Déc 13, 2017 | Focolare Worldwide
A l’École Loreto chaque début d’année n’est en rien semblable aux autres. C’est ainsi depuis 1982, l’année de sa fondation, en raison des provenances toujours diverses des familles qui la fréquentent. De même que sont différentes les attentes qui les poussent à venir à Loppiano. Le rythme des cours s’adapte à leurs langues et à leurs cultures ; le travail, qui fait partie intégrante de la formation, est organisé en fonction d’elles ; les moments de fête s’enrichissent de nouveaux rythmes et nouvelles couleurs. Les cours, centrés sur des thématiques concernant la vie de famille orientée à la spiritualité de l’unité, coïncident avec les horaires de leurs enfants, qui fréquentent les écoles publiques du secteur. Cette année, les huit familles du cours qui a récemment commencé, viennent du Japon, de Corée, du Mexique, du Brésil, de Colombie, d’Italie-Argentine, du Vietnam. Un unique souhait les rassemble : grandir en tant que famille dans l’amour réciproque proposé par l’Évangile. C’est en effet l’unique loi en vigueur dans la Cité pilote où ces familles veulent faire une expérience de complète immersion. « Pourquoi être venus ici? », Indian Henke et Emilio di Pelotas (Brésil) tentent de répondre: « Pour rechercher l’essentiel de la vie. Nous ne voulions plus rester dans le cercle vicieux du profit et notre entreprise a rejoint le projet EdC. Nous avons vendu notre voiture, fait cadeau aux pauvres de la moitié de nos vêtements et de quelques appareils électroménagers. Ce fut une révolution et de ce fait nous est venue une envie irrésistible de faire une expérience de formation en y associant nos enfants ».
« Pour venir – raconte Bao Chau, vietnamien, papa de deux enfants – nous avons dû attendre quatre ans pour des raisons familiales. Nous étions sur le point d’annuler notre inscription, lorsque, une fois réglées ces difficultés, nous avons senti profondément que Dieu nous attendait à Loppiano ». Nous sommes ici depuis 2016, mais en raison de la langue, nous n’avons pas pu profiter complètement du cours précédent. Aussi avons-nous pensé prolonger d’une année. J’en ai fait la demande à mon employeur, j’ai demandé à mes frères de m’aider pour l’emprunt contracté pour notre maison et fait la demande aux responsables de l’École. Au bout de presque deux mois, toutes les réponses ont été finalement positives ». « Nous sommes heureux de rester – ajoute son épouse Bao Vy – pour apprendre et approfondir la vie de l’Évangile et, à notre retour, la partager avec les familles du Vietnam, en grandissant chaque jour dans l’amour ». “Nous venons de Corée et voici notre fille Maria Grazia âgée de 13 ans ». C’est ainsi que se présentent Irema et Michele. Il y a encore peu, ils dirigeaient un Institut que Michele avait fondé il y a une quinzaine d’années pour répondre au besoin fréquemment exprimé d’une meilleure préparation à l’université.
“Le nombre des inscriptions – racontent-ils –, une dizaine au départ, s’est élevé à 1000 au bout de trois ans. Le travail nous prenait toujours plus et notre projet de construire une famille unie et harmonieuse a commencé à s’en ressentir ». A la suite d’une profonde communion entre eux, début juin ils ont décidé de vendre l’Institut et de chercher un autre travail. Et Michele d’avoir cette idée lumineuse : “Si nous le vendons, nous allons passer un an à Loppiano!”. C’était la proposition qu’ Irema lui avait faite tout de suite après leur mariage, mais elle n’avait pas pu se réaliser à l’époque. « Nous devions réussir à le vendre avant les vacances. Nous avons beaucoup prié et le dernier samedi de juin l’Institut a été vendu. Dieu nous voulait vraiment ici ! ». Dans cette mosaïque multiforme et internationale, il y a aussi Francesca (34 ans), italienne, et Roberto (37 ans), argentin de Cordoba. « Après différentes expériences vécues dans d’autres Pays – racontent-ils – nous habitons en Italie, à Loreto. Dans notre parcours familial, jusqu’ici bref mais intense, les difficultés ne nous ont pas épargnés: nos contextes familiaux différents, quelques affaires extérieures à nous et notre façon différente à chacun de réagir nous ont un peu freiné, mais l’amour et la volonté de construire une famille saine et ouverte demeurent forts ». C’est ainsi que nous avons mûri la décision de venir à l’École Loreto avec Isabel (3ans), pour apprendre à les justes priorités et grandir en tant que personnes et parents. En partageant et en dialoguant avec les autres, peut-être qu’un jour nous aussi nous pourrons devenir des témoins de l’Évangile dans le monde ». Voir la Video
Déc 12, 2017 | Focolare Worldwide
États d’urgence en continu, mais aussi solidarité et désir de rebondir. Au Venezuela, dans un contexte social et politique difficile, l’inflation est au plus haut, l’augmentation du nombre de personnes en situation de précarité extrême persiste, beaucoup manquent du nécessaire, les conflits sont violents. A Cuba et Portorico, après le passage de l’ouragan, reconstruction laborieuse, exode de milliers de personnes, manque d’électricité, d’eau potable et de communications. Néanmoins, même au milieu de difficultés extrêmes, le dynamisme du peuple et sa volonté de recommencer ne font pas défaut. María Augusta et José Juan, de la communauté des Focolari aux Caraïbes : « La situation générale au Venezuela – nous disent-ils – est très douloureuse, en raison du manque de nourriture, de médicaments, du sentiment d’impuissance et de la précarité toujours plus grande, et à cela s’ajoute l’exode permanent de personnes qui quittent le Pays. La liste de nos amis qui sont déjà partis et de ceux qui sont sur le point de le faire, est longue. Nous devons malgré tout « rester au pied de la croix », au milieu de toute cette détresse, mais en espérant la résurrection. Résurrection que nous voyons déjà dans les personnes, dans leur profondeur d’âme et la solidarité évangélique qui les anime ». Ofelia, au nom de la communauté vénézuélienne, raconte : « Il n’est pas facile de trouver des solutions aux problèmes que nous sommes en train de vivre, comme le manque de nourriture, de vêtements et de médicaments. Mais les paroles de Jésus « Donnez et il vous sera donné » restent vivantes en nos cœurs, nous pouvons les vivre jour après jour. Si quelqu’un n’a rien à manger, nous partageons le paquet de riz ou les médicaments et tout ce qui nous arrive de mille façons. Et parmi ceux qui en ont le plus besoin tout circule, indistinctement. Chacun pense aux autres et les rend présents, la vie se propage et la communauté grandit. Au milieu de la violence et de la précarité quotidiennes, la présence de Jésus au milieu de nous est comme une flamme qui attire et donne l’espérance ».
María Augusta et José Juan nous donnent aussi des nouvelles de la communauté présente à Cuba: « Le week-end dernier, à Santiago, a eu lieu une Mariapolis d’environ 200 personnes, un signe que la vie jaillit, toujours nouvelle, au milieu des difficultés que tous doivent affronter ». Et à propos des communautés de Porto Rico: «Comme vous le savez bien, ils vivent des mois vraiment tragiques en raison des effets dévastateurs de l’ouragan qui a détruit l’île. Ils nous font continuellement parvenir des témoignages émouvants d’amour évangélique et de solidarité entre tous ». En voici quelques uns: « 56 jours sans électricité et de l’eau seulement 30’ par jour. Il n’est pas facile de travailler au bureau par cette grande chaleur, mais c’est possible ! La torche éclaire un peu, les bouteilles d’eau, exposées au soleil tôt le matin, permettent d’avoir un peu d’eau tiède à midi pour se laver. Pour se protéger d’une chaleur excessive… un ventilateur ou un pulvérisateur d’eau alcoolisée rafraîchissent un moment… ». « Quelques jeunes du Mouvement et de la paroisse du Cœur Immaculé de Marie (quartier de Patillas), aidés par des étudiants du Collège St Ignace, ont distribué des rations alimentaires aux communautés dans le besoin. En tout 237 sacs de vivres ». « Mon expérience à Palma Sola a été très forte: tout a été détruit et on y manque de tout. Me mettre au service de ces personnes, avec ma famille, a été la chose la plus belle que j’ai faite au cours de ma vie ». « Il y a toujours quelque chose à donner si l’on évalue bien ses propres besoins et si l’on donne le reste avec joie aux personnes nécessiteuses ». « Nous sommes allés visiter la communauté de Recio del « barrio » Guardarraya de Patillas. C’était difficile d’y arriver à cause des routes détruites par l’ouragan. En commençant par la périphérie où tout était complètement détruit, ce qui ajoutait de la pauvreté à la pauvreté déjà présente, nous avons trouvé des personnes âgées aux visages fatigués et découragés, avec des problèmes d’asthme, des ulcères aux jambes, du diabète (la question étant de savoir comment conserver l’insuline quand on n’a pas d’électricité), de l’hypertension. Un enfant présentait une allergie de la peau… Essai de remise en service l’ancien aqueduc communautaire pour suppléer au manque d’eau ». « A Gurabo il y a eu la possibilité de mieux connaître nos voisins, tout en allant à l’encontre de leurs nécessités ». « Aller de l’avant et nous remettre debout ne dépend pas seulement du Gouvernement, ni des militaires, ni des aides extérieures. Cela dépend aussi de nous, de moi, de toi. Ensemble nous y arriverons ! »
Déc 8, 2017 | Focolare Worldwide
Paix, respect de la dignité et des droits de chaque peuple, dialogue à tous les niveaux, tels sont les objectifs très élevés que le Pape François a laissés en héritage aux peuples qu’il a rencontrés lors de son récent voyage en Asie. Ces jours-ci nous arrivent quelques témoignages de la communauté des Focolari au Myanmar : avec d’autres groupes ils se sont mobilisés pour veiller, sous divers aspects, à la préparation et au déroulement du voyage : traductions, service d’ordre, assistance sanitaire, orchestre des célébrations. En voici quelques uns: “ La venue du Pape François a été pour nous la réalisation d’un rêve. Il a fallu du temps pour que notre émotion laisse place à la conscience de ce qui était réellement en train d’arriver”. « Les larmes creusaient les joues des anciens. Mais les jeunes aussi, même s’il était plus difficile pour eux de saisir la portée de l’événement, étaient heureux ». Les catholiques, une petite minorité dans le Pays, se sont sentis encouragés: « Nous étions un petit troupeau isolé. Nous avons pu enfin voir de près notre pasteur. Désormais ce peuple n’est plus à l’écart, mais sous les projecteurs du monde. Finalement il s’est produit quelque chose dont on peut être fiers. Le Pape est au Myanmar ». “Nous ne devons plus avoir peur de rien” Jennie travaille avec les “réfugiés de l’intérieur” (IDP, Internally Displaced Persons), des civils contraints de fuir les persécutions qui, à la différence des réfugiés, n’ont pas franchi la frontière internationale. Dans la plupart des cas, dans l’attente d’une nouvelle espérance de vie, ils sont sans aide ni protection. Après le passage du Pape François elle a écrit:” Aujourd’hui cette espérance s’est renouvelée. En ce qui me concerne, mon espérance réside dans l’Amour, et désormais elle restera toujours vivante en moi ». De sa ville, Loikaw, capitale du Kayah, un territoire montagneux du Myanmar oriental, le 28 novembre dernier elle est partie en direction de Yangon, avec un groupe d’une centaine de personnes, en provenance des villages les plus éloignés. Ils voyageaient à bord de cinq minibus. « C’est notre paroisse qui a organisé ce voyage. Voir le Pape était pour nous un rêve. Nous sommes partis à 9h du matin, un voyage de 10 heures nous attendait. Nous étions pleins d’enthousiasme, nous priions et chantions. Nous avons pris une route plus courte, mais plus difficiles, pour pouvoir être largement en avance. Mais l’un des minibus a eu des problèmes en cours de route et nous avons mis en tout 20 heures pour arriver, car nous ne voulions pas laisser nos amis seuls. Mais personne ne s’en est plaint ». Il est environ 5h30 du matin lorsque le groupe arrive au Kyaikkasan Ground de Yangon, où la messe va commencer, suivie non seulement par la minorité catholique, mais aussi par des musulmans, des bouddhistes, et des fidèles de diverses religions. « Notre groupe n’a pas pu entrer, mais nous avons pris place près d’une des entrées. A travers les paroles du Pape, on sentait l’amour de l’Église pour les plus petits. Parmi la population aussi, et pas seulement entre les chrétiens, on percevait un amour très fort. Le chauffeur du taxi que nous avons pris nous a dit que depuis les premières heures du matin il transportait gratuitement les personnes en direction du stade, mais les autobus et les trains aussi étaient gratuits ». Une jeune bouddhiste, après avoir participé à la messe, a écrit: «Ici aussi je me suis sentie en famille. Je ressens la paix au fond de mon cœur ». Jennie à nouveau: « Ils sont surprenants les critères inversés de ceux qui doivent être désormais, pour nous, les « vip » : tout rappelle le Magnificat… il a élevé les humbles, comblé de biens les affamés ». « Nous devons remercier tout le monde pour cette expérience, les Yangoniens, toujours patients avec la foule, ceux qui ont préparé cet événement, mais surtout la Sain Père qui a décidé de se rendre dans un pays si lointain. Une aube nouvelle pour le Myanmar ». Valentina est médecin. Avec les médecins du service sanitaire elle a prêté assistance de façon presque ininterrompue: « Une occasion qui nous a mis tous ensemble, sans frontières. Nous médecins, catholiques ou non, nous étions tous très fatigués, mais nous avons reçu une « grâce”, celle de réussir à aimer sans jamais nous arrêter ». Quant à Jérôme, il a travaillé comme traducteur: « Pour moi ce fut particulièrement beau de voir les jeunes attendre dès les premières heures du matin devant la cathédrale Sainte Marie , à Yangon. A la fin de la messe la Pape s’est adressé à nous, il nous a fortement encouragés à travailler pour la paix. Désormais je me sens appelé à une plus grande générosité, à être courageux et joyeux, comme il nous l’a demandé ».
Déc 4, 2017 | Focolare Worldwide
Masaka, Kampala, Entebbe, le grand Lac Victoria. C’est la géographie des déplacements de Henry dans son Ouganda, la « perle de l’Afrique »…de son village natal à l’Université de la capitale pour ses études d’Économie, et jusqu’aux rives du lac le plus grand du continent, vaste au point de contenir plus de 3000 îles. C’est de là que sortent les eaux du Nil Blanc qui se jettent dans le plus long fleuve africain, le Nil. En Ouganda tout est à grande échelle : les parcs, les forêts impénétrables, les réserves naturelles. Il en va de même pour les rêves d’Henry. « A Masaka, où je fréquentais l’Université, j’avais remarqué que les gens n’avaient plus le temps de cuisiner ». Pour résoudre ce problème Henry lance le projet d’une entreprise pour produire des denrées à base de viande et de poisson. Âgé de 24 ans à peine, avec deux de ses camarades, Henry fonde, à Entebbe, la “Sseruh Food Processing company Ltd”. A l’autre bout du monde, en Argentine, un autre entrepreneur, Gonzalo Perrín, a déjà lancé depuis quelques années une entreprise, la “Pasticcino”, qui produit des biscuits pour diverses chaînes de cafétérias et de torréfaction de café. Animé par l’esprit de l’Économie de communion, Gonzalo s’est transféré au Pôle “Solidaridad” de la Cité pilote « Mariapolis Lia », en promouvant, par son activité, une culture fondée sur les valeurs de la réciprocité, de l’attention aux personnes défavorisées et à l’environnement.
Deux ans se sont écoulés depuis qu’en juin 2015, Gonzalo était allé à Masaka, à l’occasion d’une visite à la communauté africaine. A l’époque Henry, étudiant, âgé de 22 ans, était encore un entrepreneur « en herbe ». Mais Gonzalo avait compris que son projet comportait tous les ingrédients d’un business prometteur: l’idée, l’attention portée aux détails, la qualité du produit. Ce qui frappait le plus Gonzalo était e projet de packaging, réalisé à l’aide de matériaux simples, mais avec la créativité et la responsabilité de quelqu’un qui a l’entreprise dans le sang. Quelques minutes avaient suffi pour qu’ils deviennent amis. « Je n’oublierai jamais ma visite au village d’Henry – se souvient Gonzalo -. La chaleur et la joie des habitants, le merveilleux accueil au son des tambours qu’ils avaient réservé à notre petite délégation d’amis argentins ; et l’accolade, car la vraie rencontre s’exprime en s’embrassant ».
Pour sceller cette rencontre Gonzalo avait retiré son écharpe pour la mettre autour du cou d’Henry : « Quand tu auras terminé tes études, je t’attends en Argentine ». Ce moment est arrivé. L’été dernier Henry a rejoint Gonzalo. Il raconte: “Une fois franchis tous les obstacles pour obtenir mon visa, j’ai finalement pu prendre un avion. Après un voyage de 21h, j’ai trouvé mon ami Gonzalo qui m’attendait à l’aéroport de Ezeiza, à 3h30 par une nuit de froid hivernal ». Une occasion unique pour Henry : il accompagne Gonzalo au cours des réunions avec les clients et dans les diverses étapes de son travail. « Comme entrepreneur j’ai beaucoup appris sur l’industrie alimentaire et j’ai touché du doigt les sacrifices nécessaires pour réaliser une entreprise animée par un idéal ». En Argentine, le jeune Ougandais découvre l’asado – « à l’occasion de sa rencontre avec chaque famille » – le maté – « très proche des rites sociaux de la culture africaine, en particulier dans la région de Bugana où l’on partage des grains de café en signe d’unité » – le typique salut hola – « qui pour moi est presque un signe de paix » – et aussi l’expérience de l’hiver – « je n’imaginais même pas qu’un tel froid puisse exister ! ». Maintenant Henry est rentré en Ouganda : « J’ai le projet de réaliser à côté de l’entreprise des étangs pour avoir en permanence du poisson frais, et qui sait, pouvoir les exporter à l’extérieur de l’Ouganda et de l’Afrique. Beaucoup de jeunes africains préfèrent être des travailleurs dépendants. Mais ceux qui choisissent de fonder une entreprise travaillent avec passion et c’est ce qui fait la différence ». L’amitié et la collaboration entre les deux entreprises continuent. Depuis des continents éloignés, mais sur les rivages du même Océan. Source: Economia di Comunione online
Nov 30, 2017 | Focolare Worldwide
A l’improviste arrive la bénédiction du pape François aux habitants de la Cité pilote Victoria, une petite oasis de paix dans la ville de Man, en Côte d’Ivoire, qui a célébré ces jours-ci son jubilé d’argent. Avec un « merci pour l’œuvre d’Évangélisation accomplie en ce lieu » François invite à « persévérer courageusement au service de l’unité et de la concorde entre les hommes », et à continuer « sur le chemin d’une fraternité toujours plus universelle ». Ce lieu est constellé d’épisodes de fraternité, dès les premiers jours – qui sont inscrits dans l’histoire – de la guerre civile (2002-2003) lorsque les habitants – y compris blancs et européens, dont on pouvait se méfier – ont décidé de rester, malgré l’invitation des autorités à quitter le pays. Le témoignage a été d’aimer jusqu’au bout, d’ouvrir les portes pour protéger les personnes – 3500 y sont passées pendant ces mois-là – sans considérer si elles étaient musulmanes ou chrétiennes. Des gens qui ont risqué leur vie, comme Salvatore, Rino, Charles, mis au pied du mur, prêts à être tués : « Il ne vous reste plus qu’à prier ! », leur ont-ils dit. Mais ils s’en sont sortis. La ville et le pays ont maintenant tourné la page, même si la réconciliation politique n’est pas encore au beau fixe.
La Cité pilote Victoria n’est cependant pas uniquement une oasis de paix en temps de guerre. C’est un laboratoire social. Avec trois jours de fête (17-19 novembre) pour célébrer ses 25 ans, non seulement les discours ont trouvé leur place – rite incontournable – mais les faits. Le premier rendez-vous au programme était en effet la visite des activités de la cité-pilote. Par groupes, les hôtes ont visité le centre médico-social – né en tant que dispensaire qui au fur et à mesure des années s’est renouvelé et agrandi, ajoutant un service médical d’hôpital de jour, de soins dentaires et de physiothérapie. Le centre nutritionnel, où le contraste de la plaie de la malnutrition est évident et où l’on enseigne aux mamans les principes d’une alimentation équilibrée. Le centre informatique, qui, de simple lieu internet est devenu un centre d’alphabétisation informatique et de cours toujours plus spécialisés dans le domaine de la communication. Enfin les autres activités d’entreprise comme la menuiserie et la typographie. Pour préparer le 25ème anniversaire, et pour mettre dans le coup les teen-agers, un tournoi de football a été organisé précédemment – sport qui a la cote dans cette région – sous le signe de la fraternité et du fair-play. Ce n’est pas évident : de fait deux équipes ont été éliminées au cours du championnat. Dimanche 19 l’équipe gagnante a été finalement récompensée, non seulement pour avoir marqué plus de buts, mais pour les points acquis par fair-play.
L’inauguration d’une stèle sur la « Place de la Fraternité Universelle » était un symbole, un grand dé de la paix bien visible, même de loin, représente l’identité de la cité-pilote, là où le respect et l’amour envers l’autre se répandent dans tous les aspects de la vie : du travail au sport, de la religion à la famille. Rendez-vous ensuite, pour les célébrations officielles, à la paroisse Ste Marie de Doyagouiné – Marie Reine de l’Afrique – confiée aux Focolares depuis les années 70 avant même la naissance de la cité-pilote. En plus du nonce apostolique en Côte d’Ivoire, Mgr Joseph Spiteri, et de l’évêque de Man, Mgr. Gaspar Bebi Gneba, étaient présentes de nombreuses personnalités civiles : le sous-préfet de Man, madame Djereche Claude et l’ex ministre Mabri Toikeusse, qui est aussi président de la chambre régionale de l’autorité ivoirienne pour l’assistance à la population durant la crise et en général pour l’action des Focolari envers les populations vulnérables. L’ambassadeur italien Stefano Lo Savio a voulu lui aussi se rendre présent par un chaleureux message. Les yeux sont maintenant tournés vers l’avenir. Trois mots-clés vont guider le parcours : accueil, formation, attention aux pauvres. Quelques pistes sont tracées : avec les jeunes la musique et le sport ; la relance de l’accueil pour groupes, enseignants, familles, personnes de formation spirituelle et professionnelle avec différents séminaires pour entrepreneurs, journalistes. En attendant, la cité-pilote est en route pour devenir un centre de formation globale. Maria Chiara De Lorenzo
Nov 27, 2017 | Focolare Worldwide
Pour la première fois après 36 ans, c’est la Pologne qui a accueilli la Rencontre œcuménique annuelle des évêques amis du Mouvement des Focolari. Après Jérusalem, Istanbul, Londres, Augsbourg et d’autre villes “symbole” du parcours œcuménique, Katowice, chef-lieu de la Silésie, une ville ancienne qui compte aujourd’hui presque 300 000 habitants, a accueilli, du 15 au 18 novembre, 35 évêques de diverses Églises, orthodoxes, syro-orthodoxes, évangéliques-Luthériennes, anglicanes, méthodistes et catholiques, en provenance d’Allemagne, d’Autriche, d’Angleterre, d’Irlande, de Suède, de Pologne, de Hongrie, de Lituanie, Lettonie, République Tchèque, mais aussi du Brésil, de Chypre, d’Inde, de la République Démocratique du Congo, de Thaïlande et des USA. Avec eux, une trentaine de laïcs. Les évêques réunis à Katowice représentent un échantillon de communautés sociales et ecclésiales diverses, mais animées du désir de faire une expérience de communion fraternelle. La rencontre s’intitulait “Ensemble confessons notre foi, ensemble allons à la rencontre de l’humanité”. En plus du Mouvement des Focolari, ont collaboré sur place : l’Archidiocèse catholique et l’Église évangélique luthérienne de Confession augustinienne, l’Église orthodoxe à Sosnowiec, la Faculté de Théologie de l’Université de Silésie et la ville même de Katowice, représentée par son maire, Marcin Krupa. La rencontre qui s’est ouverte avec l’exposé de Lesley Ellison, anglicane, sur « La spiritualité de l’unité : une spiritualité œcuménique », était centrée autour du thème « Marie, la Mère de Jésus », avec des éclairages théologiques apportés par diverses perspectives : catholique, anglicane et orthodoxe. Il y a eu de nombreuses rencontres, des célébrations et moments de prière selon les diverses traditions, scellés par un « pacte d’amour réciproque » en vue de vivre la communion fraternelle et « aimer l’Église de l’autre comme la sienne ».
Brendan Leahy est l’évêque catholique de Limerick (Irlande), expert et animateur du dialogue œcuménique dans son Pays. Joint par téléphone, il nous dit: “Je tiens à souligner l’accueil chaleureux qui nous a été réservé à Katowice que j’avais déjà visitée en 1991, à l’occasion de la rencontre de Chiara Lubich avec les communautés des Focolari de l’Est et de l’Ouest de l’Europe. C’est une ville très développée, qui privilégie la diversité et l’accueil. Un accueil qui est aujourd’hui aussi bien le fait de la Faculté de théologie, qui nous a hébergés, que des Églises (catholique, luthérienne et orthodoxe). Ce congrès nous a permis de mieux nous connaître les uns les autres, en vue d’approfondir les diverses réalités ecclésiales et socioculturelles où nous vivons, spécialement au Moyen-Orient et en l’Europe l’Est. Nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas offrir de solutions aux problèmes de ces Pays (je pense surtout au Moyen-Orient), mais que nous pouvons au moins porter les poids les uns des autres. Partager les souffrances de l’autre a dilaté mon coeur. Désormais je sens que je ne suis plus seulement un évêque irlandais, mais que je porte aussi en moi le contexte et les problèmes des autres évêques. Mais avec une espérance nouvelle. Dans chaque Pays il y a des signes d’espérance, et les pas accomplis au niveau œcuménique le démontrent. Par exemple en République Tchèque, une démarche de pardon réciproque est en cours au regard des erreurs commises. L’œcuménisme – poursuit l’évêque – est une réalité en chemin depuis de nombreuses années, qui veut rencontrer des contextes toujours nouveaux et donner un nouveau témoignage. C’est au fond une expérience qui consiste à donner et à recevoir. Ici en Pologne la foi catholique est fortement enracinée, mais il y a aussi l’ouverture et le dialogue avec les représentants des autres communautés ».
Åke Bonnier, évêque luthérien du diocèse de Skara, en Suède, est heureux de cette rencontre: “ Nous n’étions pas des évêques, mais des frères. Tout ce que nous avons partagé au cours de cette réunion était une réalité, aussi bien au moment des pauses et des intervalles que durant les célébrations. Cela a été très important pour moi, cela m’a donné une force nouvelle et un nouvel enthousiasme ». Maintenant j’attends l’an prochain avec joie et j’espère que tous ceux qui sont ici, mais aussi d’autres, pourront venir en Suède. Si on me demande si cette rencontre a été importante pour faire avancer l’unité des chrétiens, ma réponse est oui. L’unité n’est pas une réalité qui adviendra seulement dans l’avenir, entre nous elle existe déjà ».