Mouvement des Focolari
CĆ“te d’Ivoire: dans la ville aux 18 montagnes

CĆ“te d’Ivoire: dans la ville aux 18 montagnes

Man, CĆ“te d’Ivoire: la “ville aux 18 montagnes” compte environ 100Ā 000 habitants de diffĆ©rentes ethnies, qui se consacrent pour la plupart Ć  l’agriculture. Elle est touchĆ©e par une grande pauvretĆ© tant matĆ©rielle qu’humaine, qui s’est aggravĆ©e en raison de l’état de guerre que le pays a traversĆ© en 2002 et qui l’a pleinement frappĆ©e. C’est dans ce contexte social que se trouve la “Mariapolis Victoria”, citĆ©-pilote du Mouvement des Focolari en Afrique de l’Ouest. Plus de 3000 rĆ©fugiĆ©s dans les moments chauds de la guerre; plus de 100Ā 000 patients soignĆ©s dans son “Centre mĆ©dico-social”. En outre, le programme pour rĆ©duire la malnutrition infantile, qui œuvre avec succĆØs en ville et dans les villages voisins, est important.

NoĆ«l aussi – racontent quelques habitants de la citĆ©-pilote – a Ć©tĆ© vĆ©cu en fonction des plus seuls, des marginaux, spĆ©cialement ceux en besoin d’amour: “Une journĆ©e de fĆŖte avec les enfants chrĆ©tiens et musulmans des alentours, dans la paroisse voisine. Un moment de joie avec chants, danses et saynĆØtes, et ensuite le repas pour tous!” Chaque enfant – environ 1000 – avec son assiette et son verre en main faisait la queue pour recevoir le repas. “C’était beau de pouvoir regarder chacun d’eux dans les yeux – poursuit-il – de leur souhaiter bon appĆ©tit et les remercier d’avoir patiemment attendu!”

Un groupe de jeunes filles a cependant dĆ©cidĆ© de passer les festivitĆ©s Ć  Blolequin, village Ć  175Ā km de Man, avec des enfants orphelins et les sœurs de la Consolata qui s’en occupent.

ƀ GlolĆ©, un village Ć  30Ā km de Man, un autre groupe de la communautĆ© des Focolari a participĆ© Ć  la prĆ©paration de la fĆŖte de NoĆ«l. Pour l’occasion, des personnes des douze villages suivis depuis des annĆ©es par le Centre nutritionnel de la citĆ©-pilote ont participĆ©. Les chefs et notables des villages Ć©taient prĆ©sents, en plus des responsables de diffĆ©rentes Ɖglises. Dans le climat de rĆ©ciprocitĆ© qui s’est crƩƩ, un chef de village a affirmĆ©: “Si, lorsque je prĆ©senterai mon programme de travail Ć  mes collaborateurs, ils ne seront pas d’accord, je sens que je ne peux pas le poursuivre seul, mais j’essayerai de comprendre ce que nous pourrons faire ensemble.”

Une contribution importante de la soirĆ©e a Ć©tĆ© le cĆ©lĆØbre texte de Chiara Lubich “Une ville ne suffit pas“. Chiara y encourageait Ć  chercher les plus pauvres, les dĆ©laissĆ©s, les orphelins, les prisonniers, ceux qui sont mis Ć  l’écart… et Ć  donner, donner toujours: un mot, un sourire, son temps, ses biens… un amour concret capable de transformer une ville et pas seulement. Il a ensuite Ć©tĆ© suivi par un Ć©change de tĆ©moignages, en particulier concernant les activitĆ©s rĆ©alisĆ©es en faveur des enfants qui souffrent de la faim et de carences affectives. Des pas concrets pour transformer ses villes.

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La joie de se retrouver frĆØres

Tu as eu de nombreux contacts avec des chrétiens non-catholiques. Comment voyais-tu auparavant ces frères et comment les considères-tu maintenant ?

Ā« Vois : devant une bouteille remplie aux trois-quarts, on peut avoir deux rĆ©actions bien connues : Ah ! Il en manque encore un quart ! Ou bien : Elle est dĆ©jĆ  remplie aux trois-quarts ! La premiĆØre expression dit comment je voyais auparavant mes frĆØres non catholiques, il y a quinze ans, avant de commencer Ć  travailler, avec tout le mouvement des Focolari, pour l’œcumĆ©nisme.

La seconde rĆ©action est celle que j’ai en moi ces derniĆØres annĆ©es.

En fait, je ne sais comment remercier Dieu de m’avoir mise en contact avec des chrĆ©tiens de dĆ©nominations les plus variĆ©es.

Vivre avec eux, traiter avec eux et surtout les connaĆ®tre dĆØs l’instant où ils se sont ouverts – car ils ont acceptĆ© d’Ć©tablir avec nous une relation de charitĆ© rĆ©ciproque en Christ -, a mis au fond de moi un grand sens d’Ć©tonnement et de gratitude envers la Providence qui, dans ces Ɖglises ou communautĆ©s ecclĆ©siales, a veillĆ© sur les nombreuses richesses de foi, parfois d’espĆ©rance, des autres liturgies, sur la valeur de la Parole de Dieu… (tout lire)

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Lorsque le dialogue devient accueil

Il y a trois ans, j’ai entrepris un parcours de volontariat dans une CommunautĆ© de Rome qui s’occupe des addictions. Le Centre, nĆ© en 1978 comme support et soutien aux personnes toxicomanes, s’occupe aujourd’hui de problĆ©matiques beaucoup plus vastes, pas seulement limitĆ©es Ć  la toxicomanie.

Le parcours des utilisateurs Ć  l’interne de la communautĆ© intĆ©resse tant ceux qui prĆ©sentent un problĆØme d’addiction, tant leurs proches ou parents qui sont engagĆ©s dans des situations parfois Ć  la limite de la patience humaine. C’est prĆ©cisĆ©ment envers ces derniers que j’adresse mon action de volontariat, puisque je m’occupe des premiers accueils, des groupes d’entraide autogĆ©rĆ©s.

Durant ces deux moments, accueil et entraide, j’ai pu expĆ©rimenter concrĆØtement l’importance et la validitĆ© du dialogue, fait de communication et d’écoute, que je poursuis dans le Mouvement des Focolari entre personnes croyantes et d’autres de diffĆ©rentes convictions comme moi.

L’accueil est le moment le plus difficile pour qui arrive perdu, confus et essaye pĆ©niblement de s’ouvrir et raconter son histoire Ć  un inconnu. C’est la phase la plus complexe de tout le parcours. Si la personne qui tente difficilement de vaincre ses peurs et sa honte ne perƧoit pas qu’elle est Ć©coutĆ©e, tout le travail qui suivra sera vain.

Cependant, dans la diversitĆ© des situations, le dialogue permet – grĆ¢ce Ć  la rĆ©ciprocitĆ© qui en jaillit – une union et un Ć©change intĆ©rieur vraiment profond. Le positif de l’un et la souffrance de l’autre se confrontent dans un partage enrichissant. Le poids, qui pour la personne au dĆ©but de la rencontre semblait insupportable, devient plus lĆ©ger et les souffrances, moins pesantes.

Il y aura beaucoup de moments difficiles, le chemin sera long, mais savoir que l’on n’est pas seuls aide. Durant la chute, il y a une Ć©paule prĆ©sente sur laquelle s’appuyer.

Un matin, une dame arrive et demande de parler avec un collaborateur. Je suis seul, je lui propose de l’écouter. Avant de nous asseoir, elle impose des conditions Ć  notre conversation: notre rencontre devait rester secrĆØte (parce que si son fils l’apprenait, il risquait de la frapper); elle ne me dira ni son nom, ni celui de son fils. Je ne devrai pas informer la police, ni porter plainte.

Ma premiĆØre rĆ©action est la stupeur, ensuite la colĆØre. Beaucoup d’élĆ©ments m’énervent. Cependant, lorsque je rĆ©ussis Ć  me dĆ©tacher de mon rĆ“le, je vois deux personnes qui ne dialoguent sĆ»rement pas: une est faible et pleine de douleur, souffrance et peur ; l’autre est forte, mais fermĆ©e dans son devoir de sauveur.

Je perƧois l’impossibilitĆ© d’œuvrer et l’incapacitĆ© de concrĆ©tiser la thĆ©orie apprise en trois ans de service dans la communautĆ©. Dans cette situation, les instruments techniques ne sont pas utiles, la mĆ©thode que j’utilise est improductive. Il faut changer de stratĆ©gie.

Le moment est venu d’appliquer le dialogue que j’établis avec mes amis du focolare! Je suis le seul Ć  pouvoir changer la situation. Mon ton de voix, mon attitude changent. J’invite la dame Ć  s’asseoir et je mets Ć  sa disposition mes connaissances techniques, mais surtout humaines, oubliant les diffĆ©rentes procĆ©dures bureaucratiques.

Une explosion de larmes et de joie se produit. Elle s’assied et, s’excusant pour les larmes, commence Ć  raconter son histoire. Le besoin de partager le drame qu’elle vit a finalement trouvĆ© un espace où pouvoir se libĆ©rer sans honte ou peur d’être jugĆ©e.

Mon ouverture est finalement devenue une Ć©coute capable d’accueillir sa souffrance, l’élaborer, la faire mienne et lui offrir ma contribution dans un enrichissement rĆ©ciproque. (Piero Nuzzo)

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Liban: un choix courageux

DaisyĀ : nous sommes tous les deux nĆ©s de familles chrĆ©tiennes. Nous avons connu le mouvement des Focolari au cours d’une mariapolis, et depuis lors le choix de vivre la spiritualitĆ© de l’unitĆ© a donnĆ© un sens Ć  notre vie.

SamirĀ : En 1989, durant la guerre du Liban, la situation Ć©tait dramatiqueĀ : le conflit semait la mort et la destruction partout, et doncĀ : le travail manquait, les Ć©coles fermĆ©es ainsi que les bureaux. Nous avons dĆ©mĆ©nagĆ© aux Etats Unis, où habitait un de mes frĆØres. Comme professeur d’universitĆ© je pouvais prendre une annĆ©e sabbatique. Aux Etats Unis, croisement de cultures, nous avons vĆ©cu l’expĆ©rience des diffĆ©rents peuples qui vivent ensemble.

Daisy: Nous avons passĆ© une annĆ©e intense et pleine d’épreuves qui nous ont permis de faire l’expĆ©rience de l’amour de Dieu en nous gardant toujours plus unis. Souvent nous nous sommes demandĆ© quelle serait la bonne dĆ©cision, soit rentrer au Liban ou bien rester dans un pays qui nous offrait beaucoup de choses. Chacun de nous de fait, avait trouvĆ© un travail et nous aurions eu la possibilitĆ© d’obtenir la nationalitĆ© amĆ©ricaine. De plus, le futur de nos enfants y Ć©tait assurĆ©.

SamirĀ : la dĆ©cision n’était pas facile Ć  prendre, mais nous sentions que nous ne pouvions pas abandonner notre pays dans la situation difficile qu’il traversait. Nous en avons parlĆ© avec les enfants et la famille du mouvement et nous avons dĆ©cidĆ© de retourner au Liban. Nous Ć©tions de fait convaincus qu’aimer notre peuple Ć©tait plus important que les sĆ©curitĆ©s que nous aurait garanties les Etats Unis.

Daisy: RentrĆ©s auĀ  Liban, notre vie a changĆ©. Nous avons compris que le bonheur ne dĆ©pendait pas des circonstances extĆ©rieures, mais Ć©tait le fruit de notre rapport avec Dieu et avec les frĆØres. De fait, dans notre pays nous cohabitons avec les musulmans, et grĆ¢ce Ć  la spiritualitĆ© de l’unitĆ© nous avons construit une rĆ©elle fraternitĆ© avec beaucoup d’entre eux.

Une fois nous devions nous rendre Ć  une rencontre du mouvement en Syrie, le pays qui Ć©tait en conflit avec le nĆ“tre. Les rapports Ć©taient encore difficilesĀ  et pleins de mĆ©fiance et de prĆ©jugĆ©s. Cependant nous avons fait l’expĆ©rience que ce sont nos frĆØres et que nous devions donner la vie aussi pour eux.

SamirĀ : Nous avons compris encore plus notre rĆ“le de tĆ©moignage d’amour entre musulmans et chrĆ©tiens, comme lorsque nous avons accueilli dans notre Centre mariapolis 150 personnes en majoritĆ© musulmanes. Nous avons formĆ© ensemble une famille liĆ©e par la fraternitĆ©. Nous croyons que notre rĆ“le en tant que chrĆ©tiens au Moyen Orient n’est pas uniquement d’y ĆŖtre, mais d’avoir aussi une prĆ©sence active dans la vie politique et dans les institutions gouvernementales.

DaisyĀ : En ce moment où une grande partie des libanais est angoissĆ©e pour l’avenir et beaucoup essaient de quitter le pays, nous sentons l’amour de Dieu qui nous accompagne et nous enracine jour aprĆØs jour dans notre terre et nous aide Ć  transmettre espĆ©rance.

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L’aventure de l’unitĆ©: Igino Giordani

Igino Giordani est une figure toute particuliĆØre dans l’histoire des Focolari. Enseignant, antifasciste, bibliothĆ©caire, mariĆ© et pĆØre de quatre enfants, c’était un Ć©crivain critique bien connu du monde catholique, pionnier de l’engagement des chrĆ©tiens en politique, Ć©crivain et journaliste. DĆ©fenseur de la paix Ć  n’importe quel prix, il devint officier durant la premiĆØre guerre mondiale, où il fut blessĆ© et dĆ©corĆ©. Ā AprĆØs la seconde guerre mondiale, vĆ©cue du cĆ“tĆ© de l’antifascisme contraint Ć  l’exil, il fut Ć©lu Ć  l’AssemblĆ©e Constituante. DĆ©putĆ©, laĆÆc Ć©clairĆ©, pionnier de l’œcumĆ©nisme. C’est lui aussi qui fit entrer la dimension des laĆÆcs mariĆ©s et de la famille au sein du focolare, l’ouvrant, en quelque sorte, sur toute l’humanitĆ©. Ā Chiara Lubich, pour ces diffĆ©rents motifs et d’autres encore, considĆ©ra Giordani, familiĆØrement appelĆ© « FocoĀ Ā», comme l’un des « cofondateurs »  du mouvement des Focolari. (suite…)

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Congo, au delĆ  du silence

Ā« Il n’est pas facile de vous raconter ce que nous sommes en train de vivre dans ma rĆ©gion, au Congo, où un conflit permanent secoue le pays.

J’ai connu l’idĆ©al de l’unitĆ© quand j’étais encore une enfant et j’étais contente de faire partie d’une communautĆ© qui vivaient l’évangile. Puis j’ai grandi et lorsque je suis entrĆ©e Ć  l’universitĆ©, j’ai rencontrĆ© un autre monde. J’ai vu des personnes qui arrivaient Ć  se tuer pour leurs diffĆ©rences tribales et ethniques. Corruption, fraude, mensonge et tant d’autres maux sont le tissu de la vie quotidienne.

Quand j’ai eu mon diplĆ“me, j’ai trouvĆ© un travail dans une organisation non gouvernementale qui œuvre pour les droits des femmes congolaises et en particulier pour celles qui ont subi des abus sexuels. Pour cette raison j’ai fait le tour de beaucoup de rĆ©gions. Je me suis trouvĆ©e devant la misĆØre de tant de gens, mĆŖme si le Congo est un beau pays et riche d’importantes ressources naturelles.

Je voyais grandir un climat gĆ©nĆ©ral de rĆ©signation. On entendait direĀ : « Ce pays est dĆ©jĆ  mort, Ƨa ne vaut pas la peine de s’en occuper… ».

Vers le dĆ©but 2012, quelque chose de nouveau s’est allumĆ© en moi. J’ai lu un texte de Chiara Lubich où elle nous invitait Ć  ne pas nous contenter de petites joies, et Ć  viser haut. J’ai compris que pour moi cela voulait dire travaillerĀ  pour que change mon pays.

Nous avons fait naĆ®tre un mouvement de mobilisation de jeunes en ville et nous avons commencĆ© Ć  diffuser les informations, nos analyses et rĆ©flexions sur la situation, nos projets pour rĆ©agir ensemble. Nous avons dĆ©noncĆ© le manque de travail pour tant de jeunes, frappĆ©s par un haut pourcentage de chĆ“mage. Puis Ć  l’approche de l’anniversaire de l’indĆ©pendance du Congo, nous avons imprimĆ© des tracts pour dĆ©noncer les problĆØmes prĆ©sentsĀ : la crise de la justice, le chĆ“mage trĆØs grave et le paradoxe entre les grandes ressources du pays et la pauvretĆ© de la plupart des gens.

Dans la soirĆ©e de la veillĆ©e, alors que nous Ć©tions encore en train de distribuer les tracts, quelques policiers m’ont arrĆŖtĆ©e pendant une semaine. Pour ne pas me laisser seule, tout de suite deux autres jeunes se sont fait arrĆŖter avec moi, et aprĆØs quelques jours deux autres. J’ai subi des dizaines d’interrogatoires. Je sentais que la menace de mort ou de condamnation s’approchait de jour en jour. Ce qui m’a soutenue mĆŖme pendant ces moments terribles, c’était l’unitĆ© qui me liait aux gen de ma ville et aux jeunes qui me soutenaient par leur solidaritĆ©.

Une gen s’approchait chaque jour du lieu où je me trouvais et me criait le soutien de tous. A la pensĆ©e que JĆ©sus, mĆŖme sur la croix, n’avait pas cessĆ© d’être Amour, j’ai continuĆ© Ć  aimer concrĆØtement enĀ  prĆ©parant la nourriture pour les autres dĆ©tenus et pour les geĆ“liers.

Avec beaucoup de jeunes engagĆ©s dans ce mouvement je partage la Parole de vie. Ce qui est le plus important est que j’ai compris que pour rĆ©aliser un vĆ©ritable changement, la force vient de l’amour. Agir avec amour, sans violence, veut dire se mettre du cĆ“tĆ© de Dieu pour agir.

Que voulons-nousĀ ? Notre but n’est pas de nous opposer Ć  un groupe politique, mais de lutter Ā pour construire le Congo des citoyens, conscients de leurs droits et de leurs propres devoirs afin de soutenir les nouveaux leaders qui agissent pour la justice. Et quels sont les premiers rĆ©sultatsĀ ? Aujourd’hui le mouvement existe, il est connu dans notre rĆ©gion et en d’autres points du paysĀ ; nous avons conduit plus de 50 actions et obtenu quelques rĆ©ponses concrĆØtes. Nous sommes encore vivants, malgrĆ© les menaces et tentative d’instrumentalisation. Dans notre ville nous sommes le premier groupe de jeunes qui, tout en respectant les lois du pays, ose dĆ©noncer, soutenir, prendre position sur beaucoup de problĆØmes, mĆŖme graves, comme celui des sanctions contre les militaires Ā qui sont impliquĆ©s dans des crimes et des extorsions. Je suis convaincue qu’une gĆ©nĆ©ration toujours plus nombreuse de congolais reprend confiance et s’engage pour le bien du paysĀ Ā». (MM. – Congo)

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Les Focolari et le dialogue interreligieux/2

Interview accordĆ©e par Maria Voce Ć  Roberto Catalano, du centre des Focolari pour le dialogue interreligieux, Ć  l’occasion de la IX AssemblĆ©e GĆ©nĆ©rale des Religions pour la Paix, qui s’est dĆ©roulĆ©e fin novembreĀ 2013 Ć  Vienne. (seconde partie) Chiara Lubich avait eu l’intuition que la solution aux nombreux dĆ©fis de notre temps rĆ©sidait dans le dialogue… « Comme j’ai eu l’occasion de le dire dans mon intervention, ici Ć  Vienne, Chiara nous a mis face Ć  une vision trĆØs claire et trĆØs simpleĀ : nous sommes tous fils de Dieu et donc tous frĆØres. Au dĆ©but, ce n’Ć©tait pas une perspective que visait les grandes religions mais plutĆ“t le fait de considĆ©rer l’homme. Par la suite, cette attitude a conduit au dialogue et au rapport avec les disciples des autres religions. Il me semble que ce fut prophĆ©tique. En effet, Chiara a commencĆ© Ć  ouvrir le Mouvement au dialogue, encore avant le Concile Vatican II. ƀ ce moment-lĆ , les dialogues ont Ć©tĆ© assumĆ©s comme l’une de voies de l’Église justement parce qu’ils font partie de la perspective envers l’homme. En outre, Chiara a prĆ©parĆ© les moyens et les instruments pour ces dialogues. Au fur et Ć  mesure que l’on faisait connaissance de personnes d’autres traditions religieuses, elle avait compris qu’il Ć©tait nĆ©cessaire de se spĆ©cialiser pour ces contacts. Pour cette raison, elle a fondĆ© des centres spĆ©cifiques, […] où l’on essaye de connaĆ®tre plus profondĆ©ment des chrĆ©tiens d’autres Ɖglises, des fidĆØles d’autres religions et des personnes ayant une culture diffĆ©rente. En effet, d’une connaissance plus approfondie naĆ®t une possibilitĆ© d’amour et d’ouverture plus grande. On en dĆ©couvre les valeurs et on ne se met pas en position de dĆ©fense mais dans une attitude de dialogue, comme il se doit. […] Aujourd’hui des personnes bouddhistes, musulmanes et d’autres religions font partie intĆ©grante de notre mouvement et, avec nous, elles dialoguent avec les autres. Nous avons donc dĆ©passĆ© la phase du dialogue pour entrer dans une phase d’unitĆ© et de collaboration pleine avec euxĀ Ā». Quelles sont les perspectives du dialogue interreligieux pour le mouvement des FocolariĀ ? « Nous constatons que lorsque nous avons des rencontres de dialogue, il y a toujours des personnes nouvelles, de diffĆ©rentes religions, attirĆ©es par le rapport qu’ils ont vu vivre parmi des personnes ayant une foi diffĆ©rente. Ce tĆ©moignage ouvre Ć  l’Ć©largissement du dialogue. Il s’agit de rendre possible la tolĆ©rance, la comprĆ©hension et l’amitiĆ©, aspects qui sont tous, le plus souvent compromis par de nombreux jugements. Nous devons justement faire tomber les prĆ©jugĆ©s pour faire dĆ©couvrir la beautĆ© qui existe en toute personne, mettant avant tout en lumiĆØre ce qui est vraiment le plus prĆ©cieux : l’appartenance Ć  une religion. Cela permet de mettre en lumiĆØre la relation de chacun avec Dieu. […] Les dialogues nous permettent de grandir dans la capacitĆ©, non seulement de comprendre ceux avec qui nous vivons […], mais aussi de contenir les autres qui proviennent de traditions et d’inspirations spirituelles diffĆ©rentes des nĆ“tres. Notre mouvement vise […] Ć  l’ut omnes [‘Que tous soient un’ comme JĆ©sus l’a demandĆ© au PĆØre] et pour cette raison, il doit contenir – le plus possible – toutes les dimensions. Il ne peut se contenter de la dimension catholique dans laquelle il est nĆ© bien que cette dimension possĆØde en soi une perspective universelle, car catholique signifie universel. Pour ĆŖtre vraiment universels, nous devons parvenir Ć  dĆ©couvrir la beautĆ© qui existe dans l’humanité ». Lire l’intĆ©grale de l’interview sur CittĆ  Nuova online (en italien)

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Maroc, la fĆŖte de l’AĆÆd El Kebir

Ali: ā€œJ’avais perdu mon travail et nous ne savions pas si nous aurions les moyens d’acheter un mouton, comme le demande notre tradition, pour la fĆŖte toute proche de l’AĆÆd El KĆ©bir qui commĆ©more le sacrifice d’AbrahamĀ Ā»

Ā Zohour: ā€œ Peu de temps avant, une famille des focolari d’Oran (AlgĆ©rie) nous avait donnĆ© une somme d’argent pour acheter une machine Ć  laverĀ : elle avait vu qu’avec deux enfants en bas Ć¢ge, je me fatiguais trop en lavant le linge Ć  la main. Et j’avais justement repĆ©rĆ© Ā Ć  Tanger, la ville où nous habitons, un magasin qui proposait des prix intĆ©ressants.

En pensant Ć  la fĆŖte de l’AĆÆd El KĆ©bir, j’ai proposĆ© Ć  Ali d’utiliser la somme reƧue pour acheter le mouton. Mais, rĆ©flexion faite, nous avons pensĆ© que nous devions respecter la destination cet argent. Aussi nous nous sommes rendus au magasin qui offrait le meilleur prix et nous avons achetĆ© la machine Ć  laver. Au moment de payer, la caissiĆØre nous a proposĆ© de participer Ć  un tirage au sort rĆ©servĆ© aux clients qui avaient fait des achats.

Nous sommes rentrĆ©s Ć  la maison, heureux d’avoir pris cette dĆ©cision ensemble. Pour ce qui Ć©tait du mouton, nous nous en sommes remis Ć  Dieu.

Ali: ā€œ Dans l’aprĆØs-midi Ā nous avons reƧu un coup de fil du magasin nous annonƧant que nous avions justement gagnĆ© un mouton! Trois jours aprĆØs la fĆŖte religieuse, c’est avec grande joie queĀ  nous avons pu le sacrifier, conformĆ©ment Ć  notre tradition.

Cette expĆ©rienceĀ  a Ć©tĆ© pour nous un signe de la grandeur de Dieu, de son amour, chaque fois que nous nous aimons et que nous sommes unis en son nom, prĆŖts Ć  donner notre vie l’un pour l’autre. Au cours de cette mĆŖme semaine j’ai aussi retrouvĆ© du travailĀ !Ā Ā»

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Myanmar: Au service de la communautƩ

Village de Kanazogone

Ā«DĆØs le dĆ©but de sa fondation en 1860 –raconte le curĆ©, le p. Carolus Su Naing – la paroisse a servi l’église locale en s’intĆ©ressant surtout au dĆ©veloppement social et pastoral des habitants du lieu et, par la suite, elle a fondĆ© 4 autres paroissesĀ : Aima, Pein ne gone, Myitkalay et Wakema, où vivent 8.000 catholiques. Kanazogone a toujours eu comme rĆ“le vital de prendre soin des personnes les plus nĆ©cessiteuses de la rĆ©gion. Lorsqu’en 2008 le cyclone « NargisĀ Ā» s’est abattu sur la rĆ©gion du Delta, notre village est devenu le centre des rĆ©fugiĆ©sĀ : environ 3000 personnes frappĆ©es par le cycloneĀ Ā».

Quelle est votre situation actuelle, pĆØreĀ ?

« Kanazagone, ne reƧoit pas encore d’énergie Ć©lectrique de la commune, nous explique le prĆŖtre focolarino. Tous les habitants du village doivent se procurer par leurs propres moyens toute forme d’éclairage en utilisant des bougies, des batteries, quelques maisons seulement ont leur propre gĆ©nĆ©rateur Ć  essence. Avec les chefs du village nous avons rĆ©cemment discutĆ© sur la nĆ©cessitĆ© d’avoir un gĆ©nĆ©rateur plus fort et plus puissant pour que toutes les familles du coin aient l’électricitĆ©. L’installation d’un gĆ©nĆ©rateur puissant au biogaz servira Ć  amĆ©liorer la vie du village et la capacitĆ© de travail de ses habitantsĀ Ā»

Comment fonctionnera le gƩnƩrateur? Nous le demandons au suisse Rolf Infanger, des Focolari, engagƩ personnellement dans le projet:

«  Le gĆ©nĆ©rateur alimentĆ© au biogaz, fait travailler une dynamo de 200 kw, qui suffit au village tout entier. C’est une invention du Myanmar. La nouveautĆ© se trouve dans le fait que le biogaz est produit par la combustion de la balle de riz, un produit de rejet. La balle de riz qui, en gĆ©nĆ©ral, est jetĆ©e, peut ĆŖtre utilisĆ©e de maniĆØre efficace pour produire de l’énergie Ć©lectrique biogaz. En plus, le support technique sera assurĆ© par le fabricant local du moteur. Au Myanmar beaucoup de groupes de ce genre tournent dĆ©jĆ  et bien. Cette rĆ©gion est entourĆ©e de champs de riz. La rizerie où la cĆ©rĆ©ale est Ć©laborĆ©e se trouve ici dans le village. Le projet, guidĆ© par l’ingĆ©nieur inventeur et le chef du village, a dĆ©marrĆ© en avril 2013 aprĆØs l’arrivage d’un prĆŖt de 25.000$. Il faut le rembourser dans les 5 ans mais Ć  un taux minime. Nous faisons la forte expĆ©rience de sentir que Dieu nous guide et nous oriente Ć  faire des choses utiles pour la vie du villageĀ Ā».

Quelle sont vos attentes quand le générateur fonctionnera ?

« GrĆ¢ce Ć  la fourniture de la lumiĆØre et de l’énergie produite pas l’installation au biogaz quand il sera en fonctionnement – assure p. Su Naing – les familles du village amĆ©lioreront leur vie quotidienne. Le niveau de vie des habitants montera en leur donnant la possibilitĆ© de travailler chez eux en soirĆ©e. La lumiĆØre et l’énergie fournies aideront les Ć©coles et le dispensaire du village en temps normal et mĆŖme durant les pĆ©riodes d’urgence. Les enfants auront plus de facilitĆ© Ć  faire leurs devoirs. La lumiĆØre dans la rue donnera un sens de sĆ©curitĆ©, en favorisant la vie socialeĀ Ā».

Si vous voulez soutenir le projetĀ :

Compte bancaire Allemagne:

Maria Schregel Hilfswerk e.V.

Sparkasse Uelzen – IBAN: DE39 2585 0110 0009 0079 49

Swift: NOLADE21UEL

CĆ“te d’Ivoire: dans la ville aux 18 montagnes

C’est de nouveau NoĆ«l!

« Je suis nĆ© Ć  Moscou dans une famille appartenant Ć  l’Eglise russe orthodoxe. Quand j’avais trois ans, en 1989, ma famille a connu les focolarini qui venaient d’arriver Ć  Moscou. Ma mĆØre et ma grand’mĆØre ont Ć©tĆ© frappĆ©es par l’authenticitĆ© de leur vie toute imprĆ©gnĆ©e de la nouveautĆ© de l’Evangile. Ma mĆØre, dĆ©sireuse de poursuivre un lien d’amitiĆ© avec eux,Ā  a pris conseil auprĆØs de notre curĆ©. Celui-ci, aprĆØs s’être renseignĆ© au sujet de cette communautĆ© qui ne relevait pas de l’église orthodoxe, a donnĆ© sa bĆ©nĆ©diction. Aujourd’hui, Ć  Moscou, la communautĆ© des focolari a grandi et la majeure partie de ses membresĀ  appartient Ć  l’Eglise orthodoxe.

Au cours de ces vingt-cinq dernières années ma famille a tissé de très beaux  liens avec la communauté des focolari, dont elle fait partie, dans un esprit de profonde unité mais aussi de liberté et de respect mutuel.

Le tournant dĆ©cisif de ma vie a eu lieu en 2000, j’avais alors 13 ans. Ce fut Ć  l’occasion d’une rencontre avec Chiara Lubich, en Pologne. J’y Ć©tais allĆ© avec un groupe venu de Russie. Au cours de ces journĆ©es j’ai Ć©prouvĆ© une union avec Dieu toute particuliĆØre et ma foi s’estĀ  grandement renforcĆ©e. Je suis devenu trĆØs conscient de l’existence de Dieu et de sa prĆ©sence constante et rĆ©elle dans ma vie. Quelques mois plus tard je me suis rendu au Japon avec un petit groupe de jeunes russes pour participer Ć  une rencontre-confĆ©rence internationale des jeunes du mouvement des focolari, Ć  laquelle participaient aussi de jeunes bouddhistes japonais. C’était la premiĆØre fois que je rencontrais des garƧons de cet Ć¢ge qui vivaient sĆ©rieusement l’Evangile, dans un esprit d’unitĆ© et de partage. C’est alors qu’est nĆ© en moi un grand dĆ©sir de continuer Ć  vivre ainsi Ć  Moscou, avec les jeunes de mon Ć¢ge.

AprĆØs ces moments vĆ©cus en Pologne et au Japon, j’ai commencĆ© Ć  expĆ©rimenter un profond besoin de grandir dans ma relation personnelle avec Dieu, j’avais soif de Dieu. J’ai commencĆ© Ć  me rendre seul Ć  l’église, sans mes parents. Le curĆ©, qui m’a vuĀ  grandir, a remarquĆ© ce changement et m’a proposĆ© d’être enfant de chœur. Aussi pendant huit ans j’ai Ć©tĆ© trĆØs heureux de pouvoirĀ  ĆŖtre tout proche de l’autel et du prĆŖtre.

Cette expĆ©rience de vieĀ  dans Ā l’église orthodoxe d’une part, et dans la communautĆ© des focolari d’autre part, a produit son fruitĀ : j’ai compris que je ne pouvais pas faire moins que de suivre Dieu qui m’appelait Ć  tout quitter.

AprĆØs avoir laissĆ© la Russie en 2010 pour entrer au focolare, j’ai eu la possibilitĆ© d’expĆ©rimenter une nouvelle faƧon de participer Ć  la cĆ©lĆ©bration liturgique: j’ai commencĆ© Ć  chanter dans le chœur. C’était un dĆ©sir un peu oubliĆ© qui remontait Ć  mon enfanceĀ  et maintenant je le Ā vis Ā comme un cadeau de DieuĀ !

J’habite aujourd’hui au focolare où je partage cette vie avec des catholiques. Ensemble nous cherchons Ć  vivre l’amour rĆ©ciproque qui nous conduit souvent Ć  expĆ©rimenter la prĆ©sence spirituelle de JĆ©sus au milieu de nousĀ Ā»