Mouvement des Focolari
Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

Rafael Tronquini

Parle-nous de tes souvenirs de Jean-Paul II dans ses dernières années, marquées par la souffrance. Quel témoignage le Pape t’a-t-il donné durant cette période ?

Je me rappelle surtout sa dernière année. Toutes les nouvelles diffusées dans les médias. Toutes les images du Pape qui ne parvenait pas à bien s’exprimer. Pourtant, son amour pour moi et pour les jeunes du monde entier était très fort. Jean-Paul II est le premier pape que j’ai connu. En 2005, j’avais 21 ans, et le Pape était comme un grand-père pour moi, à cause de sa sagesse. Et un grand compagnon de voyage ! Il disait tellement de choses belles. Dans les groupes de jeunes de ma paroisse, nous parlions beaucoup de lui comme un exemple de personne qui continuait à aimer même dans la souffrance.

J’ai voulu répondre à l’invitation qu’il avait lancée aux JMJ au Canada en 2002, à Toronto, et c’est ainsi que j’ai participé aux JMJ de Cologne en 2007. Cela m’a fait expérimenter l’unité de l’Église. Je sens qu’il me faut remercier éternellement Jean-Paul II de la proposition qu’il a faite à nous tous, les jeunes : vivre ensemble cette inoubliable rencontre. En me recueillant devant sa tombe, j’ai remercié Dieu de nous avoir fait cadeau de sa vie. Après les JMJ, j’ai compris beaucoup de choses mais, surtout, j’ai pris la résolution de suivre Jésus dans les joies et les souffrances de chaque jour.

Le Pape essayait de trouver Dieu et Jésus dans sa souffrance. Que peux-tu dire à ce sujet ?

Il me fait penser au chemin parcouru par le Christ, mort sur la croix puis ressuscité. Chaque jour, si nous aimons comme Jésus, nous pouvons faire cette expérience de résurrection. Quand je suis rentré chez moi, au Brésil, après les JMJ en Allemagne, j’ai appris que ma grand-mère était très malade. Que faire ? Que dire ? À ce moment-là, je me suis souvenu de Jean-Paul II, de la façon dont il avait vécu son expérience de souffrance. Ma grand-mère est morte quelques jours plus tard. Pour moi, il s’agissait d’une situation nouvelle : perdre la même année Jean-Paul II et ma grand-mère, deux personnes que j’aimais beaucoup, quoique de deux façons différentes. Je crois que, face à la réalité de la maladie, on ne doit pas chercher des réponses sans aimer. Il faut aimer et trouver Dieu dans les malades, tout offrir à Jésus qui est mort sur la croix par amour.

Le jour de la mort du Pape, ma sœur m’a appelé à mon travail, en larmes. Même si je ne comprenais pas ce qu’elle me disait, je devinais que c’était une mauvaise nouvelle. Puis tout s’est éclairé : Jean-Paul II s’était éteint. Je me suis mis à pleurer moi aussi, mais j’ai remercié Dieu de l’élan que le Pape avait donné à ma vie.

Vous aussi, vous avez l’idéal de « Jésus Abandonné » ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Oui, je vis la spiritualité de l’unité, prônée par le mouvement des Focolari, et Jésus Abandonné est notre unique trésor. Pour moi, cela signifie choisir Jésus dans la souffrance de son abandon, dans son rien, dans son cri : « Pourquoi… m’as-tu abandonné ? » Choisir le moment où, après s’être fait rien, il a aimé l’humanité de toute son âme. Alors, après avoir étudié, ou bien lorsque je suis fatigué par ma journée de travail, je me rappelle que je dois préférer la fatigue, parce que c’est un des visages de Jésus Abandonné. Quand je triomphe des tentations pour être un chrétien authentique, ou bien quand je fais des erreurs, là encore, je « suis » Jésus Abandonné. Ainsi, lors de ma prière du soir, je Lui offre toujours toutes mes souffrances, parce qu’Il a tout pris sur Lui, nos limites et nos échecs. C’est Lui, l’unité.

(Interview réalisée par Corinna Muehlstedt pour la radio bavaroise, 18 mars 2011)


Münster

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Hamburg

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Hannover

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Centre Mariapolis – Solingen

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Leipzig

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Dresden

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Centre Mariapolis – Zwochau

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Frankfurt

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Heidelberg

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Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

Béatification de Jean Paul II

La béatification de Jean Paul II est désormais imminente et, avec toute l’Église, nous nous sentons envahis par une immense joie et une profonde gratitude. Joie et gratitude pour le don qu’elle nous donne de reconnaître la sainteté de ce grand pape, exprimée par sa vie dépensée et consumée, jusqu’au dernier instant, pour Dieu et pour les hommes. La richesse extraordinaire de son magistère continue à nous stupéfier, de même que la reconnaissance que suscite son témoignage d’amour sous toutes les latitudes aussi bien chez les chrétiens que chez des fidèles d’autres religions et chez des personnes n’ayant pas de foi religieuse. Lui-même, à l’occasion du 25° anniversaire de son pontificat, nous en avait révélé la source : cet intime secret du rapport qui le liait à Jésus, en tant que successeur de Pierre : « Il y a 25 ans, j’ai expérimenté de façon toute particulière la Miséricorde divine. Le Christ m’a dit, à moi aussi, comme autrefois à Pierre : ‘M’aimes-tu plus que ceux-ci ? Chaque jour a lieu dans mon cœur le même dialogue qu’entre Jésus et Pierre. Dans l’esprit, je fixe le regard bienveillant du Christ ressuscité. Bien que conscient de ma fragilité humaine, il m’encourage à répondre, comme Pierre, avec confiance : ‘Seigneur, Tu sais tout, Tu sais que je t’aime ! »[1] Aujourd’hui, cet événement de l’Église nous fait pénétrer dans la dimension de ce « plus » vécu par Jean Paul II, jour après jour, de façon héroïque. Avec tous les autres Mouvements nous avons expérimenté l’amour particulier de Jean Paul II qui a reconnu leur rôle dans l’Église, expression de sa dimension mariale. En 1987, en parlant à la curie romaine, il avait déjà mis en lumière l’importance de cette dimension : « L’Église vit de cet authentique ‘profil marial’, de cette ‘dimension mariale’. (…) Marie, l’Immaculée, précède chacun et, de façon évidente, Pierre lui-même et les apôtres. (…) Le lien entre les deux profils de l’Église, le profil marial et le profil pétrinien est donc étroit, profond et complémentaire bien que le premier soit antérieur aussi bien dans le dessein de Dieu que dans le temps ; il est aussi plus élevé et plus prééminent, plus riche d’indications personnelles et communautaires (…)[2] ». En ouvrant tout grand les portes à la nouveauté suscitée par l’Esprit Saint, dans la rencontre historique avec les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés, à la veille de la Pentecôte 1998, Place Saint-Pierre, Jean Paul II reconnut que les deux profils « sont coessentiels à la constitution de l’Église et concourent (…) à sa vie, à son renouvellement et à la sanctification du peuple de Dieu »[3]. Au-delà des événements publics importants, Chiara Lubich était liée à ce grand pape par un rapport personnel et profond : les audiences privées, souvent au cours d’une invitation à déjeuner, sa présence dans de nombreuses manifestations publiques du mouvement, les lettres personnelles et les appels téléphoniques à l’occasion de circonstances particulières sont « des pierres milliaires dans l’histoire de notre mouvement ». Elles poussaient Chiara à s’exprimer ainsi en 2005, au moment de sa mort : « Sa sainteté ? Je peux moi aussi en témoigner personnellement »[4]. « Il se faisait tellement ‘rien’, au point que, parfois, en sortant de ses audiences, nous ressentions une intense union, directe, avec Dieu seul. Le pape te portait à Dieu, tel un véritable médiateur qui s’annule quand il a atteint son but. »[5]. « On reste émerveillés et l’âme pleine de reconnaissance face à un tel amour et, en même temps, on remercie Dieu d’avoir pu être proche de lui pour l’aider en tant que fils et ‘sœur’comme il m’a nommée dans une de ses dernières lettres »[6]. « L’histoire du mouvement des Focolari, écrivait Chiara à cette occasion, est, au cours de ces dernières 27 années, une nouvelle preuve de ce ‘plus’d’amour qui habitait le cœur de Jean Paul II. Son ‘plus’ d’amour a entraîné le nôtre si bien que le pape est entré profondément dans le cœur de chacun des membres du mouvement. On ne peut donc pas dire, simplement avec des mots humains, ce qu’il a été pour nous. »[7] Comment ne pas se souvenir de la visite du Saint Père, le 19 août 1984, au centre du Mouvement à Rocca di Papa ? À cette occasion, il a reconnu explicitement, dans l’expérience de Chiara, la présence d’un charisme et il affirma : « Il a existé, dans l’histoire de l’Église, de nombreux radicalismes de l’amour. (…) Il y a votre radicalisme de l’amour, celui de Chiara, des focolarini. (…) L’amour ouvre la route. Je souhaite que cette route, grâce à vous, soit, pour l’Église, toujours plus ouverte ! »[8] Et comment ne pas penser à certaines de ses expressions qui nous concernent ? Au cours de son intervention au Familyfest de Rome, le 3 mai 1981, il a ajouté spontanément : « Votre spiritualité est ouverte, positive, optimiste, sereine, conquérante… Vous avez même conquis le pape… J’ai dit que je souhaitais que vous soyez l’Église. Maintenant je veux dire que je souhaite à l’Église d’être vous »[9]. Et en 1983, le 20 mars au cours de la Journée Humanité Nouvelle : « Très souvent, quand je suis triste, je pense… ‘focolarini’ Et je retrouve une consolation, une grande consolation ! »[10] Au cours de ses nombreux voyages, dans tous les coins du monde où il a voulu se faire pèlerin, il avait appris à reconnaître notre ‘peuple focolarino’ comme il l’appelait, et il en retirait, comme il l’a dit un jour à Chiara, réconfort et soutien. Tout au long de son pontificat, nous avons souvent ressenti de sa part un amour particulier et accueilli la profondeur de son regard paternel et presque sa prédilection. Nous nous souvenons avec gratitude de l’affection chaleureuse qu’il a manifestée à Chiara et à beaucoup d’entre nous en de nombreuses circonstances ; mais aussi son rôle déterminant pour reconnaître le charisme particulier donné, à travers elle, à l’Église et à l’humanité. Un aspect de l’harmonie spirituelle un peu spéciale entre Chiara et Jean Paul II, peut être perçu dans leur façon de ‘sentir’ et de vivre l’Église en tant que communion, expression de l’amour de Dieu pour tous les hommes. D’où la proposition de Jean Paul II, exprimée dans la lettre apostolique Novo millennio ineunte, pour l’Église du troisième millénaire : vivre la spiritualité de communion pour reporter Jésus ressuscité au cœur du monde[11]. Et en ce moment où nous fêtons avec une immense joie la béatification de Jean Paul II, nous nous sentons à nouveau fortement interpelés par lui et par Chiara, d’une seule voix, à vivre en plénitude la spiritualité que Dieu nous a donnée.

Maria Voce


1 Jean Paul II – Homélie pour le 25° anniversaire de son pontificat 16.10.2003 2 Aux cardinaux et aux prélats de la curie romaine – 22.12.1987 [3] Jean Paul II – Aux mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés – 30.5.1998 [4] Chiara Lubich – Un più di amore – Città Nuova 2005/7 page 10 et s. [5] Mariapolis n° 4-5/2005 [6] Chiara Lubich – Un più di amore – cit. [7] Chiara Lubich – Un più di amore – cit [8] Discours de Jean Paul II aux membres du mouvement des Focolari – 19.8.1984 [9] Discours de Jean Paul II aux couples participants au congrès : « La famille et l’amour »- 3.5.1981 (expression non citée dans le discours publié) [10]Discours de Jean Paul II aux participants du congrès international du « Mouvement Humanité Nouvelle » – 20.3.1983 (expression non citée dans le discours publié) [11] Cf Novo millennio ineunte n° 43

Berlin

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Stuttgart

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Nürnberg

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München

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La Résurrection

Le christianisme est vrai parce que Christ est ressuscité.

Pour qu’il ne bougea pas, ils mirent à l’entrée du tombeau une grosse pierre et près de la grosse pierre une garde. Mais, le mort sorti. Et l’histoire pris une autre direction, elle déboucha sur la vie éternelle, et non pas dans la mort infinie.

A l’entrée du sépulcre vide, l’Eglise invite les chefs d’Etat, les rois et les magistrats à comprendre; alors que c’est tellement difficile de comprendre pour eux; au point qu’ils répètent à l’infini les mêmes erreurs: ils sortent d’une dictature pour en préparer une autre; ils se relèvent de la seconde guerre et prévoient la troisième;  ils prennent souvent soin des malheurs des peuples en ajoutant d’autres maux.

Sur la toile de fond de la résurrection, défilent de douces figures de femmes. En elles, l’amour a chassé la peur; alors que les apôtres sont retranchés dans la clandestinité, elles-mêmes sortent chercher l’Amour: et elles découvrent qu’il est ressuscité. Elles découvrent la confirmation de l’Evangile: que la religion de Jésus est un combat contre la mort et la victoire sur elle; en effet, son essence est l’amour qui ne connaît pas de limites. La beauté s’achève, l’honneur a une fin, la justice s’arrête aux frontières du droit, mais l’amour ne connaît pas de barrières, il va au-delà des ornières du mal, il surmonte la mort. Avec les sacrements, il assure ensuite une continuelle résurrection du mal, mal qui est source de mort: et les sacrements, éléments de vie, sont l’aboutissement de l’amour, comme la rédemption et comme l’Eglise.

Pour le chrétien, le désespoir n’a pas de place, ni même se laisser abattre au seuil de la mort. Ses maisons peuvent s’écrouler, ses richesses se disperser: il se relève et reprend le combat: le combat contre la haine. Le christianisme demeure tant que résiste cette foi en la résurrection.

La résurrection du Christ, notre Chef, qui nous associe à lui et nous rend participant de sa vie, nous oblige à ne jamais désespérer. Elle nous procure le secret pour nous relever de tout effondrement. Elle nous donne les armes pour le combat et les forces pour vaincre la mort ; l’esprit, s’il est greffé en Christ, l’emporte. Notre religion est une religion de la vie : elle est la seule dont la mort ait été victorieusement et, si nous le voulons, définitivement bannie.

Aujourd’hui, nous sommes écrasés, mais en nous attachant à l’esprit chrétien, le peuple ressuscitera. En attendant, à l’exemple de Marie, qui recueillit son Fils décloué de la croix et le tint dans ses bras, l’Eglise tient en son sein l’humanité crucifiée. Et elle la prépare à la résurrection.

C’est la résurrection du Christ, qui doit être motif de renaissance de notre foi, de notre espérance et de notre charité: la victoire de nos oeuvres sur nos penchants de mort. Renaître chacun, en unité de sentiments avec le prochain; et chaque peuple en harmonie d’oeuvres avec les autres peuples.

Saint Augustin, ayant à résumer dans un discours pascal le processus de notre résurrection, ne trouva rien de mieux que de citer l’apôtre de l’amour qui dit: “ Nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères’’.

Par conséquent: aimons-nous entre nous, pour nous aider à vivre. Ainsi nous ressusciterons.

Igino Giordani, Le Feste, SEI, Torino, 1954, pp.116-125.

Puglia

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Campania

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Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

Le Ressuscité parmi ceux qui s’aiment


Bien chers amis argentins,

Vous souhaitez que j’adresse mes vœux à ce pays splendide : l’Argentine.

Je ne vous souhaite pas quelque chose que j’ai moi-même imaginé mais quelque chose qui est dans l’air de l’histoire d’aujourd’hui.

Comme on le sait, au-delà de notre façon de voir les choses, il en existe une autre : celle de celui qui conduit l’histoire, celle de Dieu.

De temps en temps il nous donne des signes qui nous montrent sa volonté : les signes des temps.

L’un d’eux, au jour d’aujourd’hui s’appelle unité.

Malgré les guerres qui existent dans le monde, malgré les calamités, les inégalités, beaucoup de choses disent que le monde tend à l’unité.

Dans le monde civil et politique les états nous le disent : ceux de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie, ou de l’Amérique qui tendent à s’unir sous des formes différentes et en fonction d’objectifs variés.

Des administrations ou des organisations mondiales nous le disent, telles que l’ONU.

Le monde religieux nous le dit. C’est pour cette raison que nous parlons d’œcuménisme, de dialogue interreligieux, interculturel.

Et c’est l’unité que je souhaite aussi à ce pays. Elle existe déjà. Mais elle peut être approfondie.

Comment ? Par l’amour fraternel entre tous, entre les familles, entre les générations, entre les villes, entre les provinces dans le respect de leur identité, pour transformer cette société en une seule et grande famille.

Si nous vivons ainsi, le Ressuscité fêté à Pâques, sera au milieu de tous, parce que lui-même l’a dit.

Et il améliorera toute chose dans tous les domaines de la vie humaine ;

Il sera la chance de l’Argentine, sa grande chance, son avenir assuré.

Tous mes vœux à tous, grands et petits !

Et en particulier, tous mes vœux, de tout mon cœur à tous ceux qui souffrent de quelque façon que ce soit.

Chiara Lubich

(Buenos Aires, avril 1998)

Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

Pâques 2011 : avec Jésus ressuscité sur les routes du monde

« Chers tous et toutes,

La bonne nouvelle que nous sommes appelés aujourd’hui encore à annoncer, c’est que Jésus est ressuscité et qu’il est vivant au milieu de nous par l’amour réciproque.

C’est l’évangélisation d’il y a 2000 ans. Elle est toujours actuelle et nous invite tous à un nouvel engagement de vie et de témoignage.

Le vœu que je désire faire arriver à chaque membre de notre grande famille est de cheminer toujours avec Jésus ressuscité sur les routes du monde ».

Maria Voce

كلمة الحياة نيسان 2011

صلّى لتبتعد عنه تلك الساعة، ولكنّه عاد وأسلم ذاته كلّيًا لإرادة الله:

“ولكن ليس ما أريد أنا، بل ما أنت تريد”

كان يسوع يعرف تمام المعرفة أنّ آلامه لم تكن بالحدث المفاجئ، وليست نتيجة قرار بشريّ وحسب، إنّما هي مخطّط الله عليه. سوف يُحاكَم وينبذه الناس، لكنّ الكأس التي سيشربها، تأتي من يد الله.

يُعلّمنا يسوع أنّ للآب مخططَ محبّة على كلّ إنسان، وهو يخصّ كلَّ واحد منا بمحبّة شخصيّة. وفي حال آمنا بهذه المحبة، وتجاوبنا بدورنا معها بمحبّتنا له، فسيؤول كلّ شيء إلى خيرنا. وبالنسبة إلى يسوع ، ليس من أمر، حتّى آلامه وموته، قد حدث صدفة.

ومن ثمّ جاءت القيامة التي نحتفل بها خلال هذا الشهر.

إنّ مَثَل يسوع الذي قام من الموت يجب أن يكون نوراً لحياتنا. يجب أن نرى في كلّ ما يحصل ويحدث من حولنا، حتّى ما يؤلمنا، أمرًا يسمح به الله أو يريده لأنّه يحّبنا. عندها سيكتسب كلُّ شيء في الحياة معنىً ويحمل معه فائدة، حتّى تلك الظروف التي في حينها قد تبدو لنا أنّها تلامس العبث، أو التي لا يفهمها العقل، أو التي ترمي بنا، كما حدث ليسوع، في هوّة من اليأس المميت. يكفينا آنذاك أن نردّد معه وبفعل ثقة كليّ بمحبّة الآب:

“ولكن ليس ما أريد أنا، بل ما أنت تريد”

ما يريده الله منّا هو أن نحيا حياتنا وأن نشكره بفرح على نِعَمِ الحياة. ولكن، قد نظنّ أحيانًا، بخاصّة عندما تواجهنا الآلام، أنّ إرادته أمر مفروض علينا ويجب الاستسلام أمامه، أو هي تتابع أحداث رتيبة مملّة تتوالى في حياتنا.

إنّ إرادة الله هي صوت الله في داخلنا، يُحدّثنا بلا انقطاع ويدعونا إليه، إنّها الطريقة التي يعبّر لنا بها عن حبّه ليهبنا ملء حياته. يمكننا أن نُشبّهها بالشمس وأشعّتها: الأشعّة هي بمثابة إرادة الله على كلّ إنسان. كلّ منّا يتبع شعاعًا مختلفًا عن الذي يسير فيه الآخر الذي يحقّق إرادة الله عليه أيضًا. جميعنا نتمّم إرادة واحدة هي إرادة الله، لكنّها تختلف من الواحد إلى الآخر. ونحن نعلم أنّ تلك الأشعة كلّما اقتربت من الشمس، اقتربت من بعضها بعضًا. هكذا، وبقدر ما نقترب من الله محققّين بشكل كامل إرادته الإلهيّة، يقترب واحدنا من الآخر إلى أن نصبح جميعنا واحدًا.

وإن عشنا على هذا النحو كلّ شيء في حياتنا قد يتبدّل. وبدل أن نتوجّه إلى مَن نرتاح إليهم ونخصّهم بمحبّتنا ونفضلّهم وحسب، سوف نحوّل اهتمامنا نحو جميع مَن تضعه إرادة الله على دربنا. وبدل أن نفضّل القيام بما يعجبنا سنصبح مستعدّين للقيام بما تقترحه علينا مشيئة الله ونفضّله. وأن نعيش إرادة الله بكلّ كياننا في اللحظة الحاضرة “بل ما أنت تشاء”، سوف يحملنا على التخلّي عن كلّ شيء وحتّى عن ذواتنا “ولكن لا ما أنا أشاء”. نحن لا نسعى وراء التخلّي بحدّ ذاته، بل نحن نبحث عن الله من دون سواه؛ فنكون بالنتيجة قد تخلّينا عن ذواتنا. وعندها يكون فرحنا كاملاً. يكفينا أن نغوص في اللحظة الحاضرة وأن نحقّق فيها إرادة الله ونحن نردّد:

“ولكن ليس ما أريد أنا، بل ما أنت تريد”

إنّ الماضي لم يعد بين أيدينا، والمستقبل ليس ملكًا لنا بعد. مثل ذلك المسافر في قطار؛ لكي يصل سريعًا إلى هدفه لا يسير داخل القطار ذهاباً وإياباً بل يجلس هادئًا في مقعده. هكذا لنثبت في اللحظة الحاضرة، لأنّ قطار الزمن يمشي من تلقاء نفسه.

فلنحبّ إذًا تلك الابتسامة التي يجب أن نعطيها، أو العمل الذي علينا أن نقوم به، أو السيّارة التي نقودها، أو الطعام الذي نُحضّره، أو البرنامج الذي نُنظّمه أو من يتألّم بقربنا.

لا تعود المحن أو الآلام تخيفُنا إذا كنّا نعرف، على مثال يسوع، أن نرى فيها إرادة الله أي محبّته لكلّ واحد منّا. لا بل يمكننا أن نردّد هذه الصلاة:

“أعطني يا ربّ ألاّ أخاف شيئًا، لأنّ كلّ ما سوف يحصل هو إرادتك! أعطني ألاّ أرغب بشيء لأنّ ليس هناك ما أرغب به أكثر من إتمام إرادتك وحدها.

ما المهمّ في هذه الحياة؟ وحدها إرادتك مهمّة‍!

أعطني ألاّ أخاف شيئاً لأنّ إرادتك تسكن  كلّ تفاصيل حياتي.

أعطني ألاّ أفتخر بشيء، لأنّ كلّ شيء نابع من إرادتك”.

كيارا لوبيك ( نيسان 2003)

Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

République Dominicaine: La générosité des jeunes


Un samedi spécial pour la grande famille des Focolari en République Dominicaine. Dans la Maison Saint Paul de l’Eglise catholique dominicaine, environ 700 personnes affluent de tout le pays. Deux cent kilomètres sur trois cent, une douzaine de provinces, ce pays est petit, mais riche de beautés locales, de “patriotisme régional”, avec tous ses cotés positifs et à l’opposé ceux négatifs liés aux traditions.

On le constate lors de la rencontre de Maria Voce et Giancarlo Faletti avec 150 jeunes proches du Mouvement en République Dominicaine: une variété considérable, une richesse d’expressions. Priscilla, par exemple, raconte son déménagement de sa région, Santiago Rodriguez, rurale et réputée pour ses gigantesques cultures de bananes, vers la capitale pour étudier Psychologie. Cela ne lui a pas été facile de changer de milieu, d’amis et de façon de vivre. Cependant la proximité des jeunes des Focolari lui a permis de bien s’insérer dans cette nouvelle réalité, jusqu’à devenir un leader pour beaucoup d’autres amis.

Le parterre de jeunes est particulièrement silencieux: c’est curieux, étant donné la vivacité exubérante de ces jeunes dominicains cependant capables de grande générosité et profondeur de vie. Leurs questions soulignent leur désir de radicalité. Aussi Maria Voce insiste, parlant de “vocation”, d’aspiration à quelque chose de grand: «A votre âge, ça en fait partie, on aime le risque, l’esprit d’aventure, l’envie de faire quelque chose d’autre. C’est justement à cet âge qu’on a la grâce de faire quelque folie! Et c’est une folie pour Dieu que de suivre son éventuel appel, même si on n’est pas complètement sûrs. Et ça en vaut la peine». Et Giancarlo Faletti souligne comment «la jeunesse est par nature en recherche, en recherche d’études, de travail, de sport, d’affections, d’engagement. C’est là que ressort le potentiel de chacun et aussi sa capacité d’écoute. Non seulement d’écoute de voix extérieures, mais surtout de la voix intérieure qui me pose la question du pourquoi de tout ce que je fais. Je ne peux pas me cacher derrière plein de choses, derrière une vie frénétique : je dois savoir écouter la voix qui me demande où va ma vie».

Ressortent aussi les pulsions de l’égoïsme et du peu de transparence, du bruit de la ville et aussi du péché, de la tentation, qui ont une forte incidence sur les jeunes: «Notre amplificateur – répond Maria Voce – est la présence de Jésus au milieu de nous, qui fait entendre sa voix et la fait devenir forte et même plus forte que tous les autres bruits». Chiara Luce Badano, cette jeune du Mouvement récemment béatifiée, est pour eux un exemple qui les aide à affronter les difficultés même quand,  par rapport à la vie qui peut paraître la normalité, on est critiqué en raison d’une vie chrétienne engagée ou de toute manière à contre-courant. «Mais est-ce plus important de se préoccuper que Dieu soit satisfait de toi ou seulement qu’un ami ou une amie le soit ?», leur demande Maria Voce. Puis «c’est cependant nécessaire que ces amis perçoivent la joie qui existe entre vous». Il n’est pas question de s’isoler, mais de promouvoir la beauté de la vie “avec Jésus”, pour faire expérimenter la beauté de ce qui se fait “ensemble”.

Marguerita, une jeune du nord du pays, commente: «Quand Maria Voce nous a parlé de Jésus qui a crié son abandon sur la croix, j’ai compris qu’il n’y a pas seulement la douleur; Le vivre, ne veut pas dire rester dans la souffrance, mais avoir la joie de vivre avec Lui et pour Lui». Tandis que Pablo, de Saint-Domingue, souligne que «la joie simple que j’ai éprouvée aujourd’hui, doit devenir un virus qui contamine mes amis».

«Vous êtes généreux – conclut Maria Voce –, et vous m’avez prouvé que vous savez l’être. Par conséquent  vous êtes capables de grandes choses. Continuez sans crainte à donner davantage».

De Michele Zanzucchi

Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

République dominicaine : « Café con leche »

On sait que la République dominicaine est la « Suisse des Caraïbes ». Les quartiers du centre de la capitale, Saint-Domingue, font pâlir d’envie Miami ou Houston, sans parvenir cependant à cacher les graves inégalités sociales qui affectent la société du pays. Rien à voir avec les voisins d’Haïti et leur situation dramatique qui les réduit presque à la survie, même si un million de Haïtiens vivent en République dominicaine et y effectuent souvent les travaux les plus durs, comme celui de maçon, de déchargeur de marchandises sur les ports ou d’ouvrier dans les plantations de bananes. Mais on ne peut pas parler non plus de petites zones de pauvreté, car il existe des quartiers entiers où il est bien difficile de vivre dans des conditions décentes.

Herrera est un de ces quartiers. Maria Voce s’y est rendue, dans le secteur El Café, pour découvrir une des œuvres sociales développées par le mouvement des Focolari. Il s’agit d’une école qui porte le nom de « Café con leche » (café au lait), une allusion à la situation typique des mulâtres – ni café ni lait –, qui constituent l’immense majorité de la population de la République dominicaine. L’école compte aujourd’hui plus de 500 élèves, les uns fréquentant les cours du matin et les autres ceux de l’après-midi, dans des locaux qui se sont agrandis peu à peu, à partir de l’année 1990, considérée comme le début de l’aventure de « Café con leche ».

C’est par Marisol Jiménez que tout a commencé. En voyant l’extrême pauvreté du quartier et les enfants à-demi abandonnés, elle a commencé par créer une chorale dans la paroisse, avant d’organiser un séjour en camping au cours de l’été, qui a rassemblé 500 enfants durant deux années consécutives. Puis il lui est apparu clairement qu’il fallait faire quelque chose pour améliorer le niveau d’éducation des enfants, qui restaient analphabètes pour la plupart. Peu à peu, Marisol a entraîné d’autres amis et amies, et c’est ainsi qu’en 1995, l’école a été fondée, avec trois institutrices et quelques dizaines d’enfants.

Dans une atmosphère de joie et de partage, au milieu des jeunes qui s’étaient hissés un peu partout pour la voir, tandis que des familles entières s’étaient réunies sur les toits des maisons adjacentes pour participer à la fête, Maria Voce a pu constater les progrès du projet, qui s’est développé grâce aux « adoptions à distance » de Familles Nouvelles et à la générosité enclenchée par la fondation Igino Giordani-Foco, à présent dirigée par une autre passionnée, Margarita Rodriguez de Cano.

Une incroyable série d’actes héroïques et de miracles, mais aussi l’épanouissement spirituel et l’amélioration des conditions matérielles des enfants, ont permis à l’école d’accompagner des centaines d’enfants de El Café jusqu’à ce qu’ils soient tout à fait mûrs pour travailler. Un exemple d’« épanouissement total », qui réussit à associer les familles, à les soutenir et à les valoriser, afin de faire naître en elles une espérance de promotion humaine. Pour soutenir l’école financièrement, des objets en bois sont fabriqués par les jeunes, des vêtements sont confectionnés par des jeunes filles et d’autres articles sont commercialisés sur place et aux États-Unis. Le gouvernement de la République dominicaine et le président de la République lui-même ont apporté leur contribution à cette initiative.

« Même si tout cela peut sembler bien petit, on sent qu’ici, l’amour a construit quelque chose de grand, a dit Maria Voce dans la cour de l’école. Cela reste, car l’amour reste toujours. »

Michele Zanzucchi


Jean-Paul II, les jeunes et la souffrance

Les Rameaux

L’entrée de Jésus à Jérusalem, entre les applaudissements et les rameaux, a une signification politique, non seulement parce que la foule reconnaît d’instinct, en lui, le chef du peuple, mais aussi parce qu’il est lui-même, chef pacifique, à affirmer en cette circonstance une valeur politique à son message.

En ce jour donc, tandis que les foules (aujourd’hui nous dirions : les masses) l’acclamaient Roi d’Israël, Jésus Christ, dans la descente du Mont des Oliviers, en voyant Jérusalem avec ses petites maisons blanches rassemblées autour du Temple resplendissant, au milieu de la joie de tous se mit à pleurer, et gémit : « Si toi aussi tu avais su, en ce jour, comment trouver la paix…! Mais hélas ! cela a été caché à tes yeux ! Oui, pour toi des jours vont venir où tes ennemis établiront contre toi des ouvrages de siège ; ils t’encercleront et te serreront de toutes parts ; ils t’écraseront toi et tes enfants au milieu de toi ; et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu as été visitée (Luc 19-44) ».[1]

Mais au contraire en ce jour, les chefs de la nation, contre le sentiment du peuple, ont rejeté son programme de paix pour confirmer leur programme de guerre. Ce jour-là, ils se résolurent définitivement à se débarrasser du Messie de paix, qui arrivait à Jérusalem chevauchant un petit âne, parce qu’ils lui préférèrent le héros écarlate de leur messianisme de guerre.

L’entrée avec les rameaux fut donc la célébration du messianisme pacifique, c’est à dire d’une politique sui generis qui fut aussitôt renversée par la politique de l’ancien genre : celle qui croyait (et même croira) en Dieu et en sa loi, mais faisait (et fera) encore plus confiance dans l’épée de ses propres soldats ; plus dans les chars armés que dans les annonces du Sinaï : cette politique folle et décadente qui inocule la guerre même dans les tractations de paix et qui transforme le peuple en armée, et la terre à labourer en champs de bataille.

La politique messianique de Jésus peut se résumer sous le nom de royaume de Dieu : c’est à dire un régime dont la constitution soit la loi de Dieu, et dont la fin comme le principe, reste Dieu. En elle, il organise le peuple en royaume : son propre royaume, et il le dirige sur le chemin de la paix. Ce royaume de Dieu se traduit aussi en une constitution sociale : sa loi est l’Evangile et comporte l’unité, la solidarité, l’égalité, la paternité, le service social, la justice, la raison, la vérité, avec la lutte contre la guerre, les vexations, les inimitiés, les erreurs, la stupidité…

Chercher le royaume de Dieu c’est donc chercher les conditions les meilleures pour l’expression de la vie individuelle et sociale. Et l’on comprend : là où règne Dieu, l’homme est comme un fils de Dieu, un être d’une valeur infinie, il traite les autres hommes et est traité par eux comme un frère, il fait aux autres ce qu’il voudrait qu’on fasse pour lui ; et les biens de la terre sont fraternellement mis en commun, l’amour circule avec le pardon, les barrières ne valent rien, parce qu’elles n’ont pas de sens dans l’universalité de l’amour. Chercher d’abord le royaume de Dieu, signifie donc élever le but de la vie humaine. En ce sens, pour nous aussi, Christ « a vaincu le monde ».

En dehors de cette signification, Jésus ne s’occupe pas de politique, les apôtres non plus. Mais dans leur enseignement sont inclus des principes qui, s’ils ne sont pas de politique concrète, immédiate ni de parti, sont assurément des lignes directrices de grande sagesse qui soutiennent le grand art universel de gouvernement de tout temps. Jésus ne touche pas les institutions existantes, mais il en change l’esprit, en changeant les sentiments des hommes. Il ne dit pas aux soldats de déserter, ni aux publicains de laisser la perception, ni aux membres du sanhédrin de démissionner du Grand Conseil : il leur dit d’accomplir leur fonction avec un esprit nouveau. Il ne fait pas de l’agitation, il fait la révolution. Et il la fait en l’esprit, là où précisément elle doit être faite.(Igino Giordani, Le Feste, SEI, Torino, 1954, pp. 104-110).


[1] Trad. TOB 2010