Décembre 2009

Difficile route de montage. Je conduis la voiture d’un ami âgé. Il connaît ces petites routes comme sa poche et je le vois à la manière dont avec la main, il fait signe de ralentir, d’accélérer, de procéder avec prudence. Du coin de l’œil, j’observe ses gestes, parfois à peine ébauchés. Je fais tout mon possible pour réussir à être en parfaite harmonie et conduire exactement comme cet ami conduirait. Je l’imagine tel un chef d’orchestre et j’éprouve un immense bonheur lorsque je parviens à exécuter parfaitement le morceau.

Le soir même, Massimiliano, frère d’un couvent très ancien, me téléphone. Depuis quelque temps, la relation avec son supérieur est devenue difficile et il me dit qu’il n’a plus la force de le supporter. Il a dont décidé d’abandonner le chemin entrepris.
Je lui fais le récit du chef d’orchestre et je perçois le silence, dense, au bout du fil. Il me dit alors : « Peut-être mon erreur a-t-elle été d’attendre quelque chose de la part de mon supérieur. C’est vrai, il ne peut pas jouer de mon instrument, il ne peut se substituer à moi. Il peut seulement m’aider à être à l’unisson avec les autres ! Je dois me réapproprier mon instrument, ma responsabilité et montrer mon talent dans l’harmonie de l’ensemble. » Massimiliano pleure.

Une fois le coup de fil terminé, je me rends compte qu’une idée, née d’un geste d’amour, a libéré un rayon de lumière que quelqu’un, quelque part, attendait.
(Tanino Minuta, République Tchéque)

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