Mouvement des Focolari
Grève pour le climat

Grève pour le climat

Les Juniors pour un Monde Uni du Mouvement des Focolari et Prophetic Economy adhèrent à “FridaysForFuture”, l’initiative mondiale pour la protection de l’environnement lancée par Greta Thunberg. IMG 0086Ce matin, dans le jardin du Centre International du Mouvement des Focolari à Rocca di Papa (Italie), la présidente des Focolari, Maria Voce et le coprésident Jesús Morán ont planté un arbre (direct facebook de l’événement) pour soutenir l’initiative internationale #FridaysForFuture promue par Greta Thunberg, la suédoise de seize ans qui est devenue en peu de temps leader en matière d’écologie. Le monde a commencé à la remarquer quand, au début de l’année scolaire, à l’automne dernier, Greta a décidé de faire la grève de l’école tous les vendredis matin pour organiser un sit-in devant le Parlement de Stockholm. Son but était de protester contre l’incapacité des dirigeants politiques à adopter une position claire au sujet de toutes les questions relatives à l’environnement. Fin janvier, à Davos, en Suisse, elle s’est retrouvée dans le collimateur des médias mondiaux lorsqu’elle a pris la parole devant les grands noms de la planète au World Economic Forum (Forum Économique Mondial ): « Vous détruisez mon avenir, je ne veux pas que vous espériez, je veux vous voir en train de paniquer.» Les Juniors pour un Monde Uni (Mouvement des Focolari) et Prophetic Economy ont également décidé de se joindre à l’initiative internationale prévue aujourd’hui, vendredi 15 mars, pour demander avec force que les conventions internationales en matière de protection de la planète soient respectées, que l’on cesse de parler et qu’on agisse avec détermination. « Les prises de position de nombreux politiciens montrent que l’approche top-down (descendante) ne suffit pas , explique Luca Fiorani, coordinateur d‘EcoOne, le réseau international des opérateurs des Focolari dans le domaine de l’écologie et du développement durable. Les grandes conférences internationales sur le climat à l’ONU montrent qu’il est difficile de prendre des décisions communes pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est ainsi que des approches bottom-up (ascendantes) entrent en jeu, c’est-à-dire celles par lesquelles la population pousse les puissants à prendre des décisions efficaces pour éviter le changement climatique. L’initiative de ces jeunes est donc très importante, car ce sont eux qui en feront le plus les frais à l’avenir. Il est donc important que les enfants se mobilisent au niveau mondial et qu’ils fassent bouger les consciences . Si nous n’agissons pas maintenant, il sera peut-être trop tard dans 20 ou 30 ans. Même le pape François le rappelle souvent. Il suffit de lire sa lettre sur le Carême, centrée sur la conversion écologique : prier, jeûner, faire l’aumône, mais avec, en toile de fond, le souci de protéger la création ». Sans oublier que l’engagement des Juniors des Focolari en vue d’atteindre l’objectif “Faim Zéro”, va précisément dans le sens de l’initiative de Greta Thunberg.

Lorenzo Russo

Cardinal Ryłko : Chiara Lubich et la dimension prophétique de son charisme

Cardinal Ryłko : Chiara Lubich et la dimension prophétique de son charisme

Onze ans après la mort de la fondatrice des Focolari, beaucoup d’événements honorent sa mémoire dans le monde. A Rome, le Carinal Ryłko a célébré une messe en présence de Maria Voce et de Jesús Morán. En plus de la foule, du “peuple” de Chiara, de nombreuses autorités civiles et religieuses et des amis des Focolari y ont participé. Elle a été l’initiatrice de nouvelles formes de vie chrétienne, une femme totalement donnée à Dieu et avec une identité “mariale” profonde. C’est précisément pour cette raison que Dieu a déposé en elle un don pour l’Église et le monde : le charisme de l’unité. Telles sont, en résumé, les pierres angulaires de la vie de Chiara et du Mouvement des Focolari rappelées par le cardinal  Stanisław Ryłko, ancien Secrétaire, puis Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, lors de la Sainte Messe célébrée le 14 mars à Rome dans le plus ancien sanctuaire marial, la Basilique Sainte Marie Majeure, à l’occasion du onzième anniversaire de la mort de Chiara Lubich. EmmausEn plus de la présidente des Focolari, Maria Voce, du coprésident Jesús Morán et de la foule du “peuple de Chiara”, il y avait aussi des représentants des autorités civiles et religieuses, du monde diplomatique et de divers mouvements chrétiens : une assemblée variée, qui semblait rendre à Chiara le grand amour qu’elle avait pour l’humanité. “Combien de fois avez-vous entendu Chiara dire ces mots – se souvient le Cardinal Ryłko : “C’est l’amour qui compte. C’est l’amour qui fait avancer le monde, car si l’on a aussi une mission à accomplir, elle est d’autant plus féconde qu’elle est empreinte d’amour”. « Aujourd’hui, les défis que nous vivons personnellement et en tant que peuples ne sont pas moins importants que ceux auxquels Chiara a dû faire face quand elle a commencé – dit une jeune fille qui vient de rencontrer les Focolari. Rien n’est plus pertinent que son message d’unité aujourd’hui, sa vision d’un monde qui, dans sa diversité et ses contradictions, peut avancer uni même au milieu des polarisations qui semblent déchirer nos relations ». On pouvait saisir, à travers les propos du Cardinal Ryłko, son amitié fraternelle de plusieurs IMG 8750années avec la fondatrice des Focolari – « Nous avons parcouru ensemble un long chemin »- et une profonde connaissance du don que Dieu lui a fait. Dans la vie d’un Mouvement, la mémoire de ses origines est très importante, a-t-il souligné, car l’eau est toujours plus claire à la source, de sorte qu’au début un charisme se présente dans toute sa beauté fascinante et sa nouveauté. Et le Mouvement découvre mieux son identité. Votre identité la plus profonde est contenue dans le nom même de votre Mouvement : Œuvre de Marie. Une présence spéciale de Marie l’accompagne depuis ses débuts. Cette dimension mariale caractérise tout votre engagement missionnaire dans le monde. Le Pape François parle souvent d’un “style d’évangélisation mariale” comme étant celui qui convient le mieux à notre époque». Il a ensuite défini les Focolari comme une “nouvelle génération” d’hommes et de femmes, de jeunes, de nouvelles familles, tous amoureux de l’amour de Dieu et de l’idéal d’unité. print 2A la fin de la célébration, en remerciant toutes les personnes présentes, Maria Voce a annoncé l’ouverture le 7 décembre de l’année consacrée au centenaire de la naissance de Chiara Lubich. En effet, 2020 sera parsemée de nombreuses initiatives et manifestations de toutes sortes visant à “célébrer pour rencontrer” Chiara, comme l’affirme la devise du centenaire lui-même. “Nous voulons célébrer ce courant de vie nouvelle et universelle que le charisme de l’unité a introduit dans nos histoires personnelles et celles de nombreux peuples et cultures” – a annoncé la Présidente des Focolari. “Nous voulons le faire en donnant à des personnes du monde entier l’occasion de rencontrer Chiara aujourd’hui : la connaître en tant que personne et redécouvrir la pertinence de son charisme et de sa vision d’un monde vu comme une famille de peuples frères. Une vision à contre-courant en ce temps qui voit ressurgir particularismes et souverainismes. Je suis sûre que la rencontre personnelle et collective avec Chiara continuera à inspirer des personnes, des idées et des projets animés par l’esprit d’unité. Les célébrations commenceront à Trente, sa ville natale, le 7 décembre prochain, avec l’inauguration d’une grande exposition multimédia consacrée à Chiara, qui sera également proposée dans différentes capitales du monde. Tout au long de l’année, des groupes de pèlerins se rendront à Trente pour mieux connaître sa personne et son héritage spirituel. Toujours à Rome et dans ses environs, se tiendront au cours de l’année divers événements qui vous permettront de découvrir de l’intérieur la vie et l’œuvre de Chiara au quotidien, de la maison où elle a vécu à la chapelle où elle repose maintenant, au Centre du Mouvement.

Stefania Tanesini

Chiara, l’épouse de “Jésus abandonné”

Chiara, l’épouse de “Jésus abandonné”

Nous devons l’admettre : onze ans après sa mort et à la veille du centenairede sa naissance, en 2020, nous avons encore tout à découvrir sur Chiara Lubich. La meilleure façon de s’approcher au plus intime de son âme et de comprendre la surabondance de lumière, de joie et des fruits qui caractérise sa vie est de la considérer telle qu’elle voulait qu’on se souvienne d’elle, c’est-à-dire comme « l’épouse de Jésus abandonné », à savoir de Jésus qui sur la croix se sent abandonné même de Dieu. Elle l’a dit elle-même au cours d’une téléconférence téléphonique où, tous les mois, elle réunissait, en une seule famille mondiale, les nombreuses communautés des Focolari : « Je voudrais qu’on se souvienne de moi uniquement comme l’épouse de Jésus abandonné » [1] . Elle commentait : « Cette définition possible de ma vie (avec l’aide de Dieu) m’est apparue splendide, bien que très élevée et encore du domaine du “devoir être”. Pourtant je l’ai ressentie comme ma vocation ». L’histoire et l’Église diront si elle avait vu juste et si elle a atteint ce but ; mais beaucoup d’indices nous laissent à penser que ces « noces avec Jésus abandonné » sont le fil d’or qui passe dans la trame de sa vie et en explique la raison.

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Annemarie Baumgarten, aquarelle

Encore toute jeune, elle confiait à sa mère la prière qu’elle redisait à Jésus en son cœur : « Donne-moi d’éprouver un peu de ta souffrance, surtout celle de ton terrible abandon, afin que je sois plus proche de toi et plus semblable à toi qui, dans ton Amour infini, m’as choisie et m’as prise avec toi. » [2]. Lorsque, au cours de l’été 1949, Igino Giordani lui demande de pouvoir lui faire vœu d’obéissance, Chiara transforme son désir en une requête à Jésus eucharistie : établir en eux le rapport que Jésus veut. Il dit à Giordani : « Tu connais ma vie : je ne suis rien. Je veux vivre, en effet, comme Jésus abandonné, qui s’est totalement anéanti »[3] . Ce pacte, scellé en Jésus eucharistie, marque le début d’une période comblée d’une telle abondance de lumière que Chiara lui donnera le nom de Paradis 49. Lorsqu’à la fin de cette période, Giordani la convainc de quitter ce Ciel pour retourner dans la ville où l’humanité l’attendait, de son cœur jaillit la plus ardente déclaration d’amour : « J’ai un seul époux sur la terre : Jésus abandonné… ». En 1980, quand la pensée de la mort la préoccupait, elle a demandé à Jésus de lui donner un élan décisif pour bien terminer sa vie et Jésus lui a rappelé comme elle l’avait commencé : en ne voyant et en n’aimant que Lui, abandonné. Elle a eu l’impression que Jésus lui disait :« Sache qu’en tous ces siècles, en vingt siècles, c’est à toi que je me suis révélé Abandonné. ;si toi, tu ne m’aimes pas, qui m’aimera ? »[4]. Et lorsqu’en l’an 2000 elle a écrit un livre synthèse de toute sa vie, elle a mis en épigraphe : « Comme une lettre d’amourà Jésus abandonné ». Et elle a expliqué : « Je ne parviendrai certainement pas à exprimer tout ce que je ressens, ou devrais ressentir, envers celui pour l’amour duquel j’ai affirmé plusieurs fois que ma vie avait un second nom : gratitude. »[5] . Pendant des dizaines d’années, elle a reconnu le visage de son Époux dans ses souffrances personnelles et dans les pans de l’humanité les plus frappés par le mal, et elle s’est efforcée de le consoler. Enfin, au cours des trois dernières années de sa vie, elle a été tout entière unie à Jésus abandonné, dans une nuit obscure si profonde qu’elle l’a nommée « nuit de Dieu » : « Dieu était parti très loin. Lui aussi s’en est allé vers ‘l’horizon de la mer’. Nous l’avions suivi jusque-là, mais au-delà de la mer, derrière l’horizon, il tombe et on ne le voit plus.Voilà ce que l’on éprouve.Alors que l’on croyait que les nuits de l’esprit se terminaient avec l’étreinte de Jésus abandonné, dans cette nuit-là on se rend compte que l’on entre en Jésus abandonné »[6].

Michel Vandeleene

  [1] Âme-épouse. Pensée du 11.11.1999, in C. Lubich, Costruendo il “castello esteriore”(en construisant le château extérieur), CittàNuova, Roma 2002, p. 88. [2] C. Lubich, Lettre de décembre 1944, in Lettre des premiers temps, Paris 2010, p. 34. [3] C. Lubich, Paradiso ’49,in AA.VV., Il Patto del ’49 nell’esperienza di Chiara Lubich, (Le Pacte de 49 dans l’expérience de Chiara Lubich) Città Nuova, Roma 2012, p. 17. [4] C. Lubich, Conversation avec les focolarini dela Suisse, Baar, 13.11.1980, p. 3. [5] C. Lubich, Il Grido, Città Nuova, Roma 2000, p. 11.Traduit en français sous le titre : Le cri, Nouvelle Cité 2000, p. 1 et 14 [6] C. Lubich, Gesù Abbandonato (a cura di H. Blaumeiser), Città Nuova, Roma 2016, p. 152-153.

Le Brésil au-delà de la polarisation politico-idéologique/2

Le Brésil au-delà de la polarisation politico-idéologique/2

L’image d’un pays imprégné de conflits politiques et idéologiques, largement diffusée par les médias brésiliens en général, tend à masquer la réalité de ceux qui agissent pour le bien commun, en abordant les divergences d’opinion par le dialogue et des actions concrètes de solidarité. Bien que le Brésil soit marqué par une forte polarisation politico-idéologique, il cultive, le plus souvent en silence, les germes d’une société renouvelée ouverte au dialogue, à la solidarité, visant à construire des relations fraternelles, dans l’espace politique et socioculturel au sens large. Après avoir rappelé les initiatives mises en place par divers organismes, ecclésiaux et autres, pour promouvoir une réflexion politique fondée sur le dialogue – comprise comme une réponse à la demande croissante d’une nouvelle culture démocratique et participative – nous voulons maintenant souligner l’engagement de beaucoup de personnes dans le domaine de la solidarité et du volontariat. Souvent, en fait, l’action politique est guidée par un geste de solidarité envers ceux qui souffrent. Depuis 2016, lorsque le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro a commencé à retarder le paiement des salaires des fonctionnaires, outre la lutte devant les tribunaux et les nombreux actes politiques de protestation contre cette mesure, un réseau de solidarité s’est développé en faveur des travailleurs et de leurs familles qui souffraient le plus de cette situation. Les gestes se sont multipliés dans tout l’État, tant par les individus que par les communautés. Pour aider les familles dans le besoin, un certain nombre d’organisations se sont mobilisées pour collecter des ressources et mettre en place des paniers de nourriture de base, acheter des médicaments et satisfaire d’autres besoins fondamentaux. L’archidiocèse et d’autres diocèses catholiques de Rio de Janeiro, ainsi que d’autres Eglises et Unions chrétiennes, ont travaillé en collaboration avec le Mouvement Unifié des fonctionnaires d’État (Muspe). Une situation similaire a vu une quarantaine d’entités brésiliennes, religieuses et civiles, travailler ensemble pour accueillir des réfugiés, principalement en provenance du Venezuela. Certaines de ces entités mènent des actions d’urgence (fourniture de nourriture et de médicaments, soins médicaux et psychologiques), tandis que d’autres aident à obtenir une résidence au Brésil en ayant accès aux documents nécessaires, aux cours de portugais, au logement et au travail. Ces entités ont été particulièrement actives dans la région frontalière entre les deux pays, mais aussi dans d’autres régions où des familles de réfugiés ont été envoyées afin de leur offrir de meilleures possibilités d’emploi et de logement. De telles initiatives reflètent le désir de nombreux Brésiliens de « tendre la main » en permanence à ceux qui ont le plus besoin d’aide. C’est peut-être cette dynamique qui justifie les données de l’enquête « Autres formes de travail », menée en 2017 et récemment publiée par l’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE). Selon cette étude, 7,4 millions de personnes ont fait du bénévolat cette année-là, soit l’équivalent de 4,4 % de la population âgée de 14 ans ou plus. Par travail bénévole, on entend un travail non obligatoire, effectué au moins une heure par semaine, sans rémunération ni avantages en retour, par des personnes qui ne vivent pas dans la même famille que le volontaire et qui ne sont pas sa famille. Selon l’étude, le profil des volontaires au Brésil décrit principalement des femmes qui, avec les activités de volontariat, s’occupent du travail professionnel et domestique. Un autre exemple, qui vient du mouvement des Focolari, est celui de Milonga, un programme qui met en relation des organisations non gouvernementales à caractère social de sept pays avec des jeunes qui veulent intégrer leur formation humaine au volontariat en donnant de leur temps et de leur travail. En octobre 2018, 75 volontaires du projet ont travaillé dans 19 organisations au Brésil, en Argentine, en Bolivie, au Mexique, au Mexique, au Paraguay, au Venezuela, en Uruguay, au Kenya et en Jordanie. « J’ai appris que l’essence de la vie n’est pas d’avoir, mais d’être. Parfois, nous sommes remplis de beaucoup de choses, mais ce qui compte vraiment, ce sont celles qui restent dans l’éternité du moment présent », a déclaré Rarison Gomes, 30 ans, originaire de Manaus.  L’expérience du volontariat coïncide avec une participation croissante des jeunes brésiliens qui souhaitent passer de la réflexion politique à l’action. Un exemple significatif est l’expérience de la Coletivo Juventude Campo Cidade, née il y a plus de dix ans d’une conversation entre amis dans la ville de Poço Redondo, dans l’État de Sergipe, au nord-est du Brésil. Certains de ces jeunes étaient déjà actifs dans les mouvements sociaux de l’Alto Sertão Sergipano, comme on appelle la région. Motivés par le processus électoral de 2008, ces jeunes ont décidé de mettre en place un programme de formation politique pour les jeunes de la région. Bien que sans ressources et avec peu de soutien, le groupe a organisé un cours en 11 étapes d’une durée d’un an et demi. A l’origine du projet, il y avait une prise de conscience claire : il fallait être formé, connaître la réalité, assumer le leadership social dans la région. « Il y avait le sentiment de vouloir transformer la société et cela a mûri à chaque phase du cours », dit Damião Rodrigues Souza, l’un des créateurs de l’initiative. A la fin du premier cours, les jeunes ont conclu que l’expérience commencée là-bas devait être poursuivie sur la base de trois piliers : formation, organisation et lutte. Le dernier de ces piliers s’est concrétisé dans une série d’initiatives qui ont produit des résultats efficaces : l’installation d’un campus d’une université publique fédérale dans la région ; la construction d’un théâtre populaire d’une capacité de 200 personnes dans la ville de Poço Redondo (construit par les mêmes jeunes) ; l’octroi par le gouvernement fédéral d’un terrain, jusque-là inutilisable, destiné à la culture des produits biologiques par des jeunes. Bien qu’isolés et dispersés le long des plus de huit millions de kilomètres carrés du Brésil, ces exemples, et bien d’autres encore, de dialogue et de participation politiques, ainsi que d’actions concrètes pour construire une société juste et fraternelle, témoignent d’une image beaucoup plus saine que celle de la simple polarisation politique dans laquelle s’inscrit une grande partie de la société brésilienne. Pour les acteurs de ces actions, l’espoir réside dans la conviction que les exemples et les fruits concrets sont capables de capter les « disciples » et de renforcer ce rôle, fondamental pour unir les peuples pour le bien commun et au-delà des différences politiques et idéologiques.

Luís Henrique Marques

Brésil, au-delà de la polarisation politico-idéologique/1

Brésil, au-delà de la polarisation politico-idéologique/1

Un Brésil imprégné de conflits politiques et idéologiques est l’image qui risque de prévaloir dans le monde d’aujourd’hui, grâce aussi à la lecture des médias. Luís Henrique Marques, rédacteur en chef de la revue Cidade Nova, nous entraîne dans un voyage à travers la société brésilienne, à la découverte de la réalité, souvent inconnue, des nombreux acteurs du bien commun. A en juger par ce que les médias commerciaux révèlent quotidiennement, le Brésil semble plongé dans la polarisation politico-idéologique, comme c’est le cas dans d’autres régions du monde. Mais ce que les médias grand public ne montrent pas, c’est que la réalité brésilienne n’est pas seulement faite de différends politiques et idéologiques. La performance silencieuse de nombreux « pionniers » de cette démocratie encore jeune et inexpérimentée révèle qu’il existe un potentiel pour faire des relations politiques un espace de dialogue et un lieu de construction de la citoyenneté. La revue Cidade Nova est l’un des véhicules engagés pour révéler cette autre facette de la réalité brésilienne, encore assez timide, limitée à des faits isolés, mais qui, globalement, montre un Brésil dépassant la polarisation politico-idéologique. Espaces de dialogue Tout d’abord, nous devons reconnaître qu’en dépit de la crise créée par la polarisation des positions dans le débat politico-idéologique, de nombreux analystes ont tendance à regarder avec optimisme et espoir le scénario brésilien actuel. La raison principale en est que de nombreux citoyens brésiliens sont intéressés par la compréhension et la discussion des questions politiques et de l’administration publique, convaincus de la nécessité d’assumer leur rôle de citoyens, conscients et participatifs dans la « chose publique ». Les groupes dits de dialogue se sont multipliés et intensifiés, promus par les paroisses ou les groupes pastoraux de l’Église catholique, les groupes d’autres Églises chrétiennes et d’autres religions (y compris les initiatives œcuméniques et interreligieuses), les ONG, les collectifs et autres entités de la société civile. L’objectif est de promouvoir la réflexion politique par le dialogue et l’échange d’expériences, qui s’est intensifié en particulier au second semestre de 2018 après la période électorale. Ce sont de petites “îles”, mais elles reflètent le potentiel de participation démocratique des citoyens brésiliens. C’est le cas des groupes du Mouvement des Focolari dispersés dans différentes régions du Brésil. Motivés par un thème spécifique, des jeunes et des adultes de convictions religieuses et politiques et de conditions sociales différentes ont entamé un processus de confrontation sur le scénario politique actuel, ses obstacles et ses possibilités. Nombre de ces rencontres ont dépassé le cadre de la discussion sur le processus électoral et se sont ouvertes à des actions concrètes pour la promotion de politiques publiques qui favorisent la communauté locale. « L’Ecole de la citoyenneté », également promue par les Focolari, est un cours en ligne dont les thèmes répondent à la demande généralisée d’une nouvelle culture démocratique et participative. Le premier bloc de leçons portait sur le thème du dialogue. (www.focolares.org.br/escoladecidadania). Une autre initiative est le résultat de l’action conjointe de plusieurs organisations de la société civile brésilienne, dont le Mouvement politique pour l’unité (MPpU) : le « Pacte pour la démocratie ». L’initiative est née avec l’objectif d’affirmer le pluralisme, la tolérance et la coexistence avec la diversité dans l’espace public, et opère dans trois directions : réaffirmer le dialogue pour une confrontation vertueuse des idées ; défendre des élections propres qui peuvent représenter efficacement la citoyenneté et rétablir les bases de la confiance et de la légitimité du contexte politique ; réaliser une réforme politique globale au terme du processus électoral. Enfin, la traditionnelle Campagne de Fraternité, promue chaque année par la Conférence épiscopale du Brésil (CNBBB) pendant le Carême, est aussi un espace de dialogue et de promotion d’actions concrètes dans les communautés paroissiales sur les questions religieuses, culturelles, sociales, économiques et politiques de la société brésilienne. Pour cette année, la Campagne propose aux fidèles de réfléchir sur le thème « Politiques publiques et fraternité ». (voir suite)

Luís Henrique Marques