Juin 22, 2023 | Non classifié(e)
Entrer dans la prière signifie retrouver le coeur de la rencontre entre le “moi” et la présence de Dieu dans notre vie. Chiara Lubich, Pasquale Foresi et Igino Giordani, avec des mots qui, aujourd’hui deviennent toujours plus actuels, tracent les lignes d’une spiritualité civile, accessible à tous, vécue dans les rues des villes du monde entier.
Je me suis rendu compte que l’époque moderne demande une prière un peu particulière. […]. Autrefois on pensait que le monde et le cosmos étaient immobiles, fixes. L’homme devait donc trouver Dieu à travers les étoiles, à travers les fleurs, […] donc à travers la contemplation, la paix, l’union à Dieu, dans des moments de recueillement, de prière à l’Église, devant le Saint Sacrement… […] À présent, en revanche, on voit que le monde évolue, qu’il se transforme : tout change. […] L’homme est entrainé dans ce mouvement, il est engagé dans cette course vers la perfection. Alors il ne peut plus rester immobile à contempler, l’homme est appelé, […] à participer avec Dieu à cette évolution, à cette création. C’est pourquoi tout ce que vous faites à l’école, au bureau, à l’usine, revient à construire le monde avec Dieu créateur, faire évoluer le monde. Cependant nous devons le faire évoluer en ayant bien conscience que nous participons à la Création de Dieu, et donc que notre Œuvre est une œuvre sacrée. Nous sommes un bras de Dieu créateur qui va de l’avant, qui construit le monde.
Chiara Lubich (Castel Gandolfo, 25 février 1989 dans “le souffle de l’âme” préparé par Fabio Ciardi, Nouvelle Cité, 2023, p.66)
Une forme de prière très importante, on peut l’avoir au travail. Je pense surtout aux ouvriers dans les usines, à toutes les personnes qui, durant la journée, sont exténuées, avec une fatigue qui enlève presque la faculté même de penser et donc, dans un certain sens, de prier. Si le matin, par une simple intention, nous offrons notre vie quotidienne à Dieu, nous vivons profondément, durant toute la journée en relation avec Dieu. Et selon moi, lorsque le soir, ces ouvriers, même pour de courts instants parce que fatigués, pourront se recueillir avec Dieu, ils trouveront l’unité avec Lui : ils la trouvent parce qu’ils ont vécu tout leur travail en relation avec Lui. Et c’est ce qu’il y a de plus important : être en relation étroite avec Lui. Et c’est, au fond, ce que l’humanité est prête à entendre aujourd’hui : c’est-à-dire que tout l’univers et tout ce qui s’y accomplit, pris dans un sens religieux, puisse se transformer en une grande prière que le monde élève vers Dieu.
Pasquale Foresi (in “Dio ci chiama. Conversazioni sulla vita cristiana” Città Nuova, 2003, p.116)
Ce matin, il m’a semblé que je m’étais rapproché de Dieu. Jamais, je crois, je ne l’avais senti aussi proche. Ma joie a été et reste grande. Je sens que j’ai trouvé un libre accès pour aller à Lui ; et mon intention est de ne plus jamais m’éloigner. J’ai surmonté, par la grâce de Dieu, les obstacles qui m’empêchaient de m’accrocher à la terre. Désormais, je suis sur terre et j’habite au ciel (mon ambition est grande, mais Sa miséricorde l’est encore plus. Je l’aime infiniment). Les impulsions de vanité, de préférences dans les amitiés ne me freinent plus. Je vais directement à Dieu, en me débarrassant de ces oripeaux. Les hommes peuvent me trahir, me calomnier, me tuer : mais j’ai Dieu, et je les aime indépendamment d’eux. J’appartiens à Dieu. Je n’ai besoin de rien d’autre.
Igino Giordani (in “Diario di Fuoco“, Città Nuova, 1992, p.196)
Activer les sous-titres français https://youtu.be/nLK39FnIrOw
Mai 31, 2023 | Senza categoria
Un rendez-vous a été organisé à Loppiano (Florence-Italie) les 27 et 28 mai, pour célébrer l’anniversaire de la naissance de la Coopérative Loppiano Prima. Cinquante ans après ce 19 mai 1973, jour de sa création, l’événement a été une occasion unique de rappeler les moments fondateurs, de faire le point sur le chemin parcouru et de relancer l’activité productive et commerciale avec un regard ouvert sur l’avenir. Nous partageons l’interview de Maria Ghislandi et Giuseppe Marvelli, parmi les premiers membres fondateurs. « Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir. Revenir aux racines est donc décisif, et dans cette pause, nous voulons souligner notre engagement continu à récupérer, faire revivre et décliner dans le présent, les inspirations fondatrices et les étincelles de prophétie livrées au fil du temps par Chiara Lubich à la Coopérative ».
C’est par ces mots que Beatrice Vecchione, actuelle Présidente de la Coopérative Prima, Loppiano a ouvert l’événement de la célébration intitulée Amour pour la Création, une prophétie en marche, un moment privilégié pour commémorer le 50e anniversaire de la fondation de la Coopérative qui s’est déroulé les 27 et 28 mai 2023 à l’Auditorium de Loppiano, la cité pilote internationale du mouvement des Focolari près de Florence (Italie). Un week-end d’échange et de partage dans une optique d’écologie intégrale, qui a dévoilé le cœur de cette expérience prémonitoire de l’agriculture écologique lors de la semaine Laudato Sì. Loppiano Prima, poursuit Beatrice Vecchione, a une physionomie et une typicité propres que le titre résume et évoque parfaitement, car il s’agit sans aucun doute de cinq décennies « d’amour pour la création et de prophétie en marche », prophétie dont nous parle aussi, en remontant aux sources, Raffaella Pinassi Cardinali, pionnière et depuis toujours référence de la coopérative agricole.
Née le 19 mai de cette même année, avec 8 membres fondateurs désireux de mettre à profit les terres qui avaient été données par la famille Folonari au mouvement des Focolari dans les collines du Chianti, dans le Valdarno florentin, Loppiano Prima est une coopérative avec un système d’actionnariat généralisé qui compte aujourd’hui 3 256 membres. Comme l’indiquent ses statuts, « elle n’a pas de but spéculatif et est régie par les principes de la mutualité prévalente ». En outre, « elle a pour objet principal la réalisation de l’intérêt général de la collectivité en matière de promotion humaine et d’intégration sociale des citoyens, ainsi que de contribuer à la mise en œuvre de la fraternité universelle ». C’est ainsi qu’au cours des 50 dernières années, sur des terres non cultivées et abandonnées en raison de l’émigration de tant d’agriculteurs dans l’après-guerre, la coopérative Loppiano Prima est devenue la protagoniste d’une expérience particulière d’agriculture écologique avant la lettre, qui a mis au centre l’humanité, la nature et leur relation. Un sujet actif opérant à l’intérieur de Loppiano, mais présent dans le territoire et pour le territoire, fruit de la générosité, de la ténacité et de la passion de tant de Volontaires de Dieu du mouvement des Focolari qui, il y a 50 ans, ont senti l’appel à répondre à la prophétie de Chiara Lubich : donner Dieu par le travail ; fruit surtout de la foi de ceux qui ont cru et voulu prendre soin de ce rêve que nous recevons aujourd’hui en héritage : aimer la création, en faisant de leur vie un véritable témoignage de l’Évangile. Nous partageons l’histoire de Maria Ghislandi et Giuseppe Marvelli, deux des premiers membres fondateurs de Loppiano Prima.
Maria Grazia Berretta
https://youtu.be/IQzEiEkzwAQ
Mai 27, 2023 | Non classifié(e)
Le voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, est arrivé à la fin. Voici quelques nouvelles de ce qu’ils ont vécu lors de la dernière étape en Indonésie. Panongan (Indonésie), 17 mai 2023 – Il est 8 heures du matin dans la paroisse catholique de Sainte-Odélie, à environ deux heures de Jakarta. Mgr Ignatius Suharyo, Cardinal de la capitale indonésienne, a invité des représentants du gouvernement et des forces de police, de la municipalité, des villages, ainsi que les chefs religieux musulmans, bouddhistes et hindous à présenter à la Présidente et au Coprésident du Mouvement des Focolari un projet social pilote pour la ville de Tangerang/Banten, réalisé en large synergie entre toutes les forces de la société civile citées plus haut. Avec plus de deux millions d’habitants, il s’agit de la troisième région la plus peuplée à l’ouest de Jakarta, la capitale de l’Indonésie, qui, avec toutes ses villes-satellites, atteint presque 30 millions d’habitants. Il s’agit d’une zone en grand développement, mais marquée aussi par des inégalités économiques. La population des villages est pauvre, elle travaille dans les rizières, vit des produits de la terre et de petits élevages de poulets, de chèvres et de quelques vaches. La région, à forte majorité musulmane, fait partie de la paroisse. Le père Felix Supranto – « Romo Felix » pour tout le monde (« romo » signifie « père » en bahasa, la langue officielle du pays) – est le dynamique curé de la paroisse de Sainte-Odélie ; il a le don de rassembler les personnes. C’est lui qui nous accueille, avec les nombreux paroissiens qu’il a impliqués dans divers projets sociaux au fil des ans.
« Le dialogue que nous avons ici avec des frères de différentes religions est concret », explique le Cardinal, « il prend en compte les besoins des personnes. Il faut construire des maisons, développer des possibilités de travail, apporter l’eau dans les villages. “Ensemble” nous travaillons pour cela et il est important que la Présidente et le Coprésident des Focolari soient venus ici pour voir ce qui pourrait être un modèle de dialogue également en dehors de l’Indonésie. La devise de notre pays est “l’unité dans la diversité” et elle exprime très bien qui nous sommes et comment nous relevons les défis. » « Nous sommes honorés de vous avoir parmi nous », déclare le père Felix à Margaret Karram et Jesús Morán, « pour partager le chemin que nous parcourons. Jusqu’à présent, nous avons construit 12 maisons pour aider les pauvres et c’est ce travail en commun qui fait de nous des frères, malgré nos différences. » La journée se poursuit par la visite d’une école accueillant des enfants de 6 à 15 ans, de plusieurs villages où, grâce aux fonds récoltés, il a été possible d’apporter l’eau, de démarrer un élevage de vaches, de chèvres et de poissons-chats, où la valeur ajoutée est l’implication totale de tous : institutions et habitants. La visite de la Madrasa – une école coranique – est le dernier rendez-vous de cette première journée « sur le terrain » qui nous montre le caractère communautaire et solidaire, véritable force de ce pays. Bhinneka Tunggal Ika – nous sommes différents, mais nous sommes un Bhinneka Tunggal Ika, « Nous sommes différents, mais nous sommes un » est en effet la devise de l’Indonésie, inscrite sur les armoiries nationales qui représentent une ancienne divinité, l’aigle javanais.
Le pays des records Avec ses 17 000 îles et plus de 300 groupes ethniques, chacun ayant une tradition culturelle vivante, l’Indonésie est un pays aux multiples facettes. Aujourd’hui, la population est fière de se présenter au monde comme un exemple de tolérance et de coexistence entre les différentes cultures et religions. Un exemple parmi d’autres : la mosquée Istiqlal (de l’Indépendance) à Jakarta est la plus grande d’Asie du Sud-Est. Elle est située juste en face de la cathédrale catholique et, lors des grandes fêtes chrétiennes comme Noël, la mosquée apporte son soutien en mettant des places de parking à la disposition des fidèles chrétiens, et vice versa pour les fêtes musulmanes. L’Indonésie possède la plus grande biodiversité de la planète, mais la déforestation et l’exploitation des ressources menacent gravement la préservation de ces environnements naturels. La richesse économique est inégalement répartie et on estime que 27 000 familles millionnaires (0,1 % de la population) possèdent plus de la moitié de la richesse du pays. Bien qu’il ne soit pas facile d’obtenir des statistiques précises, la population actuelle est estimée à 273 millions d’habitants, ce qui en fait le quatrième pays le plus peuplé du monde. C’est le pays qui compte la plus forte population musulmane au monde (86,1 %) ; les chrétiens de différentes Églises représentent 10,53 % et l’appartenance religieuse est inscrite sur la carte d’identité. Les focolarini en Asie du Sud-Est et au Pakistan Jakarta, 19 mai 2023 – En regardant les focolarini d’Asie du Sud-Est et du Pakistan qui sont venus à Jakarta pour rencontrer Margaret Karram et Jesús Morán, c’est tout le potentiel du continent asiatique qui apparaît, à savoir la rencontre possible entre des peuples et des cultures très différents : de la Thaïlande au Myanmar, du Vietnam à l’Indonésie, à Singapour, à la Malaisie. Beaucoup sont connectés via le web, comme les focolarini du Pakistan, mais la distance n’empêche pas une profonde communion où émergent à la fois les défis de l’inculturation dans les différents pays et la force de l’unité, capable d’atteindre les domaines les plus divers.
La séance de questions-réponses avec Margaret Karram, Jesús Morán, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni (responsables du dialogue interreligieux des Focolari) suscite une grande attention. Les focolarines de Ho Chi Minh (Vietnam) se demandent comment diffuser la spiritualité de l’unité en ces temps où il est difficile d’intéresser personnes, les jeunes en particulier. « Lors de ce voyage en Asie et en Océanie, explique Margaret, j’ai compris que la manière dont nous avons proposé jusqu’à présent la spiritualité de l’unité doit changer, parce que la société a changé. Nous vivons tous tellement “connectés” les uns aux autres que nous devons trouver un moyen de présenter les différentes vocations, non pas chacune séparément, mais les unes à côté des autres, peut-être lorsque nous nous rencontrons en tant que communauté du Mouvement au niveau local, puis ce sera Dieu qui parlera au cœur de chacun, qui appellera dans les différentes voies. Je constate que ce qui touche le cœur des gens, c’est l’attention personnelle, la construction de relations vraies, faites d’amour désintéressé. Les personnes doivent trouver en chacun de nous un frère, une sœur, un(e) ami(e). Ce n’est qu’une fois la relation construite que nous pouvons les inviter à connaître la spiritualité du Focolare. » « Parfois, il nous semble que nous n’avons pas les moyens adéquats pour intéresser les personnes à la spiritualité de l’unité, poursuit Jesús, mais attention à ne pas céder à la tentation de s’adapter au courant du monde pour être acceptés à tout prix. Nous devons être dans le monde, parce qu’il est beau, Dieu l’a créé. Mais le contraste avec le monde, nous devons le sentir ; il est chrétien de le vivre, parce que nous appartenons à une vérité, celle du Christ, qui dépasse le monde. » Le dialogue comme style de vie Jakarta, 20 mai – Yogyakarta, 21 mai 2023 – « Depuis février 2021, notre vie au Myanmar a complètement changé. Ma région est celle où le conflit est le plus grave. Personne ne devrait entendre les explosions d’artillerie et les bombardements aériens, ce n’est pas humain. Enracinés en Dieu et concentrés sur la vie dans le présent – parce que nous ne savons pas si nous serons là demain – nous continuons à apporter à notre peuple de l’amour et une nouvelle espérance. Chaque jour, je comprends davantage l’invitation de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13) ». C’est Gennie, Birmane, qui parle. Elle travaille pour une agence humanitaire qui s’occupe des personnes déplacées, qui sont plus d’un million depuis le coup d’État. Son témoignage est l’un de ceux qui ont raconté la vie et les défis des communautés des Focolari en Asie du Sud-Est lors du forum « Le dialogue comme style de vie », organisé en partenariat avec l’Université catholique de Jakarta « Atma Jaya ». Quelque 290 personnes venues de différentes régions d’Indonésie et de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est y ont participé. 300 autres y ont participé en ligne, du Pakistan et d’ailleurs. Au cœur des témoignages, la culture du dialogue, vécue au quotidien dans ces pays, et qui devient un style de vie, voire une activité économique, comme le raconte Lawrence Chong, de Singapour. Depuis 2004, il dirige une société de conseil en gestion avec deux autres partenaires, un méthodiste et un musulman, selon les principes de l’Économie de communion. « Aujourd’hui, nous sommes présents dans 23 pays et notre travail consiste à apporter un changement, à influer sur le système économique et à l’améliorer, sur la base des principes de l’interdépendance et de l’amour réciproque. »
Après la fête, au cours de laquelle les différents peuples présents ont ouvert leurs portes à la grande richesse culturelle et à la variété des traditions, Margaret Karram et Jesús Morán ont répondu à quelques questions et ont partagé leurs premières impressions de ce voyage. « L’Asie est le continent où le soleil se lève, alors que nous venons d’Europe, où le soleil se couche », a expliqué Jesús. « En Asie et en Océanie, nous avons trouvé une Église très vivante, ainsi que la présence des différentes religions, et nous avons été immergés dans cette lumière que nous avons trouvée dans l’humanité profonde des personnes. Nous avons reçu une grande espérance pour l’Église, pour l’Œuvre de Marie. Cette espérance ne sera pas déçue si ces peuples restent fidèles à eux-mêmes. Bien sûr, nous avons aussi vu les problèmes : la pauvreté, les conflits, les guerres. Il est donc vrai que le soleil se lève sur ces terres, mais nous avons également un grand défi devant nous : que l’Évangile soit aussi porteur d’un message de libération pour ces peuples ».
Le Nonce apostolique, Mgr Piero Pioppo, venu célébrer la Sainte Messe, a souhaité que la parole d’unité et de communion puisse fleurir et se répandre dans ce monde qui en a tant besoin. Les racines du Mouvement en Indonésie À Yogyakarta aussi, Margaret et Jesús ont été accueillis par la communauté des Focolari, avec la danse traditionnelle de bienvenue. La rencontre a été un voyage dans la très riche culture et les traditions javanaises, et une occasion de découvrir les racines et le développement du Mouvement en Indonésie où, après plusieurs voyages depuis les Philippines à partir des années 80, le focolare est arrivé à Medan en 2004. Mais personne n’oubliera jamais 2006, l’année du terrible tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes et dont l’épicentre se trouvait sur l’île de Java, dans la région de Yogyakarta, où se trouve aujourd’hui le focolare. Bapak Totok, l’un des animateurs de la communauté locale, raconte comment le Mouvement des Focolari et les personnes du lieu se sont retroussé les manches pour aider à la construction de 22 “Pendopo” (centres communautaires, dans autant de villages) et d’un projet social. Ces centres ont été un signe de paix et d’unité, aussi entre personnes de confessions religieuses différentes. Université islamique Sunan Kalijaga : en dialogue pour promouvoir la fraternité Yogyakarta, 22 mai 2023 – Avec ses 20 000 étudiants, l’université “Sunan Kalijaga” est un important centre académique national d’études islamiques ; depuis 2005, elle compte également un Centre culturel pour le dialogue interreligieux. En présence de 160 étudiants, enseignants et membres de la communauté locale des Focolari, Margaret Karram, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont participé au Séminaire « En dialogue pour promouvoir la fraternité ». Un thème qui trouve une résonance toute particulière ici, où le dialogue “sort” des enceintes universitaires ou des forums d’étude, parce qu’il est à la fois le défi et le fondement de la société indonésienne. « La présence des responsables du Mouvement des Focolari est importante, explique le professeur Inayah Rohmaniyah, car elle nous permet de faire un pas de plus : ne pas regarder seulement l’Indonésie, mais devenir ensemble les bâtisseurs d’un monde renouvelé par les valeurs de fraternité que nous vivons, ici, aujourd’hui. » Les questions des étudiants se concentrent sur la stratégie de dialogue pour concilier diversités culturelles et religieuses, même dans des situations de conflit social. « Parfois, nous parlons beaucoup des difficultés et peu des richesses que ces diversités portent en elles », répond Antonio Salimbeni. « Nous sommes tout d’abord des êtres humains, des frères et des sœurs, c’est pourquoi il est important d’être ouverts, de comprendre la religion de l’autre à partir de son point de vue ; d’essayer de penser comme pense un musulman, comme pense un hindou, de voir le monde comme l’autre le voit. » Le voyage se conclut, mais un monde s’ouvre 45 jours de voyage, 5 pays visités, plusieurs milliers de personnes rencontrées – 1 500 rien qu’à la dernière étape indonésienne. Après avoir découvert des peuples et des cultures très différents, avoir constaté les défis mais aussi la vitalité de l’Église dans des pays où le christianisme est minoritaire, avoir vu le dialogue entre personnes de religions différentes – vécu au quotidien et capable d’apporter des réponses concrètes aux problèmes sociaux et économiques des peuples -, avoir partagé la vie des communautés des Focolari dans cette partie du monde, le premier voyage officiel en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán touche à sa fin. Il n’est pas facile de faire le point à chaud, mais la question arrive à point nommé. Margaret partage quelques impressions lors des derniers rendez-vous publics : « Je sens fortement que Dieu demande au Mouvement, en Asie en particulier, mais aussi dans le monde entier, de faire un pas important. Le dialogue doit devenir notre style de vie, notre façon d’agir à tout moment. Nous ne pouvons pas continuer comme avant, en regardant seulement notre Mouvement et en faisant nos activités. Le moment est venu de sortir, de travailler avec d’autres organisations, avec des personnes de différentes religions, comme cela se fait déjà ici. Alors dépêchons-nous, il n’y a pas de temps à perdre ! Ce voyage m’a confirmé une fois de plus que l’unité et la paix dans le monde sont possibles. Parfois, en regardant le monde d’aujourd’hui, avec ses guerres et ses injustices, j’ai douté. Mais dans tous les pays que nous avons visités, j’ai rencontré de nombreuses personnes engagées pour construire une société différente, pour jeter des ponts, même au prix de grands sacrifices. Ce sont elles qui m’ont donné la certitude qu’ensemble, nous pourrons faire la différence et apporter notre contribution. »
Stefania Tanesini
Mai 4, 2023 | Non classifié(e)
Le voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, se poursuit en direction des îles Fidji, après avoir achevé la deuxième étape sur le sol japonais. Voici quelques nouvelles de leur séjour au Japon. ありがとう Arigato Merci 思いやり Omoiyari Attention à l’autre 健康 Kenko Santé 平和 Heiwa Paix 美しさ Utsukushisa Beauté 正直 Shojiki” Honnêteté Selon une enquête de la chaîne de télévision nationale japonaise NHK, ce sont les six mots les plus appréciés des Japonais. Ils décrivent bien l’âme de ce peuple et la valeur qu’il accorde à l’harmonie dans la vie sociale et avec la nature. Et c’est dans la très riche culture du Japon que Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari avec la délégation du Centre du Mouvement se sont immergés, pour la deuxième étape de leur voyage en Asie de l’Est, du 25 avril au 2 mai 2023.
L’Église au Japon : recréer la communauté C’est l’archevêque de Tokyo, Mgr Tarcisius Isao Kikuchi, qui leur ouvre les portes du « Pays du Soleil levant » et décrit l’Église catholique locale comme « petite et silencieuse ». Le pays compte 536 000 chrétiens soit 0,4 % d’une population de 130 millions d’habitants, où les religions bouddhiste et shintoïste sont majoritaires ; mais il est difficile de déterminer laquelle est la plus importante, étant donné que de nombreux Japonais pratiquent les deux et qu’il y a donc une tendance à regrouper les éléments des différentes religions. Il a expliqué que le mode de vie actuel conduit à une désintégration de la famille, ce qui provoque chez les personnes solitude et aliénation. « Il est nécessaire de recréer la communauté, a-t-il dit, et le Focolare peut être une aide pour l’Église. Je vous encourage à faire connaître votre spiritualité avant tout aux évêques (il y en a 16 au Japon), afin qu’à travers eux elle arrive aux communautés. »
Avec la visite à Mgr Leo Boccardi, Nonce apostolique à Tokyo, l’échange s’est poursuivi : en Asie, les chrétiens ne sont que 2 %. Quel est donc leur rôle ? Le Nonce lui aussi a encouragé les Focolari à diffuser le charisme de la fraternité. « Au Japon, règne l’ordre, le respect entre les personnes, a-t-il expliqué, mais aussi beaucoup d’indifférence. La pandémie a laissé une plaie ouverte : nous devons rétablir les relations ». « J’ai vu l’Église naissante », écrivait déjà en 1959 Igino Giordani (Foco) – lorsqu’il s’était rendu à Tokyo à l’invitation des sœurs canossiennes -, saisissant le caractère sacré de l’histoire chrétienne de ce pays. Ce fut lui qui mit la première semence de la spiritualité de l’unité dans ce pays. Les focolares ne sont arrivés qu’en 1976 et 1977 et il y en a trois aujourd’hui, à Tokyo et Nagasaki, tandis que la communauté compte un millier de personnes disséminées sur les cinq îles principales de l’archipel japonais. Entre modernité, tradition et soif de spiritualité Huit jours, c’est bien peu pour connaître en profondeur l’âme d’un peuple, c’est pourquoi chaque rencontre, chaque échange a été précieux pour Margaret Karram et Jesús Morán, tout comme la visite à Tokyo de lieux, tels que le sanctuaire shintoïste Menji Jingu ou le quartier ultramoderne de Shimbuya. Le Japon montre ainsi son visage aux multiples facettes : c’est l’un des pays les plus avancés de la planète, tout en étant solidement ancré dans la tradition. La société est très homogène et privilégie le bien commun plutôt que l’individu. Le peuple est doté de sensibilité, de douceur et d’attention aux autres, d’une grande capacité de travail et de sens du devoir.
Les Japonais sont guidés par le « sentiment du cœur » qui sait saisir dans les faits concrets ce qui est essentiel. Et il est significatif que les premiers à rencontrer la Présidente et le Coprésident des Focolari aient été précisément les jeunes du Mouvement, les Gen. Avec eux, ils ont trouvé une belle harmonie, se racontant réciproquement, dans une atmosphère de simplicité et de famille. Une profondeur de relation et de communion qu’ils ont également expérimentée lors de leurs rencontres avec les focolarini et les volontaires. Jésuites et Focolari ensemble, signe d’espérance pour le monde Le 29 avril, l’université catholique de Tokyo, Sophia University, accueille le symposium très attendu : « Can we be a sign of hope for the world ? » (« Pouvons-nous être un signe d’espérance pour le monde ? ») auquel Margaret Karram et Jesús Morán ont été invités en tant qu’intervenants. Le séminaire propose une rencontre exceptionnelle entre deux charismes, celui “historique” de saint Ignace, qui a apporté le christianisme au Japon au XVIe siècle, et le charisme de Chiara Lubich. Au centre, les thèmes du dialogue et de l’unité dans un contexte social et religieux assoiffé de spiritualité. Les autres intervenants sont les Pères Renzo De Luca, provincial des Jésuites du Japon, Augustine Sali et Juan Haidar, enseignants de l’université. Des interventions ressort tout le potentiel de cette synergie. Margaret Karram ouvre le symposium, en disant que l’espérance est ce dont l’humanité a le plus besoin et qu’elle peut la retrouver si nous mettons en œuvre le dialogue sans jamais nous lasser, même avec ceux qui sont très différents de nous. Et elle conclut : « Les petits et grands efforts de dialogue que chacun de nous peut faire, de relations sincères et chaleureuses, sont la base solide sur laquelle construire un monde plus fraternel. » Le P. De Luca explique que le dialogue fait partie de l’ADN des chrétiens japonais depuis les origines. « Pendant les persécutions, ils n’ont pas répondu à la violence qu’ils recevaient par plus de violence, et c’est pourquoi les Papes les ont présentés au monde comme un modèle. » Le P. Sali réfléchit aux défis de l’Église japonaise face à la sécularisation, qui doit trouver de nouvelles voies de dialogue pour offrir la spiritualité chrétienne à la communauté mondiale. Et le Parcours synodal qu’a engagé l’Église catholique, explique Jesús dans son exposé, peut être une réponse, mais il ne l’est que s’il est animé par la communion. « Communion et synodalité conduisent naturellement à un nouvel élan dans le dialogue, qui est toujours plus nécessaire étant donnée la polarisation croissante des sociétés à tous les niveaux. » Le P. Haidar revient sur le thème de l’espérance et assure que « nous n’avons aucune raison de la perdre, parce que le bien est plus fort que le mal et que Dieu est toujours du côté du bien ». L’un des participants au symposium définit cette réflexion commune, Jésuites et Focolari, comme une « réaction chimique » qui peut produire une nouvelle vie. « J’ai compris que le dialogue exige du courage, de la persévérance et de la patience ; et surtout que c’est moi qui dois commencer. »
« Ouvrez votre coeur à tous », est la consigne de Margaret Karram à la communauté des Focolari « Nous sommes ici parce que nous voulons partager ce que nous avons reçu comme un don de Dieu », disent Natzumi et Masaki à l’ouverture de la rencontre de la communauté des Focolari au Japon, le même après-midi. Quelle joie et quelle émotion de se retrouver pour la première fois en présence, trois ans et demi, après la pandémie ! Les témoignages disent la grande fidélité à vivre l’Évangile au quotidien dans un contexte social souvent hostile, en raison de l’indifférence ou de la distance sociale. Une volontaire touche un point crucial pour tous les chrétiens au Japon : la difficulté de transmettre la foi, en particulier aux nouvelles générations. « Si tu vis la Parole – répond Jesús Morán- tu peux être sûre que tu transmets Jésus. Nous voudrions obtenir des résultats, mais cela n’intéresse pas Jésus parce qu’Il veut toucher les personnes avec Sa vie. Donnons-Lui tout, et Il recueillera ce qu’Il veut et comme Il le veut ». « Avez-vous un message pour la communauté des Focolari au Japon ? » Dernière question surprise pour la Présidente et le Coprésident: « Le message est le dialogue – répond Margaret Karram -. Je vous encourage à une nouvelle ouverture de cœur envers tous. Il est vrai que les chrétiens sont une minorité ici, mais notre vocation, en tant que membres des Focolari, est d’aller vers les autres avec courage et d’ouvrir de nouvelles voies pour construire la fraternité et un monde de paix ». « Notre spécificité est de vivre l’unité – continue Jesús Morán- c’est pourquoi chacun de nous est en pleine vocation. Nous sommes “sacrement de l’amour de Dieu” pour les autres, comme le dit Chiara. Que personne ne se sente seul, mais allez de l’avant ensemble, parce que la foi se vit ensemble. » En visite à la Rissho Kosei-kai : nous sommes une unique famille Le 1er mai, 42 ans après Chiara Lubich, Margaret Karram et la délégation des Focolari qui l’accompagne, entrent dans la grande salle sacrée du Centre de la Rissho Kosei-kai (RKK). Il est difficile de décrire la joie et l’émotion, qui se lisent sur tous les visages : joie des retrouvailles entre des frères et des sœurs qui, depuis de nombreuses années, cheminent ensemble. Une chaleur exprimée par le Président Nichiko Niwano et sa fille Kosho.
La Rissho Kosei-kai est un Mouvement bouddhiste laïc, fondé en 1938 par le révérend Nikkyo Niwano. Il compte environ un million de fidèles au Japon, avec des centres dans différents pays. Il est très actif dans la promotion de la paix et du bien-être, avec des actions humanitaires et de coopération. En 1979, Nikkyo Niwano rencontre Chiara pour la première fois. « J’ai rencontré une personne extraordinaire avec qui je peux vivre en communion », dira-t-il de Chiara. Depuis lors, la relation entre les deux Mouvements ne s’est jamais interrompue. « Nous sommes réunis aujourd’hui comme une unique grande famille – dit Margaret Karram dans le salut qu’elle adresse aux nombreuses personnes présentes et à celles qui ont suivi la cérémonie en ligne -, ce qui tient le plus à cœur à toute l’humanité est la valeur suprême de la paix. (…) Ensemble, nous pouvons être un signe d’espérance dans le monde ; ensemble, telle une seule famille, nos deux Mouvements peuvent être de petites lumières qui brillent dans la société, en vivant la compassion et l’amour, qui sont nos armes les plus puissantes. » « Aujourd’hui est une journée que nous n’oublierons pas – poursuit Nichiko Niwano – journée dont il faut être reconnaissants parce que nos Mouvements se rencontrent : ils sont frères et ont beaucoup en commun. » « C’est le dialogue entre nous qui nous rend tels – continue la fille Kosho, future successeur à la Présidence de la RKK – je remercie mon grand-père Nikkyo Niwano qui a fait du dialogue et de la rencontre le fondement de ma vie. » « Nous avons vécu une matinée de recueillement et de sacralité – a conclu Margaret Karram -, et j’emporte avec moi ce que j’ai appris grâce à vous : être toujours reconnaissante de ce que je reçois en don. Je renouvelle l’engagement des Focolari à aller de l’avant ensemble pour réaliser le rêve d’un monde meilleur. »
Stefania Tanesini
Fév 8, 2023 | Non classifié(e)
À une époque souvent dominée l’anxiété, où personne ne se sent jamais à la hauteur des attentes du monde, celui qui nous appelle à faire de grandes choses est un Père qui pose son regard sur nous comme au jour de la Création ; un Dieu qui regarde ce noyau indestructible de beauté qui est en chacun de nous et qui nous invite à garder les yeux ouverts sur les actions de ceux qui nous entourent avec le même amour qu’il a pour nous. Réparer le passé Mes parents ont divorcé quand j’étais petite et mon père a eu cinq femmes : de ces mariages, j’ai deux demi-frères et deux demi-sœurs. En outre, les parents de mon mari sont tous deux addict à l’alcool. Il y a quelques années, lors d’une grave épreuve dans la famille, mon mari et moi avons décidé de faire un effort pour ramener la sérénité parmi nos proches, comme pour redresser notre arbre généalogique. Depuis lors, grâce à la prière, à la créativité de l’amour, aux invitations à dîner, aux fêtes, nous constatons leur véritable “guérison”. Bien sûr, tout cela implique des efforts, des frais, mais la providence ne nous abandonne jamais. Par exemple, nous avions organisé une fête d’anniversaire pour une de mes demi-sœurs, mais au dernier moment, nous avons réalisé que nous avions pensé à tout sauf à un cadeau. Dieu a apporté une solution au problème par l’intermédiaire d’une voisine : elle avait acheté un beau chemisier pour sa fille, mais il s’est avéré être petit et elle pensait le proposer à notre fille. Voilà le cadeau tout trouvé pour ma soeur ! La taille et la couleur étaient parfaites : « Comment saviez-vous que je le voulais comme ça ? » (E.S. – République tchèque) Un regard neuf sur les choses Nous sommes des conjoints retraités. Il y a quatre ans, nos voisins ont oublié d’arrêter la pompe de leur jardin pendant la nuit. Résultat : notre rez-de-chaussée a été inondé, causant environ 9000 dollars de dégâts. Nous avons invité nos voisins à signaler les dégâts à leur compagnie d’assurance afin qu’ils puissent être indemnisés, mais ils ont refusé, de peur que cela augmente le coût annuel de leur assurance. Au début, j’ai eu envie de porter plainte, nous avions des témoins fiables. Mais ensuite, en parlant entre nous, ma femme et moi, nous avons décidé de leur pardonner. Au cours de ces quatre années, nous les avons toujours salués poliment, en échangeant quelques mots avec eux. Il y a deux jours, ils ont déménagé et, alors que les ouvriers chargeaient les meubles dans le camion, notre voisin a abordé ma femme : « Vous êtes des gens bien, alors que nous vous avons fait du mal. Je demande votre pardon. » Après ces mots, le monde nous a paru un peu plus beau. (T.C. – USA)
Publié sous la direction de Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, an IX – n⁰1 janvier-février 2023)