En mars 2004, Chiara s’est rendue pour la quatrième fois en Pologne. Il y a treize ans avait eu lieu la rencontre historique de Chiara avec le mouvement qui venait de sortir de la clandestinité au Palais des sports de Katowice. La rencontre de Gniezno, en mars 2004, montrait le peuple polonais désormais libre qui regarde au-delà de ses frontières, vers l’Europe.
Dans cette ville est enterré Saint Adalbert qui a été martyrisé pour avoir cherché à évangéliser les Prussiens. C’est aussi le premier diocèse polonais, créé en l’an 1000, date qui marque également la naissance de l’État polonais et, sans doute aussi, celle d’une certaine idée d’Europe. C’est pour cette raison que la cathédrale de Gniezno est, après Czestochowa, le deuxième lieu de dévotion pour les catholiques polonais.
« Europa Ducha », « Europe de l’Esprit », est le titre du congrès organisé à Gniezno, l’ancienne capitale, par un groupe de laïcs en collaboration avec l’Église polonaise et les autorités politiques.
Zofia Dietl, une organisatrice, explique : « Nous avons invité les mouvements parce que le congrès, intitulé “L’Europe de l’Esprit”, désire mettre en lumière la spiritualité européenne et ceux qui la construisent. Or, les éléments les plus importants de la spiritualité européenne ce sont justement les mouvements, les Nouvelles Communautés. C’est pourquoi nous avons demandé à Chiara Lubich et à Andrea Riccardi d’ouvrir le congrès ».

600 délégués, 15 pays représentés, 25 associations d’intérêt public, des centaines de journalistes : le 12 mars, la salle circulaire est bondée. Après les discours de présentation, la parole est donnée à Chiara qui traite le sujet : « Charisme de l’unité, charisme de l’Europe ».
Piotr Cywinski, modérateur de la matinée, commente : « Le congrès a commencé d’une manière forte et convaincante, grâce à ce discours qui est un véritable traité de théologie de l’unité ».
Après Chiara, le professeur Andrea Riccardi brosse un tableau historique de l’Europe. « Partout où je vais – dit-il en commençant son discours – je me rends compte qu’il y a un grand besoin d’Europe ».
Durant le dialogue qui s’ensuit, Andrea et Chiara indiquent les grandes lignes d’une Europe de l’esprit, se complétant l’un l’autre, et transmettent un souffle d’espérance d’une Europe qui existe et qui « marche »…
L’après-midi, une table ronde sur « Les chrétiens et l’argent » réunit Michel Camdessus, Madame le professeur Gronkiewicz-Waltz et le focolarino marié hollandais Leo Andringa. La proposition de l’économie de communion touche le public. Loin d’apparaître une utopie, elle est perçue comme une réalité prophétique.
Hanna Gronkiewicz-Waltz, ancienne présidente de la Banque de Pologne, actuellement présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, affirme : « L’Économie de communion est possible […]. Elle pourrait être la solution au niveau national, régional ou personnel ».
Et Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international, commente :
« Économie et communion peuvent être conjuguées ensemble, oui. Un principe qu’évidemment nous avons tous oublié est le principe de la fraternité ; le monde doit être construit en premier lieu sur ces bases. Nous, chrétiens, nous franchissons un pas de plus en passant de la fraternité à la communion. Nous devons le faire et le suggérer aux autres, parce que nous sommes tous frères ».
Le congrès de Gniezno se termine par les interventions de personnalités politiques européennes. En particulier, le président de la Pologne, Aleksander Kwaśniewski, qui commence son discours en reconnaissant l’importance des mouvements chrétiens dans la vie européenne.
Ensuite, un intéressant débat a lieu sur le rôle des hommes politiques en ce moment historique, avec M. Rocco Buttiglione et l’ancien premier ministre polonais Tadeusz Mazowiecki.
Le cardinal Lehmann, président de la Conférence Épiscopale Allemande, archevêque de Mayence, affirme que le Congrès de Gniezno constitue une étape importante du chemin vers Stuttgart : « En mai, nous nous verrons à Stuttgart et ce sera une bonne continuation de ce congrès. Je crois que de nombreux efforts sont nécessaires, qu’il faut de nombreuses associations… Mais les mouvements ont un esprit fort, sont constants et cela me paraît très important. L’enthousiasme du moment ne suffit pas ni une explosion de joie spontanée ; il faut travailler avec continuité, ce que font les mouvements ».

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