Mouvement des Focolari

DƩcembre 2014

En cette pĆ©riode de l’Avent, qui nous prĆ©pare Ć  NoĆ«l, la figure de Jean le Baptiste nous est proposĆ©e. Dieu l’avait envoyĆ© prĆ©parer le chemin du Messie. ƀ ceux qui accouraient vers lui, il demandait un profond changement de vie : Ā« Produisez donc des fruits qui tĆ©moignent de votre conversion Ā» (Lc 3,8). Et Ć  ceux qui lui demandaient : Ā« Que nous faut-il donc faire ? Ā» (Lc 3,10), il rĆ©pondait :

Ā« Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de mĆŖme. Ā»

Pourquoi donner Ć  l’autre ce qui m’appartient ? Parce que crƩƩ par Dieu, comme moi, l’autre est mon frĆØre, ma sœur ; il fait donc partie de moi. Ā« Je ne peux pas te faire de mal sans me blesser Ā» disait Gandhi. Nous avons Ć©tĆ© crƩƩs comme un cadeau les uns pour les autres, Ć  l’image de Dieu, qui est Amour.
La loi divine de l’amour est inscrite dans nos veines. JĆ©sus, en venant au milieu de nous, nous l’a rĆ©vĆ©lĆ© clairement en nous donnant son nouveau commandement : Ā« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimĆ©s Ā» (Jn 13, 34). C’est la Ā« loi du Ciel Ā», la vie de la TrinitĆ© reproduite sur la terre, le cœur de l’Évangile.

De mĆŖme qu’au Ciel, le PĆØre, le Fils et l’Esprit Saint vivent une pleine communion, au point de n’être qu’un, ainsi sur terre nous sommes nous-mĆŖmes dans la mesure où nous vivons la rĆ©ciprocitĆ© de l’amour. Et tout comme le Fils dit au PĆØre : Ā« Tout ce qui est Ć  toi est Ć  moi Ā» (Jean 17, 10), entre nous l’amour s’actualise pleinement lorsque nous partageons non seulement nos biens spirituels mais aussi nos biens matĆ©riels.
Les besoins de notre prochain sont aussi les nĆ“tres. Quelqu’un manque de travail ? C’est comme si je n’en avais pas. La maman d’un autre est malade ? Je l’aide comme si c’était la mienne. Des personnes ont faim ? C’est comme si moi j’avais faim et je m’efforce de leur trouver de la nourriture, comme je le ferais pour moi.

C’est l’expĆ©rience des premiers chrĆ©tiens de JĆ©rusalem : Ā« La multitude de ceux qui Ć©taient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une Ć¢me et nul ne considĆ©rait comme sa propriĆ©tĆ© l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun Ā» (Ac 4,32). Cette communion des biens, sans ĆŖtre obligatoire, Ć©tait vĆ©cue toutefois entre eux intensĆ©ment. Ā« Il ne s’agit pas, – comme l’explique l’apĆ“tre Paul – de vous mettre dans la gĆŖne en soulageant les autres, mais d’établir l’égalitĆ© Ā» (2 Co 8,13). Saint Basile de CĆ©sarĆ©e dit : Ā« C’est Ć  l’affamĆ© qu’appartient le pain que tu mets de cĆ“tĆ© ; Ć  l’homme nu le manteau que tu gardes dans tes malles ; aux indigents l’argent que tu tiens bien cachĆ© Ā». Et saint Augustin : Ā« Le superflu des riches appartient aux pauvres Ā». Ā« Les pauvres aussi ont de quoi s’aider les uns les autres : l’un, peut prĆŖter ses jambes au boiteux, l’autre prĆŖter ses yeux Ć  l’aveugle pour le guider ; un autre encore peut visiter les malades. Ā»

Ā« Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de mĆŖme. Ā»

Nous pouvons encore vivre cela aujourd’hui, comme les premiers chrĆ©tiens. L’Évangile n’est pas une utopie. C’est ce que montrent, par exemple, les nouveaux Mouvements ecclĆ©siaux que l’Esprit Saint a suscitĆ©s pour faire revivre la fraĆ®cheur et l’aspect radical de l’Évangile tel que le vivaient les premiers chrĆ©tiens, afin de rĆ©pondre aux grands dĆ©fis de la sociĆ©tĆ© actuelle, où les injustices et la pauvretĆ© sont si fortes.
Je me souviens du dĆ©but du mouvement des Focolari, lorsque le nouveau charisme nous enflammait d’un grand amour pour les pauvres. Lorsque nous les rencontrions dans les rues, nous notions leur adresse dans un carnet pour aller ensuite les voir et les aider. Ils Ć©taient JĆ©sus : Ā« C’est Ć  moi que vous l’avez fait Ā» (Mt 25, 40). AprĆØs ĆŖtre allĆ©s les voir dans leurs taudis, nous les invitions Ć  manger chez nous. Pour eux, nous mettions la plus belle nappe, les meilleurs couverts, la meilleure nourriture. ƀ notre table, dans le premier focolare, prenaient place cĆ“te Ć  cĆ“te une focolarine et un pauvre, une focolarine et un pauvre…
ƀ un moment donnĆ©, nous avons pensĆ© que le Seigneur nous demandait de devenir pauvres pour servir les pauvres et tous les hommes. Alors, dans une piĆØce du premier focolare, chacune a mis au centre ce qu’elle pensait avoir en trop : un gilet, une paire de gants, un chapeau, ou mĆŖme un manteau… Et aujourd’hui, il existe des entreprises qui inventent une autre faƧon de donner aux pauvres en leur distribuant une partie de leurs bĆ©nĆ©fices et en crĆ©ant des emplois.
Cependant, il y a encore et toujours tant Ć  faire pour “les pauvres” !

Ā« Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de mĆŖme. Ā»

Nous avons beaucoup de richesses Ć  mettre en commun… mĆŖme si nous n’en avons pas l’impression ! Pour cela, il nous faut affiner notre sensibilitĆ©, apprendre Ć  aider concrĆØtement, afin de vivre la fraternitĆ©. Nous avons de l’affection Ć  donner, de la cordialitĆ© Ć  manifester, de la joie Ć  communiquer. Nous avons du temps Ć  mettre Ć  la disposition d’autrui, des priĆØres, des richesses intĆ©rieures Ć  mettre en commun, de vive voix ou par Ć©crit. Nous avons aussi parfois des objets, des sacs, des stylos, des livres, de l’argent, des maisons, des voitures Ć  mettre Ć  disposition… Nous accumulons peut-ĆŖtre beaucoup d’objets, pensant qu’ils nous seront peut-ĆŖtre utiles un jour. En attendant, certains prĆØs de nous en ont peut-ĆŖtre un besoin urgent.
De mĆŖme que chaque plante n’absorbe que la quantitĆ© d’eau dont elle a besoin, cherchons nous aussi Ć  n’avoir que ce qui nous est nĆ©cessaire. Et mĆŖme si nous nous rendons compte qu’il nous manque quelque chose, mieux vaut ĆŖtre un peu pauvre qu’un peu riche.
Ā« Si nous nous contentions tous du nĆ©cessaire, disait saint Basile, et si nous donnions notre superflu Ć  ceux qui en ont besoin, il n’y aurait plus ni riche ni pauvre. Ā»

Essayons de vivre ainsi. JĆ©sus ne manquera certainement pas de nous faire arriver le centuple ; et nous pourrons continuer de donner. ƀ la fin, il nous dira que tout ce que nous avons donnĆ©, Ć  qui que ce soit, c’est Ć  lui que nous l’avons donnĆ©.
Chiara Lubich

Parole de Vie publiƩe en dƩcembre 2003.

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Chiara e Athenagora-1_Beaucoup savent que Chiara Lubich a Ć©tĆ©, de faƧon privilĆ©giĆ©e, en rapport avec AthĆ©nagoras alors patriarche de Constantinople. Quelques jours avant le voyage historique du Pape Montini Ć  Istanbul, elle est allĆ©e voir le Patriarche. La Radio Vatican l’a interviewĆ© le 18Ā juillet 1967Ā :

Quelles sont vos premières impressions de votre récente rencontre avec le patriarche Athénagoras ?

DĆØs que je me suis trouvĆ©e en prĆ©sence de cette grande personnalitĆ© de notre temps, j’ai eu l’impression d’avoir devant moi le cœur d’un pĆØre totalement ouvert, aimant les personnes. MalgrĆ© son Ć¢ge vĆ©nĆ©rable, il prĆ©sente un esprit jeune et plein de fraĆ®cheur, riche de foi et de l’espĆ©rance la plus grande.

Ma premiĆØre impression n’a pas Ć©tĆ© de me trouver devant un frĆØre sĆ©parĆ©, mais face Ć  une Ć¢me avec laquelle on se trouve comme si dĆ©jĆ  nous Ć©tions de la mĆŖme maison.

Au cours de tout cet entretien, il a sans cesse exprimĆ© sa plus haute apprĆ©ciation pour le Saint PĆØre Paul VI et j’ai eu l’impression qu’il suit tous les Ć©vĆ©nements de l’Ɖglise catholique – et en particulier les actes du Saint PĆØre – avec une extrĆŖme attention et vĆ©nĆ©ration.

Après ce récent entretien avec Athénagoras, que pensez-vous, de la rencontre désormais imminente entre Paul VI et le Patriarche ?

Ɖtant donnĆ© la foi profonde d’AthĆ©nagoras dans la charitĆ© envers le Christ et envers les frĆØres, comme Ć©tant l’essence du christianisme, il me semble que l’acte du Saint PĆØre de devancer la visite du Patriarche Ć  Rome, soit le geste le plus adĆ©quat pour dĆ©montrer que l’Ɖglise catholique est l’Ɖglise de la charitĆ©, où le Pape, successeur de Pierre est celui qui aime le plus.

chiara-lubich-athenagoras2Vous pensez donc, vous aussi, aprĆØs cette rencontre, que les perspectives et les attentes soient positivesĀ ?

Je crois que le Patriarche AthĆ©nagoras manifestera sa conviction que la route pour arriver Ć  l’unitĆ© dans la vĆ©ritĆ© et dans la charité ; voie indiquĆ©e Ć©galement par le Saint PĆØre Paul VI dans un rĆ©cent discours adressĆ© Ć  un groupe d’Ć©tudiants orthodoxes.

GrĆ¢ce Ć  cette perspective identique sur la voie pour parvenir Ć  l’unitĆ©, on peut espĆ©rer que le Saint PĆØre et AthĆ©nagoras trouvent des solutions efficaces pour ouvrir des entretiens thĆ©ologiques et je pense que dans cette atmosphĆØre, on peut tout espĆ©rer. D’autre part la figure de ce grand veilleur, qui comme un prophĆØte se dresse dans sa foi et son amour Ć  Constantinople, ne peut pas ne pas avoir une grande influence sur le monde orthodoxe, qu’il visitera lui-mĆŖme sous peu, avant d’arriver Ć  Rome.

Pouvez-vous nous dire comment la vision du Patriarche AthĆ©nagoras sur le problĆØme œcumĆ©nique s’est exprimĆ©e au cours de votre entretienĀ ?

Chiara Lubich e il Patriarca Athenagora_La vision œcumĆ©nique du Patriarche, dont l’humilitĆ© et la saintetĆ© apparaissent dans chacune de ses attitudes et en toutes ses paroles, Ć©tait claire au cours de la derniĆØre partie du long entretien, lorsqu’il nous a parlĆ© de son rĆ©cent message pascalĀ : “J’ai l’habitude de publier Ć  chaque fĆŖte de PĆ¢ques un message – a-t-il expliquĆ© -. Le dernier ditĀ : “Les dix premiers siĆØcles du christianisme ont Ć©tĆ© pour les dogmes et pour l’organisation. Les dix siĆØcles qui ont suivi, ont apportĆ© les malheurs, les schismes, la division. La troisiĆØme Ć©poque – celle-ci – est celle de l’amour. C’est par cette voie de la charitĆ© que nous nous rencontrons dans le mĆŖme calice. Bien entendu – poursuivait-il – nous avons besoin de thĆ©ologiens, mais les diffĆ©rences sont trop petites et dĆ©colorĆ©es par le soleil de l’amour. Les diffĆ©rences ont perdu leur couleur grĆ¢ce au soleil de la charitĆ©. Au premier millĆ©naire nous avons vĆ©cu dans la communionĀ ; puis nous nous sommes sĆ©parĆ©s.” Par consĆ©quent, en faisant allusion Ć  l’annulation rĆ©cente des excommunications mutuelles de la part de l’Ɖglise catholique et de l’Église orthodoxe, il affirmaitĀ : “DĆ©sormais le schisme a disparu. Pourquoi ne revenons-nous pas Ć  l’unique caliceĀ ? Nous croyons que nous avons la mĆŖme MĆØre, la Vierge, MĆØre de l’Ɖglise, comme l’a dit le PapeĀ ; nous avons le mĆŖme baptĆŖmeĀ : la porte de l’Ɖglise. Dites-moiĀ : pourquoi ne revenons-nous pas au mĆŖme caliceĀ ?”

 

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Argentine: la FĆŖte des Jeunes 2014 “double la folie”

fiesta-de-los-jovenes-4Chaque annĆ©e en septembre, dans la citĆ©-pilote Lia, en Argentine, a lieu la FĆŖte des Jeunes. Cette annĆ©e, son slogan Ć©tait: “Vivons cette folie”. Le programme comprenait un spectacle dans lequel, au milieu d’une fĆŖte de carnaval, on montre comment beaucoup de personnes, portant des masques, perdent ainsi leur identitĆ©, faisant partie d’une multitude dĆ©sordonnĆ©e et sans visage. Le spectacle a montrĆ©, avec ateliers, théâtre, expĆ©riences, musique et chorĆ©graphies, l’importance du choix d’un style de vie Ć  contre-courant, basĆ© sur l’amour Ć©vangĆ©lique. La journĆ©e a Ć©tĆ© si belle et prenante qu’elle a contaminĆ© les 120Ā participants de Mendoza, ville aux pieds des Andes argentines, qui ont quittĆ© la citĆ©-pilote Lia avec dans le cœur le dĆ©sir de rĆ©pĆ©ter la FĆŖte des Jeunes dans leur ville. Pour transformer ce rĆŖve en rĆ©alitĆ©, beaucoup de travail a cependant Ć©tĆ© nĆ©cessaire: il suffit seulement de penser qu’il fallait organiser le transport des presque 100Ā jeunes acteurs qui avaient donnĆ© vie au spectacle Ć  la citĆ©-pilote Lia jusqu’à Mendoza, avec un voyage de plus de 900Ā km, et les hĆ©berger pendant trois jours. fiesta-de-los-jovenes-22Le 10 novembre s’est dĆ©roulĆ© le premier spectacle devant 500 personnes, parmi lesquelles diffĆ©rentes classes d’écoles, mais aussi des jeunes des banlieues de la ville. “Nous voyons de nombreux problĆØmes dans notre monde – lancent les jeunes acteurs depuis l’estrade – et certains attendent que ce soit les autres qui cherchent des solutions. Ici, nous sommes 90Ā jeunes de 20Ā pays qui avons dĆ©cidĆ© de ne plus attendre. Nous voulons ĆŖtre les acteurs de ce changement, et nous avons dĆ©couvert la recette: travailler pour construire l’unitĆ© de la famille humaine.” Le jour suivant, le second spectacle a eu lieu dans un Centre de congrĆØs Ć  40Ā km de Mendoza. Il Ć©tait Ć©galement complet, avec les 500Ā siĆØges occupĆ©s et des gens debout, et avec quelques jeunes qui Ć©taient arrivĆ©s spĆ©cialement d’une Ć©cole distante de 250Ā km. Les jeunes qui ont assistĆ© au spectacle ont Ć©tĆ© surpris en bien en voyant la centaine de jeunes du mĆŖme Ć¢ge provenant de 20Ā pays diffĆ©rents qui, avec une grande qualitĆ© artistique, leur ont prĆ©sentĆ© un mode de vie complĆØtement diffĆ©rent de celui imposĆ© par la sociĆ©tĆ© actuelle. Dans les deux spectacles, la proposition d’un style de vie basĆ© sur l’amour qui devient service concret envers les autres a Ć©tĆ© acceptĆ©e et tous sont repartis le cœur plein de joie. fiesta-de-los-jovenes-9Mais aussi pour les “acteurs”, c’est-Ć -dire les jeunes qui passent une pĆ©riode de leur vie dans la citĆ©-pilote Lia, ce dĆ©placement a Ć©tĆ© important parce qu’il a dĆ©montrĆ© que vivre la “folie de l’amour” est possible si chacun se propose de faire sa part, sans regarder le passĆ© ni le futur, mais seulement en visant le prĆ©sent, en le vivant bien. Un parmi les nombreux messages reƧus Ć  chaud par WhatsApp: “TOUT ƉTAIT MAGNIFIQUE! C’Ć©tait vraiment vivre le slogan de la journĆ©e: “Vivons cette folie”, parce que ces trois jours ont Ć©tĆ© inoubliables. Aussi mes amies qui sont venues Ć©taient enthousiastes et trĆØs Ć©mues! Pour moi, c’était spĆ©cial aussi de pouvoir mieux connaĆ®tre les jeunes venus de la citĆ©-pilote Lia. Continuons Ć  vivre ensemble cette folie!” Lire aussi: Argentine, mille jeunes pour une folie  

Chiara Lubich et AthƩnagoras

FranƧois aux mouvements d’Eglise : ā€œ Toujours en avant, toujours en mouvement !ā€

2014StazioneTermini« Cette joie que je vois dans tes yeux je la veux moi aussiĀ Ā» dit un garƧon Ć  Danielle de la communautĆ© Nouveaux Horizons: c’Ć©tait une nuit où, dĆ©passant sa peur, elle Ć©tait allĆ©e Ć  la gare de Termini. Ce jeune qui avait tentĆ© de se suicider trois fois, devient pour Danielle le dĆ©but d’une nouvelle vie.

Ā Ces 300 congressistes, reprĆ©sentants de 100 mouvements et nouvelles communautĆ©s de 40 pays, ont tousĀ  dans le cœur des histoires comme celle-lĆ . Ils se sont rĆ©unis Ć  Rome du 20 au 22 novembre pour leur troisiĆØme congrĆØs mondial sur le thĆØmeĀ : Ā« La joie de l’évangileĀ : une joie missionnaireĀ Ā».

 

Voulu par le Conseil Pontifical pour les LaĆÆcs (PCPL) pour rĆ©pondre Ć  l’appel Ć  la conversion que le pape FranƧois a adressĆ© Ć  tous les chrĆ©tiens, le rendez-vous se situait dans le prolongement des rencontres lancĆ©es par Jean Paul II en 1998 et par Benoit XVI en 2006.

Au cours des annĆ©es, l’essor de si nombreuses nouvelles communautĆ©s au sein de l’Eglise Ć©tait imprĆ©vu et inattendu. Le cardinal Rylko, prĆ©sident du PCPL, dans son compte-rendu d’ouverture, a rappelĆ© combien l’Eglise les considĆØre comme « une rĆ©ponse opportune de l’Esprit Saint au dĆ©fi difficile de l’évangĆ©lisation du monde contemporainĀ Ā». Quant au pape, il a insistĆ© en disant que les nouveaux charismes sont des « cadeaux de l’Esprit intĆ©grĆ©s dans le corps ecclĆ©sial, attirĆ©s vers le centre qui est le Christ, d’où ils repartent avec un nouvel Ć©lan Ć©vangĆ©lisateur.

 

2014CongressoMovEcclesialiExpĆ©riences passionnantes etĀ  approfondissements denses, variĆ©s et riches d’enseignements, ont permis une meilleure comprĆ©hension des passages dĆ©terminants de l’encyclique Evangelii Gaudium, charte et fil conducteur du CongrĆØs.

Les thĆØmes traitĆ©s ? Ils vont du renouvellement personnel, orientĆ© vers celui de toute l’Eglise, Ć  la communion entre les mouvements (collaborer pour ne pas courir en vain), de la rĆ©volution de la tendresse au rĆ“le du gĆ©nie fĆ©minin dans l’évangĆ©lisation.

 

Une attention maximale a donc Ć©tĆ© portĆ©e aux ā€œsignes des tempsā€ qui demandent de nouvelles rĆ©ponses Ć  de nouveaux questionnements. Trois jours qui ont Ć©liminĆ© les diffĆ©rences et les fermeturesĀ : dans un climat croissant de fraternitĆ© entre les reprĆ©sentants des mouvements nĆ©s il y a plus de cinquante ans et ceux des nouvelles communautĆ©s qui ont pris une dimension internationale depuis peu. La prĆ©sence des Ć©vĆŖques et des prĆŖtres, immergĆ©s au milieu des laĆÆcs dans un climat d’écoute rĆ©ciproque, Ć©tait importante. Chacun Ć©tait assoiffĆ© de connaĆ®tre les expĆ©riences des uns et des autres pour « apprendre Ć  discerner la voix de l’Esprit aujourd’hui, qui encourage Ć  prendre le large et annoncer Ć  tous l’amour de Dieu pour tout hommeĀ Ā», comme l’a dit l’un des prĆ©sents. Le mouvement des Focolari, Ć©tait reprĆ©sentĆ© par sa prĆ©sidente Maria Voce, son coprĆ©sident, rĆ©cemment Ć©lu, JesĆŗs MorĆ”n, le coprĆ©sident sortant, Giancarlo Faletti, accompagnĆ©s d’une dĆ©lĆ©gation composĆ©e d’Anna Pelli, Severin Schmidt, Gisela Lauber et Marta Chierico.

2014FrancescoMovEcclesialiToutes les excuses Ć©taient bonnes pour se retrouver : la pause-cafĆ©, le temps du dĆ©jeuner, du dĆ®ner en fin de journĆ©e. Mission de rue, communautĆ©s pour toxicodĆ©pendants, Ć©vangĆ©lisation dans les endroits les plus inattendus de la planĆØte, adoration et travail, soin des personnes Ć¢gĆ©es et des handicapĆ©s, engagement auprĆØs des jeunesĀ : Philadelphie, Kansas, Philippines, Equateur, CorĆ©e, Mexique, Rome, Palerme. Le dialogue dense et ininterrompu a eu son point culminant dans la rencontre avec le pape FranƧoisĀ : « Vous avez dĆ©jĆ  donnĆ© beaucoup de fruits Ć  l’Eglise et au monde entier, mais vous en porterez en d’autres, encore plus grands, avec l’aide de l’Esprit SaintĀ Ā», affirme le pape dans son discours. « Pour arriver Ć  la maturitĆ© ecclĆ©siale, maintenez la fraĆ®cheur du charisme, respectez la libertĆ© des personnes et cherchez toujours la communionĀ Ā», dit-il pour rĆ©sumer le nouveau programme proposĆ© aux participants, et de s’exclamer Ć  la fin : « En avantĀ : toujours en mouvement… Ne vous arrĆŖtez jamaisĀ ! Toujours en mouvementĀ !Ā Ā».

D’autres nouvelles surĀ : www.laĆÆc.va

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Pistes nouvelles pour les Mouvements ecclƩsiaux

20141123Francesco-MariaVoceĀ«Une impression Ć  chaud sur ce qui a Ć©tĆ© vĆ©cu ces jours-ci ? Il me semble que ce fut une rencontre d’une authentique et profonde communion. Cela venait d’autant plus en Ć©vidence en revoyant d’où nous sommes partis. En 1998, lorsque le Pape saint Jean Paul II, sur le parvis de Saint Pierre a presque dĆ» demander aux Mouvements de se mettre d’accord entre eux, de s’aimer, de se connaĆ®tre, de s’estimer, de collaborer, nous sommes arrivĆ©s au point de ne plus percevoir Ć  quel Mouvement nous appartenions tant la fraternitĆ© Ć©tait devenue une rĆ©alitĆ© entre tous.

C’Ć©tait trĆØs beau de voir les Mouvements, nĆ©s depuis peu, chercher les Mouvements plus anciens, non pour se faire contrĆ“ler mais pour demander leur aide, ce qu’ils pensaient et mĆŖme la faƧon dont ils jugeaient leurs œuvres, tout cela afin de voir ensemble comment faire avancer les choses. Et les Mouvements plus anciens cherchaient les mouvements plus jeunes, les derniers-nĆ©s, non pas tant pour voir s’ils ‘fonctionnaient’ bien, si tout se passait bien, etc. mais pour se rĆ©jouir de cette vie nouvelle qui Ć©tait nĆ©e. Nous nous rĆ©jouissions tous des fruits des uns et des autres ; nous avons expĆ©rimentĆ© le fait d’ĆŖtre une seule chose dans l’Église. J’ai vraiment eu l’impression d’un pas en avant trĆØs important, une communion authentique, une authentique fraternitĆ© où nous Ć©tions tous frĆØres, les uns plus grands, d’autres plus petits, mais tous frĆØres.

Si bien que lorsque nous sommes tous allĆ©s rencontrer le Pape, lui-mĆŖme a perƧu cet aspect et l’a exprimĆ© dans son discours. On constatait en lui la joie d’avoir pu participer, d’avoir pu expĆ©rimenter cette communion vĆ©cue entre nous.
Au fond, c’est ce que nous voulions lui apporter : cette communion. Il l’a soulignĆ© dans son discours, nous invitant Ć  continuer Ć  la faire grandir et en dĆ©finissant la communion comme Ć©tant le sceau de l’Esprit-Saint. Ce fut donc une confirmation et un fort encouragement pour avancer dans cette direction. Le Pape est ensuite revenu sur le discours concernant le fait de “sortir”, de ne pas demeurer dans son propre groupe ; ce qui est une idĆ©e de base que l’on retrouve dans tous ses discours.

Aussi, me suis-je demandĆ©e, qu’est-ce que cela voudra dire pour nous, comme Mouvements, ce nouveau pas que nous devons faire et dĆ©couvrir comment le faire ? Sans aucun doute, ĆŖtre de plus en plus en communion avec l’Église. Cependant, justement parce que nous sommes parvenus Ć  rĆ©aliser cette unitĆ© profonde entre les Mouvements, Dieu nous demande peut-ĆŖtre, maintenant, de nous ouvrir davantage pour aller Ć  la rencontre des Mouvements qui appartiennent Ć  d’autres Ɖglises, non catholiques car il existe lĆ  aussi des expĆ©riences trĆØs fortes de personnes qui vivent comme nous l’Ɖvangile et qui tĆ©moignent de cette vie. Les connaĆ®tre eux aussi, s’ouvrir davantage pourrait ĆŖtre une contribution plus large et – pourquoi pas ? – nous rapprocher du moment de l’unitĆ© de tous les chrĆ©tiens. Ce pourrait ĆŖtre – peut-ĆŖtre – une piste Ć  ouvrir.

Je voudrais souligner autre chose : “sortir” vers une unitĆ© plus vitale entre “pasteur” et “troupeau”, dans la mesure du possible. En effet de nombreux pasteurs, Ć©vĆŖques, prĆŖtres Ć©taient prĆ©sents, appartenant ou non aux Mouvements. Il me semble que la “sortie” que Dieu nous demande maintenant et de faire une communion encore plus profonde entre laĆÆcs et clergĆ©, soit avec le clergĆ© qui fait partie des Mouvements et qui est donc dĆ©jĆ  profondĆ©ment uni Ć  son Mouvement mais peut-ĆŖtre pas encore dans cette communion horizontale du clergĆ© de tous les Mouvements, soit pour rechercher les formes les mieux adaptĆ©es afin de ne pas sĆ©parer la partie ecclĆ©siastique de la partie laĆÆque dans les diffĆ©rents Mouvements et ni mĆŖme dans l’ensemble Ā».

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Les Amis d’ Ā« Ensemble pour l’Europe Ā» au travail

DSC_5330Nous sommes Ć  quelques kilomĆØtres de Postumia, en SlovĆ©nie, au carrefour de l’Europe de l’Est et de l’Ouest. C’est aujourd’hui une destination touristique connue pour ses paysages surprenants et pour son histoire qui laisse derriĆØre elle la tragĆ©die des deux guerres mondiales avec ses millions de morts. L’artiste slovĆØne Ivan Rupnik retrace bien l’horreur de la guerre Ć  travers certaines de ses œuvres, en particulier Ā« mosaĆÆques dans les bois Ā».

Avec en toile de fond cette mĆ©moire de l’histoire, les trois journĆ©es passĆ©es ensemble par les ā€œAmisā€ d’Ensemble pour l’Europe ont redonnĆ© sens Ć  la dynamique de rĆ©conciliation europĆ©enne, compte tenu des blessures douloureuses encore ouvertes sur le continent. L’amour rĆ©ciproque vĆ©cu entre chrĆ©tiens de diverses confessions et nations a Ć©tĆ© mis en valeur.

14 pays sont reprĆ©sentĆ©s, du Portugal Ć  la Russie, de la SuĆØde Ć  la Croatie. Un engagement commun pour une Europe rĆ©conciliĆ©e. La conviction que 500 ans de sĆ©paration entre Eglises Ā« sont suffisants Ā» et qu’il faut dĆ©sormais travailler Ć  la rĆ©alisation du rĆŖve des PĆØres fondateurs de l’Union EuropĆ©enne, en bĆ¢tissant la Ā« fraternitĆ© Ā» entre les peuples.

Cette session de travail a concentrĆ© ses efforts sur la prĆ©paration d’un grand rassemblement prĆ©vu pour 2016 Ć  Munich, avec le dĆ©sir de pouvoir offrir Ć  la sociĆ©tĆ© civile et religieuse un fort tĆ©moignage de rĆ©conciliation concrĆØte et visible : depuis la naissance d’Ensemble pour l’Europe en 2002, de nombreuses initiatives communes, Ć  caractĆØre social, se sont multipliĆ©es, toutes expression d’une connaissance et une estime rĆ©ciproques.

Les 108 participants, provenant de 41 Mouvements et CommunautĆ©s de diverses Eglises ont exprimĆ© une authentique passion pour l’unitĆ© et leur pleine adhĆ©sion pour ce projet, tous disposĆ©s Ć  partager leurs idĆ©es, les responsabilitĆ©s et Ć  en assumer l’organisation.

ā€œSurprise et joie toujours nouvelles Ć  la vue du chemin parcouru ensemble, grĆ¢ce Ć  une grande capacitĆ© d’écoute et d’accueil rĆ©ciproque – Ć©crit l’un des participants – …Tous partageaient le mĆŖme enthousiasme : la conviction qu’ensemble et avec l’aide de Dieu il est possible de rĆ©aliser le Ā« rĆŖve Ā» d’une Europe sans divisions, qui retrouve ses racines et puisse ĆŖtre un modĆØle pour les autres Continents Ā».

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Symposium interreligieux Ć  Rabat

2014SimposioRabat1

CrĆ©er un rĆ©seau de femmes, dĆ©passant la diversitĆ© de religions et cultures; approfondir les textes sacrĆ©s pour rĆ©cupĆ©rer la place de la femme dans la sociĆ©tĆ© d’aujourd’hui; et promouvoir le dialogue interreligieux avec une dimension plus humaine”. Voici certaines des conclusions du Symposium international qui a eu lieu les 12 et 13 novembre derniers Ć  Rabat, capitale du Maroc.

OrganisĆ© par le Centre des Ɖtudes fĆ©minines en Islam (Centre for Women’s Studies in Islam), affiliĆ© au Conseil des OulĆ©mas du Maroc (Moroccan Council of Ulama), la rencontre s’est dĆ©roulĆ©e dans le cadre du Dialogue stratĆ©gique entre le Maroc et les Ɖtats-Unis, sous le haut patronat du Roi MohammedĀ VI.

Une centaine de spƩcialistes Ʃtaient prƩsentes, provenant de 25 nations, en majoritƩ musulmanes, mais aussi chrƩtiennes et juives, expertes et engagƩes dans le domaine juridique et dans les organismes pour les droits des femmes.

La rencontre, intitulĆ©e “Femmes au cœur des monothĆ©ismes: une histoire plurielle”, a voulu aborder l’importante contribution des femmes dans le dialogue interreligieux, où souvent leur voix reste marginale.

Elle a commencĆ© par un regard sur le rĆ“le de la femme dans l’histoire des trois religions monothĆ©istes. L’importance de partir des textes sacrĆ©s a Ć©tĆ© soulignĆ©e, au lieu des logiques de rupture, avec l’objectif de retrouver la dignitĆ© de la femme en visant une plus grande Ć©galitĆ© entre homme et femme, tant au niveau spirituel que moral et social. De lĆ , la nĆ©cessitĆ© d’interprĆ©tations correctes des textes sur la figure fĆ©minine, souvent conditionnĆ©s par les habitudes du temps et par d’autres facteurs: politiques, Ć©conomiques et sociaux.

2014SimposioRabat2

Christina Lee, coresponsable du dialogue interreligieux des Focolari, a prĆ©sentĆ© l’expĆ©rience, dans le dialogue interreligieux, du Mouvement des Focolari fondĆ© par une femme, Chiara Lubich. Elle a parlĆ© du “gĆ©nie fĆ©minin” – comme l’a dĆ©fini Jean-PaulĀ II – c’est-Ć -dire cette capacitĆ© qu’ont les femmes de vivre pour les autres, de prendre soin des autres et de nouer des relations entre les personnes. Cette vision a Ć©tĆ© apprĆ©ciĆ©e en raison de sa profondeur, sa spiritualitĆ© et ses perspectives futures.

Il y a eu d’autres interventions importantes sur diffĆ©rentes formes de dialogue menĆ©es par les femmes d’aujourd’hui avec leurs difficultĆ©s, espĆ©rances et tĆ©moignages. La professeure Aicha Hajjami, du Maroc, se demandait pourquoi, dans beaucoup de nations islamiques, certaines lois injustes envers les femmes persistent encore. “C’est une situation qui demande une profonde rĆ©flexion – ajoutait-elle – sur comment arriver Ć  modifier ces lois avec les valeurs soutenues par l’islam.” Yolande Iliano, prĆ©sidente de Religions for Peace Europe, a tĆ©moignĆ© sur comment la sensibilitĆ© fĆ©minine fait naĆ®tre des engagements collectifs interreligieux au niveau social et politique.

Beaucoup de jeunes filles ont aussi apportĆ© leurs expĆ©riences et attentes, qui ont mis en Ć©vidence le rĆ“le crucial que la femme a Ć  remplir pour construire l’unitĆ© de la famille humaine. Comme l’affirmait la professeure Asma Lamrabet, directrice du Centre des Ɖtudes, “le symposium a dĆ©jĆ  Ć©tĆ© une rĆ©alitĆ© et un dĆ©fi, pas uniquement un rĆŖve“.

 

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Giordani: les racines de l’Europe

IginoGiordani-01Ā«Christopher Dawson, in The Making of Europe, Ć©crit: Ā«L’influence du christianisme dans la formation de l’unitĆ© europĆ©enne est un impressionnant exemple de la maniĆØre avec laquelle le cours de l’histoire est modifiĆ© et dĆ©terminĆ© par l’intervention d’influences spirituelles nouvelles. C’est ainsi que dans le monde antique, nous voyons que la civilisation matĆ©rialiste et artificielle de l’Empire romain avait besoin d’une inspiration religieuse, d’une sorte plus profonde que celle du culte officiel…Ā». Celle-ci vint; et ce fut le christianisme.

[…] On pourrait dire que les divisions religieuses, sanctionnĆ©es par la rĆØgle: cuius regio eius religio, furent cogitĆ©es surtout pour accepter les divisions politiques, les isolements nationaux, et comme corollaire, les guerres. Dans l’unitĆ© religieuse, les conflits Ć©taient considĆ©rĆ©s fratricides, et on s’efforƧait de les Ć©liminer. Ensuite, dans la division de la chrĆ©tientĆ©, les conflits devinrent des gloires nationales. Et malgrĆ© tout, la conscience chrĆ©tienne et europĆ©enne n’Ć©tant jamais morte, ces guerres en Europe, Ć  plusieurs personnes, apparurent encore comme des guerres intestines. Que la conscience de la communautĆ© europĆ©enne n’ ait jamais Ć©tĆ© moins forte.

Une bureaucratie commune n’est pas suffisante.
Le russe Soloviov, Ć©crivit que l’Église, tout comme elle avait unifiĆ© l’Europe auparavant, avec les Francs, puis avec les Saxons, aujourd’hui, elle l’aurait rĆ©unifiĆ©e avec la justice sociale, en allant au-delĆ  des divisions de classes, de caste et de race. Et c’est-Ć -dire, en Ć©liminant les plus grandes causes de conflit. Justice sociale signifie cette communion des biens spirituels et matĆ©riels, que la conception chrĆ©tienne, pour laquelle les hommes sont tous des fils d’un mĆŖme pĆØre, Ć©gaux entre eux, propose et suscite en vue de la paix, dans le bien-ĆŖtre et la libertĆ©. Penser obtenir cet ordre rationnel avec la seule lutte des classes Ć©quivaut Ć  rĆ©pĆ©ter l’erreur du militarisme germanique, slave, etc., qui prĆ©tendit unifier l’Europe seulement avec les armes.

Le christianisme signifie une unification dans la libertĆ© et dans la paix, avec l’Ć©limination des guerres et de tout motif de frictions.

L’apport de la religion, dans ce sens-lĆ , n’est pas dirigĆ© tellement vers la structuration des instituts mais bien plutĆ“t vers la formation des esprits.

De la religion en ressortent aujourd’hui deux poussĆ©es unificatrices: 1) le sens en progression du Corps mystique; 2) l’ œcumĆ©nisme renaissant pour lequel l’unitĆ© de l’Église provoque l’unitĆ© des peuples.

Deux impulsions qui, alors qu’elles rectifient des courants et Ć©liminent des passions, d’où vint la vivisection de l’Europe, suscitent des Ć©nergies spirituelles capables de donner une Ć¢me Ć  cette union politique; de donner une inspiration surnaturelle Ć  cette opĆ©ration humaine; de rendre populaire l’instance de l’unitĆ©. Si celle-ci Ć©tait rĆ©servĆ©e aux seuls facteurs Ć©conomiques et politiques et militaires, elle faillirait.

Il ne suffit pas de faire de l’Europe une armĆ©e commune, une bureaucratie commune. Ce n’est pas pour rien que les hommes politiques tendent Ć  y insĆ©rer des idĆ©ologies; c’est-Ć -dire qu’ils tiennent Ć  donner une Ć¢me au corps. L’Europe a dĆ©jĆ  une Ć¢me: le christianisme, son essence et sa genĆØseĀ».

Igino Giordani

(CittĆ  Nuova n.5 du 10.03. 1972 pp. 23-23)

Chiara Lubich et AthƩnagoras

JesĆŗs MorĆ”n: C’est l’heure de la fidĆ©litĆ© crĆ©ative

JesusMoran-01JesĆŗs MorĆ”n, philosophe et thĆ©ologien espagnol, a Ć©tĆ© Ć©lu nouveau coprĆ©sident du mouvement des Focolari durant l’AssemblĆ©e gĆ©nĆ©rale 2014, qui s’est tenue en septembre dernier.

Voici l’entretien avec lui :
ā€œJ’ai connu l’idĆ©al de l’unitĆ© – commence-t-il – lorsque j’avais Ć  peine terminĆ© mes Ć©tudes littĆ©raires au lycĆ©e et je me prĆ©parais Ć  entrer Ć  la facultĆ© de philosophie de l’universitĆ© autonome de Madrid. L’Espagne Ć©tait en grande agitation socio-politique dans ce temps-lĆ . On avait un grand dĆ©sir de changements. La sociĆ©tĆ© et en particulier les jeunes rĆ©clamaient libertĆ© et dĆ©mocratie. Si j’ai choisi la carriĆØre philosophique c’était parce que les religieux du lycĆ©e où j’avais Ć©tudiĆ© nous avaient inculquĆ© un christianisme engagĆ© dans la transformation sociale. La rencontre avec la spiritualitĆ© de Chiara Lubich fut pour moi d’avoir trouvĆ© le visage de ce que je voulais ĆŖtre. Cette spiritualitĆ©, en plus de changer la sociĆ©tĆ©, pouvait me changer moi-mĆŖme et c’est ce que je dĆ©sirais au plus profond de moi. J’ai trouvĆ© la libertĆ© d’aimer, la rĆ©ponse Ć  toutes mes exigences Ā».

ā€œJ’ai vĆ©cu en AmĆ©rique Latine la majore partie de ma vie, continue JesĆŗs MorĆ”n. Je suis arrivĆ© au Chili Ć  23 ans et j’ai quittĆ© le Mexique alors que j’en avais 50. LĆ , j’ai vĆ©cu mes premiĆØres expĆ©riences de travail et j’ai touchĆ© du doigt l’histoire des populations millĆ©naires avec leurs contrastes, leurs immenses richesses culturelles et leurs drames identitaires. En AmĆ©rique Latine j’ai appris la valeur incalculable de la vie, de la nature et des rapports interpersonnels. Ce fut une Ć©cole de socialitĆ©. Ce continent m’a donnĆ© le sens de la pensĆ©e organique, de culture qui se fait praxis quotidienne et histoire, de la religiositĆ© qui touche les fibres plus intimes du cœur Ā».

L’expĆ©rience des derniĆØres annĆ©es au centre du mouvement, confesse-t-il, l’a enrichi d’un regard plus universel, sans minimiser une intense maturation humaine et spirituelle.

ā€œDans ma vie, j’ai eu des moments particuliĆØrement lumineux avec Chiara Lubich durant lesquels j’ai senti sa maternitĆ© Ć  mon Ć©gardā€.

Deux mois se sont Ć©coulĆ©s depuis son Ć©lection en tant que coprĆ©sident et il nous confie qu’il est en train de vivre Ā« une trĆØs forte et en mĆŖme temps trĆØs simple expĆ©rience de Dieu. Jamais comme en ce moment je me suis senti autant aimĆ© par tant de personnes. J’en suis infiniment reconnaissant Ć  Dieuā€.

A la question si Ć  son avis il s’est passĆ© quelque chose de nouveau avec l’AssemblĆ©e 2014, il rĆ©pond: ā€œl’Œuvre de Marie vit un moment crucial pour son futur. Il s’agit de vĆ©rifier combien cette premiĆØre gĆ©nĆ©ration a vraiment compris le don charismatique que Dieu a fait Ć  l’Eglise et Ć  l’humanitĆ© avec Chiara Lubich. De cela dĆ©pend l’incarnation du charisme pour qu’il en soit Ć  la hauteur. C’est un moment de prise de conscience personnelle, nouvelle et forte qui doit porter comme fruit une radicalitĆ© de vie semblable aux premiers temps du mouvement, mĆŖme si de maniĆØre diffĆ©rente. C’est le temps de la ā€œfidĆ©litĆ© crĆ©ativeā€. Plus nous serons fidĆØles plus nous serons crĆ©atifs et inversement, plus nous serons crĆ©atifs et plus nous serons fidĆØles. Evidemment, cela veut dire actualisation du charisme sur tous les fronts, nouvel Ć©lan apostolique, dilatation de la capacitĆ© de dialogue Ć  360°. Mais il me semble que l’AssemblĆ©e, avec son document-programme, et la touche finale du message du pape FranƧois, se soit orientĆ©e dans ce sensā€.

ƀ propos de ce qu’il pense sur de possibles oppositions entre formation spirituelle et formation culturelle : ā€œChez Chiara il n’y a jamais eu opposition entre la vie et la pensĆ©e. De fait, elle sent qu’elle doit reprendre ses livres juste aprĆØs une expĆ©rience mystique. C’est pour moi trĆØs significatif. Chiara est la fondatrice de l’Ecole Abba et de l’Institut universitaire Sophia. Comme tous les grands fondateurs, elle Ć©tait pleinement consciente qu’un charisme qui ne devient pas culture n’a pas de futur Ā».

Nous lui demandons pour finir ce qu’il aimerait pour lui et pour le mouvement : Ā« Un don que je demande tous les jours est celui du discernement et la docilitĆ© Ć  l’Esprit, sans avoir peur Ā».

Propos recueillis par Aurora Nicosia

Chiara Lubich et AthƩnagoras

Josef Lux, un politicien bâtisseur de paix

Josef Lux 1« Je n’oublierai jamais son sourire lorsqu’il me saluait tard le soir avant de rentrer chez lui… MĆŖme si ses heures de sommeil Ć©taient toujours rĆ©duites, il ne manquait jamais la messe tĆ“t le matin… Il ne se prĆ©sentait pas au focolare avec les problĆØmes de politique, mĆŖme si dans certaines circonstances il nous demandait notre avis. De fait, il devait souvent aller Ć  contre-courant, mais je ne l’ai jamais vu avoir de la haine pour ses adversairesĀ Ā». « Le matin en partant au travail il nous saluait par ces motsĀ : ā€˜Toujours, tout de suite, avec joie’. C’était sa maniĆØre de nous dire qu’il Ć©tait prĆŖt Ć  accueillir toute situation mĆŖme difficile que la journĆ©e lui aurait rĆ©servĆ©e. Cette attitude Ć©tait le vĆ©ritable secret de sa vie qui lui donnait la possibilitĆ© de dialoguer avec tout le monde, mĆŖme dans des situations souvent difficilesĀ Ā». Ce sont les souvenirs qu’ont de lui deux focolarini du focolare auquel appartenait Josef Lux.

NĆ© le 1° fĆ©vrier 1956, il avait connu la spiritualitĆ© de Chiara Lubich Ć  la fin des annĆ©es 70, Ć  Chocen, sa ville natale en BohĆØme orientale, où il travaillait comme zootechnicien dans une coopĆ©rative agricole. En 1986, dĆ©jĆ  mariĆ© avec Vera, il sent l’appel Ć  suivre JĆ©sus dans le focolare. Chiara lui indique une phrase de l’évangile qui oriente sa vieĀ : ā€œRendez Ć  CĆ©sar ce qui appartient Ć  CĆ©sar et Ć  Dieu ce qui appartient Ć  Dieuā€ (Mt 22,21).

Josef Lux avec sa femme Vera

Josef Lux con moglie Vera

Les Ć©vĆ©nements de novembre 89, suivis de la chute du communisme, changent sa vie de maniĆØre dĆ©cisive. Depuis le dĆ©but du processus de changements politiques il se trouve parmi les organisateurs des manifestations de rues, et en janvier 90 il est Ć©lu au Parlement national pour le compte du Parti Populaire. Sa dĆ©cision d’entrer en politique est le fruit d’une rĆ©flexion profonde. Il est en fait convaincu qu’elle peut ĆŖtre purifiĆ©e par des personnes prĆŖtes Ć  s’offrir personnellement. En septembre 90, aprĆØs un brillant discours devant le congrĆØs du Parti Populaire, il est Ć©lu prĆ©sident. Il travaille pour la transformation de ce regroupement politique en un partit moderne d’orientation chrĆ©tienne. Dans son bureau, au mur trĆ“ne un grand tableau de JĆ©sus en croix. Il veut l’avoir toujours devant, surtout pendant les tractations que lui demande son travail engageant.

En 92 il est rƩƩlu en tant que dĆ©putĆ© et devient vice Premier Ministre et Ministre de l’agriculture du gouvernement tchĆØque jusqu’en 98. Il est pour beaucoup un « signe de contradiction » : estimĆ© par bon nombre de ceux qui partagent ses choix et rejetĆ© par les adversaires politiques.

Vera et ses six enfants lui sont d’un grand soutien.

Josef Lux con Vaclav Havel

Josepf Lex avec Vaclav Havel

En 98 l’annonce d’une grave maladieĀ : leucĆ©mie. La nouvelle suscite une chaĆ®ne de solidarité : de nombreux citoyens de la RĆ©publique tchĆØque et bien d’autres, s’offrent pour donner leur moelle osseuse. MĆŖme s’il est difficile d’en trouver une compatible, Josef est content, parce que de cette maniĆØre s’enrichit la base de donnĆ©es des donneurs possibles qui pourront aider d’autres malades. A la fin on trouve en Italie un donneur appropriĆ© et l’intervention chirurgicale se fait Ć  Seattle (USA). L’opĆ©ration rĆ©ussit bien, mais durant la convalescence une infection entraine une aggravation de son Ć©tat.

Ses enfants arrivent Ć  Seattle, accompagnĆ©s d’un focolarino prĆŖtre qui cĆ©lĆØbre la messe dans sa chambre. Moments vĆ©cus dans un climat spirituel spĆ©cial. Il rĆ©pĆØte souvent qu’il offre sa souffrance pour la diffusion du Royaume de Dieu et pour les jeunes. Chiara Lubich le suit de prĆØs et lui assure sa priĆØre quotidienne.

Vera les enfants et lui se tiennent par la main, chantent et prient le psaume prĆ©fĆ©rĆ© de JosefĀ : « Mon refuge et ma force, mon Dieu en qui je me confieĀ Ā» (Ps 90,2). MĆŖme s’il est conscient de la gravitĆ© de sa situation, il reste calme et demande de prier pour lui. Et encoreĀ : « Souriez, ne pleurez pasĀ Ā», phrase qui deviendra son testament.

Chiara annonce son « dĆ©partĀ Ā» le 21 novembre 1999. Elle exprime le dĆ©sir que Josef Lux soit, avec Igino Giordani, protecteur du mouvement politique pour l’unitĆ©.

Le premier « miracleĀ Ā» opĆ©rĆ© par son dĆ©part est un moment d’unitĆ© dans toute la nation, du presque jamais vu aprĆØs la « rĆ©volution de velours » : dans les journaux, la radio et Ć  la tĆ©lĆ©vision tous – mĆŖme ses adversaires politiques – expriment leur estime envers lui et pour les valeurs qu’il dĆ©fendait et diffusait dans sa fonction publique. Nombreux sont ceux qui dĆ©couvrent son visage « d’homme d’EtatĀ Ā», mais aussi de chrĆ©tien qui a puisĆ© dans la foi en Dieu la force de son action courageuse en faveur de son propre pays.