Mouvement des Focolari

Arturo, invisible

Mar 28, 2025

C'était un bel après-midi, un temps idéal. Le bord de mer de Lima était plein de monde : des familles entières profitant de la plage, des parents et des enfants arrivant avec leurs planches de surf et leur matériel, des écoles de surf avec leurs professeurs, des touristes...

C’était un bel après-midi, un temps idéal. Le bord de mer de Lima était plein de monde : des familles entières profitant de la plage, des parents et des enfants arrivant avec leurs planches de surf et leur matériel, des écoles de surf avec leurs professeurs, des touristes et des vendeurs de boissons et de glaces à proposer à cette nuée d’acheteurs potentiels.

Nous accompagnions un ami du nord du Pérou venu nous rendre visite. Avec Marcelo, nous l’emmenions dans les endroits les plus agréables et les plus attrayants. À l’horizon, nous pouvions voir des surfeurs chevauchant habilement les hautes vagues de l’océan Pacifique, qui en réalité est très peu pacifique et même, n’a rien de pacifique. Un vrai spectacle ! Le soleil se préparait pour la dernière scène de la journée avec un cadre unique, peignant le ciel d’un rouge orangé flamboyant.

Dans ce cadre magnifique, auquel seule une certaine classe sociale a accès, tout se passait à merveille. Au milieu de la foule, j’ai remarqué un petit homme mince comme un cure-dent qui portait quatre sacs remplis de déchets qu’il avait lui-même collectés : cartons, bouteilles en plastique, verre… Cet être minuscule, totalement invisible dans cet environnement, s’apprêtait à gravir de hautes marches qui mènent à un pont qui traverse l’autoroute de part en part, de la plage à la rue. Il ressemblait à une fourmi invisible avec une charge trois fois supérieure à son poids.

Dans cette foule sans visage, sa présence attira toute mon attention. « Viens, assieds-toi un peu à côté de moi », lui ai-je dit en lui montrant le siège vide à ma droite du banc où j’étais assis. Il m’a regardé, surpris et souriant. Il a posé ses gros sacs et s’est assis. « Bonjour, je m’appelle Gustavo, et toi ? « Arturo », a-t-il répondu avec un large sourire qui montrait une bouche édentée. Il explique qu’il vient de loin et qu’il doit passer de l’autre côté de l’autoroute, monter l’imposant escalier, pour prendre le bus qui le ramènera chez lui. Là, dans son humble quartier, il allait vendre la ferraille qu’il avait ramassée. Son travail quotidien pour survivre, lui et sa famille.

Marcelo lui donna 5 soles, le prix du ticket de bus. Nous l’avons salué en serrant chaleureusement sa main moite et en lui souhaitant bonne chance. En montant les escaliers avec ses sacs, il nous regarda de temps en temps et nous adressa son sourire édenté.

Au milieu de la foule sans visage, Arturo est devenu la personne la plus importante, celle qui a touché nos cœurs, qui a réussi à nous émouvoir intérieurement, celle qui nous a mis en contact avec les béatitudes, avec la manière de voir de Dieu.

Gustavo E. Clariá

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