Mouvement des Focolari

L’amour plus fort que la pauvreté

Juin 8, 2014

Marco Tecilla, originaire de Trente et focolarino de la première heure, raconte les premiers pas de la communauté de cette ville. Le nouvel esprit évangélique les ayant rassemblées, les personnes étaient prêtes à mettre leurs biens en commun pour alléger les souffrances de l’après-guerre.

MarcoTecilla «Dans le coeur de Chiara Lubich se trouvait un rêve » – celui qui parle c’est Marco Tecilla, entré dans l’histoire comme le « premier » focolarino. Devant lui : un public de quelques centaines de personnes venant de 50 pays, représentant des communautés locales des Focolari répandues dans le monde. Jeter un coup d’œil en  arrière sur ce qui s’est passé dans la ville où le charisme de l’unité a fait ses premiers pas, Trente, pour aussi en tirer un éclairage sur notre temps, est naturel. « En regardant par sa fenêtre qui dominait Trente, Chiara aurait voulu résoudre le problème social de la ville. Mais nous n’avions pas encore les forces. Et voilà qu’en décembre 1947 elle nous convoqua tous dans la salle Cardinal Massaia pour nous communiquer quelque chose. Elle avait remarqué que parmi les personnes de notre communauté il y en avait qui étaient obligées de vivre dans une grande restriction économique. Et ça, pour elle, c’était inconcevable. Dans les premières communautés chrétiennes de Jérusalem aux premiers temps de l’Eglise – comme le racontent les Actes des Apôtres – « tout était en commun et il n’y avait parmi eux aucun indigent » parce que l’évangile était vécu à la lettre. Chiara, justement, décida de nous parler de la communion des biens et de nous lancer ce défi à nous tous, qui formions cette première communauté de Trente. Semblable et différente de celle des premiers chrétiens ». Chacun devait donc vendre tous ses biens? « Non. Même si l’on arrivait de fait au même but que la communauté chrétienne, on ne demandait à personne de vendre ce qu’il avait pour l’apporter à la communauté, mais de donner ce tout que l’on possédait en propre et dont on pouvait se priver sans que cela nuise ni à nous-mêmes ni à la famille ». 20111030-02Comment fonctionnait cette forme de charité “organisée”? « Chacun apportait ce qu’il avait en plus, surtout en argent, et s’engageait à donner une somme fixe qu’il décidait mois par mois. Le donateur et le chiffre restaient confidentiels. Avec l’argent reçu, une focolarine que Chiara elle-même avait mandatée, aurait aidé, mensuellement et discrètement, des familles indigentes de la communauté. Elle exerçait cette tâche délicate avec toute la charité et la réserve nécessaires. Le but était : arriver à ce que parmi nous il n’y ait plus aucun indigent, mais que tous aient de quoi vivre. Le résultat de la somme obtenue et l’engagement mensuel furent impensables et elles réussirent dès le premier mois, à régler les problèmes d’une trentaine de familles ».

Qu’en pensait Chiara ? « En regardant notre monde elle disait : ‘On dirait que c’est quelque chose d’impossible de nos jours, dans un monde si avide et égoïste… et pourtant c’est possible. Devant des faits comme ceux-là, émus et reconnaissants, nous crions : La Charité c’est Dieu ! Et Dieu est le Tout-Puissant. Dans l’esprit de charité et d’unité (qui n’est pas la simple aumône, mais le don total de soi à la volonté de Dieu) tout le monde trouverait quelque chose à donner. Mais il faut, avant de demander ce qui appartient en propre, former les cœurs, parce qu’à la différence des premiers chrétiens, il circule chez les gens un esprit du monde trop grand, il règne la désunité et l’indifférence. Seule une formation évangélique solide et profonde peut faire vivre une société idéale de charité fraternelle. Cela se vérifiera certainement entre nous parce que, tant que nous serons unis, Christ est au milieu de nous, et ce que lui bâtit, reste ». De fait, ce que l’on remarquait beaucoup dans les premiers temps du mouvement des Focolari c’était l’importance de la vie de l’évangile ».

Expérience,  celle de la communion des biens,  qui ne s’est pas arrêtée à la première communauté de Trente,  mais s’est prolongée au cours des années, autant dans les choix de vie des membres des Focolari, que dans des actions concrètes (comme les « liens fagot ») où l’on faisait circuler les biens sous une forme qui rappelle le troc d’avant, avec une forte dose de solidarité et de justice sociale.

___

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

S'abonner à la lettre d'information

Mot du jour

Articles connexes

Sur le même bateau : un voyage vers la paix

Sur le même bateau : un voyage vers la paix

8 mois de navigation, 30 ports et 200 jeunes. Parti en mars 2025 de Barcelone (Espagne), le bateau-école pour la paix « Bel Espoir » poursuit son voyage qui ne s’achèvera qu’en octobre, reliant les cinq rives de la Méditerranée. A bord, huit groupes de vingt-cinq jeunes de toutes nationalités, cultures et religions qui, animés par le désir commun de construire un monde meilleur, vivront ensemble en apprenant à se connaître, entre débats et expériences personnelles, en abordant de nouvelles problématiques à chaque escale. Parmi eux, une vingtaine de garçons et de filles, parmi les jeunes ambassadeurs de Living Peace et les jeunes du Mouvement des Focolari
Berhta (Liban), engagée dans le projet MediterraNEW, qui œuvre pour l’éducation des jeunes en Méditerranée, surtout des migrants, nous raconte son expérience.