Mouvement des Focolari

Algérie : l’occasion de regarder plus loin

Déc 2, 2011

Répondre favorablement à une demande d’aide a parfois des conséquences inattendues. Une communauté qui s’occupe des non-voyants a donné naissance à une expérience pilote en son genre.

Oran, deuxième ville d’Algérie, ouverte sur la Méditerranée, est un des principaux centres commerciaux et culturels d’Afrique du Nord. Un groupe de personnes, en majorité musulmanes, engagées à vivre selon les valeurs de la fraternité proposées par les Focolari, y vit une expérience avec des non-voyants. Sheherazad fait partie de ce groupe depuis 1990. Elle explique : « En 1997, par ma jeune sœur qui travaille dans une clinique d’ophtalmologie, j’ai fait la connaissance d’une religieuse catholique qui cherchait une personnes pour enseigner le français à un groupe de non-voyants de la ville. Je ne m’y sentais pas préparée, je suis femme au foyer et il me semblait que cet engagement dépassait mes capacités. En accord avec mon mari, je décide pourtant d’accepter, consciente que dans cette proposition peut se cacher un précieux plan de Dieu ». C’est le début d’une merveilleuse aventure qui, avec le temps, implique toute la communauté de la ville. Outre l’enseignement, pour Shéhérazade, c’est la découverte d’un monde nouveau, celui des non-voyants, qui a conquis son cœur et celui de Fouzia, une amie qui partage l’idéal de la fraternité et qui, peu de temps après, se met elle aussi à donner des cours. Le monde des non-voyants est particulier, surtout parce que bon nombre d’entre eux proviennent d’un milieu défavorisé et socialement marginalisé. « Avec le temps nous nous rendons compte que notre attitude d’ouverture envers l’autre procure un caractère particulier à notre enseignement, qui devient presque une excuse pour soutenir ces personnes : l’un a besoin de trouver du travail, un autre d’un simple soutien ou d’une parole réconfortante ». Entre temps, pour mieux comprendre les besoins des élèves, Fouzia et Sheherazad apprennent l’écriture braille. La chose ne passe pas inaperçue : « Nous voyant donner de notre temps sans rien attendre en retour, un ami décide de nous aider et de se joindre à cette action ». Ils essayent d’aider les jeunes à s’insérer dans la vie professionnelle. Par exemple, une jeune cherche du travail comme standardiste et ils trouvent une société. « Nous notons la disponibilité du directeur pour nous aider à trouver une solution. Il est frappé par notre engagement et décide d’embaucher cette jeune en contrat à durée indéterminée ». Toute la communauté d’Oran partage au fur et à mesure les projets et les objectifs atteints. Elle organise des portes ouvertes pour faire connaitre la vie et les richesses du monde des non-voyants. « Le thème de ces manifestations est toujours centré sur l’autre” et à la fin il n’y a plus celui qui voit et celui qui ne voit pas, le musulman ou le chrétien : nous sommes tous frères et sœurs à partager la même situation ». La presse nationale s’intéresse à ces rendez-vous, en reconnaissant le droit aux non-voyants de vivre comme les autres. C’est une œuvre de sensibilisation qui incite les personnes à unir leurs efforts à ceux de Sheherazad et de Fouzia. Malgré les difficultés administratives et juridiques une association pour l’insertion professionnelle des non-voyants a été créée. Elle est très active et travaille au projet de construction d’une école. Les autorités de la ville sont partie prenante et le projet de formation est reconnu par le département pour la formation professionnelle d’Oran. « Il reste encore beaucoup à faire – conclut Sheherazad – mais faire les choses pour les autres, malgré nos limites, c’est très beau et enthousiasmant ! Cela donne à tous la force d’aller de l’avant, et ouvre les portes à de nouvelles surprises ». La communauté d’Oran – Algérie

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