les yeux de l’enfant – La relation dans la famille

 
Pour tenter de voir la relation en famille avec les yeux des enfants, Allons aborder quelques points sur lesquels nous pourrons réfléchir ensemble.

Eucarestia_2Pour tenter de voir la relation en famille avec les yeux des enfants, Allons aborder quelques points sur lesquels nous pourrons réfléchir ensemble.

  • Préliminaires pour éduquer : ce qu’on entend par éducation.
  • Les « enfants-monde » : quelles sont les caractéristiques communes à chaque enfant, par lesquelles ils connaissent les autres et le monde et entrent en relation avec eux.
  • Éduquer l’enfance : quels sont les canaux (« lieux ») relationnels par lesquels se réalise l’éducation.
  • Enfants « uniques » : chaque enfant est unique. La relation personnelle permet de le connaître dans son individualité, dans son être en tant que personne.
  • L’estime de soi : comment soutenir l’enfant pour qu’il l’acquière par lui-même.
  • Éduquer à la pro-socialité : l’expérience familiale s’ouvre aux autres, à ceux qui ont besoin.

Préliminaires pour éduquer
ÉDUQUER. Que veut dire ce mot ? On pourrait ouvrir un débat entre nous sur cet aspect, qui s’enrichirait de toutes les nuances culturelles ici présentes. En Europe et dans bien d’autres pays, éduquer signifie remplir la tête des enfants de plein de choses : notions, règles, instructions, comment il faut être, ce qu’il faut faire, etc. en oubliant de libérer le potentiel qui existe déjà chez l’enfant et que nous verrons ensuite. Un potentiel par lequel il pourrait être lui aussi co-constructeur de relations qui éduquent. Dans la situation que je viens de décrire, l’enfant est objet de l’éducation, tous sont mis sur un même plan, et grandir n’est plus une expérience qui se fait avec les autres (maman, papa, frères et sœurs, maîtresse, etc.).

L’origine du mot éduquer (e-ducere) rappelle l’art de la maïeutique (cf. la philosophie de Socrate) : « faire sortir », « amener à la lumière ». Éduquer, c’est aider l’autre, nos enfants, à devenir les personnes qu’elles sont déjà : à savoir se réaliser pleinement et librement, réaliser le projet que Dieu a sur eux, et pas le nôtre. Dieu nous confie nos enfants et nous invite à être ses collaborateurs dans l’éducation. « L’enfant n’est pas un vase à remplir, mais un feu à allumer », disait Rabelais.

LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE. La famille est le premier et le plus important laboratoire éducatif. Mais il n’est pas le seul. Un proverbe africain dit que « pour élever un enfant, il faut tout un village ». Valoriser les autres au sein de la « communauté famille » doit être reporté à l’extérieur dans la « communauté qui éduque » : l’école, la paroisse, les activités sportives… Ce n’est qu’en reconnaissant le rôle et la valeur de l’autre que nous pouvons reconstruire le pacte éducatif qui va s’effilochant dans de nombreux pays. Il faut faire équipe, faire ensemble, pour être équipe, être ensemble. Ce n’est plus alors un pacte éducatif signé, mais un pacte éducatif vécu.

SEMER. Pour cela, il faut commencer dès que les enfants sont tout petits. Plus nos enfants sont petits et plus la relation est la façon de « prendre soin » de la semence que Dieu a mise en eux et que nous faisons grandir ensemble et dans la liberté.

PRENDRE SOIN. De quelle manière ? Vous le faites déjà. Il suffit souvent de reconnaitre la valeur qu’a pour l’enfant la façon dont vous vous occupez d’eux. La maman qui borde les couvertures quand elle met son petit au lit. Le papa qui rentre fatigué du travail et qui laisse tout le reste pour jouer avec son enfant… Ce sont deux petits exemples concrets de ce que signifie prendre soin. Ceux-ci et bien d’autres sont plus importants qu’ils ne paraissent. Prendre soin est la forme la plus délicate de l’amour envers l’autre, parce qu’elle est à la fois concrète, attentive, gratuite, aimable, prévenante, affectueuse, et ne se montre pas importune. Elle est la base de la relation éducative qui s’affaiblit de plus en plus dans une société pressée, qui stimule sans cesse, orientée davantage à la satisfaction de ses propres besoins qu’au souci de ceux des autres. On s’y laisse prendre aussi dans nos maisons. Heidegger soutenait que « l’être humain est le seul être qui peut prendre soin de l’être » (de soi-même et des autres). Nous ne pouvons pas déléguer cela aux choses (par exemple à la télévision), c’est à nous de le faire.

SOCIALITÉ. C’est encore un des préliminaires de l’éducation et des relations qui s’affaiblit graduellement. Les propositions de la société concernent de plus en plus l’individu et beaucoup moins le groupe. La télévision, les jeux vidéo, les téléphones mobiles, les réseaux sociaux, etc. engendrent des « activités » qui nous occupent toujours plus individuellement au détriment de moments en groupe. Alors que la socialité, au contraire, est une caractéristique fondamentale de notre être, plus vitale encore pour les enfants. Il suffit de penser à leur capacité et à leur désir d’être ensemble, même s’ils ne parlent pas la même langue ou sont d’âges différents. Chez eux, rien n’empêche cette dimension relationnelle instinctive. En tant que parents, qu’éducateurs, nous devons redevenir des experts du nous pour contrebalancer cette tendance de la société. Le jeu, les activités partagées, les randonnées, les fêtes… ne doivent pas être considérés comme secondaires par rapport aux choses dites sérieuses.

ÊTRE TÉMOINS. Dans les préliminaires éducatifs, il est fondamental de se rappeler que les enfants nous regardent plus qu’on ne le pense. Nous ne pouvons pas leur demander de faire de telle manière si nous agissons différemment. Grandir est une expérience qui se fait en famille, tous ses membres doivent aller ensemble dans la même direction et se soutenir pour y parvenir.