La famille et son dessein
Le congrès s’est ouvert sur le bienheureux pape Jean-Paul II, dont le pontificat a réservé « une attention prioritaire et passionnée à la famille ». Le cardinal Ennio Antonelli, président du Conseil Pontifical pour la famille, dans l’intervention qu’il lui a consacrée, a noté que « pour le pape de la nouvelle évangélisation, la famille, petite Église ou Église domestique, n’est pas seulement une façon de parler. Il s’agit d’une mise en actes de l’Église spécifique et réelle : les conjoints “non seulement revivent l’amour du Christ en devenant communauté sauvée, mais sont appelés à transmettre à leurs frères ce même amour du Christ en devenant communauté salvifique” » (Familiaris Consortio, 49). Le premier après-midi, la présidente des Focolari, Maria Voce, est venue tisser avec les participants (environ 1 100, de tous les continents) un profond dialogue, disant sa joie d’être avec des familles qui sont instruments d’unité dans leurs milieux de vie. Les témoignages ont montré combien la confiance en l’Amour transforme et éclaire le quotidien et sert de guide dans les moments difficiles (maladie, séparation, veuvage…). Deux moments ont été consacrés à l’éducation des enfants, en collaboration avec la section jeunes des Focolari, en vue de partager les objectifs éducatifs et de travailler ensemble à leur réalisation. L’éducation a aussi été au cœur des travaux de groupe : éducation à un style de vie sobre, à l’affectivité et à l’emploi des médias, selon diverses tranches d’âge. Une place particulière a été accordée aux jeunes familles, avec la liaison en direct par Internet largement suivie, en divers points d’écoute dans le monde. Il y a été question de l’affectivité, de la communication et de la spiritualité du couple. Parmi les messages reçus après la liaison, celui-ci, des familles de Slovénie : « Vous avez éclairé notre vie conjugale dans tous ses aspects. Vivre la spiritualité de l’Évangile nous mène à la plénitude du bonheur et renouvelle l’amour que nous voudrions porter au plus grand nombre de familles ».
Un peu d’histoire : Les débuts du Mouvement des Focolari en Russie
En 1986 une famille Hongroise du Mouvement des Focolari, les Fialowsky, se déplace pour le travail de Budapest à Doubna, à environ 130kms de Moscou. Autour d’eux se réunissent quelques familles et des jeunes. En 1989, puis en 1991, s’ouvrent deux centres du Mouvement dans la Capitale. A cette époque, la communauté compte près de 40 personnes. En août 1991, il y a la première rencontre de Chiara Lubich avec tous les membres du Mouvement d’Europe de l’Est, à Katowice (Pologne). C’est une étape importante pour la communauté présente en Russie, qui pour la première fois, passe la frontière pour rencontrer Chiara et les autres membres du Mouvement appartenant aux Pays de l’Europe de Est. En Avril 1992 se déroule la première rencontre publique, la Mariapolis, avec 220 participants. En septembre de la même année un premier voyage est organisé à Tcheliabinsk, ville située de l’autre côté de l’Oural, à environ 1900km de Moscou, qui était interdite aux étrangers peu de temps auparavant. Peu à peu se développe une communauté du Mouvement, et déjà, en 1995, se déroule sur place la première Mariapolis. Par la suite, naissent des communautés à Novossibirsk et Omsk.
En 2001 s’ouvre à Krasnoïarsk un focolare, qui se dédie à la partie sibérienne du pays. Les premiers contacts commencent à se créer avec les personnes qui reçoivent depuis un certain temps la Parole de vie. La spiritualité est accueillie par des personnes de diverses villes de Sibérie. La première Mariapolis se déroule en 2004 à Divnogorsk, une ville voisine de Krasnoïarsk. Les participants proviennent de diverses villes, certains ont dû parcourir 2000 km pour venir. Ils sont 90, de diverses nationalités et Églises. Après l’effondrement du régime soviétique, on remarque dans la société russe une recherche d’identité. Dans cette démarche, la manière d’agir du Mouvement a toujours été appréciée, en particulier dans la relation avec l’Eglise Orthodoxe Russe. Dans les manifestations des Focolari participent aussi de temps en temps des représentants officiels du Patriarcat de Moscou. La présence de Giancalo Faletti, coprésident du Mouvement des Focolari à l’intronisation du patriarche Cyrille 1er en février 2009 a été très importante pour la communauté. Le projet « Ensemble pour l’Europe » auquel ils participent depuis 2004 est suivi avec un grand intérêt par un certain nombre de membres d’associations orthodoxes. Parmi les pionniers de l’histoire des Focolari de l’Union Soviétique d’alors, nous pouvons évoquer Eduardo Guedes, focolarino portugais mort en janvier dernier, qui a vécu plus 20 ans en Russie. Sa générosité et son humilité ont été des caractéristiques très appréciées de ce peuple qui a en retour abondamment manifesté son amour de différentes manières, en particulier les nombreux amis orthodoxes. Et aussi Régine Betz, focolarine allemande, qui a vécu à Moscou de 1990 à 2008, tissant des relations vraies et durables avec de nombreuses personnes. Elle a raconté un épisode qui donne le ton de ces années passées à construire l’unité en Russie : « J’enseignais l’allemand à l’université Lomonosov de Moscou. Une collègue, Alla, n’avait pas une bonne santé et pensait qu’il s’agissait d’une punition de Dieu car elle ne vivait plus en chrétienne. Elle me raconta que, pendant un stage de mise à niveau à Leipzig, elle s’était mise à fréquenter l’église, mais en retournant à Moscou, elle s’en était éloignée. Un jour, elle me demanda si elle pouvait aller à la messe avec moi. Je lui expliquai que je n’étais pas orthodoxe mais catholique, ce qui ne lui posa aucun problème. Ainsi, le dimanche suivant, nous sommes allées ensemble à une messe à Saint Louis dans l’unique église existant alors à Moscou. Puis pendant un long moment, je n’ai plus eu de ses nouvelles. Quand nous nous sommes retrouvées, elle m’a raconté qu’elle s’était fait baptiser et – presque en s’excusant – à l’Église orthodoxe. Je lui ai dit qu’elle avait bien fait puisqu’elle est Russe ! »
Aujourd’hui, la majorité des membres de la communauté des Focolari à Moscou est orthodoxe. L’une d’entre elles, Nina Vyazovetskaya, à l’occasion du troisième anniversaire du départ de Chiara Lubich, le 18 avril 2008 à la basilique de Sainte Marie Majeure, à Rome, s’est exprimée ainsi : « Je viens de Moscou, j’appartiens à l’église orthodoxe Russe. Je suis médecin et j’ai travaillé pendant deux ans comme interne à l’hôpital de Moscou. J’ai grandi dans une famille non croyante, comme la plupart des gens en Russie. En 1990 on m’a baptisée un peu par hasard, parce que, avec l’écroulement du communisme, il y avait une période de grands changements et tout le monde cherchait quelque chose de nouveau. Mais après ce jour là, je ne suis jamais allée à l’église. La rencontre avec le Mouvement des focolari a marqué un tournant : J’ai rencontré Dieu et ma vie est changée. Pour le connaître, je me suis adressée aux focolarines, qui sont catholiques, et elles m’ont amenée à mon église orthodoxe. Ainsi, j’ai commencé à découvrir la beauté et la richesse de l’Église, le fait d’être chrétienne, de vivre pour Dieu. Et maintenant, j’ai pris la décision de suivre Dieu, derrière Chiara, dans le focolare. »
Lampedusa: expérience de partage
De l’île, elle nous écrit:“Les hôtes arrivent trempés et pour la plupart pieds nus. Un rapport d’empathie et de reconnaissance s’établit tout de suite entre eux et nous. Ils s’excusent pour tout, pour la circulation qu’ils bloquent, pour les queues dans les boulangeries, dans les supermarchés…”
“Ces derniers mois, étant donné la succession des débarquements, nous vivons une expérience de peuple. Tout le monde se donne de la peine pour ces frères avec une très grande générosité, en leur procurant des vêtements, de la nourriture, etc.”
Nous vivons beaucoup d’expériences:“Juste les jours précédents les débarquements, on m’avait volé mon sac avec tout ce qu’il contenait y compris mon téléphone portable. J’en achète un autre et je l’avais sur moi, encore dans sa boite. Un jeune tunisien se rend compte que son téléphone ne fonctionne pas et me dit: ‘Maman pleure parce qu’elle n’a pas de nouvelles de moi!’. Je pense au téléphone que je viens d’acheter. Il lui serait utile. Je le lui donne. Le jeune est heureux et peu de temps après il a réussi à parler avec sa maman”.
Les Jeunes pour un Monde Uni, avec quelques communautés de la Sicile et en collaboration avec la Caritas d’Agrigente, font également arriver en quelques jours, à Lampedusa, un container de vêtements et d’affaires de première nécessité.
Après ce début où la population s’est grandement dévouée, le découragement a commencé à s’insinuer parce que 90% d’entre elle vit du tourisme. “Avec la certitude que Dieu ne nous laissera pas seuls, qu’il ne se laissera pas vaincre en générosité, nous essayons d’encourager et de soutenir chacun à ne pas se laisser écraser par les préoccupations du futur…”
L’évêque d’Agrigente, Mgr Montenegro, est intervenu en invitant à voir en ces frères le visage de Jésus affamé, étranger… Il a écrit au Président de la République et tout de suite les autorités ont commencé à intervenir et c’est la joie d’avoir beaucoup reçu, bien plus de ce qui a été donné, qui reste en chacun. On a vécu et on continue à vivre de très belles expériences: ceux qui ont accueilli un enfant pendant une période, ceux qui ont procuré du travail à des jeunes qui sont restés ici, ceux qui ont ouvert leur maison pour un repas, une douche, sans parler d’argent, de nourriture… Les pêcheurs ont offert des caisses de poissons et les hôtes ont fait un barbecue improvisé.
A présent, la communion des expériences et des biens matériels continue et est en train de s’étendre à toute l’Italie.