Mouvement des Focolari

David Sassoli : « Témoin autorisé et bâtisseur d’une Europe comprise comme un continent de “peuples frères”. »

Les condoléances et les mots de Margaret Karram et du Mouvement des Focolari à l’occasion du décès du Président du Parlement européen. « “La nuit, nous devons ouvrir le siège du Parlement européen aux sans-abri car il est douloureux de voir tant de personnes cherchant à se mettre à l’abri du froid intense dans les renfoncements de notre bâtiment à Bruxelles. Les pauvres ne peuvent pas attendre.” Ces mots du Président Sassoli en 2019 me donnent la mesure de sa stature humaine et civile, et de son idée de l’Europe. Aujourd’hui, en même temps que l’émotion pour cette grande perte, c’est avec une profonde gratitude que nous voulons accueillir ces valeurs que nous sentons nôtres et nous engager toujours plus à les réaliser”. Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, s’est exprimée ainsi ce matin en apprenant le décès du Président du Parlement européen. « Sa vie – a-t-elle ajouté – d’une grande profondeur humaine et politique, se présente aujourd’hui à nous comme le signe et le témoignage autorisé de quelqu’un qui a vécu la politique comme un service et a travaillé à une vision de l’Europe comprise comme un continent de peuples frères. » David Sassoli et les jeunes En mai 2021, lors d’un échange avec les Jeunes pour un Monde Uni du Mouvement des Focolari, le Président Sassoli disait à propos de #daretocare, (Oser prendre soin) un projet international auquel les jeunes l’avaient invité comme témoin d’une politique qui prend en charge le soin du monde, en commençant par ses blessures : « Cette image de “prendre soin ” est très belle, parce que la politique a cet horizon, elle ne peut pas en avoir d’autres ; prendre soin des personnes, de sa propre communauté, de ses villes. Je pense que c’est une expression qui représente vraiment le désir de miser sur l’avenir. » « Je suis un des jeunes Européens qui ont eu le privilège de dialoguer avec le Président Sassoli », se souvient Conleth Burns, chercheur irlandais et l’un des organisateurs de l’événement. Deux choses nous ont frappés dans ce qu’il nous a dit : sa conviction qu’une politique profondément enracinée dans le souci des personnes et des communautés est la meilleure politique, capable de transformer la société. Et ensuite, sa volonté de rapprocher la politique et les institutions elles-mêmes des citoyens pour renforcer notre démocratie européenne. La vision du Président Sassoli et son témoignage au service du bien commun, en tant que journaliste et homme politique, continueront à nous inspirer tous. » Clara Verhegge, une jeune belge qui s’est entretenue également avec le Président, raconte : « Son engagement sur le front de l’accueil européen des migrants – malgré son sentiment d’impuissance – a touché mon cœur et celui de nombreux autres jeunes. Lorsque nous avons parlé avec lui, j’ai compris que je n’étais pas seule. Au contraire, j’ai eu encore plus la conviction qu’un jour l’Europe parlera d’une seule voix aussi en ce qui concerne les réfugiés. » Interrogé par Mátyás Németh, jeune Hongrois qui lui demandait si, pour les peuples d’Europe, la question du climat pouvait être une occasion de s’unir, le Président Sassoli avait répondu que le Covid avait fait prendre conscience à l’Europe que c’était là l’occasion de relancer une politique commune sur laquelle fonder le redressement de l’Europe après la pandémie, ajoutant : « Je pense que, dans les difficultés, nous aurons besoin de sociétés ouvertes qui coopèrent et nous devons être fiers des jeunes qui demandent des comptes au monde de la politique. »

Stefania Tanesini

Le secret de Palmira

Le secret de Palmira

Palmira Frizzera, l’une des premières compagnes de Chiara Lubich, qui nous a quittés le 5 janvier 2022, vivra dans la mémoire et dans la vie de beaucoup – focolarines, focolarini, jeunes, familles – qu’elle a accompagnés dans leur formation à la Mariapolis Foco (Montet, Suisse), la cité-pilote des Focolari où elle a vécu pendant plus de 40 ans. En s’inspirant de ses paroles, nous évoquons quelques moments qui ont marqué son parcours de vie. « Mademoiselle, il n’y a rien de plus que nous puissions faire pour vos yeux ». Le médecin a posé un diagnostic très sévère sur la santé des yeux de Palmira Frizzera quelques mois après son arrivée au premier focolare de la Piazza Cappuccini à Trente. Palmira avait 18 ans lorsqu’elle a rencontré le premier groupe de focolarines trois ans plus tôt, en 1945. Elle avait des problèmes oculaires depuis longtemps, et à cause d’eux, son rêve de partir comme sœur missionnaire en Inde s’était effondré. Mais maintenant, ils devenaient plus sérieux. Ce jour-là, après diverses visites chez des spécialistes, elle s’est rendue chez un ophtalmologue de Trente, accompagnée d’une autre des premières compagnes de Chiara Lubich, Natalia Dallapiccola. « Le médecin m’a examinée très scrupuleusement – raconte Palmira à un groupe de jeunes filles en 2004 – et puis il a dit : l’œil droit est perdu et vous êtes en train de perdre l’œil gauche ».

Palmira avec Chiara Lubich © CSC Audiovisivi

Quelle douche froide ! « Dès que j’ai quitté le médecin, toujours dans l’escalier, j’ai éclaté en sanglots et je me suis dit : j’ai seulement 21 ans et je deviens aveugle, et maintenant que j’ai trouvé le plus bel idéal de ma vie, que personne ne peut m’enlever. Maintenant que j’ai trouvé la joie de vivre et que je voudrais la crier au monde entier, je vais devoir devenir aveugle. Et j’ai pleuré ». Il pleuvait, et sous le parapluie, Natalia tenait son bras et l’accompagnait silencieusement. « À un moment donné – poursuit-elle – je me suis arrêtée au milieu de la route et j’ai dit : Mais Natalia, pourquoi est-ce que je pleure autant parce que je vais perdre la vue ? Pour voir Jésus dans mon frère, je n’ai pas besoin de ces yeux, j’ai besoin des yeux de mon âme et je ne les perdrai jamais si je ne le veux pas (…). Je fais maintenant un pacte avec Jésus et tu en es mon témoin. Si je donne à Dieu plus de gloire avec mes yeux, qu’il me les laisse, mais si je lui donne plus de gloire sans yeux, qu’il les prenne, car je ne veux que faire sa volonté. Puis j’ai pensé : Jésus n’a-t-il pas dit dans l’Évangile qu’il vaut mieux aller au ciel sans yeux qu’en enfer avec deux yeux ? À partir de ce moment-là, je n’ai plus souffert ». « Ensuite, j’ai écrit à Chiara Lubich – poursuit Palmira –  pour lui raconter mon expérience, toute ma joie, parce que j’étais heureuse, je ne manquais de rien ».  Entre-temps, d’autres spécialistes ont été consultés, dont un qui, après l’avoir examinée attentivement, lui a dit que la maladie était grave, mais unilatérale, c’est-à-dire qu’elle n’avait touché que l’œil droit et qu’elle l’aurait probablement perdu, mais que l’œil gauche était sain et sans danger. « C’est ainsi que cela s’est passé – poursuit Palmira –  j’ai perdu le droit, mais le gauche ne m’a jamais posé le moindre problème pendant toutes ces années. Vous pouvez voir que j’aurais donné plus de gloire à Dieu avec mes yeux. Et je vous dis la vérité qu’avec cet œil gauche j’ai toujours vu pour deux ». Et elle conclut : «  Bien souvent, nous avons peur de donner quelque chose à Jésus, une affection, un attachement, quelque chose dans nos études. Au contraire, cela vaut la peine de tout lui donner, car il ne se laisse pas vaincre par notre générosité qui est toujours moindre par rapport à la sienne, car Dieu est Amour et il répond toujours au centuple ».

© CSC Audiovisivi

Dans les années qui suivent, Palmira assume diverses responsabilités pour le Mouvement des Focolari en Italie. En 1981, Chiara Lubich lui demande de se rendre, avec d’autres focolarini, à Montet, en Suisse, où une cité-pilote est en cours de construction. Elle ne devait rester que trois jours pour évaluer les rénovations nécessaires. Après trois jours, les autres sont partis et elle est restée seule dans un appartement à Estavayer, la ville voisine. À un moment donné, dépassée par l’ampleur de ce qui l’attendait, elle s’est agenouillée et a récité le Notre Père. Elle se souvient : « Quand je suis arrivée à la phrase ‘’Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel’’, je l’ai dite à haute voix et une paix m’a envahie, que je n’ai toujours pas perdue ». Ces trois jours sont devenus 40 ans. Palmira a construit la cité-pilote avec d’autres, a accompagné et formé des générations de jeunes. Avec la simplicité et le franc-parler qui la caractérisent, elle s’est demandé en 2017 : « Est-ce que j’ai réussi ? Je ne sais pas. J’ai toujours essayé d’aimer avec le cœur pour ne pas me tromper, parce qu’avec la tête je peux toujours me tromper, mais si on aime avec le cœur, prêt à donner notre vie, je pense que ceux qui aiment, ne se trompent jamais ».

Carlos Mana