Août 17, 2017 | Focolare Worldwide
Constructeurs de paix « Dans la situation de crise extrême qu’est en train de passer notre pays, nous voulons nous entraider à vivre en chrétiens cohérents. A Valencia, la ville la plus touchée par les pillages et les déprédations, nous avons vécu des journées de confusion et d’hystérie de masse. Différents secteurs industriels ont été sauvagement saccagés sans que les agents de police n’interviennent. Nous avons même au contraire vu ces mêmes policiers inciter à la déprédation des magasins en emportant des camions et du matériel. Ville bloquée, arrestations, climat de tension, colère et faim. En cette circonstance, en famille et avec les amis, nous essayons d’être un soutien les uns pour les autres et de communiquer espérance, sans juger ceux qui ont emporté toutes sortes de choses des magasins, jusqu’à des cuisines et des pièces automobiles. Nous assistons aussi à la continuelle intervention de la providence qui fait parvenir des médicaments et des vivres pour des familles entières. L’amour de Dieu est impressionnant : il veille sur ses enfants ». (O.T. – Venezuela) Cuisinier « Moi qui suis cuisinier, j’aime penser que la vie est un exercice pour arriver au banquet du Ciel. Jésus n’a-t-il pas commencé la vie publique lors d’un repas de noces à Cana ? N’a-t-il peut-être pas participé à de nombreux repas, jusqu’à la dernière cène, nous promettant un banquet final dans lequel, certainement, des cuisiniers comme moi auront aussi leur place ? Dans mon service en cuisine, l’objectif n’est pas tellement celui du plat en lui-même, mais les personnes qui goûteront au fruit de mon implication. J’essaie de ne pas travailler seulement pour la carrière, pour être un brave mari et un brave papa, mais pour Dieu ». (V. – Italie) Le ‘’truc’’ « Dans l’appartement que je partage avec d’autres étudiants, la cohabitation n’est pas toujours facile car ils ont des habitudes différentes des miennes. Un jour, découragé, j’étais en train de me dire que je devais trouver un autre logement, lorsque ma petite amie m’a suggéré de prendre moi, l’initiative et de faire quelque chose pour mes colocataires. Elle-même m’a aidé à préparer un gâteau. Un geste tellement simple ! Et pourtant, cela a servi à débloquer les relations à tel point qu’une espèce de course a débuté pour arriver à se rencontrer. Maintenant je connais le ‘’truc’’: quand une difficulté se présente, je peux commencer à aimer en premier ». (B.C. – République Tchèque) Vraie pauvreté « J’ai un ami invalide qui reçoit une pension minimale et est mis de côté par ses frères et sœurs. Un jour, il m’a raconté : « J’ai acheté une paire de chaussures à G., chaque jour, je lui paie le petit-déjeuner au bar. Aujourd’hui, j’ai l’intention de lui payer le dentier ». Des gestes semblables, il en accomplit quotidiennement, et pourtant ils disent qu’il est un asocial, et qu’il n’a même pas la capacité de comprendre et de vouloir. Bien au contraire, la bonté de cet homme qui, dans les conditions dans lesquelles il vit, sait être attentif aux besoins des autres, m’émeut toujours. Un jour il me disait : « Quand quelqu’un souffre, je le sens fort semblable à moi-même. Pouvoir l’aider m’aide à me sentir vivant et réalisé » ». (T. – Italie)
Août 10, 2017 | Focolare Worldwide
En arrivant de Manille ( à 60 km) la première sensation que l’on ressent en rejoignant dans la zone environnante du Lac de Taal (dans l’île de Luzon, la partie septentrionale de l’archipel des Philippines) est celle d’une profonde paix. Le visiteur est émerveillé à la vue d’un spectacle unique en son genre : le lac, qui avec ses eaux a rempli un très ancien caldera, accueille sur sa superficie, une île. Cette île, à son tour, accueille dans un cratère plus récent, un autre lac, beaucoup plus petit. Et au centre de ce petit miroir d’eau il y a un petit récif. Un effet ‘’matrioska’’ de lacs, l’un renfermé dans l’autre. De la cime du volcan, la visite s’étend vers des collines verdoyantes de bois et de prés, de plantations d’ananas, de café, de bananes et d’une infinie variété de fleurs tropicales.
Dans les environs du Lac Taal, depuis 1982, cette même impression se respire parmi les constructions et les routes de la Mariapolis Tagaytay ‘’Pace’’ est la première citadelle du Mouvement en Asie. « J’ai un rêve », s’était exclamée Chiara Lubich cette année-là, en voyant les collines de Tagaytay : que justement là, puisse naître une des citadelles des Focolari, lieux où on peut y vivre l’Évangile, d’une manière stable, pour montrer une esquisse de comment serait le monde si tous le vivaient. La présence des Focolari à Tagaytay remonte cependant plus loin dans le temps. Déjà en 1966 en effet, une première rencontre d’adhérents du Mouvement s’était déroulée en ces lieux. A cette occasion, les participants, touchés par la beauté du site, prièrent afin que naisse là un centre de formation, une ‘’maison pour tous’’. L’année suivante, grâce à une première donation, ce souhait commençait à devenir réalité, en prenant forme en 1975. Puis les événements et le rêve de 1982, avec la coïncidence d’une invitation faite au Mouvement par la Conférence épiscopale philippine, à construire, justement dans les alentours de Tagaytay, une ’’école’’ pour des prêtres asiatiques. Depuis lors, les développements ont été inattendus. En particulier, parmi les dizaines de constructions qui ont vu le jour, on peut parler de la constitution d’une école pour le dialogue avec les grandes religions d’Asie adressée en particulier aux musulmans et aux bouddhistes, mais aussi aux hindous et aux shintoïstes. Chaque année dans ces lieux, se rassemblent, afin d’expérimenter la joie de la convivialité, les jeunes bouddhistes d’une organisation laïque japonaise. Récemment lors du mois de mai dernier, 200 membres de grandes religions de 13 pays asiatiques différents, ont pris part à l’Ecole des Religions orientales (SOR).
Depuis sa fondation, la citadelle Pace (Paix) a aussi assumé un bel aperçu de promotion humaine et sociale, devenant un des sièges où œuvre la Bukas Palad Foundation, ONG sans but lucratif, fondée près de Manille en 1983 pour répondre aux nécessités sociales et sanitaires des groupes les plus pauvres de la population, surtout dans les zones rurales. Des familles entières, vivant dans des habitations précaires, (souvent dans des maisons qui se résument en une seule pièce dont le sol est en terre battue, sans eau courante) avec un accès difficile aux services sociaux et sanitaires et avec des opportunités insuffisantes au niveau du travail. Avec le slogan « Librement avons-nous reçu, librement nous donnons » , Bukas Palad (en langue tagalog ‘’à mains ouvertes’’) a désormais fait un parcours de plus de trente ans, améliorant la qualité de vie de milliers de personnes, non seulement en ce qui concerne l’aspect médical, mais aussi l’aspect humain et spirituel, avec une approche intégrée et globale tournée vers la promotion humaine et la santé des personnes. Actuellement, dans la citadelle, ont une importance particulière, les entreprises qui adhèrent au projet pour une économie de communion, les activités des volontaires hospitalières dans les différentes structures publiques, le témoignage plein de vivacité des opérateurs des médias et de diverses initiatives au niveau éducatif. A Tagaytay les expériences de dialogue et de partage grandissent et se multiplient, comme l’eau du lac qui se reflète dans d’autres miroirs d’eau. Mais les reflets de Paix, on ne peut les compter.
Août 9, 2017 | Focolare Worldwide
Lorsque j’étais jeune, j’aimais me mettre à l ‘écoute le soir, de Radio Vatican, qui transmettait des nouvelles en différentes langues étrangères. Naturellement, de ces langues, je n’en connaissais aucune, mais cette écoute me fascinait , me donnait l’impression de dilater le cœur sur l’humanité, sur les peuples et leur quotidien. Ce fut lors d’une de ces soirées que j’entendis le Pape Pio XII invoquer le nom de Dieu par trois fois : ‘’Dieu, Dieu, Dieu’’! Ce ‘’cri’’ s’ enregistra dans ma conscience même si, avec le temps qui passe, il finit par s’étioler et se perdre dans ma mémoire. C’était en 1956. Neuf ans plus tard, en janvier 1963, je faisais mon service militaire à Turin (Italie). Un copain de chambre m’invita à un Congrès, duquel étrangement je ne demandai aucune information. Et pourtant, en demandant l’autorisation à mes supérieurs, je me retrouvai à dire que de ce Congrès allait dépendre toute ma vie. Avec un accord inespéré de mes supérieurs, je partis dans la direction d’ Ala di Stura, un petit village de montagne, dans un splendide cadre de la nature. Accueilli comme si j’étais connu depuis toujours, c’est là que je connus Chiara Lubich – fondatrice du Mouvement des Focolari – , et Igino Giordani, cofondateur. Une réalité forte pour moi, fut le fait de rencontrer aussi pour la première fois, des personnes de cultures et de religions différentes. Ces jours-là, j’eus la possibilité de connaître, car elle était hôte des Focolari, Assunta Roncalli, sœur du Pape Jean XXIII qui allait mourir le 3 juin de cette même année 1963. Un matin, Chiara Lubich parla d’une nouvelle vocation née au sein du Mouvement. Et ce fut seulement lorsque Chiara indiqua l’année et les circonstances de cette naissance, que l’invocation de Pio XII refleurit impériale dans ma conscience : « Dieu, Dieu, Dieu ! Dieu vous aidera, Dieu sera votre force. Que ce nom ineffable, source de chaque droit, justice et liberté résonne dans les parlements, sur les places publiques, dans les maisons et les usines… ». C’est ainsi que s’exprima le Pape dans le message radio du 10 novembre 1956 durant la répression de la révolution en Hongrie. Et Chiara commenta : « Il y a donc eu une société capable d’enlever le nom de Dieu, la réalité de Dieu, la Providence de Dieu, l’Amour de Dieu du cœur des hommes. Il faut qu’il y ait une société capable de le remettre à Sa place. Serait-il possible que le démon ait ses disciples très fidèles, totalitaires, pseudo martyrs de son idée et que Dieu n’ait pas une armée compacte de Chrétiens qui donnent tout pour reconquérir la terre à Lui ? ». A cet appel du Pape, Chiara répond avec l’intuition de rassembler des femmes et des hommes de tous âges, nationalités, conditions, liés par un seul lien, celui de la fraternité universelle, afin qu’ils forment une armée de volontaires, les ‘Volontaires de Dieu’’, expression du Mouvement des Focolari aujourd’hui présente dans 182 pays du monde. Une vocation moderne, totalitaire, à laquelle Chiara donne une ultérieure touche de fascination lorsqu’elle la décrit comme l’attraction des temps modernes : « Pénétrer dans la plus haute contemplation tout en restant mélangés à tous, homme à côté de l’homme….pour marquer la foule de broderies de lumière et en même temps, partager la honte, la faim, les paradoxes, les joies brèves avec le prochain ». Igino Giordani la compare avec une « sainteté en bleu de travail, qui encourage à amener Dieu au Parlement, dans les conseils communaux, dans les hôpitaux, les écoles, les bureaux, les magasins, les études professionnelles, à la maison, au terrain de pétanque, mais aussi dans le monde de l’art, de la communication, de la science, de l’économie… ». car ajoute-t-il, « porter Dieu dans tous ces lieux signifie les transformer en Abbayes, les transformer en lieux sacrés dans lesquels chaque jour on y célèbre une Messe particulière ! ». 54 ans sont passés depuis ce jour où moi aussi je sentis l’appel à ‘m’enrôler’ avec les ‘’Volontaires de Dieu’’, nés d’un charisme qui, car authentique, se mesure aussi dans ses aspects concrets se reflétant dans la culture, dans le social, l’économie, la politique…Afin que les différents domaines de la vie ne restent pas médiocres, privés de courage, incapables d’unir, insensibles, mais ouverts à accueillir la profonde présence de Dieu . Gennaro Piccolo – Centre Igino Giordani’’ Une voie pour l’Unité’’ (Andria, Italie)
Août 7, 2017 | Focolare Worldwide, Senza categoria
Le Palais Robert de Barcelone, grâce à ses jardins, est une sorte d’abri de verdure à l’écart des rues chaotiques de la ville. Il a accueilli à partir du 13 juillet dernier environ 70 personnes, en provenance de diverses régions d’Espagne, d’Italie et de Croatie, réunies pour le Symposium International « Écoles Inclusives : innovations sociales , enfance et sport », organisé par le Laboratorio de Investigación Prosocial Aplicada (LIPA), par l’Universitat Autònoma de Barcelona et par le réseau international Sportmeet. Enseignants, physiothérapeutes, sportifs engagés dans des projets d’intégration, modèles d’approche et de confrontation avec le handicap dans une perspective d’intégration sociale, tous convaincus qu’il n’y a aucun domaine de la vie qui ne soit digne d’être vécu. La vie même a besoin d’espaces de faiblesse pour expérimenter à travers elle sa propre capacité de récupération. Castel d’Aro (Gérone) a accueilli la Summer School (École d’été), un espace de confrontation et d’apprentissage sur le thème du sport inclusif. Une vingtaine de participants, sous la conduite avisée d’Eugenio Jimènez et du professeur Javier Lamoneda, ont expérimenté, à travers des jeux, ce que signifie « se mettre dans la peau d’une personne handicapée ». L’expérience sportive, qui est en soi l’occasion d’une confrontation quotidienne avec la limite, offre matière à penser le rapport de la vie elle-même avec les obstacles, la souffrance, le malaise. A travers des réflexions, Paolo Crépaz de Sportmeet a conduit les participants à s’interroger sur le concept de limite, comme barrière, obstacle, souffrance ou, d’une façon plus générale comme malaise, dans la perspective (contraire à l’opinion courante) selon laquelle la présence même d’une limite pourrait devenir une potentialité, l’occasion de « tendre constamment et par habitude acquise, à la fraternité universelle » (Chiara Lubich)
Surprenante la capacité de l’activité sportive à affronter et à dépasser les obstacles, à inclure et à intégrer, à abattre les barrières sous toutes les latitudes et dans tous les contextes sociaux : par exemple que peut faire un ballon pour réunir les gens, dans une cour d’été ensoleillée ou à l’intérieur d’un camp de réfugiés ? Les participants se confrontent dans un climat de confiance et d’estime réciproque. Javier Lamoneda Prieto, professeur d’Éducation Physique à Jerez de la Frontera (Cadix, Espagne) partage son expérience : « Il semble qu’au cours de ces journées se soit constituée une équipe qui veut faire de l’activité physique un moyen pour que se rencontrent les divers acteurs et professionnels du sport, en agissant principalement sur deux axes: universitaire et social. Pour la première fois nous avons élaboré un programme de formation avec une université publique ». Roberto Nicolis, intervenant socio-sportif à Vérone (Italie): “La limite que j’expérimente souvent est celle de la distance qui sépare les personnes les unes des autres, précisément le handicap. Réduire cette distance à travers le partage, la connaissance et les expériences nous fait nous sentir plus proches ». Roberto Macri, Président de la Fondation de l’Œuvre Sainte Rita à Prato : « Vous nous avez surtout donné l’occasion de réfléchir sur nous-mêmes et sur les valeurs qui donnent sens à notre engagement. Non seulement à notre engagement professionnel ou bénévole, mais, d’une manière plus générale à ce qui peut donner un sens plus profond à notre manière d’être hommes et femmes ».
Août 3, 2017 | Focolare Worldwide
U
n livre pour l’examen «Je fréquente la faculté d’Architecture. Je dois passer un examen très important pour lequel il me manque un livre fondamental, mais comme il venait de l’Espagne, il coûtait quatre fois le prix normal. C’était le dernier jour pour l’inscription à cet examen et j’étais désespéré. Je suis sorti de l’université, j’ai couru dans une église proche et j’ai demandé de l’aide à Jésus en le priant de me procurer le livre « avant midi ». Peu après, on m’appelle à la faculté : c’était un collègue que je ne voyais pas depuis longtemps. Quand il a su mon problème, il a insisté pour m’accompagner chez une étudiante qu’il connaissait à peine. Elle avait ce livre, et elle était même contente de me le prêter. Il était midi. Quelques jours plus tard, après avoir relevé dans le texte des erreurs typographiques et l’absence de quelques pages importantes, j’ai écrit un mail à l’éditeur. Pour me remercier, une semaine plus tard l’éditeur m’a envoyé en courrier rapide un exemplaire gratuit. Comment ne pas voir en tout cela l’amour de Dieu ? ». (S.G. Argentine) Me mettre à la place de mon mari « Souvent, après le travail, mon mari s’allonge sur le divan et regarde un film. Moi qui attends un peu d’aide après une journée bien occupée avec les enfants, je sens la tension et la rancune. Un jour, poussée par le conseil de quelques amis de me mettre à l’aimer en premier sans rien attendre, j’ai essayé de me mettre à sa place : j’ai pensé à son dur travail et au besoin de trouver à la maison tendresse et compréhension. Alors, j’ai mis de côté mes préoccupations, je me suis assise sur le divan pour voir le film avec lui, puis nous avons échangé nos opinions. » (G.G. Sibérie) Aide réciproque “Le mari de ma voisine a dû être hospitalisé en urgence et il ne restait chez eux que son frère de soixante-dix ans, qui n’avait pas l’habitude des casseroles. Malgré la grippe de mon mari et de ma mère, je lui ai proposé mes services. Pendant 15 jours, alors que j’assistais mes malades, j’ai cuisiné aussi pour lui, et le dimanche je l’ai invité à déjeuner chez nous. Il nous le rendait en apportant de la nourriture qu’il avait. Il était maintenant devenu comme l’un de la famille ». (C. Italie). Demander pardon “ Mon tempérament fort, autoritaire et indépendant me poussait à juger les gens. Cette manière de faire rendait mes relations avec les autres difficiles, même avec mon mari. Il y a quelque temps, j’ai participé à une rencontre où l’on approfondissait la Parole de l’évangile. Mes certitudes ont pris un sérieux coup. J’ai décidé de faire ma première expérience au travail, où je suis la responsable du personnel d’un grand magasin qui comprend plus de trente employés. J’éprouvais en particulier une grande antipathie pour l’un d’entre eux. Lorsque son tour arrivait pour recevoir sa paie, je lui jetais l’enveloppe contenant son argent sur le bureau. Et maintenant ? J’ai essayé de le regarder différemment, comme si j’avais mis des lunettes. En faisant un effort, je me suis approchée et devant lui je lui ai demandé pardon. Ce fut une des plus grandes joies expérimentées dans ma vie ». (D. Brésil)
Août 1, 2017 | Focolare Worldwide
Le terme « système » est sans doute l’un des plus employés. Presque sans que nous nous en rendions compte, il revient constamment, que l’on parle d’élections administratives, de pari sportif, d’étoiles, d’unité de mesure, de politique, d’irrigation, de devoir d’algèbre des enfants, de sécurité, de transport,de soins médicaux ou chaînes de montagne. Simple ou complexe, nerveux ou monétaire, un « système » (du grec sistema, réunion, récolte) est continuellement dans la bouche de tout le monde. En 1937, et de manière « systématique » en 1945, un biologiste autrichien, Ludwig von Bertalanffy (Vienne, 1901 – Buffalo, NY, 1972) énonça le premier la Théorie des Systèmes (TGS), une méthode de lecture et d’interprétation du monde entier existant : « Tout organisme est un ordre dynamique de processus qui interagissent réciproquement ». Jordi Marjanedas, catalan, classe 1940, s’est dédié scrupuleusement à cette théorie dans son récent volume « Les défis d’aujourd’hui à la lumière de la Théorie Générale des Systèmes » édité par Città Nuova. Le texte se déroule en glissant des sciences biologiques à la vie de l’univers, de l’écologie à l’anthropologie, de l’histoire à l’éthique, aux sciences sociales et à la religion, en cherchant dans tous les domaines du savoir des éléments d’intégration et de cohérence, selon la vision unitaire de l’homme et de la création. Où réside l’importance de la Théorie ? Le développement de la science moderne a apporté une prolifération de savoirs partiels, fragmentés, hyperspécialisés. Tellement que l’écrivain G.K. Chesterton a pu dire non sans ironie: “Nous arriverons un jour à tout savoir de rien ». Cette fragmentation obscurcit une vision unitaire du tout. En médecine, par exemple, l’homme n’est pas son foie ni ses articulations, mais un ensemble harmonieux et unitaire d’esprit, d’âme et de corps. En philosophie, d’innombrables théories et systèmes « fermés », prétendaient expliquer la totalité de la réalité dans une unique signification (les totalitarismes en sont un exemple). Aristote lui-même, avait admis : « Le tout est plus qu’une simple somme des parties ».
À la fin du XXème siècle, la systématique s’est développée au niveau universitaire en tant que science qui se propose comme but de chercher dans les différentes disciplines le sens unitaire de l’existence, même dans ses multiples dimensions. Ainsi, par exemple, le développement scientifique ne peut avoir de finalité en soi, mais en fonction d’un bien supérieur. La même chose pour le rapport entre les cultures à appliquer au dialogue et au respect réciproque. Voilà pourquoi – affirme Marjanedas – il faut souligner l’importance des rapports constructifs avec les autres en fonction d’un bien total. « Il faut s’ouvrir et développer un dialogue sincère entre personnes et groupes de cultures différentes ». L’actualité de la Théorie consiste donc à son application possible à tous les milieux. « L’idée de système fournit un instrument pour intégrer et structurer de manière cohérente la compréhension des diverses disciplines. L’éducation, par exemple, ne peut se référer uniquement aux valeurs scientifiques, mais aussi aux valeurs éthiques et artistiques pour le développement global de la personnalité, en tenant compte de la totalité des composantes du monde éducatif et les différents rôles des étudiants, des professeurs, parents, administrateurs, communautés ». “La pensée, dans son sens le plus noble et le plus haut – écrit Jesús Morán dans la présentation du livre de Marjanedas – est toujours ouverte et en continuelle évolution, en constante actualisation. Elle cueille la réalité et, sans pour autant l’enfermer dans des schémas prédéterminés et fixes, lui permet de s’y déplacer à l’intérieur avec un sens continuel d’étonnement, même si l’horizon en est sa corniche. La réalité est quelque chose qui nous précède et nous dépasse ». La vision de la réalité en tant que système peut devenir non seulement un exercice intellectuel, mais une proposition qui nous met en jeu personnellement, une aventure continuelle d’humilité et de créativité. C’est vraiment un défi authentique. Un prêtre donne le livre au Saint-Père