C’est le moment de donner !

 
De l'Argentine, Sofia et Pablo nous parlent de leur expérience de la famille et du travail.

PABLO : Il y a plusieurs années, nous avons décidé d’aller vers ce dont nous avons toujours rêvé : vivre dans un endroit calme, en contact avec la nature, dans une maison où nous pouvons élever nos enfants et grandir ensemble.
C’est pourquoi nous avons décidé ensemble que je pouvais quitter mon travail pour me consacrer au « jardinage », une activité que j’aime beaucoup et qui était compatible avec notre projet. Nos familles ne comprenaient pas, avant tout parce que j’avais un diplôme universitaire en analyse des systèmes (informatique). Mais nous avons senti que c’était le bon projet pour notre famille et nous avons continué à faire confiance à l’aide de Dieu.
Comme lorsque j’étais enfant, j’ai préparé une « petite liste », avec tout ce dont j’avais besoin pour commencer ce nouveau travail : sécateurs, pelles, et tous les outils nécessaires à cette activité. Quelques jours plus tard, des parents à qui nous avions rendu un service, nous ont appelés. Quand nous les avons rencontrés, ils nous attendaient avec un cadeau : une tondeuse à gazon. Ils nous l’ont donnée pour nous remercier de ce que nous avions fait pour eux. Une autre tante qui avait entendu parler de notre projet nous a donné une scie électrique. Ainsi, jour après jour, tout ce que j’avais mis sur ma liste est arrivé grâce à la générosité de nombreuses personnes qui nous aiment.

SOFIA : Entre-temps, moi aussi, j’ai décidé de faire ma liste pour mon travail d’architecte, obtenant le nécessaire pour commencer notre nouvelle vie avec au plus profond de moi, le sentiment que Dieu nous aidait comme nous l’avions espéré et cru.
Quelques années plus tard, avec l’arrivée de nouveaux clients, Ecogarden, l’entreprise que nous avions fondée, nous avons eu besoin d’embaucher un employé. Après plusieurs entretiens, nous n’avons pas encore trouvé la bonne personne. À un moment donné, nous nous sommes souvenus que nous avions commencé par faire de petites listes de choses dont nous avions besoin et nous avons recommencé à le faire en nous rappelant que l’Évangile dit « Demandez et il vous sera donné » et nous avons compté sur la Providence pour trouver la bonne personne.
Trois jours plus tard, Leonel, un jeune homme de dix-huit ans avec une situation familiale et socio-économique très difficile, est venu nous voir. Il avait décidé de changer de ville afin de changer d’environnement. Il ne connaissait rien au jardinage ; il avait travaillé comme magasinier dans un supermarché, et avant cela, il ramassait des cartons dans les poubelles, pour les vendre.

PABLO : Il n’était certainement pas la personne que nous avions imaginée, mais nous avons pensé qu’il était important de l’aider en lui donnant l’occasion d’apprendre un métier et, surtout, de lui donner le sentiment d’être accueilli et apprécié. Accueillir cette personne en difficulté était pour nous une façon de remercier Dieu pour le bien reçu comme c’était Lui qui nous l’avait envoyé.
Ce fut une expérience très spéciale pour moi : j’ai dû lui apprendre à vivre avec les plantes, à découvrir que chacune d’elles est un être vivant qui demande une attention particulière et que tout doit être fait avec prudence, également l’utilisation d’outils de travail et leur fonctionnement.
Au fil du temps, nous avons grandi à la fois dans le dialogue et dans le travail. L’une des choses qu’il m’a dites, dans un moment de confiance, fut un problème de santé dans sa bouche. Immédiatement avec ma femme, nous avons décidé de l’aider. Au début, j’ai pensé à lui montrer où aller, mais j’ai décidé ensuite qu’il valait mieux aller avec lui. Il a été heureux d’être accompagné. Nous avons commencé par une première entrevue avec le médecin, qui nous a recommandé les prochaines étapes. Nous étions à ses côtés pour suivre l’évolution du traitement. À un autre moment où il vivait une situation très compliquée, avec Sofia, nous avons décidé de l’inviter à vivre un moment avec notre famille.
Étonnamment, je me suis rendu compte que son arrivée dans l’entreprise avait apporté beaucoup d’avantages parce que sa collaboration m’aidait à prendre des pauses et à déjeuner. En termes de travail, il avait appris certaines tâches à la perfection et les clients étaient très satisfaits.

SOFIA : Nous avons découvert que le fait de donner du travail à des personnes qui, pour diverses raisons, éprouvent des difficultés à entrer sur le marché du travail, était notre contribution à un renouveau du monde de l’économie et du travail dans le lieu où nous vivons, dans l’esprit que le Charisme d’unité de Chiara Lubich nous avait appris depuis notre jeunesse.
Au fil des ans, beaucoup de jeunes ont travaillé avec nous, beaucoup d’expériences pourraient être racontées sur la façon dont ils ont eux-mêmes commencé à vivre la culture du don avec les clients, les collègues, les personnes dans le besoin.

PABLO : Il y a quelque temps, une concurrente m’a dit qu’elle avait perdu un client et que le revenu qui lui permettrait de payer des dépenses importantes, comme les études de sa fille et une hypothèque, était devenu insoutenable. Soit elle trouvait de nouveaux clients, soit, elle ne savait comment faire.
C’était important. Je me suis mis à sa place… Et je me suis demandé : à qui appartiennent ces clients que j’ai ? Sont-ils à moi ou sont-ils à Dieu qui me les a donnés ? La réponse était claire : « Mes clients sont à Toi ».
J’ai décidé de suggérer à trois de mes clients de contacter ma collègue. De cette façon je pouvais contribuer, au moins en partie, à sa situation.
Cela signifiait moins de revenus pour notre entreprise, à une époque où nous n’en avions pas beaucoup, mais la Providence est arrivée rapidement et de nouveaux clients nous ont contactés avec des demandes de travail encore plus importantes et avantageuses.
Entre-temps, la collègue que j’avais aidée avait reçu plus de revenus que prévu de la part des clients que je lui avais transmis. Il lui est venu à l’esprit de donner cet argent pour des projets d’inclusion sociale promus par le mouvement des Focolari. Je ne pensais pas que c’était pour elle le moment d’être si généreuse étant donné sa situation, mais elle m’a dit : « Alors, c’est le moment temps de donner ! J’étais sans voix et ce fut une leçon pour moi.

Ces petites expériences ont également contaminé nos familles d’origine et nos amis. Nous avons compris que le changement de vie que nous avions décidé il y a des années avant de quitter des emplois sûrs pour suivre ce que le cœur nous suggérait, avait porté des fruits que nous ne pouvions même pas imaginer. C’est aussi pour cette raison qu’avec nos enfants, nous avons décidé de faire une expérience de grandir dans notre relation avec Dieu, en vivant l’expérience de l’école Lorette à Loppiano pour nous préparer encore mieux à servir l’humanité que nous aimons et dans laquelle nous voulons passer notre vie.

À l’école Lorette, avec des familles du monde entier, j’ai été surpris de voir comment nos enfants s’amusent avec d’autres enfants, même s’ils ne parlent pas la même langue. C’était très agréable de voir comment ils partagent des jouets, des livres de coloriage et de lecture.

Nous vivons l’expérience de la communion des biens qui ne vous fait rien manquer comme dans une grande famille. L’art d’aimer que Chiara Lubich nous a enseigné à vivre pour être comme une semence qui meurt dans la terre de ce monde pour générer l’espoir et le désir de vivre une vie belle et vraiment libre.

Sofia et Pablo Tournier

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