Mouvement des Focolari

Genfest 1980: le monde, une famille

DƩc 14, 2017

Logo GenfestRome, 17 mai 1980, Stade Flaminio: 40 000 jeunes provenant du monde entier. Le lendemain, rencontre avec Jean-Paul II, place St-Pierre. Patrizia raconte son premier Genfest.

Genfest1980_cJe suis nĆ©e Ć  Bergame (Italie), aĆ®nĆ©e de quatre enfants d’une belle famille avec de solides racines chrĆ©tiennes. ƀ 17 ans, je frĆ©quentais les Ć©coles supĆ©rieures et j’étais engagĆ©e en paroisse. Ɖtudier, me consacrer aux autres et me balader en montagne Ć©taient mes passions. J’avais beaucoup d’amis et une expĆ©rience de foi riche. J’étais, comme on le disait alors, “une brave fille”, et pourtant… il me manquait toujours quelque chose. Je cherchais quelque chose de plus grand, beau, vrai. L’Italie traversait des annĆ©es difficiles, marquĆ©es par les attentats des Brigades rouges et la crise du travail. Mon pĆØre, mĆ©tallurgiste, avait Ć©tĆ© au chĆ“mage technique et, par la suite, avait perdu son travail. Je ressentais fortement la douleur des injustices, des oppositions sociales, l’engagement politique pour une sociĆ©tĆ© Ć  renouveler. Je passais des heures Ć  parler avec les amis, Ć  dĆ©battre sur divers sujets qui, cependant, me laissaient vide Ć  l’intĆ©rieur. Genfest-1981_aUn jour, Anita, une jeune de la paroisse, m’a invitĆ©e, ainsi que ma sœur, au Genfest qui allait avoir lieu Ć  Rome. Elle nous a dit que nous allions rencontrer des milliers de jeunes d’autres pays, et aussi le pape. Anita avait quelque chose de spĆ©cial, une joie sincĆØre qui brillait dans ses yeux et, comme elle, d’autres personnes de la paroisse – le prĆŖtre, deux catĆ©chistes, un sĆ©minariste – semblaient avoir un secret: ils Ć©taient toujours ouverts Ć  tous, disponibles, capables d’écoute sincĆØre. Avec une bonne dose d’inconscience, ma sœur et moi sommes parties en bus avec une centaine de jeunes de la paroisse, Ć  destination de Rome et du Genfest. ƀ cause d’un accident, nous sommes arrivĆ©s tard au Stade Flaminio et nous avons dĆ» aller tout en haut, sur les gradins dĆ©couverts, et loin de la scĆØne où une banderole annonƧait: “Pour un monde uni”. Il pleuvait Ć  verse et j’étais trempĆ©e. J’ai commencĆ© Ć  me demander pourquoi je m’étais dĆ©cidĆ©e Ć  participer Ć  une telle aventure. Mais, ensuite, des jeunes suisses assis juste en dessous de nous nous ont passĆ© des bĆ¢ches en plastique pour nous abriter, nous ont offert Ć  manger et des jumelles pour pouvoir mieux suivre le programme. Nous parlions des langues diffĆ©rentes, mais nous nous sommes immĆ©diatement compris: j’ai expĆ©rimentĆ© la gratuitĆ© de l’amour et un grand accueil. Au centre du stade, malgrĆ© la pluie, des chorĆ©graphies trĆØs colorĆ©es se succĆ©daient: j’avais l’impression d’ĆŖtre entrĆ©e dans une autre dimension. 40Ā 000Ā jeunes pleins d’enthousiasme qui arrivaient de tous les coins du monde, qui tĆ©moignaient l’Évangile vĆ©cu rĆ©ellement. Genfest1980Ensuite, une petite femme aux cheveux blancs est montĆ©e sur scĆØne. C’était Chiara Lubich. Je la voyais avec les jumelles. DĆØs qu’elle a commencĆ© Ć  parler, le stade est devenu complĆØtement silencieux. J’écoutais, captivĆ©e surtout par ce qu’elle disait, le ton de sa voix, la conviction qui Ć©manait de ses paroles, la puissance qui contrastait avec sa figure fragile. Elle parlait d’un “moment de Dieu”, et bien qu’énumĆ©rant divisions, clivages, dĆ©sunion de l’humanitĆ©, elle annonƧait un grand idĆ©al: celui d’un monde uni, l’idĆ©al de JĆ©sus. Elle nous invitait Ć  apporter le divin dans la sociĆ©tĆ©, dans le monde, Ć  travers l’amour. Le discours a durĆ© quelques minutes et je me suis retrouvĆ©e comme accablĆ©e par une Ć©motion jamais Ć©prouvĆ©e, le visage lacĆ©rĆ© de larmes libĆ©ratrices. Je suis sortie de ce stade en marchant au milieu d’un fleuve de jeunes, avec la conviction profonde que – par la suite – aucun Ć©vĆ©nement douloureux ou difficile n’a jamais pu Ć©branler: le monde uni est possible et j’ai la merveilleuse possibilitĆ© de le construire avec ma vie! Genfest1980_dJ’avais trouvĆ©! Je voulais vivre comme Chiara, comme ces jeunes parmi lesquels j’avais Ć©tĆ© cet aprĆØs-midi, avoir leur foi, leur Ć©lan, leur joie. Le matin suivant, sur la place St-Pierre, la rencontre enthousiasmante avec Jean-PaulĀ II. Durant le voyage du retour, pourtant trĆØs timide, j’ai assailli les Gen de questions: je voulais tout savoir sur elles! J’ai commencĆ© Ć  participer aux rencontres dans ma ville, et les Gen m’ont parlĆ© de leur secret: un amour inconditionnel envers JĆ©sus abandonnĆ© dans chaque douleur, petite ou grande, en nous ou autour de nous. J’ai compris qu’il s’agissait d’une expĆ©rience de Dieu, radicale, sans demi-mesure; Il m’appelait Ć  tout Lui donner, Ć  Le suivre. Une immense peur m’a submergĆ©e: il s’agissait pour moi de TOUT ou RIEN. AprĆØs le Genfest, les souffrances et les douleurs fortes n’ont pas manquĆ©. Mais la vie que j’avais entreprise avec les Gen, le fait de pouvoir donner un sens Ć  la douleur, l’unitĆ© entre nous faite d’amour concret, de partage, m’a aidĆ©e Ć  aller de l’avant, au-delĆ  de tout obstacle, dans une aventure extraordinaire qui a dilatĆ© mon cœur. J’ai expĆ©rimentĆ© que, avec Dieu parmi nous, tout est possible, et la rĆ©alitĆ© de l’unitĆ© de la famille humaine que j’avais rĆŖvĆ©e, rĆ©alisable. Patrizia Bertoncello

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