Embrasser la fragilité dans le couple

 
On parlait à une époque de la crise des 7 ans de mariage, la période la plus délicate pour les couples pour diverses raisons de nature physiologique typiques de cette première phase, qui concerne la naissance des enfants, la nécessité de concilier famille et travail et de redéfinir les limites dans les relations avec les familles d’origine.

Aujourd’hui, et cela va de pair avec le changement de la société, les secousses qui ébranlent l’équilibre du couple viennent aussi de facteurs de nature plus complexe, liés à l’individualisme, à l’isolement et à la perte des liens sociaux. La personne, prise au piège de l’anxiété et du stress, désireuse mais incapable de se retrouver soi-même et de donner un sens à sa vie personnelle et de couple, peut souvent vivre une crise à l’approche des cinquante, soixante ans ou plus, malgré de bonnes intentions et des débuts prometteurs.

Logo de « Percorsi di luce « (Chemins de lumière), le projet de Familles Nouvelles au service des couples en difficulté

Percorsi di Luce (Chemins de Lumière) est une méthodologie née en 2009 au sein du mouvement Familles Nouvelles, lorsque quelques couples qui avaient vécu et partagé la souffrance causée par la déchirure de leur propre relation, ont décidé de créer un projet au service de tous les couples en difficulté. Ce projet repose sur trois piliers : les fondements anthropologiques et spirituels qui s’inspirent de la spiritualité de l’unité du mouvement des Focolari, dont le projet est issu, les fondements philosophiques et psychologiques, et le récit autobiographique constitué de témoignages directs de personnes qui ont été confrontées à la crise.

La force du projet réside dans le réseau des « couples-aidants », c’est-à-dire des couples qui se sont retroussé les manches pour surmonter leur nuit noire, puis se sont mises à disposition pour accompagner d’autres familles en difficulté. C’est un service patient, volontaire et motivé, que nous voulons développer et renforcer pour acquérir des compétences et des outils pour l’accompagnement des couples. « Chemins de Lumière » organise donc aussi des sessions pour les équipes de pilotage des parcours, comme celle qui vient de se terminer à Castel Gandolfo (Italie), du 24 au 26 mars 2023.

« Nous vivions une période terrible, nous étions pleins d’angoisse et de ressentiment. On n’y arrivait plus – raconte un couple qui a participé à la session – nous étions comme dans un tunnel et nous étions sur le point de nous séparer. Grâce au projet « Chemins de Lumière », peu à peu nous avons entrevu une petite lumière. Aujourd’hui, nous sommes ici pour continuer à l’entretenir et la porter à d’autres couples. »

Depuis le début, l’impact de ce programme est positif : environ 65% des couples qui y ont participé ont trouvé la possibilité de guérir leur blessures, mais évidemment, ce n’est pas un coup de baguette magique, tous les couples peuvent s’efforcer de faire renaître et raviver leur relation s’ils se remettent en question personnellement et font un travail sur eux-mêmes de façon appropriée, plutôt que de s’entêter à se justifier, attribuer les torts à l’autre et déclencher des dynamiques destructives et sans issue.

« Étreindre la fragilité de l’autre, donner et partager la sienne, c’est la voie pour arriver à une union plus forte et c’est possible si on s’implique sans masque et sans défense », affirme Rino Ventriglia, psychothérapeute et cofondateur du programme avec sa femme Rita et quelques autres couples, au sein du Secrétariat international de Familles Nouvelles. Il ajoute : « Dans la relation entre adultes et par la rencontre entre les ‘’enfants intérieurs’’ de chacun (cette part délicate et fragile que nous portons en nous depuis notre enfance), les relations entre personnes passent du faire ensemble au ressentir ensemble. C’est la base de l’empathie : nous trouvons l’autre en nous-mêmes. En contact avec notre désespoir, nos peurs et nos limites, nous pouvons rencontrer et accueillir ceux de l’autre et la souffrance s’enrichit de tendresse. Les relations fondées sur l’authenticité ont un pouvoir générateur. Elles permettent d’éprouver la liberté de se dévoiler à l’autre et à soi-même, tout en faisant ressortir le caractère unique de chacun ».

« Chemins de Lumière est une icone de l’espérance en une société où il soit possible de s’exprimer – continue son épouse, Rita Della Valle – Nous sommes ici parce que nous nous sommes senti poussés à nous mettre au service de ce projet, qui est une forme d’accompagnement créée par Familles Nouvelles et la continuation d’une voie ouverte par Chiara Lubich, sur laquelle nous nous sommes engagés à relever des défis, des scénarios d’un monde dont elle avait eu l’intuition et que nous nous engageons pleinement à affronter aujourd’hui. Chemins de Lumière est l’aujourd’hui de Familles Nouvelles pour certaines périphéries de la famille : les couples déchirés dans leur relation. Et notre force pour faire face à ce défi est d’avoir vécu nous-mêmes la nuit dans laquelle ils se trouvent. Et d’avoir retrouvé la lumière par le partage avec d’autres couples en nous tenant par la main et en nous soutenant dans les moments d’échec. C’est une nouvelle déclinaison du charisme de l’unité pour répondre aux blessures de l’humanité d’aujourd’hui ».

Au cours de ses 14 années d’activité, la méthode pour le soin et l’accompagnement des couples en difficulté s’est affinée et répandue dans plusieurs pays, en s’inculturant dans les divers contextes socioculturels, comme en témoignent les différents noms que prend le parcours selon l’endroit où il existe : « Cuenta conmigo », dans le cône sud de l’Amérique ; « Porque dijimos Si’, quiero », en Espagne ; « le programme pour les couples en crise », en Slovaquie. Mais la racine est la même et le principe qui la fonde peut se résumer dans le concept « d’Homo Reciprocus » élaboré par Mme Puccini, professeur à l’université de Florence, et repris par « Psychologie et communion » du mouvement des Focolari : un être humain qui n’est plus commandé par l’individualisme, mais qui vit dans la communauté et pour la communauté, dont la force ne vient pas de l’efficacité et de la toute-puissance, mais de la fragilité, vue non comme une limite, mais comme une chance, puisque le besoin de l’autre n’est pas finalisé à promouvoir la dépendance, mais l’interdépendance.

La session s’est déroulée à Castel Gandolfo avec plus de 70 participants de divers pays, en conclusion d’un programme de formation commencé en 2022 et constitué de 9 rendez-vous visant à rendre autonomes les couples-aidants : les thèmes d’approfondissement, les exercices et les dynamiques, l’échange d’expériences et de bonnes pratiques, le partage entre les équipes ont contribué à l’enrichissement mutuel et au renforcement du climat d’unité qui est un élément essentiel pour donner espoir et réconfort aux couples blessés.

C’est un climat qui se crée de façon particulière lors de la semaine résidentielle, prévue en général dans les différents pays au cours de l’été (informations complémentaires sur ce site et cette adresse électronique, tel. : +39 06 97608 300). Une occasion pour ceux qui traversent des moments de crise ou qui désirent renforcer l’unité de leur couple, de s’arrêter avec eux-mêmes et aves leur conjoint, de regarder en face la situation qu’ils vivent, d’apprendre et d’utiliser des outils qui aident à retrouver le bien-être et une meilleure réalisation personnelle et de couple.

(Merci à Giovanna Pieroni)