Mouvement des Focolari

Parole de vie de Février 2016 

Qui n’a jamais vu un enfant pleurer et se jeter dans les bras de sa maman ? Quoi qu’il lui soit arrivé, que ce soit important ou sans conséquence, la maman essuie les larmes, l’entoure de sa tendresse et, peu à peu, l’enfant retrouve le sourire. Il lui suffit de ressentir la présence et l’affection maternelles. C’est ainsi que Dieu agit avec nous, en se comparant à une mère. Par ces paroles Dieu s’adresse à son peuple, qui rentre de l’exil à Babylone. Après avoir vu démolir ses maisons et le Temple, après avoir été déporté en terre étrangère, où il a éprouvé déception et désespoir, le peuple rentre dans son pays et doit reconstruire sur les ruines de la destruction qu’il a connue. La tragédie vécue par Israël est celle que vivent bien des populations en guerre, victimes d’actes terroristes ou d’une exploitation inhumaine : maisons et rues éventrées, lieux symboles de l’identité d’un peuple rasés, déprédations, lieux de culte détruits. Combien de personnes enlevées ! Des millions de gens contraints à fuir, des milliers qui trouvent la mort dans le désert ou sur les mers. Cela ressemble à une apocalypse. La Parole de vie de ce mois est une invitation à croire à l’action aimante de Dieu, même si nous avons l’impression qu’il est absent. Elle est annonce d’espérance. Dieu est aux côtés de ceux qui subissent la persécution, l’injustice et l’exil. Il est avec nous, avec notre famille, avec notre peuple. Il connaît notre souffrance personnelle et celle de l’humanité entière. Il s’est fait l’un de nous, jusqu’à mourir sur une croix. C’est pour cette raison qu’il sait nous comprendre et nous consoler. Exactement comme une maman qui prend son enfant sur ses genoux et le console. Il nous faut ouvrir les yeux et le cœur pour “le voir”. Dans la mesure où nous faisons l’expérience de la tendresse de son amour, nous parviendrons à la transmettre à ceux qui vivent dans les souffrances et les épreuves. Nous deviendrons ainsi instruments de paix et de consolation. L’apôtre Paul le suggère d’ailleurs aux Corinthiens : « Il nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu » (2 Co 1,4). C’est aussi l’expérience concrète et intime de Chiara Lubich : « Seigneur, donne-moi ceux qui sont seuls… J’ai éprouvé dans mon cœur la passion qui envahit le tien pour l’abandon qui submerge le monde entier. J’aime chaque être malade et solitaire. Qui console leur peine ? Qui pleure leur mort lente ? Et qui presse, sur son propre cœur, le cœur désespéré ? Donne-moi, mon Dieu, d’être dans le monde le sacrement tangible de ton amour, de ton être d’amour : être tes bras, qui étreignent et consument en amour toute la solitude du monde (1). » Texte préparé sous la direction de Fabio Ciardi (1) Chiara Lubich, Méditations, Nouvelle Cité 2000, p. 21.

Chiara Lubich : sainteté de peuple

Chiara Lubich : sainteté de peuple

Suite au témoignage de la foi, présenté le 7 décembre 2013 par le mouvement des Focolari à l’Évêque de Frascati, Mgr Raffaello Martinelli, la cause de canonisation de Chiara Lubich a été ouverte le 27 janvier de l’an dernier. La présidente des Focolari, Maria Voce avait dit à cette occasion : « Notre seul désir est d’offrir à l’Église et à l’humanité le don que Chiara a été pour nous et pour de très nombreuses personnes. En accueillant le charisme que Dieu lui donnait […], Chiara s’est généreusement prodigué pour que cette vie évangélique soit parcourue par beaucoup. Dans une détermination toujours renouvelée elle a aidé tous ceux qu’elle rencontrait à mettre Dieu à la première place [dans leur vie] et à “se faire saints ensemble ». Son regard et son cœur étaient poussés par un amour universel, capable d’embrasser tous les hommes au-delà de toute différence, toujours tendus à réaliser le testament de Jésus : “Que tous soient un” (“Ut omnes unum sint”) ». Chiara Lubich_Philip PotterAu cours de cette année, le Tribunal Diocésain a écouté des dizaines de personnes retenues en mesure de contribuer à faire connaître, le plus pleinement possible, la vie et le charisme de Chiara. Parmi les témoins, il y a beaucoup des premières compagnes et des premiers compagnons de Chiara, des autorités religieuses et civiles, des membres de sa famille, des personnes d’autres Mouvements, d’autres Églises et des personnes de convictions diverses. Nous rappelons cet anniversaire par un extrait de l’intervention prononcée par Chiara en 1987 à Loppiano, où elle souligne la « sainteté de peuple » ou « sainteté collective » qui naît du charisme de l’unité. « Nous sommes toujours en chemin pour réaliser notre sanctification. Du reste, sans cet objectif, la vie n’aurait pas beaucoup de sens car Dieu, qui nous a créés, nous a aussi appelés à la sainteté. Tous les hommes doivent poursuivre ce but. L’appel à la sainteté est universel. […] Tous devraient parvenir à la perfection. Ceux qui s’y engagent atteignent cette ligne d’arrivée en prenant des voies diverses. ChiaraLubich_Loppiano_bNous aussi, nous avons notre route. […] Pour nous, Dieu veut que nous avancions sur une voie de sainteté collective. Pour ce faire, nous devons avoir présent à l’esprit deux éléments de notre spiritualité dont on ne peut pas faire abstraction. Nous, nous ne pouvons pas devenir saints si nous ne gardons pas vivant, le Ressuscité en nous et le Ressuscité parmi nous. Nous sommes au milieu du monde et, quel que soit le côté vers lequel nous nous tournons, nous trouvons quelque chose qui est l’antithèse du Christ et de sa mentalité. Dans le monde, on respire partout l’atmosphère de la société de consommation, de l’hédonisme, du matérialisme, de la société sécularisée. Comment porter efficacement et constamment et toujours plus au large la présence de Dieu dans la société actuelle ? Comment se défendre des pièges du monde, toujours prêts à nous frapper et à nous décourager ? Comment maintenir les résolutions que nous prenons dans des moments de grâce ? Avec son Œuvre, Marie nous a offert une possibilité fabuleuse : elle a construit partout, de différentes façons, de petites ou moins petites communautés qui ont pour vocation de garder Jésus présent au milieu d’elles. Elle demande donc, non seulement de surmonter les difficultés personnelles en étreignant Jésus abandonné pour que le Ressuscité soit en nous mais également de construire l’unité avec nos frères pour que le Ressuscité soit au milieu de nous. Marie sait que, tout seuls, dans un monde comme le nôtre, il serait difficile d’y parvenir. Pour cette raison elle a « inventé cette spiritualité que l’on dit collective, justement parce qu’elle est vécue par plusieurs personnes ensemble […] ».

Teramo (Italie): musulmans et chrétiens en dialogue

Teramo (Italie): musulmans et chrétiens en dialogue

20160127-02Tout a commencé en 2002, lorsque la communauté locale du Mouvement des Focolari a rencontré Mustapha Baztami, Imam de la communauté de Teramo. Un homme de Dieu touché par la spiritualité de l’unité, jusqu’à devenir un infatigable diffuseur. Depuis lors, beaucoup de moments en commun ont suivi, avec des approfondissements et des réflexions, par exemple la famille vue par le Coran et par la Bible, pour ensuite partager nourriture et saveurs, voir couleurs et parfums qui se mélangent, comme les personnes qui les savourent. Mais le vrai défi est de réussir à faire ensemble – musulmans et chrétiens – l’expérience de la fraternité. Un jour, sa femme est victime d’un très grave accident. Les hospitalisations prolongées, aussi dans d’autres villes d’Italie, permettent à la communauté des Focolari d’être soudés, comme des frères. C’est comme une compétition d’amour entre qui donne et qui reçoit, et qui devient un humus fertile pour d’autres initiatives comme l’élaboration d’un concours littéraire “Différents… mais un”, qui depuis quinze ans les fait travailler côte à côte dans un engagement hebdomadaire qui dure toute l’année.  “Être fils de Dieu est ce qui unit – affirme Donato des Focolari. C’est ce qui donne la liberté de prendre le micro et de raconter son histoire, ou simplement sourire à cause d’une blague, ou en laissant couler quelques larmes sans honte.” “Vos yeux me regardent sans préjugés”, déclare une femme musulmane. Dans la région, les effets de ce dialogue ne passent pas inaperçus. Une association catholique invite Mustapha et Donato à intervenir pendant un séminaire islamo-chrétien. Tout va pour le mieux, mais les positions de quelques participants sur la femme dans l’Islam créent de fortes tensions dans la salle. Mustapha et Donato décident d’intervenir en racontant comment leur amitié est fondée sur la volonté réciproque de s’aimer au-delà de la culture et de la religion. En recherchant ce qui unit plutôt que ce qui pourrait diviser. “Ma vie a profondément changé – affirme Mustapha – depuis que j’ai rencontré Chiara Lubich, femme chrétienne, blanche et occidentale. Elle m’a enseigné à aimer tout le monde et à le faire en premier.” Après cette intervention, le séminaire prend une autre tournure. Un des organisateurs l’enlace et lui dit: “Mon frère, j’ai compris que la raison de l’homme n’est rien par rapport à l’amour”.  L’été arrive, avec l’envie d’une excursion en montagne organisée par les communautés avec les familles au complet. À peine arrivés, les hommes musulmans déposent semoule, viande, légumes, épices, casseroles et vaisselle, et les femmes prennent place dans la cuisine d’un presbytère. Les chrétiens ne sont pas en reste: pain fait maison, olives, spécialité de poisson. Dans la normalité d’une journée entre amis, chaque moment a sa place: le jeu des enfants, l’échange spirituel, le thé, le couscous, le goûter, la promenade. Bien que non programmé, chaque moment est précieux pour continuer et consolider une amitié qui petit à petit s’approfondit. Le jour suivant, Mustapha envoie un message: “…demandons au Très-Haut de continuer à illuminer nos parcours communs”. Et lorsque l’évêque doit fournir à la Préfecture les données sur les rapports de son diocèse avec la communauté islamique, il raconte cette expérience de dialogue véritable.