Mouvement des Focolari

La valeur de la Philosophie

Depuis 2002, chaque année, le troisième jeudi de novembre est devenu la Journée Mondiale de la Philosophie. Lors de sa proclamation, l’UNESCO a souligné l’importance de son rôle pour le développement de la pensée humaine. Aussi Irina Bokova, ex Directrice Générale, a-t-elle précisé:”La réflexion philosophique est un appel à l’humilité, à la réflexion et au dialogue raisonné, pour construire ensemble des  aux défis qui échappent à notre contrôle […] Plus les difficultés sont grandes, plus la philosophie est utile pour donner du sens aux questions concernant la paix et le développement durable”. A l’occasion de cette journée, tous les partenaires de l’Unesco –  Gouvernements nationaux, institutions et organismes publics, ONG, universités, écoles, mais aussi les citoyens et les associations – sont appelés à conduire une libre réflexion collective, argumentée et documentée sur les défis de notre époque. La valeur authentique de la philosophie – a affirmé Moufida Goucha, ancien responsable de la “Section Sécurité humaine, démocratie et philosophie”, à l’occasion de la première Journée –  consiste à “établir un dialogue qui ne doit jamais s’interrompre sur l’essentiel, avec comme objectif de nous restituer une grande partie de la dignité humaine, quelle que soit notre condition”.

Fuyant la faim

D’après les dernières estimations, ils seraient plus de 440 mille, des plus de 2 millions et 300 mille personnes enfuies du Venezuela, de 2014 à aujourd’hui, les gens qui ont passé la frontière avec le Pérou. Ils y arrivent après un voyage exténuant, avec beaucoup d’inconnues sur le futur et au milieu de mille dangers, parmi lesquels aussi dernièrement, celui de la nécessité de traverser un fleuve à la frontière. « Si l’eau est trop haute et qu’ils n’y arrivent pas, ils sont chargés sur les épaules d’un homme, en payant naturellement ». Une fois de plus, c’est Silvano, de la communauté des focolari de Lima qui écrit : « Dès le début de cet exode d’ ‘’arrivées forcées’’ nous avons commencé à nous occuper de l’accompagnement d’un nombre toujours plus élevé de personnes. Jusqu’à présent, elles sont une soixantaine, les personnes avec lesquelles on a un contact personnel. Dans le sens spirituel, humain et professionnel ». La situation de celui qui arrive est extrêmement difficile : « Ils ne possèdent que les habits qu’ils ont sur eux. Et ils ont froid, car malgré le fait que le printemps soit commencé, les températures sont encore froides. Nous avons vu l’émotion dans leurs yeux, lorsqu’ils ont trouvé les vêtements mis à leur disposition à travers une communion des biens ». Les centres opérationnels d’accueil sont au nombre de deux : le focolare de Lima et le ‘’Centre Fiore’’ à Magdalena del Mar, dans la province de la capitale. « Ici sont accueillis trois noyaux familiaux parmi lesquels celui d’Ofelia, que de nombreux vénézuéliens enfuis au Pérou appellent désormais ‘’la mère’’. Pendant le premier quadrimestre de cette année – raconte Silvano – nous avons été en contact avec une psychologue, Irene, qui elle aussi a débarqué depuis quelques mois. Invitée dans notre siège opérationnel, qui est en fait le focolare, elle avait porté avec elle ses parents et quelques amis. A cette occasion, elle avait connu l’esprit qui anime le focolare, et en connaissant les nécessités de nombreux de ses concitoyens, à traiter le traumatisme subi, elle s’est offerte de proposer gratuitement son service en tant que psychologue à ceux qui en ont fait la demande. Un petit projet a tout de suite été mis sur pied, comme réponse immédiate à la promesse évangélique ‘’Donnez et il vous sera donné’’ ». Après une conférence sur le thème des émotions, tenue par Irene le mois de juillet dernier, suivie quelques semaines après par un second workshop, nous avons ouvert un cabinet de consultation dans un local du ‘’Centre Fiore’’ de Magdalena del Mar. « Le ‘’Projet de développement psycho-émotionnel pour des populations vulnérables’’ est né ainsi, afin de répondre à la massive réalité migratoire que nous sommes en train d’affronter. Dans la présentation du projet, qui s’adresse d’une manière particulière aux catégories les plus fragiles, comme les femmes, les enfants, les jeunes et les personnes âgées – explique Silvano – on comprend que ‘’fournir les instruments pour faire face à la situation et permettre de s’intégrer’’ avec la communauté péruvienne, ‘’est un impératif’’. Pour cela, le projet, comme c’est écrit, rentre dans les objectifs des focolari, afin de ‘’collaborer à la construction d’un monde plus uni, guidé par la prière de Jésus au Père (Que tous soient Un, Jn, 17,21), dans le respect et l’appréciation de la diversité en privilégiant le dialogue comme méthode et l’engagement constant à construire des ponts et des relations de fraternité entre individus, peuples et domaines culturels’’. Les cas les plus communs sur lesquels on a pu intervenir sont les formes de dépression développées dans des situations de précarité, ou d’anxiété générée par les préoccupations pour survivre, des mauvais traitements subis, ou encore des troubles dans le développement. Le projet offre un support une information, une éducation, avec des parcours individuels ou de groupe, des conférences sur les thèmes du contrôle émotionnel, de la violence de genre, de l’estime de soi, de l’amour pour soi-même et pour les autres, sur les stratégies de coaching ». Quelques-unes des personnes suivies ont trouvé du travail, d’autres en cherche encore un, d’autres encore ont le projet de rentrer dans leur pays d’origine ou de chercher une autre destination. « Jusqu’à présent, au total, ont été réalisées 35 sessions d’attention et de soins psychologiques. Grâce à l’aide d’amis, de parents, et de toute la communauté, nous comptons continuer à offrir ce service gratuit aux migrants vénézuéliens en difficulté ».

L’Esprit Saint, l’âme du chemin œcuménique

L’Esprit Saint, l’âme du chemin œcuménique

De quelle manière l’Esprit Saint agit-il aujourd’hui dans l’Église ? Parler de chemin œcuménique a-t-il encore du sens par les temps actuels marqués pour les chrétiens aussi, par des divisions, complexités, scandales et défis humanitaires ? Deux ans après l’événement de Lund, qui a donné une nouvelle impulsion au dialogue œcuménique, 40 évêques de différentes Églises, venant de 18 pays, se sont rencontrés à Sigtuna (Suède) du 6 au 9 novembre dernier. Quatre jours d’échanges, de partages organisés par le mouvement des Focolari autour du thème « le souffle de l’Esprit, l’Église dans le monde d’aujourd’hui ». La Présidente des Focolari Maria Voce et le Coprésident Jesús Morán, étaient présents avec quelques représentants de la communauté du mouvement qui vivent en Suède. Maria Voce a traité le thème « le souffle de l’Esprit, âme de l’Église, dans l’expérience et la pensée de Chiara Lubich », alors que Jesús Morán proposait une lecture des défis du monde actuel à la lumière de la spiritualité de l’unité. La rencontre, qui en était à sa 37ème édition, est le fruit d’une expérience synodale et de communion qui est partie d’un désir de Jean Paul II, proposé à l’évêque d’Aix-la-Chapelle, Klaus Hemmerle. « En plus des différents compte-rendus, nous avons voulu dédier un large espace au dialogue et au partage sur les défis œcuméniques que nous vivons quotidiennement dans nos contextes nationaux et continentaux » – a expliqué le cardinal Francis Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok et modérateur du congrès. Le grand thème de la réconciliation a été traité par Mgr. Brendan Leahy, évêque catholique du diocèse de Limerick (Irlande). Au cours d’une intervention sur le pouvoir du pardon et de la pacification, suite aux scandales qui ont frappé l’Église irlandaise, il a affirmé que : « l’Esprit nous pousse à ne jamais nous laisser dérober l’espérance (cf Rm 8). Une des grandes tentations est celle de se décourager, mais c’est l’Esprit qui maintient en vie l’espérance, en nous aidant toujours à recommencer par un nouvel engagement dans l’aventure chrétienne de l’unité et la réconciliation ». L’évêque anglican Williams, irlandais, a offert son propre témoignage de pasteur, responsable durant plusieurs années de la communauté œcuménique de Corrymeela, en Irlande du Nord, celle qui a contribué au parcours de réconciliation entre les différentes factions en conflit. «La réconciliation n’est pas une option, mais une nécessité, si nous voulons trouver une paix qui dure. Nous vivons dans un monde du ‘eux’ et ‘nous’. La vérité est qu’il n’existe que le ‘nous’. Révéler cette vérité est œuvre de Réconciliation, œuvre de l’Esprit Saint ». Le pasteur évangélique lutérien allemand Jens-Martin Kruse a partagé son expérience pastorale à Rome, laboratoire œcuménique en acte, grâce aussi à l’action du pape François. Le chemin de réflexion commune, qui s’est poursuivi après la commémoration des 500 ans de la Réforme a été parcouru par l’archevêque Antje Jackelén, le primat dell’Eglise de la Suède, par l’évêque catholique de Stockholm, card. Anders Arborelius, e par l’évêque Munib Youman, alors président de la Fédération luthérienne Mondiale, qui avait présidé avec le pape François la liturgie œcuménique historique à Lund ‘Suède). « Je vous assure que l’Esprit Saint nous a guidés et continue à nous guider vers un printemps œcuménique. C’est à nous maintenant à recueillir les fruits de l’unité. Aujourd’hui nous disons : voyageons ensemble comme des témoins vivants dans ce monde fragmenté, afin que le monde croie ». Un des moments les plus intenses du congrès a été la prière œcuménique dans l’ancienne église de Sigtuna et la signature du « pacte d’unité », qui a permis aux évêques de s’engager à faire route ensemble dans la communion effective et affective, « en aimant l’Église de l’autre comme la sienne propre ». Engagement que chacun a scellé de sa propre signature et par une étreinte fraternelle. Stefania Tanesini

Avec les Amérindiens

Avec les Amérindiens

Un lac tellement limpide et dont le fond est si visible qu’on pourrait en boire l’eau dans le creux de la main, directement depuis la barque. Un monde apparemment parfait. Et pourtant, ça et là, on trouve quelques bouteilles en plastique sur la rive, retenues par des branchages. Un vrai coup de poing dans l’œil au milieu de ce paysage extraordinairement beau. Le récit d’Alek, l’un des quatre protagonistes de l’expérience  du “focolare temporaire” vécue à Whatì, au Canada, du 19 juillet au 20 août dernier, ne manque pas de pittoresque. “Nous sommes en train de parler du grand nord, presque au cercle polaire arctique. Et d’une petite ville de 800 habitants. Mais ils semblaient moins, parce que depuis peu s’était conclue la rencontre du peuple Tlicho (Tlicho dans la langue originale), et de ce fait nombre de ses habitants était parti en vacances. Les Tlicho appartiennent aux Amérindiens (les “First Nations” comme on les appelle au Canada) répandus dans toute l’Amérique d Nord. Ils font partie des Dene, “Association des Indiens des Territoires du Nord-ouest”, et ils habitent un territoire appelé Tlicho Land, composé de quatre petites villes regroupant un total d’environ 2000 habitants. Parmi elles Whatì (Wha Ti dans la langue originale) située au bord du magnifique lac La Martre, long de 70 km au point de sa plus large extension”. Avec un groupe de jeunes, Alek et frère Alain ont organisé le nettoyage d’une partie de son rivage: “Une action significative. Nous avons appris par la suite qu’un habitant du lieu a sensibilisé le responsable du village afin que cette opération  devienne régulière tout au long de l’année”. Ceci aussi a été le fruit de l’expérience du “focolare temporaire” à Whatì. L’équipe, en plus d’Alek (italien sur le point de partir à Birmingham, Alabama) et du Frère Alain, prêtre à Montréal, était composée aussi de  Lioba, coréenne (focolare de Vancouver) et de Ljubica (Focolare de Toronto). Motif du voyage: la demande de l’évêque de Yellowknife, chef-lieu des Territoires du Nord-ouest, désireux de faire venir sur place quelques personnes de la communauté des Focolari pour offrir aux habitants, au moins un mois par an, la possibilité d’une proximité spirituelle et d’une formation à la vie évangélique. En même temps une autre équipe  s’est rendue au village de Fort Résolution pour une expérience analogue. “Au cours des premiers jours nous avons été à Yelloknife, chacun en provenance de nos villes respectives et après des voyages assez mouvementés à cause du mauvais temps. Notre équipe a pris le temps de se connaître et de recevoir la bénédiction de l’évêque. Arrivés ensemble à Whatì, nous y avons séjourné quatre semaines pour renouveler les contacts déjà construits l’année précédente à l’occasion d’une expérience du même genre, pour connaître les autorités locales et nous engager dans quelques initiatives du gouvernement de la tribu. La deuxième semaine nous avons organisé un “Camp biblique” pour les enfants et la troisième, à la demande  des responsables du village, nous avons été  rendre visite à quelques personnes âgées. La prière partagée avec elles  demeure pour nous une expérience très marquante: nous avions le sentiment d’une communication qui allait au-delà de la difficulté de compréhension de la langue.” La population locale vit difficilement le passage de la tradition à la modernité. ”En une génération – explique Alek – elle s’est trouvée privée des racines qui avaient constitué son identité la plus profonde, probablement pendant des milliers d’années. Les personnes de ma génération sont nées et ont vécu dans le “teepee” ( la tente traditionnelle, bâtie sur un nombre variable de poteaux  selon sa grandeur, couverte de peaux qui laissent une ouverture en haut afin de permettre l’évacuation de la fumée) et parlent le Tlicho. Leurs petits-enfants ne connaissent plus la langue traditionnelle, utilisent le téléphone portable, sont attirés par la société de consommation avec toutes ses conséquences, y compris  l’alcool et la drogue.Toutefois la communauté est animée d’une foi simple et profonde, fondée sur la lecture de la Bible et sur la religiosité naturelle du peuple qui est encore sensible aux réalités spirituelles. Ce fut pour moi l’occasion de recueillir dans un face à face, quelques unes de ces histoires. Je me suis senti  “à ma place” au milieu d’eux, peut-être comme jamais auparavant, en étant moi aussi l’expression d’une caresse de Dieu”. Chiara Favotti