Mouvement des Focolari
Les jeunes et la légalité dans le sillage de “Sentiers pour un monde uni”

Les jeunes et la légalité dans le sillage de “Sentiers pour un monde uni”

Les Jeunes pour un monde uni des Focolari ont animé un camp sur la légalité à Bologne (Italie). Un espace de formation, de participation et d’actions sociales pour activer les processus de changement et de reconstruction du tissu social. 27175c27 fc40 4d3b 9de2 046783b520e4Du 20 au 28 juillet, une quarantaine de jeunes de presque toutes les régions d’Italie se sont retrouvés à Bologne pour animer un camp dans le but de s’engager concrètement pour les autres. Ils ont rencontré et travaillé avec des associations et des groupes qui s’engagent dans le social, comme l’intégration des immigrés et la lutte contre les jeux de hasard. Ils ont soutenu des centres d’été et de jeunesse, des cantines, cherchant ensemble des façons différentes et originales de faire les choses. Francesco Palmieri, l’un des organisateurs explique que “le camp est né d’une première expérience à Syracuse, il y a quelques années, qui a été couronnée de succès ; elle a été répétée à Rome et à Turin. Cette année, les jeunes ont identifié le district de Cyrénaïque à Bologne, un quartier multiethnique où la situation sociale est très complexe. Le camp était une expérience d’engagement civil qui partait des jeunes pour d’autres jeunes comme nous, pour répondre à une question: pouvons-nous faire quelque chose? Nous avons donc parlé d’engagement personnel, même lors des moments de formation avec divers experts, magistrats, professeurs d’université, bénévoles, prêtres et laïcs engagés en première ligne dans le domaine civil. Le thème de la légalité refaisait surface, décliné sous plusieurs aspects, tels que l’accueil des migrants, la lutte contre les mafias et les jeux de hasard. Cette expérience du camp nous a enrichi et nous sommes rentrés chez nous avec beaucoup de réponses et de questions que nous ne nous étions jamais posées”. Parmi les experts présents figurait la Professeur Adriana Cosseddu, responsable du réseau international Communion et Droit. Nous l’avons interrogée : En 2018, les jeunes des Focolari ont lancé les “Sentiers pour un monde uni“, six parcours vers un monde uni avec des actions et des contenus sur six thèmes majeurs. Le premier approfondissait l’économie, la communion et le travail, le second, cette année, vise à approfondir les droits de l’homme, la justice, la légalité et la paix. Quels sont les objectifs ? “Dans ces parcours, les jeunes et les communautés des Focolari dans le monde s’engagent comme protagonistes à faire de l’humanité une famille. Les chemins sont nombreux et nous en avons choisi quatre cette année: ouvrir les portes au dialogue et à l’accueil pour que les droits de l’homme soient reconnus et appliqués. Travailler de toutes nos forces pour la paix, afin que nous arrivions à surmonter la logique du conflit par celle de la rencontre, afin que la paix soit universellement poursuivie comme droit de l’humanité. Mais pour obtenir une paix authentique, il faut exercer la justice, la gardienne des relations qui sont à la base de notre coexistence. Et c’est là l’importance de la légalité, qui exige aussi, par des normes et des comportements, l’activation de processus capables de briser la logique du profit et du privilège, de la corruption généralisée, pour promouvoir l’impartialité et l’équitéˮ. 74cbcf7b 3e5a 4fbb 8ff5 8ecbc7ec1ec1Quel est le « plus » que le charisme de l’unité apporte au droit ? “Le charisme de l’unité engendre un regard nouveau sur l’autre : l’autre n’est plus l’étranger ou l’ennemi dont je dois me défendre mais il est un don pour moi dans la richesse de sa diversité. La réciprocité dans le droit se traduit en droits et devoirs et devient par le “plus” que l’amour mutuel un appel à la responsabilité envers l’autre dont je dois prendre soin. Ainsi, si aujourd’hui le droit tend à protéger les droits des individus, l’horizon que Chiara Lubich nous a ouvert est celui d’un droit “instrumentˮ de communion. Et la communion indique un objectif: travailler afin que les concrètes relations humaines concrètes, même celles qui se déroulent sous le signe du droit, aident les parties concernées à se dépasser et à se reconnaître mutuellement, dans leur dignité respective et selon une liberté responsable, à s’ouvrir à la collaboration. C’est ainsi que des fragments de fraternité sont générésˮ. Prochaine étape du parcours :

  • Séminaire international “ Des droits de l’homme au droit à la paix : en route avec l’humanitéˮ, organisé par le réseau international “Communion et droitˮ à Loppiano (Italie), du 19 au 21 septembre 2019.

 

Le “Temps de la Création”

Le “Temps de la Création”

Avec la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, le 1er septembre marquera le début d’un mois riche en initiatives pour la protection de l’environnement et plus encore. Entretien avec Cecilia Dall’Oglio qui travaille au service du Global Catholic ClimateMovement. Qu’est-ce que les questions environnementales et l’œcuménisme ont en commun ? Beaucoup, voire énormément de choses si l’on considère qu’en 1989, c’est le patriarche de l’Église orthodoxe de Constantinople, Dimitrios, qui a donné l’impulsion décisive aux différentes Églises chrétiennes pour déclarer conjointement le 1er septembre Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création. Cet anniversaire s’inscrit cette année dans une année riche en actions mondiales pour le climat, grâce aussi au coup d’accélérateur de millions de jeunes qui, avec GretaThunberg, se sont mobilisés, ont secoué les consciences et interpellé les parlements. « Non seulement les individus, mais aussi nos communautés devraient s’interroger sur le caractère durable de leurs activités au regard de la protection de la nature », déclare Luca Fiorani, physicien et coordinateur international d’EcoOne, un mouvement culturel en faveur de l’environnement, inspiré par la spiritualité des Focolari. « Et pour commencer à changer de mentalité et adopter un mode de vie écologique, il faut d’abord s’informer. Je me fais de la publicité : je viens de publier un petit livre de moins de 80 pages : “Le rêve (fou) de François. Petit manuel (scientifique) d’écologie intégrale”. Je conduis le lecteur par la main à travers les mots-clés de l’encyclique Laudato Si’, les résultats récents des négociations internationales sur le changement climatique et les données scientifiques les plus récentes sur l’état de santé de notre planète ». Luca Fiorani explique également qu’EcoOne collabore avec le Global Catholic ClimateMovement depuis une dizaine d’années. Cecilia Dall’Oglio est responsable des programmes de cette organisation et nous lui avons posé quelques questions. – Quelles sont vos motivations personnelles pour vous engager en faveur de l’environnement ? Le désir de ne pas abandonner mes frères et sœurs dans le monde qui souffrent pour les mêmes raisons que notre mère la Terre. Le désir de donner ma contribution pour que d’autres puissent faire l’expérience directe de la rencontre, que j’ai pu avoir, avec des témoins d’espérance, d’une Église vivante engagée pour la justice sociale. Dans Laudato si’, le Pape François nous rappelle qu’ « il n’y a pas deux crises différentes, environnementale et sociale, mais une seule crise sociale et environnementale à laquelle il faut faire face avec « une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre leur dignité aux exclus et en même temps pour prendre soin de la nature » (LS 139). Depuis plus de vingt ans, je travaille avec la FOCSIV pour coordonner les campagnes en faveur de la justice sociale avec les bureaux de la CEI et les associations catholiques et je voudrais évoquer tout particulièrement le souvenir de notre cher Marco Aquini du Mouvement des Focolari. Cette annonce, cette résistance active, doit être vraiment efficace et libérer les pauvres qui crient et c’est pourquoi je suis heureuse de relever ce défi actuel au service du Global Catholic ClimateMovement, dont le mouvement des Focolari est un membre actif. – Quel est le “plus” que la foi peut apporter au mouvement environnemental ? La foi est fondamentale pour contribuer, dans le domaine de l’environnement, à l’approche d’une écologie intégrale. La conversion écologique et l’adoption de nouveaux styles de vie sont proposées pour vivre une joie pleine, cette “sobriété heureuse” dont parle aussi l’Instrumentumlaboris du Synode spécial de l’Amazonie, la plénitude de la vie, la vraie liberté. Tous les chrétiens sont appelés à être les gardiens de la création de Dieu parce que « vivre la vocation de gardiens de l’œuvre de Dieu est un facteur essentiel pour mener une vie vertueuse, ce n’est pas une option, ni  même un aspect secondaire de l’expérience chrétienne” (LS 217). Le Mouvement Catholique Mondial pour le Climat a été créé en 2015 pour aider les communautés catholiques du monde entier à répondre à l’appel urgent du Pape François dans  Laudato Si par une conversion écologique à un niveau spirituel qui conduit à des styles de vie renouvelés et à la participation conjointe des catholiques aux mobilisations pour la justice climatique. – Qu’est-ce que le “Temps de la Création” et que peut faire chacun de nous pour y adhérer ? season of creation 2017Le Temps de la Création est un “temps favorable”, un Kairos, pendant lequel on prie et on agit pour le soin de notre maison commune. Il a lieu chaque année du 1er septembre, Journée mondiale de prière pour la protection de la création, au 4 octobre, fête de saint François, et est célébré par des milliers de chrétiens dans le monde. Le thème de cette année, “Le Réseau de la vie : la biodiversité comme don de Dieu”, est étroitement lié au Synode des évêques de la région panamazoniennequi se tiendra en octobre prochain. Des milliers de chrétiens dans le monde entier célèbrent le Temps de la Création en organisant des événements. Le guide de célébration et d’autres outils en plusieurs langues sont disponibles sur le siteTime of Creation. Grâce au thème choisi pour les célébrations, les événements nous rapprocheront de nos frères et sœurs d’Amazonie et de tous ceux qui souffrent de la “mentalité extractiviste” qui détruit non seulement l’Amazonie mais toute la Création, ils sont donc un signe clair de communion ecclésiale et de soutien dans le chemin de l’Église vers le Synode.

Stefania Tanesini

Vivre avec un grand “V”

Vivre avec un grand “V”

Dans le jargon international, les « expats » sont les expatriés qui ont trouvé du travail et ont gagné leur vie à l’étranger. Chacun a ses propres raisons, sa propre histoire. Mitty est italienne ; elle fait des recherches sur les biocapteurs de glucose dans une université japonaise et elle vit au focolare de Tokyo. “Aujourd’hui, la technologie a un pouvoir énorme dans tous les domaines, y compris les soins de santé. Je me sens appelée à travailler dans ce domaine pour aider à orienter la recherche technique en fonction de choix éthiques et non commerciaux.  Parfois, c’est nous, ingénieurs biomédicaux, qui inventons des choses qui font de l’homme un robot, des choses qui ne servent pas sa santé”. Il n’y a aucun doute : Maria-Antonietta Casulli, Mitty pour tous, a les idées claires. Elle étudie l’ingénierie biomédicale en Italie, elle s’installe pour sa thèse en Suisse, à la prestigieuse Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) où elle obtient un doctorat de recherche. Toutes les conditions pour une carrière promettante sont donc réunies : un bon salaire, une belle maison avec vue sur le lac Léman, d’excellents amis. Que pouvait-elle désirer de plus ? “Et pourtant – dit Mitty – quelque chose ne tournait pas rond: nous étions en 2013 ; nous étions au beau milieu d’une crise économique et moi, j’avais une vie parfaite. Mais au-delà des Alpes, en Italie, beaucoup de mes amis risquaient de tomber en dépression car ils ne trouvaient pas de travail et moi, je ne voulais pas m’isoler dans une vie de carrière et d’argent. J’ai reçu le coup de grâce lors d’un voyage aux Philippines où je me suis retrouvée au milieu d’un des typhons les plus puissants et les plus dévastateurs au monde : le typhon Yolanda. Le contraste que j’ai ressenti était énorme : ce peuple philippin n’avait rien de ce que mes amis et moi avions, mais il vivait avec un grand “V” ; sa vie était pleine, riche en relations et d’une grande dignité. Paradoxalement, cela m’a semblé être le remède à la crise que traversait mon continent, l’Europe : ce n’était pas seulement une crise économique, c’était bien plus : le vide des valeurs fondamentales de la vie”. Après ce voyage, Mitty ne revient pas en Suisse parce qu’elle sent qu’elle doit redonner à Dieu la vie pleine qu’il lui a donnée.  Ainsi, après une période à l’école de formation des focolarini, elle est au Japon depuis deux ans, où elle vit au focolare de Tokyo. L’étude de la langue l’a absorbée et elle était donc absente du monde du travail depuis cinq ans. Aurait-elle pu reprendre la recherche, surtout dans une société comme la société japonaise ? “Alors que je me posais ces questions, un ami de passage me parle d’un professeur japonais, catholique, d’une université de Tokyo qui fait de la recherche justement sur les biocapteurs du glucose: mon sujet de diplôme!” Comme les probabilités de trouver quelqu’un au Japon qui travaille dans les mêmes études sont à peu près nulles, Mitty comprend que Dieu est à l’œuvre dans sa vie et qu’Il continuera à lui en donner continuellement la preuve. Le professeur lui offre la possibilité de faire le doctorat mais il reste encore un problème: “Au Japon, je n’aurais jamais eu un salaire comme en Suisse, au contraire, j’aurais même dû le payer”. 61549481 685107555261622 2228868463600861184 oLà aussi, la réponse de Dieu est surprenante. Presque par hasard, Mitty se retrouve en train d’interviewer six managers de différentes entreprises japonaises: une situation plutôt difficile pour une jeune femme étrangère. “J’ai senti que Dieu était avec moi et qu’en fin de compte, ils étaient tous des personnes à aimer. Cela a changé ma façon de présenter le projet et de les écouter lors des différentes interventions. Pendant une heure, je leur ai parlé de mon projet mais dans l’heure suivante, j’ai répondu à leurs questions sur mon choix de vie comme focolarine et de la raison pour laquelle j’étais au Japon. J’ai reçu 100% des financements pour le projet et je dois dire que j’ai vu la puissance de Dieu faire son chemin dans cette culture et cet environnement dans un monde que je n’aurais jamais imaginé. Moins de deux mois après le début de mon doctorat, mon ancien professeur suisse est venu à Tokyo et nous avons pu organiser un séminaire dans ma nouvelle université. Au dîner, en regardant les deux professeurs parler ensemble, j’ai eu l’impression de comprendre ce que Dieu veut de moi maintenant. Non seulement je suis là pour la recherche, mais là aussi pour construire des ponts : entre les universités et les entreprises, entre l’Orient et l’Occident. C’est à moi de continuer à être toute de Dieu”.

Stefania Tanesini

Maria Voce: un pacte pour la fraternité entre les peuples

Maria Voce: un pacte pour la fraternité entre les peuples

A la conclusion de la Mariapolis européenne, Maria Voce remet à l’honneur la valeur et l’actualité du pacte mondial pour la fraternité scellé il y a soixante ans. Nous reportons plus bas l’intégralité des propos de la Présidente des Focolari. cq5dam.thumbnail.cropped.1000.563« Si un jour les hommes apprennent – non pas en tant qu’individus mais en tant que peuples, si un jour donc, les peuples acceptent de faire passer à la deuxième place eux-mêmes, l’idée qu’ils ont de leurs patries, de leurs royaumes, pour les offrir au Seigneur comme un encens, (…) s’ils font cela à cause de l’amour réciproque que Dieu demande entre États comme il le demande entre frères, ce jour-là marquera le début d’une ère nouvelle ; parce ce que, ce jour-là, Jésus sera vivant et présent entre les peuples, exactement comme il est vivant et présent entre deux personnes qui s’aiment en Christ (…). »* Nous sommes le 30 août 1959 et, par ces mots, Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, esquisse le rêve d’unité entre tous les peuples, qui deviendra la mission confiée par Dieu au Mouvement naissant, pour l’humanité. Alors que les échos de la Seconde Guerre mondiale, avec ses poisons et ses blessures, résonnent encore, des milliers d’hommes et de femmes de 27 pays différents, représentant tous les continents, font un pacte d’unité entre eux. C’est le 22 août, jour où l’Eglise catholique célèbre Marie Reine et nous sommes à la fin de la Mariapolis, dans la vallée de Primiero. A distance de 60 ans, le 10 août dernier, la Mariapolis européenne, conclue depuis peu à Tonadico, a voulu célébrer cet anniversaire et relancer la valeur et l’actualité de ce pacte pour la fraternité entre les peuples. Nous reportons à présent les propos tenus par Maria Voce à cette occasion. « Il y a soixante ans, en ces lieux, des parlementaires de différents pays se sont unis dans une prière de consécration à Marie de leur peuple et de tous les peuples de la Terre. Chacun apportait avec lui les raisons et les espoirs de son peuple et devait y répondre, de façon responsable, par des choix politiques appropriés.Ils étaient confrontés à des défis majeurs, à une époque marquée par des conflits idéologiques qui polarisaient le monde en blocs opposés et constituaient une menace pour la paix. Il y avait, après la guerre, des villes à reconstruire et des communautés à faire redémarrer, en encourageant le développement économique, en garantissant la légalité et en assurant les services aux citoyens.Il s’agissait de problèmes urgents auxquels il fallait répondre avec compétence politique et passion civique. Et pourtant, ces hommes politiques ne se sont pas réunis en table ronde, ils n’ont pas organisé de sommet international, mais ils ont prié pour l’unité des peuples. Ce fut un choix inhabituel, certes, mais plein d’avenir. Ce qu’on demande à la politique, c’est d’agir avec compétence et responsabilité, d’être honnête et cohérente, de faire preuve de passion et de courage. Mais la valeur qui qualifie le plus l’action politique est la clairvoyance, c’est-à-dire la capacité de porter le regard au-delà, plus loin, pour planifier les aménagements futurs de la société et en favoriser la croissance. Oui, en temps de crise et de reconstruction, il peut être important de décrypter le changement et entrevoir l’avenir peut faire la différence. Et plus on sait voir loin, plus l’action a une efficacité et un effet de transformation dans le présent. Ces personnalités politiques qui, il y a soixante ans, demandèrent à Dieu le don de l’unité et décidèrent de s’engager pour sa réalisation, ont su regarder très loin. De leur adhésion au charisme de Chiara Lubich, ils tirèrent un grand enseignement : le destin du cosmos est l’unité. Ils n’ont pas reçu un éclairage purement intellectuel, car l’unité était le mode de vie et la norme de la Mariapolis : on en faisait l’expérience dans les petits, dans les grands gestes et dans les choix du quotidien. L’unité vécue dans le Mouvement naissant diffusait une lumière particulière sur les relations sociales que chacun était appelé à vivre, quelles que soient les circonstances dans lesquelles il se trouvait. L’unité se présente toujours, à chaque époque, comme une manière nouvelle et révolutionnaire de concevoir la vie et le monde. Ce n’est pas simplement un idéal comme tant d’autres ; en effet, elle jaillit de la prière même que Jésus a adressée au Père lorsque, levant les yeux vers le ciel, il pria pour ‘que tous soient un’.L’histoire humaine prend forme et signification à partir de cette invocation. Et ce n’est pas un hasard si l’un des premiers hommes politiques à suivre Chiara Lubich fut le parlementaire Igino Giordani, qui accueillit l’idéal de l’unité en l’interprétant avec cette expression significative : “L’histoire est un cinquième Evangile”,car elle montre la réalisation constante et progressive de la prière de Jésus, et donc du dessein de Dieu sur la Création. Tout est en marche vers l’unité : cela signifie que les changements sociaux qui peuvent transformer positivement le présent sont ceux qui accompagnent les citoyens, les associations, les États vers un monde plus cohérent et solidaire. Ce qui soutient la coopération, la paix, le rapprochement des communautés et des groupes, est en phase avec le progrès authentique et fonde le développement. En d’autres termes, si l’on veut faire le bien de son peuple, il faut s’occuper du bien des autres. C’est pourquoi, sur les ailes d’un message prophétique toujours actuel, Chiara Lubich a continué à diffuser le message d’unité, en s’adressant aux politiques et à tous les citoyens engagés dans le social, les exhortant à « aimer le parti des autres comme le leur »,à « aimer le pays des autres comme le leur ». Les défis actuels ne sont pas moins urgents que ceux d’il y a soixante ans. Au contraire, la nécessité d’œuvrer pour l’unité des peuples est encore plus évidente aujourd’hui. Les processus mondiaux en cours montrent l’interdépendance planétaire des États, des nations et des communautés. Il est de plus en plus évident qu’il existe une destinée commune à tous les peuples de la Terre, et que les grands thèmes d’actualité touchent des questions vitales pour tous : la protection de l’environnement, les anciennes et les nouvelles pauvretés, les conflits invisibles et les guerres proclamées, les migrations à une échelle mondiale (souvent le fruit précisément de la pauvreté, des guerres et des changements climatiques). La redistribution des richesses, l’accès aux ressources naturelles, la reconnaissance des droits de l’homme. Ce sont des questions qui traversent les différences culturelles, civiles et politiques. De ce fait, elles mettent les peuples dans un circuit constant de confrontation, afin de faire mûrir des processus d’intégration politique et de convergence décisionnelle Oui, aujourd’hui, le devenir de l’humanité appelle, haut et fort, l’unité. Le Mouvement des Focolari répond à cette invocation en encourageant le dialogue entre les différents partis politiques (par exemple avec le Mouvement Politique pour l’Unité), en promouvant la communion des biens et la culture du don (avec l’Economie de Communion), en approfondissant la doctrine de l’unité (par exemple avec l’Institut Universitaire Sophia), en donnant une impulsion à l’unité dans les lieux d’engagement professionnel et social, et par de nombreuses autres initiatives spécifiques (par l’intermédiaire d’Humanité Nouvelle). Aujourd’hui encore, comme il y a soixante ans, nous pouvons prier Dieu pour l’unité entre les peuples de la Terre. Mon souhait est que cette prière soit accompagnée de l’engagement renouvelé – tant au niveau personnel que communautaire -, à vivre pour le monde uni. Nous diffuserons les semences du changement qui sont nécessaires pour transformer le présent et pour écrire des pages toujours nouvelles de l’histoire de la famille humaine en marche vers l’unité. »     (*)http://www.centrochiaralubich.org/it/documenti/scritti/4-scritto-it/183-maria-regina-del-mondo.html

Le Mouvement politique pour l’unité à Moscou

Le Mouvement politique pour l’unité à Moscou

La Douma, le Parlement russe, a invité des membres des Parlements et des experts pour une discussion sur le développement des systèmes parlementaires. Letizia De Torre , présidente du MPPU a participé. ‘’Il est important de cheminer ensemble avec celui qui, dans le monde, d’une quelconque manière, tente le changement. Nous tous, comme personnes et comme peuples, nous sommes appelés à l’unité et nous devons faire venir à la lumière chaque pas positif’’. C’est cela, la première impression à chaud, de Letizia De Torre, ex-députée au Parlement italien et Présidente du Centre international du Mouvement politique pour l’unité (MPPU) qui du 30 juin au 3 juillet dernier a participé au Forum ‘’Development Of Parliamentarism’’, sur le développement des systèmes parlementaires. Elle a proposé une co-gouvernance, c’est-à-dire l’idée d’une coresponsabilité entre les institutions et la société civile dans le gouvernement des villes et dans les relations internationales. Une idée qui était au centre du congrès qui a eu lieu en janvier dernier à Castelgandolfo (Rome, Italie), reproposée à différents niveaux et dans différents pays et qui connaîtra un second événement semblable à haut niveau au Brésil en 20121. 1 2627Comment la co-gouvernance est-elle arrivée à Moscou ? Le Secrétaire Général et l’Advisor de la IAO (Interparliamentary Assembly on Othodoxy), http://eiao.org/home english iao , – réseau de parlementaires orthodoxes, également russes, avec lesquels nous collaborons – sont intervenus à Rome, à l’événement CO-Gouvernance 2019. Ils ont trouvé l’idée intéressante et ont fait en sorte que le Mppu soit invité au Forum – http://duma.gov.ru/en/international/forum english/ .Je dois dire que c’est seulement en arrivant à Moscou que j’en ai réellement compris la raison. En effet, on peut en être surpris : le système institutionnel russe est défini avec des expressions telles que : ‘’Démocratie contrôlée’’, ‘’centralisme’’, ‘’ambivalence entre modernisation et traditionalisme’’, tandis que la co-gouvernance comporte coresponsabilité, participation diffusée, relations novatrices entre politiques et citoyens… En effet, et c’est symptomatique du changement d’époque que nous sommes en train de vivre. Un changement est demandé à la politique. Les citoyens n’ont plus confiance et Internet nous a catapultés dans un monde différent de la rigidité des palais de la politique. Beaucoup de parlementaires cherchent des voies nouvelles et Co-gouvernance exprime l’idée d’une relation intense entre les politiques et les citoyens, d’une coresponsabilité de gouvernement à tous les niveaux, sans peur pour cette époque aussi complexe. lU1cIzgW6WtH9ii0AO28fAWAXJwdrbU9Comment votre proposition a-t-elle été accueillie ? L’idée de la collaboration est en train de mûrir dans toutes les sociétés, la déclaration finale du Forum va aussi dans cette direction. Mais ce qui a été accueilli avec surprise, c’est la logique politique sous-jacente : ‘’Agis vis-à-vis de l’autre État, vis-à-vis de chaque ‘autre que toi’, comme tu voudrais que ce soit fait à toi’’. Cette attitude révolutionne la politique, elle lui confère le nouveau rôle nécessaire aujourd’hui : celui de facilitateur de la collaboration entre tous. Qu’emporte -t-il avec lui, le Mppu, de cette présence officielle en Russie ? J’ai avant tout ressenti un changement au niveau personnel. Le peuple russe est merveilleux, l’accueil attentif ; Moscou est très belle, riche en histoire, efficace, tu ne peux pas te l’enlever du cœur. Dans ce sens-là, il est facile de se sentir être des peuples frères. Mais approcher le système politique d’un autre pays, c’est autre chose. J’ai ‘’atterri’’ dans une culture politique très différente et je craignais ne pas la comprendre. Aux premières difficultés, je me suis retrouvée comme à un carrefour : me distinguer ou bien mettre en pratique ‘’la méthode’’ qui m’a un jour fascinée : j’ai fait consciemment le choix d’aimer la Russie avec la même mesure avec laquelle j’aime mon pays. Tu n’aimes pas ton pays parce qu’il est parfait : tu l’aimes et puis c’est tout ; tu te réjouis et tu souffres avec lui et pour lui pour les bons comme pour les mauvais jours. C’est ainsi que j’ai commencé à comprendre la Russie d’aujourd’hui, à regarder le monde de son point de vue, aussi à être atteinte par les jugements négatifs qu’elle reçoit, souvent instrumentalisés dans la course à la suprématie géopolitique. J’ai apprécié l’intention de ‘’soft power’’ de ce Forum, avec lequel il me semble que la Russie tente de conquérir la confiance d’autres États, en les approchant avec plus de dignité et de respect. Je me suis retrouvée davantage ouverte à accueillir, par exemple, la volonté d’unité entre les deux Corée de la députée nord coréenne ; l’engagement à chercher ‘’partnership’’ et non dépendance d’un parlementaire du Ghana ; l’espérance de la délégation syrienne ; la question du parlementaire libanais ‘’Mais pourquoi nous entre-tuons-nous ?’’, qui concluait avec la force qui venait de sa foi orthodoxe :’’Dieu ne veut pas de cela !’’.

Stefania Tanesini