Mouvement des Focolari
Quand le dialogue l’emporte sur la diversité

Quand le dialogue l’emporte sur la diversité

« Notre histoire, raconte Lucia, commence il y a 42 ans, lorsque nous avons décidé de partager notre chemin. Mais, en nous fréquentant, nous avons découvert que nous ne pensions pas de la même façon, surtout sur le plan religieux : j’avais la foi, lui non. Au début, je ne m’en suis pas préoccupée ; je ne croyais pas que cela aurait influencé notre vie future ensemble. Au lieu de cela, la première altercation, nous l’avons eue lorsque, étant enceinte, il fallait décider de poursuivre la grossesse ou non. »

« J’étais trop jeune, continue Tonino, pour m’imaginer père et mari. J’étais encore étudiant, j’avais beaucoup de projets pour le futur et je me retrouvais à devoir prendre une décision qui change la vie ! À contrecœur, j’ai accepté la détermination de Lucia de garder le bébé et de se marier à la mairie. Durant la grossesse, tout s’est bien passé, mais dès que notre fille est née, je me suis senti à nouveau écrasé par une énorme responsabilité, si bien que je fuyais tout et tous. »

« Subitement, je me suis retrouvée seule – même si mes parents ne m’ont jamais abandonnée – avec une enfant à élever. Les années suivantes ont été sous l’enseigne de la souffrance, surtout quand il décide de demander la séparation. »

« Je voulais vivre ma vie, confirme Tonino. J’ai obtenu la séparation et, par la suite, le divorce. J’étais à nouveau libre. Mais, très souvent, je me mettais à penser à elles, et c’est ainsi que j’ai décidé, après mûre réflexion, de retourner sur mes pas. J’ai recommencé à séduire mon ex-femme et à voir ma fille. Très vite, nous avons senti le besoin d’avoir notre propre maison, d’avoir une intimité, pour reconstruire la famille. J’ai aussi accepté que le nouveau mariage soit célébré à l’église. »

« Ces années pleines de souffrances et de tourments faisaient désormais partie du passé, se souvient Lucia. Nous avions une nouvelle vie et aussi une deuxième fille, Valentina. Avec sa naissance a commencé une période de grande sérénité, en raison d’une sécurité acquise économiquement et dans le travail, comme dans le fait que, petit à petit, je commençais à accepter de vivre ma vie aux côtés d’une personne aussi différente que moi.

Après quelques années est arrivé, tout d’un coup, le Mouvement des Focolari dans notre famille, bouleversant tout ! Valentina, invitée par une enseignante, avait rencontré les Gen4, les fillettes des Focolari. Pour elle, et par la suite pour nous, un chemin différent a commencé. »

« Cela me touchait d’accompagner Valentina aux rencontres des Gen4, explique Tonino. Lorsque j’allais la chercher, elle était toujours contente et, dans la voiture, elle s’excusait pour le retard (elle me faisait toujours attendre au moins une demi-heure) et commençait à me raconter sa belle soirée. Contaminé par son enthousiasme et par l’accueil joyeux que tous dans le Mouvement me réservaient – même en n’ayant aucune référence religieuse – je suis devenu moi aussi un membre de cette famille. Au début, je me suis intégré dans le groupe des amis du dialogue, formé par des personnes de convictions différentes. »

« Quelque temps plus tard, moi aussi – intriguée par le fait qu’un mouvement catholique accepte mon mari non croyant – j’ai commencé à le côtoyer, et au fur et à mesure que j’approfondissais la connaissance de la spiritualité focolarine, beaucoup de questions trouvaient une réponse.

Nous en avons fait de la route ensemble ; beaucoup de barrières ont été abattues. J’ai appris à écouter, sans la peur de me perdre, et à donner de l’espace au silence intérieur et extérieur pour accueillir et comprendre l’autre. »

« Notre diversité, non seulement religieuse, souligne Tonino, n’a pas du tout entravé notre parcours de vie ensemble. Le choix de Valentina, de devenir focolarine, ne m’avait pas pris au dépourvu, ayant beaucoup partagé avec elle. La relation entre nous ne s’est pas dégradée, au contraire, elle s’est grandement consolidée, à la différence de Lucia qui, au début, ne l’avait pas accepté de bon gré. »

« Pour moi, cela n’a pas été tout de suite facile d’accepter le choix de Valentina, confesse Lucia. J’aurais aimé qu’elle fasse d’abord d’autres expériences, par exemple, avoir un copain, un travail, de façon à pouvoir comparer les deux réalités et décider sereinement. Au contraire, elle sentait fortement que c’était son chemin. Elle est au focolare depuis huit ans, toujours plus convaincue. Maintenant, je suis contente d’avoir cédé : même en s’étant consacrée à Dieu, elle ne néglige jamais sa relation avec toute la famille. »

« Je remercie Chiara Lubich et toute la communauté dont je fais partie, conclut Tonino, pour avoir donné, à moi et à tous ceux qui partagent ma pensée, l’opportunité de renforcer ce désir d’unité pour suivre un chemin basé sur les valeurs fondamentales de la fraternité et de l’amour envers le prochain. »

Publié par le Centre international pour le dialogue entre personnes de convictions non religieuses

Étude et vie : la fraternité dans le conflit

« Ma famille vit en Jordanie depuis des années, mais nous sommes d’origine palestinienne. Je sens fortement la tragédie qui divise mon peuple du peuple israélien. Comme tout le monde sait, la situation est encore très grave. Pour des raisons politiques, mon père n’a pas le droit de retourner en Palestine depuis 30 ans. Pour moi, il est aussi difficile de simplement aller rendre visite à ma parenté restée à Bethléem. Certains membres de ma famille ont été emprisonnés en Israël, d’autres sont morts à cause de la guerre.
L’injustice de ce conflit me fait mal, et comme la culture dans laquelle je suis née encourage les personnes à répondre à la violence par la violence, moi aussi je ressens cette violence au fond de moi et je la justifiais chaque fois que je la voyais dans les autres.
Je suis venue étudier en Italie, à l’Institut universitaire Sophia. J’avais tellement de questions… Ici, je fais une expérience nouvelle, forte. J’ai choisi les études politiques et j’ai commencé à entrer dans un nouveau scénario : j’ai découvert, par exemple, que le principe de la fraternité peut être une vraie catégorie politique à part entière, aux côtés de la liberté et de l’égalité. J’ai compris que la fraternité est un choix, une réponse qui répare l’injustice. Ici, on ne fait pas qu’étudier, on donne une grande importance à l’expérience, et plus on vit, plus on comprend ce qu’on étudie.
Il y a quelques mois, la nouvelle qu’Israël et Palestine s’étaient mis d’accord pour un échange de prisonniers m’a beaucoup touchée : j’ai lu sur Internet qu’il s’agissait d’un Israélien contre 1027 Palestiniens. C’était une nouvelle incroyable! Un grand nombre de ces Palestiniens étaient en prison depuis trente, quarante ans… J’aurais tellement aimé être chez moi pour célébrer ce moment avec la famille et les amis. J’étais émue. Avec les autres étudiants, j’ai parlé longtemps de ce qu’il se passait dans mon pays et eux aussi, qui sont de différentes nationalités, ont fait la fête avec moi!
Avec certains nous sommes allés à l’église afin de prier pour ces prisonniers qui étaient libérés, pour leur famille. Mais au moment de sortir, un étudiant m’a dit : « … je prie aussi pour ce prisonnier israélien ». Je n’étais pas d’accord ! Comment pouvait-il dire ça ? Échanger une personne contre mille autres me semblait profondément injuste…
Une fois à la maison, j’ai repris les livres, mais je ne réussissais pas à étudier, j’étais furieuse. Mille pensées… jusqu’à ce qu’une question fasse son chemin : pourquoi étudier la fraternité en théorie, si je n’essaye pas de la mettre en pratique ? Je devrais peut-être prier moi aussi pour ce prisonnier et pour sa famille… Intérieurement, j’ai dû faire beaucoup d’efforts, c’était difficile. Cela m’a beaucoup coûté, mais à la fin j’ai réussi et je l’ai vraiment fait avec le cœur.
Quelques mois ont passé, j’éprouve une grande gratitude envers ceux qui ont vécu ce moment avec moi, les étudiants et les professeurs de l’IUS. Je n’étudie pas seulement la fraternité, mais maintenant je l’expérimente, dans le rapport avec eux comme au-dedans de moi. Samar Bandak – Jordanie »
Source, site officiel de l’Institut international Sophia: www.iu-sophia.org

Quand le dialogue l’emporte sur la diversité

Boites de nuit et modes. Le choix d’Yves.

«Je suis africain et j’étudie dans le nord de l’Italie. Il y a quelque temps, j’avais lu sur une revue un article, dans lequel l’auteur disait qu’une “nuit” était entrain d’envahir la culture occidentale dans tous ses milieux, ce qui conduit à une perte des authentiques valeurs chrétiennes. Sincèrement, je n’avais pas compris grand-chose au sens de cet écrit, jusqu’à un fait qui m’a ouvert les yeux. C’était un samedi après-midi. Quelques jeunes, des amis de mon quartier, me proposent de sortir avec eux et de passer la soirée ensemble. Ils veulent faire quelque chose qui change. Nous sommes six ou sept. Pour commencer, nous allons danser dans une boite de nuit. Au début, je m’amuse. Ils me disent que j’ai la musique dans la peau et que je danse bien. Bien vite cependant, je m’aperçois qu’autour de moi certains dansent sans aucun respect ni envers eux-mêmes, ni envers les autres. Ils ne dansent pas pour simplement pour se divertir, mais pour lancer des messages ambigus. En moi, une voix subtile m’alerte, elle me demande d’aller à contre-courant et de danser avec dignité et par amour.

Quelques heures après, mes amis proposent de changer d’endroit. Je leur fais confiance, puisque ce sont mes amis, et j’accepte. Nous entrons dans une autre boite de nuit. Le temps de me rendre compte où je suis, entre musique très forte, lumières psychédéliques et une odeur acre qui sent fortement, et je reste d’emblée bouleversé. Ce n’est pas une discothèque normale, des filles se prostituent. Je suis très déçu et en colère. Sans dire un mot, je fais demi-tour et sors de la salle. Un de mes amis me poursuit. Il m’insulte et me traite de retardé. Je ne lui réponds pas. Peu de minutes s’écoulent, qu’un autre sort aussi, cette fois-ci non pas pour m’insulter, mais pour me donner raison. A la fin, un autre ami sort également et lui aussi me donne raison. Je suis surpris. J’avais créé une chaîne de contre-courant. Sans avoir parlé, ni des idéaux chrétiens auxquels je crois, ni de Dieu, les autres m’avaient vu et avaient compris. Quelques mois passent. Je ne pensais plus à cet épisode depuis un bon moment. Un jour, un jeune, qui avait été avec nous ce soir-là, vient chez moi et me dit d’avoir regretté et de ne plus vouloir  fréquenter ce type de boite. Cette expérience m’a aidé à comprendre avec plus de radicalité la nécessité de risquer et de dire “non” à certaines propositions».

L’histoire d’Yves, du Cameroun, que nous venons de présenter, est un des 94 récits du livre “Una buona notizia, gente che crede gente che muove” (« Une bonne nouvelle, un peuple qui croit, un peuple qui se remue »), publié depuis peu par la maison d’édition italienne Città Nuova, comme apport constructif à la Nouvelle Evangélisation et préfacé par Maria Voce. Les histoires ont pour acteurs des jeunes et des enfants, des familles, des professionnels, des ouvriers, des dirigeants, des religieuses, des prêtres, qui abordent, avec l’Evangile, les situations du quotidien et les défis de la société. Un peuple qui croit, vit, se remue, entraîne, dans le respect des convictions et de l’expérience des autres, conscient que chacun peut apporter sa contribution à la construction de la grande famille humaine.

As-tu, toi aussi, une bonne nouvelle à nous signaler? 

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Irlande : vivre une spiritualité de communion aujourd’hui

« La forte expérience que l’Irlande a vécue avec ce Congrès Eucharistique est une grâce extraordinaire qui peut donner à l’Eglise d’Irlande la possibilité de commencer une histoire nouvelle et pour cela, nous sommes tous protagonistes ». Ce sont les dernières paroles de Maria Voce à la rencontre ouverte à tous au Royal Dublin Society du 16 juin à Dublin. Peu avant, avec Giancarlo Faletti, elle avait rencontré les Juniors qui terminaient le parcours de Run4Unity porté de l’avant en particulier dans les écoles. « Quel est votre signe mathématique préféré ? » – ont demandé les Juniors. « L’égal » a répondu Maria Voce, « parce que dans une famille, frères et sœurs sont tous égaux ». Giancarlo Faletti a préféré le signe « plus » : « Chaque personne est un don de Dieu, sur chacun de vous il y a un plan de Dieu, et c‘est quelque chose de très précieux ».

Le programme continue avec l’après-midi ouvert à tous qui rassemble 300 personnes – capacité maximale de la salle, et les autres au-dehors – dont plus de la moitié sont des visages inconnus des focolarini irlandais. Sont présentées des applications concrètes de la spiritualité de communion vécue dans le domaine de la famille, de l’école, de l’Eglise. Le tout entrecoupé d’intermèdes musicaux. A chaque chapitre suit un moment de dialogue avec Maria Voce et Giancarlo Faletti sur la façon de mettre l’Evangile en pratique et répondre aux nombreux défis.

« C’est plus facile ou plus difficile d’aimer l’ennemi quand on devient grand ? » demande une petite fille. « Je pense plus facile –lui répond Maria Voce – parce que Dieu a mis une petite flamme dans notre cœur, et la flamme devient plus grande chaque fois que nous aimons. Les grands sont très aidés quand ils voient un enfant qui aime ».

Lorsque la parole va aux familles, le discours touche la crise économique : « Comment vivre en chrétiens en face des difficultés économique de nombreuses personnes ? » Maria Voce rappelle l’expérience de Chiara Lubich dans les débuts des Focolari, à Trente, dans la misère de l’après-guerre. En mettant en route la force de l’amour entre les personnes, on arrive à partager ses propres biens, ou ses propres nécessités. En vivant la phrase de l’Evangile ‘’donnez et il vous sera donné’’, elles demandaient et elles recevaient. Le problème de l’un était le problème de tous. Dans l’amour, Dieu intervenait. « Et cela fait que le travail et le bien-être matériel ne deviennent pas un mythe, mais un moyen pour aimer plus et pour faire grandir la communion entre tous ».

Le dernier round est sur l’Eglise et le rapport avec l’autorité. A la question ‘’comment vivre l’unité avec la hiérarchie de l’Eglise, face aux scandales des abus et aux accusations de couverture de ces scandales, Giancarlo a répondu, rappelant que c’est l’autorité de Jésus qui doit grandir dans chaque chrétien. « C’était très important pour moi ces derniers temps de me trouver avec de nombreuses personnes marquées par cette difficile situation dans l’Eglise. J’ai vu que ces personnes se sentaient comme ‘’délestées’’ du sacré, qu’elles avaient investi toutes leur vie dans une expérience d’Eglise, et maintenant se sentaient trahies. C’est comme avoir investi tout son capital dans une banque et que cette banque fait faillite ». Pour moi, c’est un appel à vivre de façon plus forte l’Evangile – et il continue – à consentir à un dialogue, un climat d’amour, qui permette aussi à celui qui a le ministère épiscopal de service à l’Eglise, d’exprimer ultérieurement ses paroles et d’en guider le chemin. L’autorité morale de Jésus vécue dans Sa parole est de tous ». Giancarlo Faletti indique l’exemple de Sainte Catherine de Sienne : vivant dans des temps difficiles pour l’Eglise, elle a eu un rapport direct avec le Pape, portant celui-ci à prendre des décisions fortes. Mais cela a pu se faire seulement parce que la sainte a laissé ‘’l’espace à Dieu dans sa vie’’ ».

Envoyé par Maria Chiara De Lorenzo

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Paraguay : Todo Brillo

« Lorsqu’en 1993 – raconte María Elena González, du Paraguay – j’ai entendu Chiara Lubich parler de l’Économie de Communion (ÉdeC) pour la première fois, j’ai été très surprise par le fait qu’elle invitait à répartir les profits de l’entreprise en trois parties : pour les nécessiteux, pour le développement de l’entreprise et pour la formation des jeunes aux valeurs du projet basé sur la “culture du donner” en opposition à “la culture du posséder”. Pour moi, c’était comme un raz de marée qui a changé ma vie.

À cette époque, je travaillais dans une banque où les profits – comme on le sait tous – terminent dans les poches des actionnaires. J’ai pensé à mes qualités de manager, dont j’aurais dû un jour rendre compte à Dieu et aux autres. Alors, j’ai décidé de participer au projet ÉdeC. C’était ma façon de dire « oui » à Dieu, en mettant à disposition mes capacités en faveur de ceux qui étaient près de moi.

J’en ai parlé avec mes enfants, encore adolescents, et ils m’ont encouragé à poursuivre cette idée. Je ne savais pas par où commencer, mais la réponse ne s’est pas fait attendre. En effet, je voyais autour de moi les employés de nettoyage mal payés, mal conseillés, non valorisés…

J’ai décidé de commencer avec certains d’entre eux pour les nettoyages et nous trouvons un premier client, avec lequel nous travaillons encore aujourd’hui.

Notre budget initial n’avait pas été bien établi et nous n’avions pas assez d’argent pour payer tous les travailleurs. Je me souviens que pour tenir les contrats décrochés, lorsque je terminais le travail à la banque, je mettais le bleu de travail et je complétais moi-même les nettoyages. Même si c’était un grand effort, je sentais au fond de moi la certitude d’être sur la bonne voie.

L’Économie de Communion met la personne au centre, selon le principe de faire aux autres ce que chacun aimerait qu’on lui fasse, en cherchant – comme le dirait Chiara Lubich – à ce que l’amour dépasse la créativité personnelle et le produit obtenu. Bien sûr, ce n’est pas quelque chose de magique. Cela requiert un effort quotidien ; une recherche incessante de la qualité sous tous les aspects : administratif, opérationnel, relationnel, du choix de travailleurs disposés à adhérer à cette vision solidaire de l’économie, etc.

Durant toutes ces années, malgré les innombrables difficultés liées à la situation sociale et économique de notre pays et de toute la région, chaque travailleur a apporté sa contribution, et c’est ainsi que nous avons réussi à surmonter chaque moment de crise. C’était en particulier dans les moments de “tempête” que nous nous sommes sentis soutenus par Dieu, notre “associé caché” – comme nous aimons l’appeler – “l’actionnaire majoritaire de l’entreprise”, qui nous a indiqué, étape après étape, le chemin à parcourir, à travers cette voix intérieure, qui est toujours forte et claire si on veut bien l’écouter.

“Je suis très reconnaissante pour la possibilité qui m’a été donnée de travailler. Ma fille aussi a commencé chez Todo Brillo et, maintenant, elle a été engagée par la banque”, raconte Benita S., depuis 12 ans dans l’entreprise de nettoyage.

“Ici je me sens importante – conclut Maria Lopez. J’ai eu beaucoup de difficultés et j’ai toujours trouvé du soutien auprès de l’entreprise et beaucoup de compréhension. Je continue à avoir des problèmes, mais maintenant je réussis à les gérer. Je me sens grandie, je vois et je valorise le fruit de mon travail. Je me sens membre de cette grande famille qu’est Todo Brillo”,.

Aujourd’hui, 600 employés travaillent dans l’entreprise “Todo Brillo” et nous sommes présents dans toutes les grandes villes du Paraguay».

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Œcuménisme, une nouvelle phase : ça s’est vécu en Irlande

Kevin McKeague et David McConkey

Kevin McKeague et David McConkey sont tous deux directeurs d’école et mènent ensemble divers projets depuis des années. Rien d’extraordinaire… Mais ce qui est surprenant, c’est que K. McKeague dirige une école catholique et D. McConkey une école protestante et, quand on habite Belfast, en Irlande du Nord, ça change tout. Depuis des années, les deux communautés ont été séparées dans des quartiers distincts de la ville et ont vécu dans la terreur durant les années de troubles. « J’ai entendu Chiara Lubich – raconte M. McKeague – dire que, parmi les principes de la Révolution française, la fraternité est le moins développé. J’ai vu dans ma rencontre avec David une occasion de construire des ponts et d’apporter une injection d’amour dans nos communautés ». Les faits le démontrent : en 2009, en un moment plutôt pacifique, grâce aux accords politiques, l’école protestante a été attaquée. Pas de blessés, mais de gros dégâts. Les premiers à réagir ont été les élèves de l’école catholique, qui ont organisé un concert : « Tous pour tous », avec l’aide des juniors du mouvement des Focolari, puis une manifestation pacifique à Stormont, le siège du Parlement d’Irlande du Nord, et la rencontre d’une délégation mixte avec la commission parlementaire pour l’Éducation. « Suite à ce témoignage d’unité – raconte M. McConkey – le ministère de l’Éducation qui, pour des raisons économiques, ne voulait pas financer la reconstruction de l’école, a finalement décidé de la reconstruire immédiatement. Elle a été la seule école d’Irlande du Nord à recevoir des subventions cette année-là ».

Ils s’expriment ainsi au cours d’un workshop sur l’œcuménisme, lors de la journée consacrée à ce thème au cours du Congrès Eucharistique international qui se déroule à Dublin du 10 au 17 juin 2012. De quel œcuménisme s’agit-il ? Brendan Leahy, professeur de théologie systématique au collège Saint-Patrick de Dublin et membre de l’Irish Inter-church Meeting (rassemblement inter-Églises irlandais), l’a rappelé en introduisant la soirée. « Il y a différentes façons d’entrer dans ‟l’espace” œcuménisme – a-t-il affirmé en rappelant l’étymologie grecque du terme oikumene qui contient la racine du mot maison (oikos) – l’œcuménisme, c’est construire ensemble une ‟maison” dans l’unique Église du Christ ». Donc, avant tout, dialogue œcuménique comme vie. En partant des trésors que les chrétiens ont en commun : les Écritures, le credo, les écrits des Pères de l’Église, les dons de l’Esprit, le témoignage de l’Évangile vécu. Un œcuménisme fondé surtout sur le fait de considérer l’autre comme « une partie de moi-même », comme l’a écrit Jean-Paul II en 2001, en laissant vivre le Christ lui-même parmi ceux qui sont réunis en son nom (Mt 18,20).

La soirée a été constellée d’exemples de vie œcuménique. Après le témoignage des deux directeurs d’école, Mme Bronwen Carling, femme prêtre de l’Église d’Angleterre, est aussi intervenue. Elle vit maintenant à Tipperary, en Irlande, et anime un groupe de personnes de diverses dénominations chrétiennes qui se réunissent régulièrement pour un approfondissement et un échange sur l’Écriture Sainte, que l’on appelle dans le mouvement des Focolari : « groupe Parole de vie ». « En essayant de vivre ensemble l’Évangile du Christ, nous avons découvert que nous ne sommes pas si différents. Nous avons découvert l’importance de l’écoute réciproque. C’est ce qui m’a permis de participer aujourd’hui à un événement aussi catholique ».

Des groupes viennent ensuite partager leur expérience commune. Des représentants de mouvements et communautés de différentes Églises disent leur expérience d’Ensemble pour l’Europe : les communautés de Corrymeela, de Sword of the Spirit, de l’Arche et le mouvement des Focolari. « Nous avons senti que cette initiative qui réunit plus de 250 mouvements et communautés chrétiennes d’Europe pour l’avenir du continent était faite pour l’Irlande du Nord ». Déjà, en 207, un premier rendez-vous avait eu lieu avec 120 participants de 7 Églises : une lueur d’espoir s’allumait à Belfast. Le chemin s’est poursuivi et le 12 mai 2012, à Stormont, 400 jeunes des écoles des deux Irlandes se sont réunis pour la course Run4Unity, en signe d’espoir et de paix.

Pour préparer ce rendez-vous, les quatre communautés ont travaillé ensemble, invitant les écoles et approfondissant leur connaissance réciproque, lors de plusieurs week-ends à la communauté de Corrymeela, qui a pour but l’œcuménisme, la paix et la réconciliation. « Le partage et la communion entre nous sont de plus en plus profonds, au point que lorsque nous étions ensemble, il me semblait que c’était un écho de la dernière Cène du Seigneur, la sainte Communion », raconte le révérend David Godfrey, accompagné de sa femme. Thomas Kerr, de la communauté de l’Arche, souligne un moment spécial vécu durant le week-end : le geste du lavement des pieds, qui, avec le pacte final de « s’aimer réciproquement comme Jésus nous a aimés », a couronné le chemin parcouru.

Après cette soirée au congrès Eucharistique, « nous comprenons plus clairement que l’œcuménisme n’est pas une affaire de spécialistes, nous pouvons le vivre, dans le dialogue de la vie, où que nous soyons », a déclaré Renate Komorek, des Focolari, modératrice du workshop. Ses paroles font écho à ce qui s’est vécu quelques heures auparavant, quand le prieur de Taizé, frère Alois, et la présidente des Focolari, Maria Voce, sont intervenus à propos de la « Communion en un seul baptême ». « Les conclusions et prises de position, même avancées, entre théologiens ne suffisent pas si le peuple n’est pas préparé », a affirmé Maria Voce, allant jusqu’à dire : « Unis par cette spiritualité, nous voudrions être un levain entre toutes les Églises et contribuer à accélérer leur chemin vers la pleine communion visible et eucharistique »

De notre envoyée Maria Chiara De Lorenzo