Mouvement des Focolari
Des espaces pour la vie : un appel à l’unité d’Ensemble pour l’Europe à Timisoara

Des espaces pour la vie : un appel à l’unité d’Ensemble pour l’Europe à Timisoara

La ville de Timisoara, en Roumanie, a récemment accueilli la rencontre annuelle d’Ensemble pour l’Europe (EpE) sur le thème “Appelés à l’unité”. Cette réunion a rassemblé 51 mouvements représentant plus de 300 réalités et communautés chrétiennes au sein du vaste réseau d’EpE. Créer des espaces de vie dans les failles Dans le contexte sociopolitique complexe que traverse l’Europe, les responsables d’Ensemble pour l’Europe (EpE) se sont réunis du 16 au 18 novembre 2023 à Timisoara (Roumanie) pour répondre à une question importante : “Quel est le rôle des communautés chrétiennes en Europe aujourd’hui ?”. Cette question a gagné en pertinence face aux problèmes mondiaux tels que les divers conflits en cours, les dynamiques migratoires et la crise climatique. Herbert Lauenroth, historien et membre du comité directeur de l’EpE, a souligné la crise qui touche toutes les Églises et a mis en évidence le poids du moment : “Où en est l’Europe aujourd’hui, Ensemble pour l’Europe ? Vers quel type d’Europe, vers quel type d’ ‘Ensemble’ nous dirigeons-nous ? Dans un contexte d’incertitude croissante, les participants ont débattu de ce que signifie “Ensemble pour l’Europe” et ont tenté de discerner la direction et les perspectives d’avenir. Dès les premières sessions, il était évident que le choix de Timisoara comme lieu de rencontre ajoutait une couche supplémentaire de signification. La capitale européenne de la culture 2023 témoigne de la coexistence harmonieuse des différentes confessions chrétiennes, où les diverses communautés se rencontrent et prospèrent dans l’unité. Gerhard Proß, modérateur d’EpE et responsable du CVJM (Christlicher Verein junger Menschen) à Esslingen (Allemagne), a présenté une perspective de la foi chrétienne : “Dieu crée de l’espace dans les fissures”, a-t-il déclaré, “Jésus lui-même est entré dans les failles les plus profondes de ce monde”. Il a poursuivi en expliquant que l’image du Christ, les bras ouverts entre le ciel et la terre, symbolise une entrée profonde dans les fissures entre Dieu et l’humanité, entre les individus, les groupes, les dénominations et les nations. Jésus est descendu au plus profond : “Il y a créé un espace de vie”. Des mots qui ont résonné profondément, provoquant des réflexions sur la manière dont, face aux défis contemporains, les communautés chrétiennes peuvent créer des espaces de vie au milieu des fractures, des tensions et des incertitudes. Cultiver l’unité Les participants ont pris part à des sessions de dialogue, se sont engagés ensemble dans des discours intellectuels, des ateliers expérientiels et des moments de prière. Six ateliers ont exploré des sujets tels que l’intégration sociale, les perspectives des jeunes, l’éthique et la non-violence, favorisant une meilleure compréhension de la diversité au sein de la communauté chrétienne. La visite du Musée de la Cathédrale Orthodoxe, suivie des vêpres dans la Cathédrale Orthodoxe de la ville, en présence des autorités et des chefs religieux des différentes Églises présentes, a constitué un moment fort. Ces moments de prière commune ont favorisé une atmosphère harmonieuse dans laquelle l’unité et la diversité coexistaient. Les discours pléniers et les activités ont été ponctués de musique et de prières, créant ainsi un fil conducteur tout au long de la conférence. Au cours d’un de leurs chants, le Chœur œcuménique des jeunes a invité chacun à embrasser différentes manières de prier : “Nous savons que nous prions tous à notre manière. Ouvrons-nous à l’expérience de la prière de l’autre pendant ces jours à Timisoara”. Le moment de prière pour la paix, au cours duquel les conflits dans le monde ont été évoqués, avec une attention particulière pour l’Ukraine et le Moyen-Orient, a été particulièrement fort. Tous les participants se sont engagés à s’unir en concluant un pacte d’amour mutuel. Un moment qui symbolise la pierre angulaire sur laquelle se construit une Europe fraternelle. Lier les valeurs aux politiques Dans le cadre du projet DialogUE financé par l’UE, la rencontre annuelle “Ensemble pour l’Europe” a également abordé des questions visant à élaborer des conseils et des recommandations pour les politiques sociales de l’UE. Le professeur Philip McDonagh, ancien diplomate irlandais et directeur du “Centre pour la Religion, les valeurs humaines et les relations internationales” à l’Université de Dublin, a souligné l’importance de l’article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Cet article promeut un dialogue ouvert et transparent sur les grandes questions sociales auxquelles l’Europe est confrontée, par le biais de réunions et de séminaires de haut niveau pour le dialogue et le travail entre les institutions européennes et les Églises, ainsi que les organisations non-confessionnelles et philosophiques. Le professeur a souligné la contribution des Églises au débat public, en s’appuyant sur leurs fondements philosophiques, leurs valeurs de compassion, d’attention, de solidarité et de respect du pluralisme. Il a souhaité que les Églises s’efforcent de combler le fossé entre les valeurs de haut niveau et la politique quotidienne, en offrant une perspective indispensable sur des questions telles que la paix, l’inclusion et l’intégration. Appelant à une approche multilatérale, il a souligné la nécessité pour l’Europe d’être perçue positivement par la communauté mondiale et a insisté sur la responsabilité de prendre en compte les perspectives du Sud de la planète. L’espoir dans l’unité Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari, était présente aux côtés du coprésident Jesús Morán et a prononcé des paroles d’espoir : “J’aimerais avoir cette conviction avec vous tous : tout est possible!”. Ses paroles nous ont invités à porter un regard optimiste, à reconnaître l’humanité partagée et à créer des réseaux de fraternité. Karram a encouragé le réseau “Ensemble pour l’Europe” à embrasser les charismes nés de l’Évangile, à s’engager dans le dialogue et à ouvrir des espaces pour rechercher des réponses tangibles aux défis contemporains. Mgr Josef-Csaba Pál, évêque de Timisoara, a exprimé sa gratitude pour ces journées : “Une petite graine de cette fraternité, de cette unité et de cet amour a été semée en nous, dans nos Églises, mais aussi dans la société. Le réseau “Ensemble pour l’Europe” est l’une de ces merveilleuses initiatives où Dieu a permis que de bonnes choses se développent au fil des ans. Continuons à travailler ensemble avec toutes les personnes de bonne volonté”. Pour l’avenir, il a été annoncé que la prochaine réunion annuelle d’Ensemble pour l’Europe se tiendra à Graz-Seckau, en Autriche, du 31 octobre au 2 novembre 2024. Les confessions chrétiennes présentes : Grecs orthodoxes, Roumains, Arméniens et Russes orthodoxes, Grecs, Romains et Église Vieille-catholique, Protestants, Luthériens, Réformés, Anglicans et Églises libres.

                                                                                                                                  Ana Clara Giovani

TVLUX Slovaquie interviewe Jesús Morán

De la spiritualité de l’unité à la pastorale générative de l’Église; de la rencontre entre les jeunes et Jésus au rôle moteur de l’Esprit Saint dans le Synode sur la synodalité. Tels sont quelques-uns des thèmes abordés par Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision slovaque TVLUX le 6 octobre 2023. L’utilisation de cette vidéo a été aimablement accordée par TVLUX. Ces jours-ci, Jesús Morán, prêtre espagnol et Coprésident du Mouvement des Focolari, est en visite en Slovaquie. À Nitra, il a rencontré plusieurs évêques formateurs et plus de 80 séminaristes. Il est ici en ce moment et participe à notre programme. Bienvenue. Lorsque l’on parle du Mouvement des Focolari, que pouvons-nous penser ? Qu’est-ce que cela signifie ? Le Mouvement des Focolari est un Mouvement de l’Église catholique dont le cœur est le charisme de l’unité. Le grand théologien Von Balthasar disait que dans l’Église, chaque charisme est comme un regard sur tout l’Évangile à partir d’un point de vue. Ainsi, le charisme de l’unité est tout l’Évangile considéré à partir du testament de Jésus : « que tous soient un ». Donc le centre, tout ce que le Mouvement fait dans le domaine ecclésial ainsi que civil et social, est en relation avec l’unité. Nous cherchons l’unité – l’unité de type évangélique telle qu’elle apparaît dans l’Évangile – l’unité, qui est une façon de vivre en communion. De fait, on peut dire que la spiritualité de l’unité est la spiritualité de communion. C’est pourquoi, nous soulignons beaucoup l’amour réciproque, la rencontre avec le frère. Surmonter les divisions au niveau social le plus ample. Promouvoir la fraternité universelle, ce genre de choses, mais le centre est cette prière. C’est pourquoi nous disons toujours que nous voulons, dans la mesure du possible, vivre sur terre comme on vit dans la Trinité, c’est-à-dire que la Trinité est une communion d’amour. La fondatrice de votre Mouvement est Chiara Lubich, assez bien connue ici en Slovaquie et depuis cette époque, il a été décidé que ce sera toujours une femme à la tête du Mouvement, la Présidente est une femme, c’est pourquoi vous êtes Coprésident. Pourquoi en est-il ainsi ? Je crois que cela a à voir avec le nom officiel du Mouvement dans l’Église, parce que nous sommes le Mouvement des Focolari ou Œuvre de Marie. Dans les Statuts approuvés par l’Église, on parle d’Œuvre de Marie, nous soulignons donc beaucoup ce principe marial de l’Église, qui est un principe maternel, un principe générateur, qui montre une Église accueillante et, bien sûr, le principe marial est mieux exprimé par la femme. C’est cela l’idée. Il faut penser que c’est l’Église qui est mariale, c’est-à-dire que Marie est la forme de l’Église. Le concile Vatican II l’a dit très clairement, Marie est mère de l’Église. Dans ce sens, donc, nous souhaitons en être un reflet. La présidence féminine, en plus de mettre en valeur la femme, qui est un signe des temps, veut surtout souligner ce principe marial. Ce principe marial qui est aujourd’hui vraiment nécessaire. Il se montre vraiment nécessaire dans ce que souligne le Pape François : une Église plus proche des personnes, une Église en sortie, une Église moins cléricale, moins masculine. Tout cela a à voir avec la présidence féminine du Mouvement des Focolari. Cela a surtout à voir avec Marie. Vous êtes venu en Slovaquie non seulement pour rencontrer les membres des Focolari, mais aussi nos évêques, prêtres, séminaristes. Cette rencontre s’est déroulée à Nitra. Quelle émotion vous a laissé cette rencontre avec nos prêtres ? En réalité, j’étais avec l’évêque de Nitra et des évêques d’autres diocèses qui ont participé à la rencontre des séminaristes venus de 5 diocèses. Je me suis senti très accueilli, très accueilli. Puis, dans la salle, j’ai vu des personnes qui suivent Jésus, j’ai vraiment vu beaucoup de pureté, beaucoup de pureté chez les séminaristes, beaucoup de sérieux. Certains, à la suite de la rencontre et après le dîner, ont voulu approfondir ce que j’avais dit. Ils sont restés pour un entretien avec moi et j’ai vu dans leurs questions une nécessité, une urgence de vouloir être prêtres à la hauteur de notre temps. Un prêtre d’aujourd’hui qui vit avant tout l’Évangile de façon authentique. J’ai donc été très, très édifié. Vous avez surtout parlé de pastorale générative. De quoi s’agit-il ? La pastorale générative est un concept qui vient en lumière, en évidence, ces derniers temps. En Occident surtout où l’on assiste, pour ainsi dire, à un déclin numérique de l’Église. Auparavant, les églises étaient pleines, les personnes s’approchaient des sacrements. Les baptêmes étaient nombreux, les premières communions… Tout cela a maintenant diminué considérablement. Alors, la question est : que se passe-t-il ? Il semble que les méthodes utilisées avec succès pendant des années, des siècles, ne servent plus. Faut-il repenser la pastorale ? La pastorale générative n’est pas une pastorale nouvelle, c’est comme retourner à l’origine de la pastorale et l’origine de toute pastorale est Jésus ; c’est-à-dire, comment Jésus évangélisait-il ? Pour le dire plus simplement, parce qu’il est l’Évangile vivant, au travers de rencontres personnelles très profondes. Si nous regardons les Évangiles, chaque fois que Jésus rencontre quelqu’un, il se passe quelque chose de significatif pour la personne, nous le voyons avec Nicodème, avec Zachée, avec Mathieu, avec le centurion, avec la Samaritaine, avec la femme souffrant d’hémorragie, avec la Cananéenne. Il se passe toujours quelque chose, Jésus génère donc quelque chose en l’autre. Il nous faut passer de ce qu’on appelle la pastorale réglementée, qui est celle que nous avons eue, de type quantitatif – combien de baptêmes, combien de baptisés, combien se sont mariés à l’Église cette année ? – à une pastorale qui recherche la qualité, pas tant la quantité ; donc, que se passe-t-il ? Y a-t-il une vie chrétienne dans nos paroisses ? Cherchons la fécondité plus que les résultats, voici la pastorale générative. Donc, on souligne beaucoup la rencontre avec l’autre ; pour rencontrer l’autre, tu ne dois pas attendre qu’il vienne te demander un sacrement, tu dois toi-même aller à la rencontre de l’autre. Ainsi, la pastorale générative change l’idée du Pasteur, mais elle change aussi l’idée des chrétiens, parce que dans le fond… il ne s’agit pas… Il faut des apôtres générateurs, sans aucun doute, mais ce qu’il faut avant tout, c’est une communauté, une communauté accueillante, c’est-à-dire que ce qui s’est passé avec Jésus doit se reproduire, les personnes vont dans une communauté et il se passe quelque chose. Elles sont impressionnées par quelque chose. Voilà, en résumé, ce dont nous avons parlé avec les séminaristes. Se pourrait-il que les jeunes d’aujourd’hui recherchent la vie et qu’ils aient besoin que nous leur apportions cette vie, qui est la vie avec Jésus ? Absolument. Je pense que… j’ai toujours pensé que Jésus n’abordait jamais les gens avec une doctrine. Il recherchait toujours d’abord une rencontre personnelle et enseignait ensuite. Même si nous voyons Jésus enseigner… mais il a consacré beaucoup de temps à ces rencontres personnelles. Je crois que les jeunes d’aujourd’hui sont à la recherche de la vie. La doctrine doit être basée sur la vie et cette rencontre avec Lui, pour qu’ils puissent l’accepter. Sinon, ils restent avec un christianisme qui est comme une morale, c’est comme un enseignement, mais ce n’est pas ça le christianisme. Le christianisme, c’est la rencontre avec le Christ. Ces jeunes que vous avez rencontrés à Nitra sont les futurs pasteurs de notre Église. Comment peuvent-ils être les pasteurs dont nous avons besoin en ce moment et qu’ils ne tombent pas dans le cléricalisme dont parle tant le pape François ? Je crois qu’un Pasteur doit d’une certaine manière, plus que diriger  (« pastorear », mener le troupeau) – pastorear est le mot que le Pape François utilise même lorsqu’il parle en italien, il l’utilise ainsi, avec le mot espagnol – il doit aimer. D’abord aimer, puis diriger, parce que si tu te mets dans la position de diriger, tu te mets en situation de supériorité, comme si tu devais enseigner. Tandis que le pasteur, aujourd’hui, doit avant tout aimer les paroissiens, il doit aimer tous les fidèles. C’est ainsi qu’il est pasteur. C’est ainsi qu’il est vraiment Pasteur et qu’il peut avoir autorité sur les autres. C’est fondamental et puis ce que j’ai dit précédemment, ne pas tant chercher les résultats que la fécondité. Et autre chose : aujourd’hui, le pasteur doit être très conscient qu’il ne s’autoproclame pas, mais qu’il annonce le Christ, il doit donc être profondément ancré en Christ, profondément. Un pasteur seul, qui ne vit pas au sein d’une communauté chrétienne, qui ne vit pas l’amour réciproque avec les autres, peut difficilement communiquer un amour tel que Jésus l’a proclamé dans sa vie. Vous avez dit un mot tout à l’heure et il m’est venu à l’esprit que cela n’arrive pas seulement aux prêtres, mais aussi aux chrétiens qui vivent profondément leur foi, mais qui oublient parfois que ce ne sont pas eux qui sauvent les personnes, mais Jésus. C’est vrai. C’est important. C’est pourquoi j’insiste sur la communauté. Saint Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, met en garde contre la personnalisation et dit : alors que certains d’entre vous disent qu’ils appartiennent à Apollon, d’autres disent qu’ils appartiennent à Paul, d’autres disent qu’ils appartiennent à Pierre… Non, nous appartenons tous au Christ, mais le Christ vit dans la communauté, dans la communauté paroissiale, dans la communauté où il est présent dans l’Eucharistie, qui est un mystère de communion. C’est donc fondamental. Nous sommes souvent tombés dans l’erreur de nous proclamer nous-mêmes, avec nos propres idées, plutôt que de laisser parler le Christ. La Slovaquie est plutôt considérée comme un pays conservateur, en ce moment où le Synode se tient à Rome, au Vatican. Plusieurs Mouvements veulent aller de l’avant et d’autres veulent revenir en arrière. Comment faire pour garder tout ce qui est bon, tout en allant de l’avant avec ce qui est nouveau et bon ? J’ai été très frappé par les propos tenus avant-hier par le pape François lors de la première session du Synode. Il a beaucoup insisté sur le fait que le protagoniste du Synode est l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint va au-delà des schémas humains. Un chrétien, en tant que chrétien, n’est ni conservateur ni progressiste, il est une personne nouvelle, une créature nouvelle. Nous l’avons lu ces jours-ci dans la lettre de Saint Paul aux Galates. C’est l’Esprit Saint qui fait de nous des créatures nouvelles avec notre mentalité. Avec notre mentalité, avec ce que nous sommes. C’est pourquoi je crois que nous devons dépasser ces dualismes qui ne font pas de bien à l’Église. L’Esprit Saint est toujours générateur de nouveauté. Parce que c’est lui, il est à l’origine de tous les charismes, de toutes les nouveautés dans l’histoire de l’Église. En même temps, tout ce que l’Esprit Saint promeut dans l’Église vient du Père. Il est donc également ancré dans l’origine. Cela signifie qu’il faut un plus d’Esprit Saint dans l’Église, c’est la seule façon de dépasser ces dualismes qui ne nous font pas de bien. Merci beaucoup. Et merci beaucoup, père Jesús, d’avoir participé à notre programme. Merci à vous de m’avoir reçu. Merci à vous aussi et nous nous retrouverons prochainement, au revoir. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français)        

Gen Verde : un voyage de rencontre en terre lusitanienne

Gen Verde : un voyage de rencontre en terre lusitanienne

Deux semaines intenses de tournée pour le Gen Verde au Portugal qui, de fin juillet à début août 2023, du nord au sud du pays, entre ateliers artistiques et concerts, avec l’aide de nombreux jeunes, a eu l’occasion de transformer la musique en instrument de témoignage et de rencontre avec l’autre. Parties de Braga (Portugal), elles se sont ensuite dirigées vers le sud du pays, en Algarve, pour terminer leur périple à Lisbonne, dans l’ambiance festive et enivrante d’une Journée mondiale de la jeunesse dont le beau souvenir est encore dans toutes les mémoires. Tel est l’itinéraire que le Gen Verde International Performing Arts Group, groupe musical féminin né en 1966 de l’inspiration de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a emprunté du 23 juillet au 4 août. Une tournée intense placée sous le signe de la rencontre et de l’amitié et au cours de laquelle, après avoir semé des paroles et des notes, a récolté beaucoup de choses en termes d’expérience vécue. Un exemple en est le Start Now Workshop Project, un projet musical et artistique d’éducation à la paix et au dialogue réalisé par le Gen Verde, qui a bénéficié, à Braga, de la participation d’un merveilleux groupe de jeunes espagnols et portugais et de la collaboration spéciale du Projeto Homem Braga, spécialisé dans le traitement, la prévention, la réduction des risques et la réinsertion des personnes souffrant d’addictions. « Nous avons généralement un peu d’appréhension lorsque nous invitons des personnes extérieures à rencontrer les personnes de notre centre », déclare l’un des éducateurs du bureau du Projeto Homem Braga après la rencontre avec les artistes, « parce que nous ne voulons pas perturber leur processus de rétablissement. Aujourd’hui, nous vous remercions d’avoir donné tant de joie à nous tous ». « Nous avons découvert que la musique, la danse et l’art peuvent vraiment nous aider à surmonter de nombreuses barrières, telles que la langue et la culture », explique un jeune Espagnol qui a participé à l’atelier. Il est parfois difficile de ramer dans la même direction, il faut de la patience parce que nous n’allons pas tous au même rythme, mais une chose que nous emportons avec nous, c’est la joie qui se transmet, au-delà des difficultés. L’amour nous fait surmonter tous les conflits ». Au son de Girl On A Mission (Magnificat), la chanson composée par le Gen Verde pour les JMJ de Lisbonne, le groupe s’est rendu à Faro (Algarve- Portugal) où il a participé aux Journées dans les diocèses précédant les JMJ, conclues par un concert dans le Stade Algarve le 31 juillet ; Le voyage s’est poursuivi dans la capitale portugaise pour une nouvelle édition de « Start Now » à laquelle ont participé une centaine de jeunes et qui s’est terminée le 2 août par une représentation avec les artistes sur la scène de l’Auditório da Faculdade de Medicina Dentária à Lisbonne, qui était bondée de spectateurs : « C’était très gratifiant de participer à une activité comme celle-ci », dit une jeune fille portugaise, « parce que nous pouvons apprendre des choses et connaître d’autres personnes . Nous avons compris qu’il est important à la fois de dire ce que l’on pense et, lorsque c’est nécessaire, d’être capable de perdre telle ou telle idée dans le cadre d’un travail d’équipe. Le mot qui résume tout ce que nous avons appris, c’est l’humilité, c’est-à-dire donner à l’autre la possibilité de s’exprimer ». Apprendre à surmonter des défis tels que – dit une autre fille – « savoir écouter, saisir les idées des autres, apprendre à interagir ; laisser tomber la timidité et créer quelque chose de beau, mais ensemble ». Marita Alvarez (Argentine), chanteuse du Gen Verde, nous raconte : « Nous avons trouvé tellement de jeunes dans tant de pays qui ont participé à nos ateliers artistiques au fil des ans, et nous avons donc réalisé à quel point ces relations étaient profondes, vraies et durables. De la Slovaquie, la Pologne, l’Ukraine, à l’Espagne, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie, pour n’en citer que quelques-uns, nous avons vu ces jeunes devenir les leaders de leurs communautés, engagés et prêts à multiplier la joie à travers le ‘’Magnificat anima mea ‘’ que Dieu a fait dans leurs vies ».

En plein JMJ, Lisbonne se colore de jeunes et devient une occasion unique de témoigner et, en même temps, d’expérimenter la vivacité d’une Église pèlerine qui, de toutes les parties du monde, nous appelle par notre nom. C’est dans cet esprit de famille que le Gen Verde a participé à la deuxième journée de catéchèse ‘’Rise Up’’ organisée par les Focolari, où il a chanté et animé la messe avec plus de 7000 jeunes, et qu’il a conclu son voyage au Portugal par un concert, le 4 août, à l’Alameda Dom Afonso Henriques, à l’issue du Festival Halleluya : « J’ai été très impressionné par l’unité entre les jeunes et l’Église, et par le fait qu’il y ait une grande diversité de cultures et de cultures. « J’ai été très impressionné par l’unité qui régnait entre eux », a déclaré Jesús Morán, coprésident du mouvement des Focolari, « et les jeunes étaient super heureux, ils étaient tous impliqués dans le rythme, dans la musique, mais aussi dans les moments de profondeur, qui ne manquent pas dans les chants, et les jeunes savaient aussi se recueillir . En pensant au chemin de croix, c’était comme la ‘’quinzième station’’, qui n’existe pas mais qui, comme tout le monde le dit et l’imagine, est le signe de la Résurrection. Cela a été un chant à la Résurrection, à la joie. Je crois que c’est la bonne façon de communiquer l’Évangile dans le langage musical que les jeunes aiment tant ».

Maria Grazia Berretta

Communication en temps de guerre: aux JMJ, un dialogue croisé pour une éthique commune

Lors des Journées mondiales de la jeunesse 2023 au Portugal, le voyage de DIALOP fait un nouveau pas en avant. De 20 pays, 134 jeunes ont participé à la “Communication en temps de guerre” parrainée par DIALOP pendant les JMJ pour discuter de la façon dont les médias sociaux et la technologie numérique peuvent devenir des pièges de conspiration et d’intérêts biaisés pendant les conflits.

Le voyage

Le christianisme et le socialisme – deux mouvements aux caractéristiques très différentes – ont longtemps été en conflit l’un avec l’autre, mais ont néanmoins tous deux façonné l’histoire du monde au cours des derniers siècles. Fondé sur l’idée que les plus grands défis du monde d’aujourd’hui ne peuvent être résolus seuls, DIALOP encourage le dialogue entre les personnes de différentes cultures. DIALOP encourage le dialogue entre les personnes de bonne volonté, qu’elles soient laïques ou religieuses, en particulier entre les socialistes/marxistes et les chrétiens, afin de créer une éthique transculturelle et novatrice.

La participation de DIALOP aux Journées Mondiales de la Jeunesse fait partie du “Projet DialogUE” qui, en coopération avec la Communauté Européenne et avec la participation de 14 organisations de la société civile, explore et développe le dialogue souvent difficile entre différents groupes pour façonner une Europe qui est de plus en plus l’expression de cette “unité dans la multiplicité”.

La préparation, qui a impliqué des experts chrétiens et marxistes-socialistes, a commencé six mois avant l’événement, un voyage chargé et fatigant vers les JMJ. De nombreux défis ont été relevés, tels que la recherche d’un moyen dynamique de médiatiser des contenus lourds comme les conflits et la communication, des langues, des pays et des contextes différents. « L’émotion d’être devant une génération avide de vérité et d’espoir apaisé, raisonné et clair, et d’être capable de donner un peu de cela », dit Luisa Sello, l’une des coordinatrices du projet.

Des jeunes en dialogue

La guerre et son potentiel destructeur influencent la structure de la communication, transforment la perception des faits et instrumentalisent le langage et les mentalités. Dans ce contexte, les médias sociaux et la technologie numérique peuvent devenir des pièges pour les conspirations et les intérêts particuliers. Peut-on se rapprocher de la vérité ? Pouvons-nous réagir ou sommes-nous condamnés à détruire des relations avec des êtres humains, des pays, des populations à cause du mensonge et de la désinformation ? Comment pouvons-nous continuer à faire des choix, à construire des relations et à nous ranger du côté de la vérité et de la justice ?

L’atelier a abordé tous ces défis et a engagé les jeunes dans l’élaboration de propositions pour l’Union Européenne, qui seront rassemblées et soumises à l’UE dans le cadre du projet de financement de la Commission européenne CERV (Citizens, Equality, Rights and Values Programme) en mars 2024. Après les panels et les discussions dynamiques, la question “que pouvons-nous faire ?” a résonné parmi les jeunes. Le désir de participer à une transformation en tant qu’acteur du changement était au cœur de chaque jeune présent.

Steven, originaire des États-Unis, qui souhaite devenir prêtre et voyager à l’étranger pour aider les gens, a fait part de ses doutes : « Je ne peux même pas dire à mes parents d’arrêter de lire des sources d’information qui posent problème. Lorsque Jésus est revenu de Nazareth, il a été rejeté par sa famille. Beaucoup d’entre nous ont perdu l’espoir. Où pouvons-nous retrouver l’espoir ?C’est pourquoi nous sommes ici aux JMJ. »

Adriana, étudiante en journalisme en Argentine, s’est sentie encouragée par l’atelier : « Notre rôle en tant que jeunes est très important pour lutter contre la désinformation et cela peut aussi se faire de manière amusante. Si nous créons une communauté, nous serons plus forts. »

Vers une éthique transversale

Le cours de l’histoire dépend non seulement de la force des idées, mais surtout de l’évolution des intérêts politiques et économiques, qui plus d’une fois n’intègrent que de pâles reflets de ces idées. L’appel du Pape François en 2014 qui a inspiré DIALOP pour initier un dialogue transversal continue de se déployer.

Interrogé par un jeune homme sur la manière de créer un cadre éthique commun en présence de tant de divisions, Walter Baier, président du Parti de la gauche européenne, a répondu : « Le pape François a dit que nous devions accepter le conflit comme quelque chose de naturel, ce que nous devons savoir, c’est ce que nous devons faire avec le conflit. Le fait que des chrétiens et des marxistes de traditions très différentes, même avec des langues très différentes, puissent s’asseoir ensemble et travailler sur un cadre commun est un exemple de dialogue. »

Angelina Giannopoulou de transform!europe et José Manuel Pureza de Bloco de Esquerda, ainsi que Michele Zanzucchi et Ana Clara Giovani de l’Université Sophia et Maria Chiara de Lorenzo du mouvement des Focolari ont également pris la parole. À l’avenir, dans le cadre du projet DialogUE, DIALOP organisera d’autres symposiums sur l’écologie et les politiques sociales. Pour plus d’informations, consultez le site https://dialop.eu.

Ana Clara Giovani

Lisbonne 2023 : “Há Pressa no Ar” hymne officiel des JMJ

Lisbonne 2023 : “Há Pressa no Ar” hymne officiel des JMJ

Un chant à l’unisson pour les jeunes du monde entier. Le père João Paulo Vaz, prêtre de Coimbra (Portugal), est le créateur du texte de l’hymne des JMJ de Lisbonne 2023, mis en musique par Pedro Ferreira, enseignant et musicien. Deux jeunes du mouvement des Focolari (Gen), Lourdes Catalán et Ivan Ho, l’ont interviewé. Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) 2023 ne sont plus très loin et déjà, dans les ruelles de Lisbonne (Portugal), ville où se déroulera cet événement planétaire, il est possible d’entendre les voix des premiers jeunes qui arrivent en chantant “Há Pressa no Ar” (Il y a de la hâte dans l’air), l’hymne officiel inspiré du thème « Marie s’est levée et elle est partie en hâte. » (Lc 1, 39). Nous découvrons avec le père João Paulo Vaz, prêtre du diocèse de Coimbra et créateur du texte, comment il est né. Lourdes : Père João Paulo, que représentent pour vous les JMJ et pourquoi avez-vous décidé de participer au concours pour la sélection de l’hymne de Lisbonne 2023 ? Père João Paulo Vaz : J’ai participé à pas moins de six JMJ dans ma vie (Paris, Rome, Toronto, Cologne, Sydney et Madrid), certaines d’entre elles en tant que responsable de la pastorale des jeunes dans le diocèse. Chacune a marqué mon parcours d’homme, de chrétien et de prêtre. Ce furent des expériences de foi et de communion très intenses, et certaines d’entre elles ont particulièrement marqué les esprits, en particulier l’hymne. Lorsque nous avons appris que nous pourrions participer au concours de l’hymne de Lisbonne 2023, j’ai été très heureux, à la fois en raison de mon expérience personnelle et en tant que compositeur. J’avais décidé de soumettre les paroles mais, à un moment donné, j’ai découvert que j’avais oublié de m’inscrire à temps, car il faut déclarer son intention de participer avant même de soumettre la chanson. Quand j’ai réalisé cela, j’ai été très triste, mais Dieu ne me laisse jamais tranquille.  Un groupe de participants qui s’était inscrit à temps et qui n’avait que la base musicale prête m’a quand même demandé de participer et je me suis inscrit au concours. Peu après, j’ai appris avec une grande joie que ma chanson avait été choisie. J’étais fou de joie car j’ai vraiment senti que c’était la réponse de Dieu à mon souhait. Ivan : Quel message vouliez-vous faire passer à travers la composition de cet hymne ? Père João Paulo Vaz : Tout d’abord, le message que j’ai pensé adresser à chaque jeune est le suivant : « Le Christ est toujours avec toi, il ne t’abandonne jamais et avec lui tu pourras aimer beaucoup plus. » C’est pourquoi, avec Lui, « ma voix s’élève plus haut et tout le monde l’entendra », comme l’explique la chanson, parce que vous n’avez plus peur. Tout le texte va dans ce sens et Marie, la protagoniste principale de ces JMJ, dans sa simplicité et son humilité, représente tout cela : celle qui la première élève sa voix parce qu’elle porte le Christ en elle ; la première évangélisatrice qui nous révèle aussi, avec son “oui” en route vers Élisabeth, comment l’apporter aux autres. Ivan : De nombreux jeunes du monde entier sont attendus à Lisbonne. Quel effet cela fait-il de penser qu’ils chanteront tous ensemble cet hymne ? Père João Paulo Vaz : Il est très important de dire qu’à partir du moment où le chant a été choisi comme hymne des JMJ, il ne nous appartient plus, il n’est plus le nôtre. Ce ne sont plus mes paroles ni la musique créée par Pedro Ferreira. C’est l’hymne des JMJ de Lisbonne 2023. Je le chanterai avec les autres : ce sera pour ma plus grande joie. Lourdes : Si vous pouviez résumer l’hymne en un ou deux mots, quels seraient-ils ? Père João Paulo Vaz : Le premier est ” profondeur “, c’est-à-dire découvrir qui nous sommes, découvrir le Christ en nous et vivre à partir de là ; le second est ” courage “, être la présence de Dieu dans le monde, annoncer la vie. C’est dans ces deux mots que s’épanouit, à mon avis, l’expérience de la foi. Ivan : Quel est votre message personnel aux jeunes d’aujourd’hui ? Père João Paulo Vaz : J’aimerais reprendre les mots du Pape François, prononcés dans l’une des vidéos annonçant ces JMJ, dans laquelle il nous invite à aller de l’avant sans crainte, à construire un monde meilleur et à être des protagonistes. Nous avons tellement besoin que nos jeunes valorisent davantage le monde, qu’ils reviennent aux vraies valeurs. Vous devez abandonner la peur et prendre conscience que ce sont eux, les jeunes, qui construiront un avenir meilleur. Alors, cher jeune, tu ne peux pas rester assis à regarder le monde depuis ton fauteuil : tu dois te lever et partir, comme Marie. Les JMJ, et celle-ci en particulier, sont l’occasion de dire que tu crois et que tu es prêt à faire ce que Dieu te demande ; plus que tout, elles te disent que tu n’es pas seul dans cette démarche. Tout un monde de jeunes, ainsi que le pape, sont prêts à marcher avec vous.

                                                                                    Lourdes Catalán et Ivan Ho