Mouvement des Focolari

Parole de vie Septembre 2015

C’est une de ces paroles de l’Évangile à vivre sans attendre. Très claire mais exigeante à la fois, elle requiert peu de commentaires. Pour saisir la force qu’elle contient, replaçons-la dans son contexte. Un scribe, donc expert de la Bible, interroge Jésus : Quel est le plus grand commandement ? Question restant ouverte depuis l’identification dans les Livres Saints de 613 préceptes à observer. Quelques années auparavant, Rabbi Shammaj, un des grands maîtres, s’était refusé à indiquer le commandement suprême. D’autres, cependant, comme le fera Jésus, s’étaient orientés sur l’amour comme point central. Rabbi Hillel, par exemple, affirmait : « Ne fais pas à ton prochain tout ce qui est odieux pour toi ; en cela réside toute la loi. Le reste n’est qu’explication ». Jésus, lui, reprend l’enseignement sur le caractère central de l’amour, mais il unit également en un seul commandement, l’amour de Dieu (Dt 6, 4) et l’amour du prochain ( Lv 19, 18). De fait, la réponse qu’il donne au scribe est : « Le premier (commandement), c’est : Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là ». « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Cette seconde partie de l’unique commandement est l’expression de la première : l’amour de Dieu. Dieu aime tellement chacune de ses créatures que, pour Lui donner de la joie, pour Lui manifester notre amour pour Lui, le meilleur moyen est d’être envers tous expression de Son amour. De même que des parents se réjouissent de constater l’entente, l’entraide, l’unité entre leurs enfants, ainsi Dieu, qui est envers nous comme un père et une mère, est heureux de nous voir aimer le prochain comme nous-mêmes, contribuant ainsi à construire l’unité de la famille humaine. Depuis des siècles, les Prophètes expliquaient au peuple d’Israël que Dieu veut l’amour et non les sacrifices et les holocaustes (Osée 6,6). Jésus lui-même rappelle leur enseignement lorsqu’il affirme : « Allez apprendre ce que veut dire : C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice » (Mt 9,13). En effet, comment peut-on aimer Dieu qu’on ne voit pas, si on n’aime pas le frère qu’on voit ? (1 Jn 4, 20). Nous L’aimons, nous Le servons, nous L’honorons, dans la mesure où nous aimons, servons, honorons chaque personne, amie ou inconnue, de notre peuple ou d’un autre peuple, et surtout les plus « petits », les plus nécessiteux . C’est l’invitation – adressée aux chrétiens de tous les temps – à transformer le culte en vie, à sortir des églises où l’on a adoré, aimé, loué Dieu, pour aller à la rencontre des autres, de façon à réaliser ce que nous avons appris dans la prière et dans la communion avec Dieu. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Alors, comment vivre ce commandement du Seigneur ? Rappelons-nous avant tout qu’il fait partie d’un diptyque qui comprend aussi l’amour de Dieu. Il faut du temps pour comprendre ce qu’est l’amour et comment aimer… il nous faut donc prendre des moments de prière, de “contemplation”, de dialogue avec Dieu : et Lui, qui est Amour, nous l’apprend. On ne vole pas de temps au prochain quand on est avec Dieu, au contraire, on se prépare à aimer de façon toujours plus généreuse et comme l’autre le requiert. Et lorsque nous revenons vers Dieu après avoir aimé les autres, notre prière est plus authentique, plus vraie, peuplée de toutes les personnes rencontrées, que nous Lui portons. Pour aimer le prochain comme soi-même, il faut aussi le connaître comme on se connaît soi-même. Il nous faudrait aimer l’autre comme il le voudrait et non comme il nous plaît de le faire ! De nos jours, nos sociétés deviennent de plus en plus multiculturelles par la présence de personnes venant de mondes très divers, d’où un défi encore plus grand. Celui qui s’établit dans un nouveau pays doit appendre à en connaître les traditions et les valeurs ; c’est le seul moyen pour comprendre et aimer ses habitants. Il en est de même pour ceux qui accueillent les nouveaux immigrés, souvent dépaysés, ignorant la langue et en difficultés d’insertion. Et même entre personnes de même culture, à l’intérieur d’une famille, d’un milieu de travail ou de voisinage, que de diversités ! Nous souhaiterions parfois trouver une personne disponible, prête à nous écouter, à nous aider à trouver un travail, à préparer un examen, à nous donner un coup de main pour la maison… L’autre a peut-être les mêmes exigences…Cherchons-nous à les deviner, en étant attentifs, dans une attitude d’écoute sincère, en essayant de nous mettre à sa place ? La qualité de l’amour compte aussi. Dans son célèbre hymne à la charité, l’apôtre Paul en énumère plusieurs caractéristiques importantes à rappeler : «l’amour prend patience, l‘amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout». (1 Co 13,4,7). Que d’occasions et que de nuances pour vivre : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Il existe aussi cette norme de l’existence à la base de la célèbre “règle d’or” présente dans toutes les religions et chez certains intellectuels reconnus, sans référence religieuse explicite. A l’origine de chaque tradition culturelle ou du credo de chacun, on pourrait trouver des invitations analogues à aimer le prochain et à nous aider à les vivre ensemble. Et cela, que nous soyons hindouistes, musulmans, bouddhistes, fidèles des religions traditionnelles, chrétiens ou tout simplement hommes et femmes de bonne volonté. Travaillons ensemble en vue de créer une nouvelle mentalité qui valorise et respecte la personne, soucieuse des minorités, porte attention aux plus faibles, et nous décentre de nos propres intérêts, pour donner la priorité à ceux de l’autre. Si nous étions tous vraiment conscients qu’il nous faut aimer le prochain comme nous-mêmes, au point de ne pas faire à l’autre ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse, conscients de devoir faire à l’autre ce que nous voudrions que l’autre fasse pour nous, alors les guerres cesseraient, la corruption disparaîtrait, la fraternité universelle ne serait plus une utopie et la civilisation de l’amour deviendrait bientôt une réalité. Fabio Ciardi

Traits de lumière à Loppiano

Traits de lumière à Loppiano

Ciro CipolloneDes milliers de personnes se “rencontrent” avec les sculptures de l’artiste originaire des Abruzzes, très en accord avec la lettre “Laudato sì” du Pape François: pour réaliser ses oeuvres, depuis de nombreuses années il recycle et utilise des matériaux mis au rebut. Mais Roberto Cipollone, Ciro de son nom d’artiste, accueille non seulement les visiteurs, mais il réalise aussi de véritables workshops pour grands et petits afin de transmettre une nouvelle façon de voir et de sentir le monde au contact de la matière qui est tout à la fois travaillée et modelée: “Une façon de voir limpide, simple, un contact avec la beauté sans fioritures”, confie l’artiste avec le naturel qui le caractérise. Lo-SbarcoA Loppiano,en plus de la Bottega qui est son véritable laboratoire de création, une exposition permanente a été conçue par Sergio Pandolfi. Tandis que durant tout ce mois d’août Ciro en tient une au monastère de Camaldoli: une quarantaine d’oeuvres, dont la plupart traitent d’un thème sacré, exposées dans une petite église romane située à l’intérieur du monastère et dédiée à l’Esprit Saint. “Ces créations – précise Ciro – s’accordent très bien avec le style roman, j’ai choisi des oeuvres en grès de Florence, en bois. De plus l’architecture romane, grâce à sa sobriété, permet aux oeuvres de vivre” Ciro5Dans le silence du monastère et de la nature environnante, les nombreux visiteurs de Camaldoli peuvent admirer, savourer, et, d’une certaine manière, prier avec ces oeuvres. Mais ce n’est pas tout. En cet été 2015 Ciro s’est risqué dans la mise en scène d’un spectacle thâtral itinérant qui se produira à Pérouse dans le site exceptionnel de la Rocca Paolina. Le spectacle – qui relate un épisode connu de l’histoire de Pérouse au XVIIIème siècle – aura lieu chaque fin de semaine du 21 août au 13 septembre. Fotogallery  

Marie, transparence de Dieu

Marie, transparence de Dieu

A.Cerquetti Mater Christi

Ave Cerquetti, ‘Mater Christi’ – Roma, 1971

Entre toutes les paroles prononcées par le Père dans Sa Création, il en fut une, tout à fait singulière. Celle-ci ne pouvait pas tant être objet de l’intelligence que de l’intuition. Non pas splendeur du soleil divin, mais ombre suave et douce. Léger nuage blanc qui, dans sa course, vient adoucir la lumière du soleil trop vive pour nos yeux. C’était dans les plans de la Providence que le Verbe se fît chair. Une parole, la Parole, devait s’écrire ici-bas en chair et en sang, et cette Parole avait besoin d’une toile de fond. Les harmonies célestes désiraient ardemment, par amour pour nous, transporter leur concert unique sous nos tentes. Il leur fallait un silence sur lequel retentir. Celui qui allait conduire l’humanité, donner sens aux siècles passés, éclairer et entraîner à Sa suite les siècles à venir, devait apparaître sur la scène du monde. Mais il Lui fallait un écran immaculé où Il pût resplendir. Le plus grand des projets que l’Amour-Dieu pouvait imaginer devait se tracer en lignes majestueuses et divines. Toute la palette des vertus devait se trouver réunie dans un cœur humain disposé à Le servir. Cette ombre admirable, qui porte en elle le soleil, lui cède la place et en lui se retrouve ; cette toile immaculée, cet abîme insondable, qui contient la Parole, le Christ, et en Lui se perd, lumière dans la Lumière ; ce sublime silence qui ne se tait plus puisque chantent en lui les divines harmonies du Verbe et qui devient, en Lui, la note entre toutes les notes, le « la » du chant éternel s’élevant du Paradis ; ce décor majestueux et splendide comme la nature, où se concentre la beauté répandue à profusion dans l’univers par le Créateur ; cet univers réservé au Fils de Dieu, qui s’oublie lui-même, n’ayant d’autre part et d’autre intérêt qu’en Celui qui devait venir et qui est venu, en Celui qui devait accomplir Son œuvre et l’a accomplie ; cet arc-en-ciel de vertus qui dit « paix » au monde entier, ayant donné au monde la Paix ; cette créature, que la Trinité, dans son mystère insondable, a inventée et nous a donnée : c’est Marie. On ne saurait parler d’elle : on la chante. Difficile de raisonner à son sujet : on l’aime et on l’invoque. Elle est objet non de spéculations de l’esprit, mais de poésie. Les plus grands génies de l’univers ont mis leurs pinceaux et leurs plumes à son service. Si Jésus incarne le Verbe, le Logos, la Lumière, la Raison, elle personnifie l’Art, la Beauté, l’Amour. Marie, chef-d’œuvre du Créateur, est celle en qui l’Esprit Saint a donné libre cours à Son génie, celle en qui il a déversé le flot de Ses inspirations. Comme elle est belle, Marie ! Jamais on ne pourra assez la chanter. (In Marie transparence de Dieu, 2003, Nouvelle Cité, Paris, p.11 à 14) Source: Chiara Lubich Centre