Mouvement des Focolari
Les paroles du pape François au “Village pour la Terre”

Les paroles du pape François au “Village pour la Terre”

20160427-a« En vous entendant parler, deux images me sont venues à l’esprit : le désert et la forêt. J’ai pensé : ces gens, vous tous, saisissez le désert pour le transformer en forêt. Ils vont là où se trouve le désert, là où il n’y a plus d’espérance, et ils réalisent ce qui fait transformer ce désert en forêt. La forêt est pleine d’arbres, elle est pleine de verdure, mais trop désordonnée… mais c’est ça la vie ! Et passer du désert à la forêt est un beau travail que vous faites. Vous transformez des déserts en forêts ! Par la suite on voit comment arranger certains endroits de la forêt… Mais là il y a la vie, ici non : dans le désert il y a la mort. Beaucoup de déserts dans la ville, beaucoup de déserts dans la vie des personnes qui n’ont pas de futur, parce qu’il y a toujours – et je souligne un mot qui vient d’être dit – il y a toujours les préjugés, les peurs. Et ces gens doivent vivre et mourir dans le désert, dans la ville. Par votre travail vous faites le miracle de transformer le désert en forêt : vous avancez comme ça. Mais comment est votre plan de travail ? Je ne sais pas… Nous nous approchons et nous voyons ce que nous pouvons faire. C’est ça la vie ! Parce qu’on doit prendre la vie comme elle vient. C’est comme le gardien de buts au foot : attraper le ballon là où on te le lance… il arrive d’ici, de là… mais il ne faut pas avoir peur de la vie, ne pas avoir peur des conflits. Un jour quelqu’un m’a dit – je ne sais si c’est vrai, si l’un d’entre vous veut vérifier, moi je n’ai pas vérifié – que le mot conflit en chinois s’exprime par deux signes : un signe qui dit « risque », et un autre qui dit « opportunité ». Le conflit, c’est vrai, est un risque mais c’est aussi une opportunité ». On peut prendre le conflit comme quelque chose dont il faut s’éloigner : “Non, là où je rencontre un conflit, je m’éloigne ». Nous chrétiens, nous savons bien ce qu’a fait le lévite, ce qu’a fait le prêtre, face au pauvre homme tombé sur la route. Ils ont détourné leur chemin pour ne pas le voir, pour ne pas s’en approcher (cf Lc 10,30-37). Celui qui ne risque pas ne peut jamais s’approcher de la réalité : pour connaître la réalité, mais aussi pour la connaître du cœur, il faut s’en approcher. Et s’approcher est un risque, mais aussi une opportunité : pour moi et pour la personne dont on s’approche. Pour moi et pour la communauté dont je m’approche. Je pense aux témoignages que vous avez exprimés, par exemple à la prison, avec tout votre travail ! Le conflit : ne jamais, jamais, jamais tourner le dos pour ne pas voir le conflit. Les conflits, il faut les assumer, les maux il faut les assumer pour les résoudre. Le désert est laid, aussi bien celui qui est dans le cœur de nous tous, que celui qui est dans la ville, dans les périphéries, c’est quelque chose de laid. Même le désert que l’on trouve dans les quartiers protégés… est laid, là aussi le désert existe. Mais nous ne devons pas avoir peur d’aller dans le désert pour le transformer en forêt ; la vie y est exubérante, et on peut aller essuyer beaucoup de larmes parce que tout le monde peut sourire. 20160427-01Cela me fait beaucoup penser au psaume du peuple hébreu lorsqu’il était en prison à Babylone, ils disaient alors : « Nous ne pouvons chanter nos chants, parce que nous sommes sur une terre étrangère ». Ils avaient les instruments avec eux, mais ils n’avaient pas la joie parce qu’ils étaient en terre étrangère ». Mais quand ils ont été libérés, dit le psaume, « nous ne pouvions pas y croire, notre bouche s’est remplie de sourire » (cf Ps 137). De la même manière pendant le transit du désert à la forêt, à la vie, il y a le sourire. Je vous donne un devoir à faire “à la maison” : un jour regardez le visage des gens pendant que vous marchez dans la rue : ils sont préoccupés, chacun est renfermé sur lui-même, il manque le sourire, il manque la tendresse, en d’autres termes l’amitié sociale, il nous manque cette amitié sociale. Là où il n’y a pas l’amitié sociale, il y a toujours la haine, la guerre. Nous sommes en train de vivre une « troisième guerre mondiale par bribes », partout. Regardez la carte géographique du monde et vous verrez ça. Par contre l’amitié sociale, bien souvent doit être accompagnée du pardon – le premier mot – du pardon. Très souvent cela se fait en se rapprochant : moi je m’approche de ce problème, de ce conflit, de cette difficulté, comme nous l’avons entendu de ces garçons et filles courageux dans des endroits où l’on pratique le jeu de hasard ; un bon nombre de gens perdent tout là, tout, tout. A Buenos Aires j’ai vu des femmes âgées qui allaient à la banque prendre leur retraite et tout de suite au casino, tout de suite ! S’approcher de l’endroit du conflit. Et ces jeunes y vont, ils s’approchent. Se rapprocher… Encore quelque chose qui a trait au jeu, au sport et aussi à l’art : c’est la gratuité. L’amitié sociale se fait dans la gratuité, et cette sagesse de la gratuité s’apprend, elle s’apprend : avec le jeu, le sport, l’art, avec la joie d’être ensemble, en se rapprochant… C’est un mot, la gratuité, à ne pas oublier dans ce monde, où on dirait que si tu ne paies pas tu ne peux pas vivre, là où la personne, homme et femme que Dieu a créés justement au centre du monde, pour être aussi au centre de l’économie, ont été expulsés et au centre on a mis un beau dieu, le dieu de l’argent. Aujourd’hui au centre du monde s’est assis le dieu de l’argent et ceux qui peuvent s’en approcher pour l’adorer se rapprochent de ce dieu, et ceux qui ne peuvent pas sont victimes de la famine, des maladies, de l’exploitation… pensez à l’exploitation des enfants, des jeunes ! Gratuité : voilà le mot-clé. Gratuité qui fait en sorte que je donne ma vie comme elle est, pour aller avec les autres transformer ce désert en forêt. La gratuité, c’est une belle chose ! Et puis pardon, pardonner. Parce qu’avec le pardon, la rancune et le ressentiment s’éloignent. Ensuite construire ensemble, ne pas détruire, construire. Voilà ce qui me vient à l’esprit. Et comment on réalise cela ? Tout simplement en sachant que nous avons tous quelque chose en commun, nous sommes tous des humains. Dans cette humanité nous nous rapprochons pour travailler ensemble. « Mais moi, je suis de telle religion, de telle autre… » Peu importe ! Allons tous de l’avant pour travailler ensemble. Se respecter, se respecter ! Alors nous verrons ce miracle d’un désert qui devient forêt. Merci beaucoup pour tout ce que vous faites ! Merci ». Journée mondiale pour la Terre 2016 PAROLES DU SAINT PERE FRANCOIS DURANT SA VISITE A LA MANIFESTATION “VILLAGE POUR LA TERRE” Rome, Villa Borghese Dimanche, 24 avril 2016 Source : vatican.va Zenit Le Pape François à la Mariapolis https://vimeo.com/164233694 https://vimeo.com/164066584

Une Europe en chemin

Une Europe en chemin

IpE_FRRencontre. Réconciliation. Futur. Trois mots qui contiennent la signification du rendez-vous de Munich, sur la Karlsplatz (Stachus), où se tiendra la manifestation organisée par plus de 300 mouvements et communautés de diverses Eglises chrétiennes. L’objectif : réfléchir ensemble sur les défis ouverts de l’Europe et mettre en lumière des témoignages du réseau quelquefois caché, mais très actif, d’une société civile qui fait beaucoup pour l’accueil, la solidarité envers les plus faibles et les plus défavorisés, en tant que pont entre Est et Ouest, et pour dépasser les conflits, explicites ou latents. “ L’Europe, qu’a-t-elle à dire, c’est-à-dire à donner, au monde ? » se demande la présidente des Focolari Maria Voce, à propos des objectifs de “Ensemble pour l’Europe”. « L’expérience de ces deux mille ans de christianisme a fait mûrir idées, culture, vie, actions, qui servent au monde d’aujourd’hui… mais qui, malheureusement, jusqu’à maintenant n’ont pas été mises en valeur. Pourquoi l’Europe en ce moment est montrée du doigt pour ses difficultés, ses drames, ses murs, l’intolérance et non pas pour le bien qui s’y trouve ».   Dans l’Evangelii Gaudium, le pape François parle des ’villes invisibles’ ce « tissu fait de liens où les groupes de personnes partagent les mêmes manières de rêver la vie et un imaginaire semblable, où ils se rassemblent en nouveaux secteurs humains, en territoires culturels, en villes invisibles » (EG 74). « Tout de suite après cependant – explique Jesús Morán, coprésident des Focolari – le pape dit que ces villes invisibles sont marquées par l’ambivalence. Ces territoires culturels sont chargés de violence et de marginalisation, les villes invisibles sont aussi les mafias. Alors avec cette fraternité animée par l’amour qui est aussi le centre du message de Ensemble pour l’Europe « nous voudrions montrer les villes invisibles du bien, là où se réalisent de bonnes choses, là où les réfugiés sont accueillis, là où existe la communion ». Quelles sont les attentes pour cette édition de l’événement européen qui va se passer la veille des 500 ans de la Réforme, dans une conjoncture particulière où le continent est plongé dans une crise toujours plus grande, qui prend aussi sa source dans cette incapacité à répondre ensemble à la crise des migrants ? Nous en parlons avec Ilona Toth, hongroise, et Diego Goller, italien, engagés en première ligne comme mouvement des Focolari dans la préparation de Ensemble pour l’Europe. « Récemment, le Comité d’Orientation d’Ensemble pour l’Europe s’est rencontré au siège de la communauté de Sant’Egidio, où les différents mouvements qui animent ce chemin ont convergé. Nous nous sommes retrouvés une fois de plus pour partager et élaborer des idées. Une année avant le 500ième anniversaire de la Réforme de Luther (1517-2017), nous voudrions montrer qu’un réseau de chrétiens unis existe déjà. Ils travaillent au sein des mouvements et de diverses Eglises », explique Diego Goller. « Nous essayons d’anticiper les temps, et de faire valoir que dans cet Ensemble il existe un signal d’unité déjà réalisée, ni institutionnelle ni théologique, mais dans le fait d’être, essentiellement, réconciliés : « 500 ans de divisions, ça fait beaucoup » c’est en fait le titre d’un des moments de la manifestation. Nous avançons aussi dans la ligne proposée par le pape et le patriarche Kirill au cours de la déclaration conjointe, c’est-à-dire que les chrétiens d’Europe orientale et occidentale s’unissent pour témoigner ensemble de l’évangile.   “ Il s’agit d’une action politique dans le sens le plus noble du terme », affirme Ilona Toth. « Le but est de faire voir tout le bien qui lui est intrinsèque. La prophétie de Ensemble pour l’Europe est inhérente à son intitulé . Ensemble, c’est le don de la fraternité. Entre nous chrétiens, et sur une échelle plus vaste avec des personnes d’autres religions, d’autres cultures. Puis il y a l’aspect politique, où l’Ensemble se réalise : les charismes en tant que réponses concrètes aux problèmes même politiques des villes. » « A Munich, conclut-il, nous voudrions montrer ce flot de positif qui est déjà actif, fruit aussi des valeurs du christianisme qui a mûri tout au long des siècles et qui nous est arrivé aujourd’hui à travers les charismes. La manifestation du 2 juillet sera précédée d’un congrès des mouvements (30 juin/1 juillet) au Circus-Krone-Bau : 17 Forums et 19 Tables rondes où prendront part des représentants des Eglises, de la politique, de la société civile sur des sujets d’actualité. En préparation à l’événement de Munich, le 21 avril dernier à Genève au Conseil Œcuménique des Eglises, une table ronde a eu lieu dont le titre était « Europe : quelle identité ? Quelles valeurs ? ». Toutes les informations sur la manifestation se trouvent sur www.together4europe.org Maria Chiara De Lorenzo