Mouvement des Focolari
Maria Voce : le pari de vivre un charisme

Maria Voce : le pari de vivre un charisme

Trois salles reliées, 3.000 personnes et la diffusion en ligne sur Internet soulignent la grande attente suscitée par la présentation du livre-interview dans lequel Maria Vocen’a eu aucune difficulté à répondre, dans tous les domaines, aux questions des journalistes Michel Zanzucchi et Paolo Lòriga (respectivement directeur et rédacteur en chef du bimensuel Città Nuova): «Que font et que pensent les focolarini après Chiara Lubich? Sont-ils progressistes ou conservateurs? Travaillent-ils pour obtenir des places importantes dans l’Eglise et en politique? Sont-ils des chèvrechoutistes qui sourient trop?…».

«La scommessa di Emmaus» (le pari d’Emmaüs) est le titre du livre qui a été présenté en avant première le 22 septembre au cours d’un dialogue entre la présidente des Focolari elle-même et Lucetta Scaraffia (historienne et éditorialiste de L’Osservatore Romano”) et Marco Politi (écrivain et éditorialiste de “Il Fatto Quotidiano”). L.Scaraffia et M.Politi n’ont pas laissés passer l’occasion d’avoir en face d’eux Maria Voce en personne. L’interview a touché les arguments les plus variés, tels que affronter le thème de l’image après un temps de retrait, la requête que les Focolari se fassent promoteurs de la réflexion de grands thèmes comme le théâtralisme des laics, l’œcuménisme, le dialogue interreligieux et celui avec des personnes sans options religieuses, la femme, la fin de vie, la famille et le travail, les musulmans en Europe, le charisme féminin de Chiara Lubich en tant que don pour l’Eglise, le nombre réduit des focolarini qui font un choix de vie radical face au Mouvement si vaste, et d’autres thèmes encore.

Maria Voce semble se trouver dans le salon de sa maison avec deux amis. Elle ne se décompose pas et répond avec spontanéité et lucidité. «Nous ne nous cachons pas, mais nous ne tenons pas non plus à nous mettre en avant. Nous désirerions, plutôt, que les personnes connaissent le caractère incisif positif que nous essayons de mettre dans les réalités humaines. Je n’ai pas grand chose de significatif à dire en tant que Maria Voce, mais en tant que Mouvement des Focolari, oui».

Les laïcs n’ont pas besoin d’encouragement, mais plutôt qu’on les laisse libres d’agir dans un contexte ecclésial plus confiant, lit-on dans le livre. Cette phrase, particulièrement appréciée par L.Scaraffia, est l’occasion pour réfléchir sur les laïcs et la femme: «Avant d’être une femme, Chiara est laïque. (…) Le fait de faire entendre la force vitale du laïcat dans l’Eglise a été une grande anticipation sur son temps. En ce qui concerne la présence féminine, Chiara aimait dire que la femme a, comme caractéristique propre, une capacité plus grande d’aimer et de souffrir. Cela est manifeste surtout dans la maternité. Je dirai donc que la femme a, de façon particulière, la capacité de faire famille. (…) Dans une Eglise, qui se veut toujours plus famille, communion, synthèse de toutes les aspirations de l’humanité, la femme a une fonction propre importante. Cependant – comme Chiara l’a toujours dit – je suis convaincue que la femme et l’homme sont responsables, devant Dieu, de la même façon. Dans l’Evangile, il est écrit: “Il n’y a plus ni juif, ni grec;… il n’y a plus l’homme et la femme…” (Ga 3,28). Donc, ce qui est important c’est qu’autant la femme que l’homme deviennent ce qu’ils doivent être, c’est à dire Christ dans l’Eglise».

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Après une pause musicale, Marco Politi propose “un focolare de rencontre”: promouvoir régulièrement des réflexions sur de grands thèmes. «C’est un défi plus qu’une question – renvoit Maria Voce – ce serait plus adapté à notre style, à notre façon de faire, parce qu’il ne s’agirait pas tant de comparer des grandes idées, mais des expériences, comme cela s’est fait par ailleurs pendant ces deux jours à LoppianoLab. Le témoignage que nous voulons donner est celui du rapport avec qui est à côté de nous, non pas avec les grands systèmes». En ce qui concerne le «problème de la construction des mosquées, par exemple, je crois que ce qui est le plus important est que les musulmans se sentent accueillis et compris par les chrétiens également dans leur façon d’exprimer leur propre religiosité». Elle poursuit en affirmant que le Mouvement arrive à la réflexion sur de grands thèmes avec son propre style, sa proximité, son expérience vitale. «Par exemple, dans une école, dans un hôpital, les personnes du Mouvement qui y travaillent se mettent ensemble et partagent les expériences de leur profession vécue de manière chrétienne. De la vie, souvent, naît aussi une réflexion qui engendre des initiatives concrètes avec des grandes lignes qui sont ensuite proposées». «Le charisme, en soi, a les réponses. Se sont les questions qui changent selon les époques. Aux nouvelles questions, de nouvelles façons de formuler les réponses sont exigées qui se trouvent en fait dans le charisme».

Quant à l’œcuménisme: «Je crois que c’est un chemin difficile. C’est une honte pour tous les chrétiens que d’être divisés. Si nous nous en rendons compte, nous en souffrons. Or, le fait de tous participer de la même souffrance, ne pourra pas ne pas nous faire faire des pas pour la surmonter. Alors, même si c’est avec peine, il se peut que l’on fasse des pas vers l’unité. Pour arriver à l’unité, il nous faut tous savoir perdre quelque chose et cela coûte. Nous, nous croyons qu’en tant que Mouvement notre rôle est justement de nous mettre dans cette déchirure». «Nous devons cheminer! Je pense que c’est une recherche que nous devons faire ensemble».

Sur le nombre réduit des focolarini: «Justement parce que c’est un choix radical, se consummer dans l’unité – qui signifie s’aimer réciproquement, en se perdant complètement dans l’autre, afin que Dieu soit parmi nous – est un choix exigeant auquel tous ne sont pas appelés, même si chacun fait le choix de Dieu dans le Mouvement». Et elle conclut: «A nous, ce qui nous intéresse, c’est que l’idée de la fraternité universelle aille de l’avant. C’est Dieu qui mène l’histoire, par conséquent nous ne devons pas avoir peur».

Le temps a volé. Parmi les trois sur la scène et les 3.000 personnes présentes s’est créé un feeling que l’on ne voudrait pas interrompre. Mais le pari d’Emmaüs” est désormais lancé et reçu.

Maria Voce : le pari de vivre un charisme

Loppianolab. Mot d’ordre : participer

4 jours pour donner la parole à l’économie, la culture, au territoire et à la politique, aux jeunes. Beaucoup de faits de ‘’citoyenneté active’’ ont été racontés à Loppiano, dans un programme qui s’est articulé à travers des laboratoires, des séminaires, des témoignages d’entrepreneurs, un espace à l’Economie de Communion, à l’école de  de participation politique du Mouvement politique pour l’unité, à lInstitut Universitaire Sophia. Un zoom sur ‘’que font et que pensent les focolarini après Chiara Lubich’’, avec la présentation en avant-première du livre-interview de Maria Voce : ‘’L’enjeu d’Emmaüs’’. Les premiers chiffres de cette troisième édition parlent de 3.000 participants provenant de toutes les régions italiennes, auxquels ajouter les 5.000 liaisons téléphoniques en direct streaming des différents moments du programme et tous ceux qui sont passées à Loppiano seulement pour une journée. Une rédaction sociale a permis au public des réseaux sociaux (surtout sur la bande18-34) de participer et inter-réagir : 300.000 contacts. Quels sont les thèmes abordés durant ces jours ? La loi électorale, l’inculture, la légalité, l’art, le développement durable, et bien d’autres, dans 15 laboratoires, convergeant dans l’après-midi du samedi avec l’événement ‘’Italie Europe. Un unique chantier entre jeunes, travail, innovation’’. Une confrontation animée a suivi avec les experts sur l’économie, la formation et l’Europe où les jeunes ont offert leur propre contribution pour la renaissance de l’Italie. Sur les rapports entre les générations, la journaliste Tiziana Ferrario a confirmé l’importance de grandir ensemble, jeunes et adultes, dans un échange réciproque entre les passions et l’expérience. « Il faut davantage une Europe des citoyens – a déclaré Paolo Ponzano, conseiller spécial de la Commission Européenne. Lui a fait écho Stefano Zamagni, économiste, rappelant la nécessité au niveau national d’une forme plus mature de démocratie délibérative, où les citadins participent quotidiennement à la gestion de la chose publique. Le moment le plus important de ces 4 jours a été la double interview de Maria Voce, présidente des Focolari, qui vient d’être nommée auditrice au prochain synode des Evêques sur la Nouvelle Evangélisation. Elle a répondu aux questions un peu provoquantes de Lucetta Scaraffia (Osservatore Romano) et Marco Politi (Le Fait quotidien), sur les grandes questions de l’Eglise et de la société ; Le rôle de la femme, l’engagement des laïcs catholiques, la visibilité des Focolari aujourd’hui, le problème œcuménique, le dialogue inter-religieux et les rapports avec les personnes de convictions différentes. A Loppiano Lab citadins, experts, professionnels, ont parlé de l’Italie de la crise, mais aussi l’Italie de la remontée, avec un unique et commun dénominateur : la passion pour la participation civile. Un laboratoire bondé : « Le siège des partis. La politique des techniciens. Et les citadins ? » Là s’est débattu la question de la loi électorale, thème très chaud en Italie. En pleine syntonie le séminaire des Ecoles de la participation politique ; aujourd’hui elles sont 24 dans toute la péninsule, avec 500 jeunes impliqués. « Donnez-nous de vrais éducateurs et nous vous donnerons un monde meilleur » est le titre du laboratoire dans lequel s’est confirmé la centralité du fait éducatif comme ressource pour le futur. Des histoires de lutte et d’espérance ont illuminé le laboratoire sur la légalité, comme celle de Salvadore Cantone, entrepreneur engagé en première ligne avec une association anti-racket et Giuseppe Gatti, magistrat anti-mafia et sous escorte, qui ont mis en lumière que c’est seulement de la fraternité que peut naître la légalité. Communic@ando, le workshop sur les médias a présenté un éventail d’initiatives : laboratoires civils, usage critique des médias, jusqu’à un projet européen qui a vu de jeunes italiens en partnership avec des jeunes du même âge de quatre autres nations. Au pôle Lionello, dans le domaine de LoppianoLab, a eu lieu la 3ème convention nationale d’Economie de Communion. Nouveauté de cette année, la naissance d’AIPEC, l’association italienne des entreprises EDC, et la voix des jeunes : bilan d’une année et demi d’activité de la pépinière de l’entreprise du Pôle, qui a soutenu le début de 52 idées d’entreprises ; le projet Policoro, réponse au chômage des jeunes du sud de l’Italie. L’événement conclu, maintenant les laboratoires civils ‘’rouvrent’’ sur le territoire. La participation active est la clé pour regarder vers 2013. Diaporama Flickr

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Annoncer l’Evangile en musique

Des jeunes ont décidé de consacrer leur énergie pour annoncer l’Evangile grâce à la musique. Il s’agit des groupes Eis (Unité, in grec) et Hope (Espoir) de Teramo et Fermo (Italie). Ils font partie au Mouvement Diocésain des Focolari et sont devenus des outils d’animation de leur diocèse ; ils ont désormais rencontré des milliers de personnes.

«Hope naît en 1995 – nous raconte Fabio – à l’occasion de la rencontre des jeunes européens “Eurhope” avec Jean-Paul II. Une expérience inoubliable, suivie de tant d’autres occasions où  Hope a donné, et continue de donner, sa propre contribution dans le diocèse de Fermo, et pas seulement ».

«Eis, au contraire, n’a que 3 ans de vie – explique Alice –. Il est né au cours d’un camp d’été des jeunes du diocèse de Teramo et a déjà rencontré plus de 4.500 personnes en 17 spectacles».

Comment vous faites-vous connaître ?

«La renommée des groupes se fait d’elle-même– c’est Alice qui parle –. Quelqu’un, touché par le spectacle, nous invite dans sa ville ; il se peut qu’un journaliste écrive un article, qu’une radio locale demande une interview… et les concerts se succèdent, depuis les salles paroissiales jusqu’aux estrades installées sur les places pour l’ensemble des citoyens. Les blogs des deux groupes sont remplis d’adhésions enthousiastes de jeunes, garçons et filles. Et non seulement des adhésions, mais souvent des occasions de rencontre et même de véritables changements de direction dans leur propre vie ! »

Mais, les “groupes ne veulent pas être une usine à événements”, tiennent-ils à clarifier. «En premier lieu – affirme Fabio – nous visons à être un groupe uni, dans lequel chaque membre cherche à vivre en mettant à la base de tout l’amour réciproque. Puis, nous faisons ce qu’il faut : préparer le spectacle, regrouper les idées de chacun, prendre le temps pour les nombreuses répétitions… ».

Nous imaginons que tout n’est pas facile…?

«Certes, ce n’est pas simple – clarifie tout de suite Fabio –. Mais chaque fois, nous essayons de recommencer, en exprimant nos idées et, en même temps, prêts à les mettre de côté si elles ne servent à rien. Ce qui nous intéresse, c’est que tout naisse de l’unité du groupe, unité qui rend Jésus présent au milieu de nous. (Mt 18,20)».

Hope et Eis proposent actuellement deux thèmes musicaux différents sur la vie de Chiara Luce Badano, une jeune des Focolari, béatifiée en 2010. Les spectacles présentent une figure moderne, imitable ; une jeune qui a su faire de sa vie une merveilleuse “broderie”, en arrivant à accepter la maladie et la mort à 18 ans comme signe de l’amour de Dieu pour elle et sa famille.

«Les impressions écrites sont fortes – raconte Alice –. A Giulianova, par exemple, la figure de Chiara Luce a réussi à tenir en éveil l’attention d’une ville entière sur la sainteté ».

A la fin des années 60, Chiara Lubich propose aux jeunes la musique, en tant qu’instrument d’évangélisation. Et naissent alors les plus fameux orchestres Gen Rosso et Gen Verde. Naissent également des groupes de jeunes engagés dans les paroisses et les diocèses, comme  “Gen 70”, dans la paroisse de Vallo Torinese (Piémont). Un procès de béatification est en cours pour l’une de ses membres, Maria Orsola (décédée à l’âge de 15 ans).

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Tremblement de terre Emilia : le Gen Rosso en concert

Le public

« Assis sous une tente de la communauté de Poggio Renatico nous écoutons l’aventure des personnes qui ont vécu le séisme et n’ont pas perdu l’espérance, les efforts et les projets futurs, leur façon inlassable de se donner. » Ecrit Tomek Mikusinski du Gen Rosso à la veille du spectacle.

Le groupe est accueilli sous la bâche en face de l’église encore impraticable –  les images de l’explosion contrôlée du campanile de Poggio Renatico ont fait le tour du web. « Mais l’Eglise c’est aussi eux – continue Tomek – Vous nous donnez la possibilité de raconter notre vie, la trajectoire qui nous a menés jusqu’ici, à choisir Dieu et le suivre, les expériences faites et les attentes qui guident notre chemin… » L’une d’entre eux nous confie : « Je remercie tout le groupe pour le témoignage de vie et d’amour que vous avez porté parmi nous. Les derniers événements nous ayant un peu découragés, nous en avions vraiment besoin ! C’est une joie pour nous d’avoir pu réaliser ce grand rêve. »

Séances

Le 14 septembre, le jour d’avant le spctacle, on enregistre une nouvelle, légère, secousse sismique. Parmi les localités les plus proches de l’épicentre, se trouve aussi Poggio Renatico. Mais le spectacle ne s’arrête pas, comme ne s’est pas arrêté le projet déjà visualisé avant le séisme de mai. Et le soir du 15 il y avait un millier de spectateurs sur le terrain de sport. Considérant le nombre d’habitants, une famille sur trois était présente ! Etait prévu aussi un terrain gratuit pour passer la nuit  avec des tentes de camping.

« Partages, admiration, espérance, gratitude, amour, unité, amitié, ce sont seulement quelques adjectifs qui spontanément voudraient exprimer ce que nous avons vécu durant cette dernière fin de semaine. » Tomek écrit encore au nom du groupe  « S’écroulent les montagnes et les villes, l’amour ne s’écroule jamais, l’amour ne s’écoule jamais ; beaucoup de monde  aide, ce qui donne espérance et sérénitéLe texte de notre chanson a résonné profondément. Dans la communauté de Peggio Renatino existe surtout une réalité tangible. Nous avons vécu des jours de vraie fraternité ! Parce que là où l’amour et l’espérance sont fondés sur la souffrance, Dieu passe et la Vie renaît ! Tellement de Vie ! »

« Je me suis beaucoup rechargée pour reprendre mon parcours personnel, souvent empli d’obstacles et de difficultés qui me mettent à l’épreuve – commente une fille au moment de repartir – Merci d’avoir démontré qu’ensemble on peut aller loin. »

« Au nom d’une reconstruction historique du groupe musical international.» On lit cela sur Ferrara24heures.  « Le groupe, défini ‘‘international performing arts group’’ (groupe artistique international), est actif depuis 1966 avec une profonde attention au social et pour ce motif a accueilli avec enthousiasme l’invitation à se produire sur notre territoire pour remonter le moral de la population bouleversée par le tremblement de terre. Il est devenu un collaborateur dans l’organisation, vu les difficultés du moment. Le groupe lutte pour la construction d’un monde vivable, plus juste, pacifique et solidaire. Il n’y a pas de concept meilleur pour faire repartir Poggio Renatico. »

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Goutte d’eau vive. L’histoire de Riad

« À l’âge de dix ans, un événement a provoqué un tournant décisif dans la vie de ma famille et dans ma vie personnelle : mon père a été soumis à une très sérieuse opération du foie. Je me rappelle quelques matins d’été lorsque je l’accompagnais, avec ma mère, pour une promenade au bord de la mer, à Syracuse (Italie). Après une brève période durant laquelle il semblait s’être remis, la crise survient comme un orage imprévu. Et, une nuit, il s’est endormi pour toujours. Lorsque j’ai vu ce corps immobile, au visage plus pâle que d’habitude, je n’ai pas réussi à pleurer. J’étais comme pétrifié. Âgé de 10 ans, la pensée de demander pourquoi ne m’a jamais traversé l’esprit. Je n’étais pas non plus capable de prier. Les années suivantes, je me suis aperçu que tous mes amis avaient un papa qui les protégeait, mais pas moi. Cette situation d’orphelin était très lourde.

Cinq ans plus tard, à travers un de mes amis, j’ai rencontré des personnes qui avaient fait de l’Évangile leur code de vie. Un soir, dans leur appartement – le Focolare – j’ai rencontré Marco, le premier jeune qui avait suivi Chiara Lubich, qui m’a parlé de l’aventure de l’unité. Ses paroles pleines de vie, d’Évangile vécu au quotidien, m’ont réellement touché. Je ne me sentais plus orphelin, maintenant moi aussi j’avais un Père qui prenait soin de moi. En fait, durant les années suivantes, j’ai trouvé cent pères, cent mères, cent frères et sœurs (cf. Mt 19,29). J’ai immédiatement compris que je devais mettre l’Évangile en pratique, j’ai donc commencé à l’école, en écoutant avec amour ce professeur un peu ennuyeux, en prêtant mes notes aux amis qui en avaient besoin…

Quelques années plus tard, incité par cette merveilleuse découverte de l’amour personnel de Dieu, le désir de me donner à Lui a muri en moi et l’expérience du focolare a commencé pour moi. J’ai vécu 26 ans au focolare de Vienne et, depuis là, de brefs mais continuels voyages en Tchécoslovaquie et en Hongrie pour rencontrer nos amis du Mouvement. C’étaient les années durant lesquelles un mur nous séparait, mais l’Évangile nous unissait, parce qu’ils avaient soif d’Évangile, encore plus que de liberté.

Nous avons eu notre part d’aventures durant ces voyages. Une fois, au poste frontière, en ouvrant le coffre de la voiture pour les contrôles habituels, je me suis aperçu avec effroi que, par erreur, nous avions chargé une grosse valise pleine de films, écrits, diapositives de la vie de nos communautés. Que du matériel « interdit ». Étrangement, la police a donné un coup d’œil rapide (sans remarquer mon visage terrorisé) et nous a dit que nous pouvions avancer. Tout s’est bien terminé pour nos amis de Budapest, qui ont pu obtenir ces documents nécessaires pour connaître la diffusion de l’Évangile dans le monde entier. Dans cette situation, comme dans beaucoup d’autres, j’ai vu l’amour de Dieu me suivre pas à pas et toujours corriger ce que je n’avais pas bien fait.

Début septembre, le Genfest a précisément eu lieu à Budapest. C’était pour moi une grande joie. Je me suis rappelé les rencontres dans les « catacombes » avec les jeunes, chez une famille. Les rassemblements de plus de cinq personnes étaient officiellement interdits. Durant la saison touristique, avec quelques familles, jeunes et prêtres, nous pouvions nous rencontrer, durant certains week-ends, dans une maison de campagne ou au lac Balaton. Là, au milieu des touristes, nous avions la possibilité de parler de la spiritualité de l’unité et des expériences de vie évangélique. Aujourd’hui, bon nombre de ces jeunes, familles et prêtres sont engagés dans cette nouvelle vie du Mouvement. Jésus, avec sa force, est la lumière qui brille toujours, même lorsque les portes sont fermées, hier comme aujourd’hui. »

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Un homme de paix au Liban


“ Il y a eu beaucoup de joie et d’attente pour ce voyage de Benoît XVI   déclare Arlette Samman, libanaise, avec l’italien Giorgio Antoniazzi responsables du Mouvement des Focolari au Liban, là où le Mouvement est présent depuis 1969. Arlette et Giorgio se trouvent ces jours-ci près du centre international des Focolari pour la rencontre annuelle des délégués. Nous les avons interviewés.
“Tout le peuple libanais était en fête, les musulmans ont très bien accueillis la nouvelle de la venue du Pape et ont exprimé clairement leur joie à travers leurs leaders religieux. Nous avons vu dans cette visite comme une bénédiction surtout en ce moment très délicat que traverse toute la région”, explique Arlette. “ Le Moyen Orient qui a accueilli le Pape n’est plus celui d’octobre 2010, date à laquelle s’est déroulé le Synode pour le Moyen Orient. A ce moment diverses secousses politiques, sociales, populaires ont fait trembler et mis à genoux quelques uns des pays de la région. ‘’

Quel était le message attendu ? ‘’ Les grandes lignes sont déjà apparues dans les recommandations du Synode, il y a eu des paroles nouvelles, comme une lumière nouvelle ‘’, continue Giorgio. ‘’ Le coeur de tout a été la présence chrétienne minoritaire et la relation avec l’Islam, la question de la liberté religieuse, de la liberté de la foi et du culte, celle du dialogue. Il a parlé de la paix tellement nécessaire et plus que jamais menacée. Et puisque le titre du Synode était Communion et témoignage, cela sera le vrai défi pour les Eglises locales, à la veille du Synode sur l’Evangélisation. ‘’
Comment la population s’était préparée à vivre ces journées ? ‘’ Le 12 septembre, en préparation à la visite du Pape a eu lieu une marche pour la paix, chrétiens et musulmans – à laquelle nous avons participé – jusqu’à la place de la Réconciliation à Beyrouth. L’Eglise catholique s’y est préparée, dans les diocèses et les paroisses avec des prières et des neuvaines ; les rues étaient décorées de photos de Benoît XVI avec des slogans d’accueil à l’homme de paix.
A l’occasion de la signature et de la publication de l’Exortation Apostolique Post-Synodale de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen Orient du Synode des Evêques, Benoît XVI a rencontré le Président de la République ainsi que les autorités civiles et religieuses chrétiennes et musulmanes, et les jeunes près du siège du Patriache maronite. Dimanche matin il a célébré l’Eucharistie au centre de Beyrouth.

Le Mouvement des Focolari est présent dans toutes les régions du Pays ; des chrétiens de différentes Eglises Orientales ainsi que quelques musulmans y adhèrent. Durant la visite du Pape comment avez-vous été actifs ? ‘’ Nous sommes insérés dans les paroisses et nous avons suivi moment par moment, les diverses manifestations. Nous avons offert au Saint Père un cadeau en lui faisant savoir notre immenses joie et notre gratitude pour sa venue dans notre Pays ; nous l’avons assuré de notre accompagnement dans la prière constante pour chaque étape de sa visite ; nous lui avons souhaité qu’elle porte des grâces abondantes de paix et d’espérance pour nos populations ainsi éprouvées. Nous l’avons aussi assuré de notre fidèle engagement à être partout porteurs d’unité et de fraternité ‘’, nous dit Arlette. ‘’ A la présentation du document le 14 septembre, il y avait un focolarino pour représenter le Mouvement – explique Giorgio Antoniazzi – tandis qu’une centaine de nos jeunes, engagés aussi dans les différents services demandés, ont participé à la soirée des jeunes le 15 septembre ‘’. Arlette conclut : ‘’ Cette visite est sans doute un moment très important pour l’unité de l’Eglise et pour tous les pays du Moyen Orient. ‘’