Mouvement des Focolari
Ce que je ne t’ai pas dit

Ce que je ne t’ai pas dit

Federico_de_Rosa

Federico avec son père

“Je rêve souvent et beaucoup. Un rêve récurrent est une journée ensoleillée durant laquelle mes sentiments et mes pensées se transforment en une source de paroles pour tous mes amis. Ça doit être beau de pouvoir parler!” Federico ne parle pas, même s’il sait que la communication ne passe pas seulement par le langage. Les premiers symptômes sont observés déjà autour de son premier anniversaire. Plus il grandit, plus sa capacité d’interaction avec la réalité diminue. À trois ans, le diagnostic est posé. Il est totalement incapable de communiquer. Il a une des plus sévères formes du Trouble envahissant du développement, un trouble très grave, imputable à l’univers vaste et bigarré de l’autisme. À 8 ans, survient un fait qui change la trajectoire de son manque de communication. Il apprend à écrire avec l’ordinateur et peut finalement taper ses premiers mots, émotions, sentiments. Le mur de silence, avec ceux qu’il appelle les “neurotypiques”, est brisé. En août 2002, la famille est en vacances à Palinuro. Federico a toujours exprimé quelques mots, de brèves phrases, mais intenses. “Maman, qu’est-ce que j’ai?” “Pourquoi moi?” Et il écrit sur son ordinateur le mot ‘autisme’. Il en est parfaitement conscient. Le 20 février 2010, il écrit à son ami Gabriele: “J’ai besoin que vous m’aidiez à sortir de ma prison. Tu vois, je suis très seul, parce que ne pas réussir à communiquer oralement est une sérieuse limitation. Je ne comprends pas comment vous faites, vous les non-autistes, pour trouver dans votre tête tous ces mots en vol, aussi justes, pour les dire aussi rapidement et aussi avec des expressions du visage qui expriment ce que vous voulez communiquer. Pour vous, c’est normal, mais, pour moi, c’est un miracle. Je réussis à écrire difficilement une lettre à la fois et seulement si papa est près de moi.” Quello_che_non_ho_dettoMaintenant qu’il sait écrire, son estime de soi grandit, au point de publier un livre Ce que je n’ai jamais dit où, pour la première fois, nous pouvons observer le point de vue d’un jeune qui explique son syndrome avec des observations rares et précieuses. Il sort ainsi de son isolement, il éprouve finalement la joie de partager ses émotions, il conclut avec succès ses études jusqu’à atteindre la Maturité scientifique. Encore aujourd’hui, Federico ne dit presque rien. Je vous assure – écrit-il – que je suis presque incapable de m’exprimer verbalement, je parle avec des mots uniques, rarement avec une petite phrase. Je sais écrire à la main seulement en caractères d’imprimerie, très grand et irrégulièrement. C’est grâce à l’ordinateur qu’il joue pour la première fois avec un ami, qu’il se présente à ses camarades de l’école primaire et que, des années après, il participe “activement” aux réunions du groupe de confirmation. “Petit à petit – raconte-t-il – mon ordinateur portable est devenu un compagnon inséparable. Avec mon ordinateur et avec le soutien d’une personne préparée à m’assister, je peux vraiment m’exprimer dans chaque situation.” Aujourd’hui, Federico étudie les percussions, il a beaucoup d’amis, il aide des personnes autistes en famille avec des conseils de vie quotidienne, il a beaucoup de projets pour l’avenir. “Maintenant, ma vie a trouvé son cours”, écrit-il, “grâce aux personnes qui m’ont enseigné la méthode, à mes parents qui se sont lancés avec enthousiasme dans cette aventure. Aujourd’hui, je suis satisfait de ma vie et le mérite leur revient en grande partie.” Mais il ne pense pas qu’à lui: Combien d’autistes mentalement perdus auraient pu être d’autres Federico s’ils avaient été diagnostiqués rapidement, bien aidés à l’âge du développement et très aimés?” Son rêve, lorsqu’il sera grand, est: “Je voyagerai dans le monde entier pour voir des femmes enceintes, pour comprendre si leurs enfants sauront parler et soigner l’autisme. Je jouerai avec leurs enfants pour les aider à grandir et à apprendre à parler. Lorsqu’un enfant aura besoin de moi, je serai là pour l’aider.” Source: Città Nuova online

Thaïlande: le souvenir d’une amie hors du commun

Thaïlande: le souvenir d’une amie hors du commun

OLYMPUS DIGITAL CAMERAMême quelques moines bouddhistes qui fréquentent le focolare la connaissaient bien. Benedetta était une femme qui se laissait approcher et connaître, sans crainte et avec délicatesse. Elle savait accueillir et on pouvait aller chez elle à n’importe quel moment : que ce soit pour un problème, important ou non, un besoin urgent, une chose belle à partager. Elle ne se scandalisait de rien, elle connaissait bien le cœur des hommes et des femmes et savait les aimer. Un évêque a dit une fois à son sujet qu’elle était « une sœur d’or et d’argent » à cause de tout l’argent qu’elle savait trouver pour les pauvres. En allant à l’extrême nord de la Thaïlande on ne pouvait pas ne pas passer chez elle et « bavarder un peu» comme elle disait. Elle se réjouissait de toutes les nouvelles du Mouvement qu’elle considérait comme « sa grande famille » et elle transmettait cette vie à de nombreuses autres personnes. Aussi était-il fréquent de rencontrer lors d’une des mariapolis d’été des personnes à qui elle avait parlé de la spiritualité de l’unité ou bien d’accueillir au focolare quelqu’un à qui Sister Bene en avait parlé. Bref, Benedetta était une vraie « mère spirituelle » qui a transmis la vie surnaturelle à de nombreuses personnes. Beaucoup étaient présentes à ses obsèques, parmi elles des évêques, des prêtres et la foule compacte du « peuple de Dieu » qui ont réussi l’exploit de tenir dans la petite église de Wien Pa Pao, juste à côté du couvent où elle habitait. 1966-08-CG-A-Suor-Benedetta-Birmania-4Sister Bene, Benedetta Carnovali selon l’Etat civil, née en 1925, a été une colonne pour le Mouvement: de nombreux membres de la communauté actuelle des focolari en Thaïlande ont été contactés par elle, y compris des bouddhistes. « Une vraie sœur et une vraie focolarina », comme l’a définie quelqu’un : une sœur « hors du commun », toujours en train de porter quelque chose à quelqu’un et en même temps toujours là, aimant personnellement la personne rencontrée. C’était une amie qui t’appelait pour te souhaiter ta fête, même si chaque année sa voix se faisait toujours plus frêle, mais non pas sa force intérieure. En l’approchant on n’avait jamais l’impression de la déranger : elle semblait n’attendre que toi et n’avoir rien d’autre à faire. Mais tel n’était pas le cas quand on pense, par exemple, à toutes les adoptions à distance qu’elle suivait personnellement, et cela jusqu’à ses derniers jours. Sister Bene a connu la spiritualité de l’unité par un religieux, en 1963, et à partir de ce moment elle a donné sa vie pour que de nombreuses personnes puissent connaître et commencer à vivre cette vie d’unité : d’abord à Myanmar où elle se trouvait alors, puis en Thaïlande, après l’expulsion de tous les religieux par le régime. Une fois en Thaïlande, elle a poursuivi et approfondi son amitié avec les focolari. Les rares fois où elle a eu l’occasion de pouvoir passer quelques jours avec nous, elle écoutait avec grand intérêt les discours de Chiara lubich. Comme tous ceux qui suivent réellement Dieu, sœur Benedetta a elle aussi vécu sa nuit, « sa tempête » en suivant Jésus et elle l’a affrontée en vraie disciple du Christ, avec une charité héroïque. Profondément unie à Vale Ronchetti, une des premières focolarine, elle est allée de l’avant, confrontée à de nombreuses incompréhensions : « Comment une sœur peut-elle faire partie d’un mouvement de laïcs ? » s’est-elle souvent entendu dire ; sans parler d’autres petites ou grandes persécutions, humainement absurdes. Et pourtant Dieu s’est certainement et mystérieusement servi aussi de ces épreuves pour rendre sœur Benedetta toujours davantage sœur et aussi toujours davantage « fille spirituelle de Chiara » (comme elle le disait souvent) : cette apôtre de l’unité n’a pas d’égal dans tout le Sud-est asiatique si l’on en juge par les fruits qu’elle a portés ! Elle nous laisse un héritage de douceur, de tendresse, et de grande force d’âme, d’amour et de service envers les plus démunis : par exemple les membres de la tribu Akha. Et aussi le sourire typique de ceux qui expérimentent qu’il est possible de transformer la douleur en Amour et en font leur raison de vivre. Sœur Benedetta s’est envolée au ciel à l’âge de 90 ans, après avoir écouté la chanson qu’elle aimait beaucoup : « Solo Grazie » (Seulement Merci). Elle est morte toute consumée, mais sereine, comme elle avait toujours vécu ; dans la paix parce que certaine que « ces bras » qui l’ont accueillie depuis sa petite enfance (elle n’a pas connu ses parents) et portée de l’avant dans sa vie religieuse, l’attendaient pour une dernière étreinte et pour la dernière partie du voyage : la plus importante. Ce fut donc une femme merveilleuse qui témoigne qu’aujourd’hui aussi la sainteté est possible. Luigi Butori

USA: Terre, Foi, Paix 2015

USA: Terre, Foi, Paix 2015

20150810-01Des jeunes de cinq religions et de différentes dénominations chrétiennes, spécialement sélectionnés comme responsables émergeants dans le domaine environnemental, se sont donné rendez-vous à la cité-pilote Luminosa des Focolari (État de New York-USA) pour réfléchir sur la sauvegarde de la planète entendue comme maison commune. Guidés par les idéalités de Religions for Peace (RFP) et des Focolari, le Teach-in a commencé par une analyse sur la réalité actuelle de l’environnement et le fort lien entre la stabilité mondiale et le changement climatique. Ce dernier requiert une nouvelle prise de conscience aussi dans l’optique, sous-tendue par le titre donné à ces trois jours, de la paix dans le monde. Peut-être qu’une solution sera trouvée grâce à la synergie entre les membres des différents contextes religieux. C’est ce que souhaitaient les organisateurs du Teach-in qui s’est déroulé fin juillet. Malgré la variété de leur credo, ils sont parvenus au fait que chaque effort pour l’environnement sera beaucoup plus efficace s’il est réalisé ‘ensemble’. 20150810-03Parmi les interventions, celle du Révérend Richard Cizik (New Evangelical Partnership) et du Rabbin Lawrence Troster, bioéthicien, qui a affirmé que:“D’ici 2050, nous pourrions avoir 50 millions de réfugiés climatiques, avec de graves conséquences sur la cohabitation pacifique entre les peuples”. Asma Mahdi, océanographe et membre de Green Muslims, a fait écho à ces paroles en mettant en évidence que ce sont les pays à majorité islamique les plus vulnérables: “Au Bangladesh, par exemple, si le niveau de la mer devait continuer à s’élever, d’ici 2050, 17% du territoire sera inondé, contraignant 18 millions de personnes à se déplacer”. Des chiffres alarmants, tout comme certaines îles polynésiennes risquent d’être submergées. Parmi les intervenants, il y avait aussi Mgr Joseph Grech, de la Représentation officielle du Saint-Siège aux Nations Unies, qui, citant quelques extraits de l’encyclique de François “Laudato sì”, a souligné comment l’économie et l’écologie vont de pair, parce que chacune de nos actions a toujours un impact sur la nature. Trois chercheurs environnementaux de trois différentes universités américaines se sont déclarés du même avis: Robert Yantosca (Harvard), Valentine Nzengung (Géorgie) et Tasrunji Singh (Ohio), pour lesquels les convictions religieuses respectives sont devenues des facteurs motivants et un guide dans l’engagement scientifique en faveur de l’environnement. 20150810-04‘Prochainement’ est le mot-clé qui a mené la seconde partie du Teach-in et qui a permis de définir une série de comportements à mettre en œuvre. John Mundell, des Focolari, propriétaire d’une société de conseils sur l’environnement, a fourni un panorama d’initiatives, dont le “Cube de la Terre“, dont les six faces présentent des suggestions quotidiennes efficaces pour renouveler et conserver un environnement sain. Les participants ont également visité des projets d’assainissement à la Federal Reserve Estuarine toute proche. Aaron Stauffer, directeur exécutif de RFP, a affirmé en conclusion: “C’était un témoignage du pouvoir de coopération multireligieuse et de paix”. Et Raiana Lira, Brésilienne, qui termine son doctorat en écologie: “Nous savons que nous avons au moins deux choses en commun: un profond intérêt pour le développement durable de la planète et une croyance religieuse qui nous offre les justes motivations pour en prendre soin. Chacun de nous était venu avec ses convictions et idées personnelles et, maintenant, nous nous retrouvons tous unis dans l’objectif commun de beaucoup: la protection de la terre et de ses habitants”.

Au Jardin de Montbrillant

Au Jardin de Montbrillant

Genève, 3 rue de Montbrillant. Comme chaque vendredi je me rends au “Jardin de Montbrillant”, un lieu d’accueil et de rencontre pour les personnes en situation de précarité dans cette ville cosmopolite. Elles peuvent y prendre des repas. Aujourd’hui, comme à l’accoutumée, nous accueillons environ 150 personnes de toutes nationalités. La salle est déjà pleine et tout semble se passer au mieux. Parmi les habitués de cette assistance bigarrée, je remarque toujours quelques nouveaux visages. Mon travail consiste à trouver une place pour chacun, à négocier avec l’un ou l’autre la présence d’un nouveau voisin de table, à éviter que les tensions dégénèrent pour que le repas puisse être pris en toute tranquillité, ce qui n’est pas toujours facile compte tenu de l’état physique et psychologique de la majeure partie de nos hôtes. Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est de réussir à créer un contact fraternel, conforter celui qui semble triste, déprimé, écouter celui qui se sent angoissé, redonner l’espérance…En somme créer un climat de famille afin que tous se sentent aimés tels qu’ils sont, au-delà de la diversité des âges, des nationalités et des religions. Tandis que nous sommes à table, la porte de la salle s’ouvre et arrivent trois de nos amis arabes, accompagnés de deux nouveaux venus. Je remarque tout de suite l’expression dure et menaçante de leurs visages. A peine entrés, ils hurlent en disant qu’ils veulent égorger tous ceux qui sont là et mettre le feu au local. Le motif : ils se sentent gravement offensés par les caricatures du Prophète publiées dans la presse les jours précédents, à la une des journaux. L’atmosphère devient soudainement tendue et des propos violents circulent. Je vois déjà les assiettes voler en l’air et les coups pleuvoir. Il faut intervenir sans tarder parce que la situation peut dégénérer dangereusement. Mais que dire, que faire ? Je me sens impuissante, mais je reconnais dans cette souffrance ainsi que et dans notre société qui défend la liberté absolue, aux dépens des valeurs profondes, le cri de l’Homme-Dieu sur la croix : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». C’est Lui qui se présente maintenant, à travers la réaction de ces deux fidèles de l’Islam. Je remets tout entre ses mains et je me lève pour aller à leur rencontre. Je leur dis que je partage leur peine et leur propose de parler, mais après avoir mangé, s’ils pensent que c’est important. Après cette invitation paisible, ils se laissent convaincre de se mettre à table; l’agressivité diminue d’un coup et la tranquillité revient, comme si chacun avait compris les motivations qui avaient causé cet accès de colère.Le repas se termine dans le calme. Je reste auprès des deux pour leur faire faire sentir toute la chaleur humaine dont je suis capable. Après le repas ils s’excusent pour les mots prononcés et manifestent leur regret pour leurs propos vengeurs. On poursuit un moment notre échange sur notre foi respective, dans un respect total et une compréhension réciproque. Avant de partir ils m’embrassent, pleins de reconnaissance pour avoir été écoutés. Leurs visages désormais détendus expriment des sentiments tout autres qu’au début. (Paquita Nosal – Genève) Source: Città Nuova – n° 13/14 – 2015

Rome: j’ai trouvé la joie à Baobab

Rome: j’ai trouvé la joie à Baobab

baobabBaobab est l’un des nombreux centres d’accueil pour réfugiés, près de la gare de Rome-Tiburtina. Il accueille environ 400 Érythréens, Somaliens et Soudanais, hommes et femmes, chrétiens et musulmans. “Là, le bénévolat est libre, heureux, chaleureux, chaotique et anarchique – raconte S.: chacun arrive quand il veut, voit ce qu’il faut, aide, appelle des amis… Et cela fonctionne très bien! Une fois l’approbation des Responsables de la Banque alimentaire de Rome obtenue, avec un jeune qui coordonne tout le bénévolat du Centre Baobab, nous sommes allés à Fiano Romano et nous avons chargé environ deux tonnes d’excellente nourriture (pâte, sucre, huile, viande en conserve, 600 yaourts, 120 ananas, 30 caisses de pêches et de nectarines, 100 morceaux de parmesan, et plus encore). À 10h, il faisait déjà 40°C environ! Nous sommes arrivés au Centre vers 13h, où au moins 500 jeunes filles et garçons faisaient la queue pour le repas, alignés et patients, à majorité des Erythréens, tous arrivés à bord de ces tristement célèbres bateaux que nous voyons au journal télévisé. Il faisait au moins 42°C à cette heure-là. En une dizaine de minutes, les jeunes, sans avoir eu besoin de leur demander, ont fait une chaîne humaine et ont déchargé, de manière très coordonnée, la camionnette surchargée, apportant tout le matériel dans le dépôt. Aucun yaourt ni boisson n’a disparu, le tout parfaitement déposé au bon endroit. Ensuite, tous sont retournés dans la file d’attente pour le repas. On m’a aussi servi une assiette, que j’ai partagée avec beaucoup de joie avec eux. Le Centre d’accueil ne vise pas que l’assistance, mais surtout l’engagement et l’intégration des réfugiés mêmes. Cela garantit le respect de la dignité de chacune et chacun des personnes accueillies. Ensuite, dès qu’ils peuvent, beaucoup rejoignent parents et amis dans d’autres pays européens. Le nombre de citoyens romains qui apportent de l’aide en tout genre est constant et aussi touchant. Tant d’aide arrive que, souvent, nous apportons des caisses de marchandises à d’autres centres d’assistance. Alors que je serrais des mains et liait connaissance, la première fillette née d’une jeune réfugiée accueillie dans le Centre est arrivée de l’hôpital, âgée de 20 jours. Médecins, infirmiers, bénévoles, tous autour d’elle pour lui faire un sourire et au moins la voir. Un signe que la vie continue, toujours. Je suis rentré chez moi fatigué, suant comme jamais… Mais, dans mon cœur et dans mon âme, une joie très spéciale, une sérénité inestimable, la vraie récompense pour un petit geste en faveur de ces magnifiques personnes qui en ce moment sont appelées “réfugiés”… À la fin du mois, nous sommes déjà d’accord de supporter une autre charge. En effet, grâce à un ami dont la famille gère cinq supermarchés, nous organisons aussi une récolte régulière de produits bientôt périmés qui, amenés au Centre, peuvent être en revanche consommés les jours suivants. Je remercie les réfugiés érythréens et les bénévoles du Camp Baobab de m’avoir donné l’opportunité de vivre un moment vraiment beau, précieux, qui, j’en suis sûr, se répétera ces prochains jours et dans le futur. Je me sens privilégié et je le suis vraiment!” (S.D. Italie)

Argentine: le butin insolite d’un vol

Argentine: le butin insolite d’un vol

anita (300 x 300)En 2012, alors que j’étais invitée chez la famille d’un ami, trois hommes armés ont fait irruption. Après nous avoir frappés et allongés sur le sol, ils hurlaient sans arrêt en pointant leurs armes sur nous: “où est l’argent?” Le père de famille, s’adressant à l’un d’eux, a essayé de lui dire qu’il lui pardonnait, mais que ce n’était pas la bonne manière d’agir. Ces paroles l’ont encore plus énervé et nous avions tous peur qu’il fasse quelque chose de terrible. Au contraire, le voleur s’est, à notre grand étonnement, mis à pleurer et à demander pardon. Les deux autres, qui avaient entretemps rassemblé le butin, sont sortis pour s’enfuir avec la voiture de la famille. L’homme – qui semblait être le chef du groupe – a demandé, avant de les rejoindre, si parmi ce qu’ils avaient pris il y avait quelque chose d’important, parce que, dans ce cas, il le rapporterait. Le papa a dit de tout garder, que c’était bien ainsi, mais qu’il avait besoin de la voiture pour travailler. Le voleur a alors promis qui allait bientôt la restituer. Avant de s’enfuir, il a demandé pardon à chacun. Une demi-heure après, la voiture est apparue intacte, rapportée par la police. Personnellement, même si cet homme avait demandé pardon, j’avais quelques difficultés à pardonner. Je n’arrivais pas à accepter qu’il existe des personnes qui puissent décider de mon sort ou de celui de mes proches. J’avais probablement besoin de temps. En même temps, je sentais que je devais faire quelque chose, du moins essayer de comprendre l’origine de toute cette violence. Avec quelques amis des Jeunes pour un Monde Uni (JPMU), j’ai commencé à fréquenter un refuge pour sans abri. Peut-être que partager la douleur et les difficultés de qui se trouve dans les périphéries du monde pouvait m’aider à ‘comprendre’. Nous allons tous les samedis dans ce refuge: nous faisons des jeux, nous jouons de la guitare, nous regardons un match de football (la Coupe du Monde était incroyable!), parfois nous dînons ensemble. Ainsi, nous connaissons leurs histoires, certaines vraiment hallucinantes. Ce sont des personnes qui ont besoin de beaucoup de force, tant pour pardonner à qui leur a fait du mal, que pour se pardonner à eux-mêmes. Mais, plus que tout, ce sont des personnes qui ont besoin de recommencer. Un groupe de spécialistes les aide dans le processus de récupération, alors que notre rôle est de grandir avec eux, sans jamais arrêter de leur montrer de l’affection. Qui désormais, nous l’expérimentons, est devenue réciproque. En étant avec eux, je me suis rendu compte que pour beaucoup d’entre eux, qui ont depuis toujours été traités comme des personnes qui n’existent pas, voler est le dernier recours. Je me suis moi-même demandé: “Que ferais-je à leur place, si – comme cela leur arrive – personne ne me regarde, personne ne me répond, personne ne me considère?” C’est ainsi que j’ai réussi à pardonner aux trois voleurs de ce soir-là. Et je me suis rendu compte que ma réconciliation avec eux mettait une brique pour la construction de la paix de mon pays. En décembre 2013, à cause d’une grève de la police, beaucoup de personnes en ont profité pour saccager des entreprises et des magasins. Ils ont même volé une ONG qui récolte et distribue de la nourriture aux pauvres. C’était une petite guerre entre les personnes, avec désordres et chaos. Le jour suivant, nous avons mobilisé avec les JPMU, sur les réseaux sociaux, nos amis pour nettoyer la ville et aussi pour récolter de la nourriture pour l’ONG. Nous sommes passés de 15 personnes au début, à plus de 100 (en plus de celles qui ont apporté de la nourriture). Le soir, les télévisions, qui avaient couvert l’initiative, ont expliqué qu’il y a aussi un autre côté du fait divers et que non seulement tout avait été nettoyé, mais aussi les enfants d’un quartier très pauvre avaient pu manger. https://www.youtube.com/watch?v=9WX_TbWHvVw&feature=youtu.be Depuis lors, pendant que nous continuons à nous rendre au refuge pour sans-abri, un autre groupe de JPMU a fait connaissance avec le refuge ‘Coin de lumière’ qui avait reçu les aliments que nous avions récoltés. Pour commencer, à l’approche de Noël, les JPMU ont cherché des cadeaux pour tous les enfants et organisé une crèche vivante. Ensuite, il fallait penser à améliorer l’infrastructure, précaire et insuffisante. Ils ont donc organisé une récolte de fonds auprès d’amis, collègues d’université et proches, ainsi que différentes activités et des ventes de gâteaux. Certains jeunes aident aussi dans les workshops d’hygiène buccale et d’horticulture, alors que le projet continue avec la construction des salles de bain et la réfection de l’installation électrique. Les JPMU se sont vraiment donné de la peine. Mais le refuge participe aussi, selon leurs dires: “Le refuge nous a donné la possibilité de rêver de grandes choses et de croire qu’autour de nous, il y a toutes les mains dont nous avons besoin pour poursuivre les projets. Il suffit de faire le premier pas”. Source: United World Project