Mouvement des Focolari

Un tapis de loin

Août 6, 2013

L'amitié entre un italien et un bengalais née sur le lieu de travail. Un geste de solidarité et un cadeau comme reconnaissance pour dépasser les différences et partager joies et malaises quotidiens.

Mario travaille depuis des années dans une entreprise qui a employé ces derniers temps beaucoup de bengalais. Il raconte : « Au début ce n’était pas facile, mais par la suite les choses se sont améliorées : ils se sont engagés à bien apprendre leur métier et on les a aidés lorsque la langue devenait une difficulté. Toutefois, quelque méfiance est restée, surtout en atelier ». Mario ne parle pas beaucoup, mais il observe attentivement les personnes et réussit toujours à comprendre ce qu’elles pensent, il capte leurs difficultés, écoute avec intérêt et pour cela ses compagnons de travail l’aiment bien.

Puis un jour, à propos d’un compagnon de travail, une nouveauté dérange Mario qui en parle à sa femme Silvia : « Hossain doit rentrer pour les vacances au Bengladesh et il demande quelqu’un pour l’accompagner à l’aéroport, il serait compensé par une contrepartie. Si tu savais combien ont grogné à l’usine : les autres critiquent sa requête et disent qu’il peut se débrouiller tout seul, ils devraient perdre une journée de vacances pour lui faire ce plaisir ? ». Mario hésite et toussote un peu, alors que Silvia s’occupe des assiettes et des verres qui tintent joyeusement entre la table et la cuisine. « Vas’ y toi, si tu penses que tu peux le faire » conseille sa femme. « Si c’était toi dans le besoin, tu serais content de trouver quelqu’un de disponible, non ? ». « C’est vrai, j’y avais pensé. C’est un voyage un peu long, mais je ne veux pas me faire rembourser ». « C’est bon comme ça et ne te préoccupe pas des critiques des autres ».

Le jour prévu arrive. Tout le monde salue Hossain avec une certaine euphorie et ils plaisantent: “Ne te fie pas à celui-là – dit l’un d’eux – on ne sait jamais où il peut t’emmener!”. « Vas’ y … – explique un autre – toi tu n’as même pas voulu l’accompagner alors que Mario, si, lui au moins je peux avoir confiance, c’est sûr ! » Mario part et l’accompagne sur les 200 km prévus, et à Hossain qui veut le rembourser pour la journée qu’il a passé ainsi que la voiture, il rétorque : « Je ne veux rien, je t’ai accompagné volontiers et je te souhaite bon voyage. Je sais que ce sera fatigant, mais tu seras content de revoir tes enfants et ta famille ! ».

Hossain est ému, ça se voit, il ne s’attendait pas à ce geste généreux! Une salutation rapide et après avoir fini les papiers d’embarquement, Mario reprend le chemin du retour. Un mois environ se passe. Un mois tranquille, où l’on parle souvent de Hossain à table et de son prochain retour. « Et comment rentrera-t-il ? », se demandent-ils en famille. Le retour est plus sûr, dit Mario, parce que les autres compatriotes l’accompagneront chez lui. Quand Mario revient à l’usine, Mario s’attend à le rencontrer pour écouter le récit d’un voyage au bout du monde, si lointain et pourtant si proche, où la fatigue quotidienne, au coude à coude, peut se transformer aussi en partage des fatigues émotives de laisser et de retrouver sa propre famille.

Il n’a pas à attendre longtemps, et lorsqu’il le rencontre il le voit ému et heureux. Il lui raconte son voyage, les enfants qui ont grandi, la fête avec les parents… Puis il déroule devant l’italien un grand tapis multicolore qui a survolé les continents. Mario l’observe curieux et ne s’attend évidemment pas à entendre cette phrase : « Un tapis pour toi ». Mario écarquille les yeux et pense déjà à la surprise de Silvia : un cadeau comme celui-là, il n’en avait jamais reçu en vérité ! Il ressemble au tapis volant des histoires qu’on lui racontait étant enfant, quand il rêvait lui aussi de voler sur le tapis magique dans les pays lointains : et maintenant, il ferme les yeux, il a vraiment l’impression d’avoir rêvé et pourtant non le tapis de Hossain est bien là, pour le remercier et sceller une amitié au goût de fable.

De Annamaria Gatti

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