Mouvement des Focolari
Le dialogue comme mode de vie

Le dialogue comme mode de vie

Du 31 aoĆ»t au 8 septembre 2022, la 11e AssemblĆ©e du Conseil œcumĆ©nique des Ɖglises (COE) se tiendra Ć  Karlsruhe, en Allemagne. La contribution du mouvement des Focolari, liĆ© Ć  la COE par une longue histoire d’amitiĆ© et de collaboration. Dans un monde dĆ©chirĆ© par les conflits, traversĆ© par une pandĆ©mie qui a accentuĆ© les inĆ©galitĆ©s, par une crise climatique sans prĆ©cĆ©dent, caractĆ©risĆ© par des avancĆ©es scientifiques et technologiques qui crĆ©ent souvent de nouvelles inĆ©galitĆ©s entre les personnes et les rĆ©gions du monde, est-ce encore le cas de parler d’unitĆ© ? Et quelle est la contribution des chrĆ©tiens Ć  sa rĆ©alisation ? Cette rĆ©flexion sera au centre des travaux de la 11e AssemblĆ©e du Conseil œcumĆ©nique des Ɖglises (COE) qui se tiendra du 31 aoĆ»t au 8 septembre 2022 Ć  Karlsruhe, en Allemagne. L’AssemblĆ©e, qui en est Ć  sa onziĆØme annĆ©e, constitue le gouvernement du Conseil œcumĆ©nique des Ɖglises (COE), se rĆ©unit normalement tous les huit ans. Aujourd’hui, 350 Ɖglises dans 110 pays du monde entier sont membres de la COE, reprĆ©sentant environ 500 millions de chrĆ©tiens. Cette annĆ©e, quelque 4000 personnes venues du monde entier participeront Ć  cette session L’unitĆ© est, pour les chrĆ©tiens, la rĆ©alisation de la priĆØre de JĆ©sus “Que tous soient un” (Jn 17,21). Une invocation qui donne la certitude que “l’amour du Christ pousse le monde Ć  la rĆ©conciliation et Ć  l’unitĆ©”, comme l’exprime le titre de l’Ć©vĆ©nement. Les travaux de l’AssemblĆ©e partiront prĆ©cisĆ©ment de rĆ©flexions sur les grands dĆ©fis de la planĆØte qui ont rĆ©vĆ©lĆ© des vulnĆ©rabilitĆ©s, des clivages et des injustices ethniques, Ć©conomiques et sociales. Mais qui ont Ć©galement mis en Ć©vidence l’interdĆ©pendance entre les individus et les peuples, la responsabilitĆ© que nous avons les uns envers les autres dans un monde où personne ne peut se sauver seul. Les Ɖglises chrĆ©tiennes se rĆ©unissent donc ensemble pour un temps de priĆØre et de cĆ©lĆ©bration, mais aussi de rĆ©flexion et d’action. Une occasion d’approfondir leur engagement en faveur du dialogue, de l’unitĆ© visible et du tĆ©moignage commun. Le programme destinĆ© aux dĆ©lĆ©guĆ©s officiels des diffĆ©rentes Ɖglises est complĆ©tĆ© par une centaine d’ateliers et de stands proposĆ©s au public par les Ɖglises, CommunautĆ©s et Institutions. Parmi celles-ci figure Ć©galement la contribution du mouvement des Focolari, qui s’appuie sur son expĆ©rience du dialogue(Cf all’esperienza di dialogo) . L’Ć©quipe du Centre “Uno”, le secrĆ©tariat international pour l’œcumĆ©nisme du Mouvement des Focolari, avec des reprĆ©sentants du Mouvement d’Allemagne, de Suisse, d’Irlande et de Roumanie, sera prĆ©sente avec un stand pendant toute l’AssemblĆ©e. Le 5 septembre 2022 Ć  17h, elle proposera un atelier intitulĆ© “Le dialogue comme mode de vie : mĆ©thodologie et pratique” dans lequel elle proposera aux participants une expĆ©rience de dialogue entre chrĆ©tiens de diffĆ©rentes Ɖglises et entre chrĆ©tiens et musulmans. Un dialogue dans le plus grand respect de l’identitĆ© de chacun, qui privilĆ©gie la rencontre entre la thĆ©orie et la vie. La COE a Ć©tĆ© fondĆ©e le 23 aoĆ»t 1948 Ć  Amsterdam, 147 Ɖglises Ć©taient prĆ©sentes. Le dialogue comme chemin et comme caractĆ©ristique d’une vie chrĆ©tienne authentique est l’objectif principal. Le mouvement des Focolari est liĆ© Ć  la CEC par une longue histoire d’amitiĆ© et de collaboration, depuis la premiĆØre visite de Chiara Lubich en 1967, invitĆ©e par le thĆ©ologien rĆ©formĆ© Lukas Vischer. Lors de sa troisiĆØme visite en 2002, Mme Lubich a Ć©galement visitĆ© l’Institut œcumĆ©nique de la COE Ć  Bossey. Le directeur Ć©tait le RĆ©vĆ©rend Dr Ioan Sauca, qui a rappelĆ© Ć  plusieurs reprises l’importance de la rencontre avec Chiara Lubich pour l’Institut et comment elle avait permis de clarifier le problĆØme du rapport entre identitĆ© et unitĆ©.

Anna Lisa Innocenti

BrĆ©sil, Mariapolis Ginetta : 50 ans de dialogue et d’unitĆ© avec la sociĆ©tĆ©

BrĆ©sil, Mariapolis Ginetta : 50 ans de dialogue et d’unitĆ© avec la sociĆ©tĆ©

La Mariapolis Ginetta a cĆ©lĆ©brĆ© son jubilĆ© d’or le 15 aoĆ»t 2022. Le rĆŖve des pionniers est dĆ©sormais une rĆ©alitĆ© : un phare d’unitĆ©, de dialogue et une nouvelle sociĆ©tĆ© pour tous. Depuis sa genĆØse, l’Ɖglise catholique a cherchĆ© de diverses maniĆØres Ć  vivre le mandat de JĆ©sus dans la priĆØre dite sacerdotale : « PĆØre, que tous soient un, comme toi, PĆØre, tu es en moi et que je suis en toi, … » (cf. Jn 17, 21). L’unitĆ© et le dialogue sont, aujourd’hui encore, Ć  la base des actions et des thĆ©ories ecclĆ©siales. C’est prĆ©cisĆ©ment pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la ville de Trente, en Italie, que Chiara Lubich, Ć¢gĆ©e de 21 ans, a compris qu’elle voulait vivre et rĆ©pandre l’unitĆ© entre tous les peuples du monde, croyants et non-croyants. Au BrĆ©sil, Ć  travers la Mariapolis Ginetta, cette mission est fructueuse depuis maintenant 50 ans. La « ville sur la montagneĀ Ā» En fondant le mouvement des Focolari et en se basant sur ses expĆ©riences, Chiara a estimĆ© qu’il fallait crĆ©er des « villes sur la montagneĀ Ā» qui seraient visibles et lumineuses, vĆ©ritables phares pour la sociĆ©tĆ©, où l’on pourrait vivre l’amour rĆ©ciproque en communion, l’Ɖvangile et la prĆ©sence constante de Dieu. Les Focolari ont rĆ©alisĆ© 35 Mariapolis dans le monde, appelĆ©es citĆ©s-pilotes. Trois d’entre elles sont au BrĆ©sil : la Mariapolis Santa Maria prĆØs de Recife, la Mariapolis Gloria prĆØs de Belem et la Mariapolis Ginetta, situĆ©e dans l’Ɖtat de SĆ£o Paulo, dans le Vargem Grande Paulista, qui a cĆ©lĆ©brĆ© son jubilĆ© d’or le 15 aoĆ»t, jour de la fĆŖte de l’Assomption. La Mariapolis Ginetta Fruit de la providence de Dieu, tĆ©moignĆ©e par de nombreuses actions, elle est un lieu de rencontres spirituelles et sociales pour des milliers de personnes dans le monde entier. HabitĆ©e par des familles, des personnes consacrĆ©es, des laĆÆcs, des prĆŖtres et mĆŖme des personnes d’autres confessions religieuses, la citĆ© phare est un espace où chaque visiteur peut faire l’expĆ©rience de Dieu. Karina GonƧalves Sobral y vit avec son mari et ses deux filles dans la communauté ; elle souligne l’importance de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© et des valeurs contenues dans la culture locale : « La Mariapolis a pour mission d’ĆŖtre un lieu de rencontre, un foyer ouvert Ć  tous. Elle l’est vraiment pour tous. Ceux qui viennent ici doivent se sentir les bienvenus. L’accueil fait partie de notre charismeĀ Ā». « Au vu des diffĆ©rents terrains qui nous avaient Ć©tĆ© proposĆ©s il y a cinquante ans, celui de Vargem Grande semblait vraiment avoir les bonnes caractĆ©ristiques pour ĆŖtre un espace fĆ©cond, où nous pourrions incarner visiblement l’IdĆ©al de l’unitĆ©. Nous nous sommes installĆ©s ici et nous cĆ©lĆ©brons aujourd’hui une Ć©tape importanteĀ Ā», dĆ©clare Maria do Socorro Pimentel, une focolarine qui vit Ć  la Mariapolis depuis plus de 40 ans. La prĆ©sence de la fondatrice Chiara Lubich a visitĆ© la Mariapolis Ginetta Ć  plusieurs reprises. Lors de l’un de ses voyages en 1991, impressionnĆ©e par la grande inĆ©galitĆ© sociale de la population brĆ©silienne, elle est particuliĆØrement inspirĆ©e et elle crĆ©e l’Ɖconomie de communion, dont l’objectif principal est de dĆ©velopper un rĆ©seau d’entreprises qui partagent leurs bĆ©nĆ©fices, en contrastant la culture de l’avoir par celle du don. La Mariapolis prend le nom d’une des premiĆØres compagnes de Chiara Lubich, la Servante de Dieu Ginetta Calliari, l’une des plus grandes promotrices de la construction de cette « ville sur la montagneĀ Ā» et coresponsable du mouvement naissant des Focolari au BrĆ©sil. Son corps est enterrĆ© dans le cimetiĆØre de la Mariapolis où de nombreux fidĆØles se rendent pour demander des grĆ¢ces. Reconnaissance DĆ©jĆ  en mai 2022, la municipalitĆ© de Vargem Grande Paulista a reconnu le travail social et spirituel rĆ©alisĆ© par le mouvement des Focolari dans la ville et l’importance non seulement de son Centre Mariapolis, mais de toutes les œuvres qui sont rĆ©alisĆ©es et qui concernent les enfants, les adolescents et les jeunes. Il ne faut pas oublier le travail des foyers pour les sans-abri et son systĆØme de communication qui a apportĆ© investissement, partenariat et notoriĆ©tĆ© Ć  la municipalitĆ©. ƀ l’occasion de la messe cĆ©lĆ©brĆ©e lundi 15 aoĆ»t 2022 par Don JoĆ£o Bosco, Ć©vĆŖque d’Osasco, le Pape FranƧois a envoyĆ© la BĆ©nĆ©diction Apostolique Ć©crite en signe de reconnaissance pour cette mission menĆ©e par le mouvement des Focolari dans la ville, dans l’Ɖtat de SĆ£o Paulo et dans tout le BrĆ©sil.

Ronnaldh Oliveira (D’aprĆØs un article publiĆ© sur cancaonova.com)

 

Institut Universitaire Sophia : Le Prof. Declan O’Byrne a Ć©tĆ© nommĆ© Recteur par intĆ©rim

Le Professeur Giuseppe Argiolas a prĆ©sentĆ© sa dĆ©mission du poste de Recteur de l’Institut Universitaire Sophia « pour raisons personnellesĀ Ā». Le vice-recteur en exercice, le Professeur Declan O’Byrne, a Ć©tĆ© nommĆ© recteur par intĆ©rim et exercera son service jusqu’à la fin naturelle du mandat, Ć  savoir janvierĀ 2024. La Vice-Grand Chancelier, Margaret Karram, PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari, Ć©crit Ć  la communautĆ© universitaire de l’InstitutĀ : « Je demande Ć  chacun de vous la plus grande collaboration avec le Prof. Declan O’Byrne, qui a acceptĆ© la charge qui lui a Ć©tĆ© confiĆ©e par la CongrĆ©gation pour l’Éducation Catholique, afin que l’Institut Universitaire Sophia puisse continuer Ć  assurer son service d’enseignement, de recherche et d’engagement culturel avec le professionnalisme et la diligence nĆ©cessaires. Je remercie le Prof. Argiolas pour son engagement et pour le travail accompli pour faire avancer Sophia, en particulier dans les temps difficiles comme ceux de la pandĆ©mie 2020-2022, et je confie Ć  la responsabilitĆ© de toute la communautĆ© Ć©ducative la rĆ©ussite de la nouvelle annĆ©e universitaire qui commence.Ā Ā» Les enseignants et le personnel de l’IUS se joignent Ć  la Vice-Grand Chancelier pour remercier le Prof. Argiolas pour son engagement au service de l’Institut.

Chiara Lubich : comme JĆ©sus, suivre la voie de l’amour

Lors de la 4e JournĆ©e Mondiale de la jeunesse, qui s’est tenue Ć  Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne) en 1989, Chiara Lubich a prĆ©sentĆ© un thĆØme intitulĆ© « JĆ©sus est le cheminĀ Ā». Nous en avons choisi un extrait dans lequel elle invite chacun Ć  mettre en action le pouvoir transformateur de l’amour, comme JĆ©sus lui-mĆŖme l’a fait. (JĆ©sus) Fils de Dieu qui est Amour, il est venu sur terre par amour, il a vĆ©cu par amour, irradiant l’amour, donnant l’amour, portant la loi de l’amour, et il est mort par amour. Puis il est ressuscitĆ© et il est montĆ© au Ciel, accomplissant son dessein d’amour. Tout cela par amour pour vous, pour moi, pour tous. Nous pouvons donc dire que la Voie suivie par JĆ©sus a un nomĀ : l’Amour. Et que pour le suivre, nous devons nous aussi emprunter cette voie, ce cheminĀ : la voie de l’amour. L’Amour. Certains se demanderontĀ : Ā«Quel genre amour brĆ»lait donc dans le cœur de JĆ©susĀ ? Avec quel amour a-t-il agiĀ ? Et quel amour a-t-il laissĆ© ici, sur terreĀ ?Ā Ā» L’amour que JĆ©sus a vĆ©cu et apportĆ© est un amour spĆ©cial et unique. Ce n’est pas un amour comme vous pourriez l’imaginer. Ce n’est pas, par exemple, de la philanthropie ni une simple solidaritĆ© ou de la bienveillance. Ce n’est pas seulement une amitiĆ© ni de l’affection – comme celle qu’une jeune peut Ć©prouver pour un garƧon ou une mĆØre pour son enfant. Et ce n’est pas non plus simplement de la non-violence. C’est quelque chose d’exceptionnel ou mieux, de divinĀ : c’est l’amour mĆŖme qui brĆ»le en Dieu. JĆ©sus a donnĆ© Ć  chacun de nous une flamme de cet incendie infini, un rayon de cet immense soleil. C’est quelque chose d’extraordinaire, auquel nous pensons peu, mais qui nous rendrait puissants si nous le prenions en considĆ©ration. […] Nous devons faire fructifier cet amour. De quelle maniĆØreĀ ? En aimant.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, L’amore al fratello, CittĆ  Nuova, 2012, p.Ā 50)

Ɖvangile vĆ©cu : le caractĆØre concret de l’amour

Aimer nous pousse Ć  sortir de nous-mĆŖmes, Ć  faire le bien et Ć  nous approcher de l’autre en gagnant sur l’indiffĆ©rence. Se salir les mains, s’engager, nous rappelle Ć  quel point Dieu nous a aimĆ©s en premier et quel rĆŖve il a placĆ© dans nos cœurs. Dix-sept quintaux de livres En parlant avec des amis de la crise en Argentine, nous avons appris la grave pĆ©nurie de livres scolaires dans le pays. D’où l’idĆ©e d’une rĆ©colte de livres Ć  faire circuler parmi les familles que nous connaissions. La rĆ©ponse a Ć©tĆ© immĆ©diate et gĆ©nĆ©reuse. Les autres initiatives n’ont pas manquĆ© : annonces dans les journaux, appels Ć  la radio, interventions dans les paroisses et dans diverses associations de parents. Beaucoup se sont Ć©galement impliquĆ©s personnellement dans d’autres villes. Nous avons collectĆ© dix-sept quintaux de livres de tous niveaux scolaires pour les envoyer en Argentine par voie maritime. Il y a aussi ceux qui, en un mois, en impliquant d’autres personnes, ont rĆ©coltĆ© deux autres quintaux de livres et l’argent pour le transport. Dans certains cas, c’ Ć©tait difficile, en raison du manque d’expĆ©rience, d’avoir Ć  l’esprit certains dĆ©tails importants (par exemple, des boĆ®tes appropriĆ©es pour le transport, les procĆ©dures douaniĆØres, etc.) Mais une solution a Ć©tĆ© trouvĆ©e pour tout. Nous avons Ć©galement pu dire Ć  de nombreuses personnes ce qui nous a poussĆ©s Ć  faire cette action : l’idĆ©al d’un monde plus solidaire et plus uni. (S.A. – Espagne) Ensemble au service des autres Je suis infirmiĆØre dans un centre de services sociaux. Un couple dĆ©favorisĆ© avec un bĆ©bĆ© de neuf mois m’avait demandĆ© des services. Ils n’avaient mĆŖme pas d’argent pour le bus, la femme s’Ć©tait blessĆ©e Ć  la main et le bĆ©bĆ© devait complĆ©ter ses vaccins. Je n’aurais pas pu rĆ©pondre Ć  leurs demandes en raison de certaines procĆ©dures trĆØs strictes, mais j’ai ressenti intĆ©rieurement l’envie de faire quelque chose pour ces prochains. AprĆØs avoir effectuĆ© une urgence, j’ai veillĆ© Ć  rĆ©pondre Ć  tous les besoins de la famille afin qu’elle n’ait pas Ć  acheter des billets de bus pour un autre rendez-vous. ƀ un moment donnĆ©, spontanĆ©ment, une autre infirmiĆØre s’est portĆ©e volontaire pour s’occuper d’eux Ć  ma place : elle a soignĆ© la main de la dame, lui a fourni du matĆ©riel pour la suite de la mĆ©dication et a Ć©galement vaccinĆ© l’enfant. Elle Ć©tait heureuse d’avoir pu les aider et moi aussi. (Maina – Canada)

Sous la direction de Maria Grazia Berretta

(extrait de ā€˜ā€™Il Vangelo del Giorno’’, CittĆ  Nuova, annĆ©e VIII, no.2, juillet-aoĆ»t 2022)

Chiara LubichĀ : imiter Marie en vivant la Parole de Dieu

En 1976, dans la rubrique « Dialogue ouvertĀ Ā» de la revue CittÔ Nuova, un lecteur posait cette question Ć  ChiaraĀ LubichĀ : « De temps en temps, je sens, comme un reproche, que je n’aime pas assez Marie, que je pense peu Ć  elle. ƀ ton avis, que faut-il faire pour avoir une vraie dĆ©votion envers MarieĀ ?Ā Ā» Voici sa rĆ©ponse. Marie est plus proche de Dieu que de l’homme, pourtant elle est une crĆ©ature comme nous, et telle devant le CrĆ©ateur. D’où la possibilitĆ© pour elle d’ĆŖtre pour nous comme un plan inclinĆ© qui touche Ciel et terre. Pour ce qui est d’avoir une vĆ©ritable dĆ©votion envers elle – tout en magnifiant les diverses dĆ©votions qui se sont dĆ©veloppĆ©es au cours des siĆØcles pour donner au peuple chrĆ©tien le sens d’un amour maternel sĆ»r, qui pense Ć  toutes les petites et grandes difficultĆ©s que la vie porte avec elle – je te conseillerais une voie qui fait naĆ®tre dans le cœur un amour pour Marie semblable Ć  celui que JĆ©sus a pour elle. Si Marie a toutes ces qualitĆ©s magnifiques et extraordinaires que tu sais, elle est aussi « la chrĆ©tienne parfaiteĀ Ā». Et elle est telle car, comme tu peux le dĆ©duire de l’Ɖvangile, elle ne vit pas sa propre vie, mais laisse vivre en elle la loi de Dieu. Elle est celle qui, plus que tout autre, peut direĀ : « Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.Ā Ā» Marie est la Parole de Dieu vĆ©cue. Donc, si tu veux vraiment l’aimer, ā€˜ā€™imite-la’’. Sois, toi aussi, Parole de Dieu vivanteĀ ! Et puisque tout l’Ɖvangile ne peut ĆŖtre vĆ©cu Ć  la fois, re-Ć©vangĆ©lise ta vie en prenant au sĆ©rieux et en vivant chaque jour une des “paroles de vie” qu’il contient.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, Maria, CittĆ  Nuova, Rome 2017, p.Ā 154)

ProphƩtie et unitƩ pour la sauvegarde de la CrƩation

Le V° Sommet de Halki s’est dĆ©roulĆ© en Turquie du 8 au 12 juin 2022. Assurer ensemble l’avenir de la planĆØte, Ć©tait le titre de ce rendez-vous promu par le Patriarche œcumĆ©nique de Constantinople et l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Florence-Italie). https://www.youtube.com/watch?v=VBajKI9nd8M&list=PL9YsVtizqrYv2ebAtB_j8KTB-hL0ZRid7&index=1

Chiara Lubich : accepter pleinement l’autre

La parole de vie du mois d’aoĆ»tĀ 2022 nous demande de toujours pardonner. Lorsque nous nous prĆ©sentons devant Dieu – lors de la liturgie, dans la priĆØre – nous devons ĆŖtre en harmonie avec tous. Comme le dit le pape FranƧois, nous ne pouvons pas aller nous reposer s’il existe un dĆ©saccord avec nos frĆØres ou nos sœurs. JĆ©sus affirme, en utilisant un langage paradoxal pour souligner l’importance qu’a pour Dieu le plein accord entre frĆØresĀ : si, lorsque tu vas offrir ton sacrifice, tu te souviens qu’il existe un dĆ©saccord entre toi et ton prochain, interromps ton sacrifice et va d’abord te rĆ©concilier avec ton prochain. En effet, l’offrande du sacrifice – et, pour nous chrĆ©tiens, la participation Ć  la messe ou au culte – risquerait d’être un acte vide de sens si nous sommes en dĆ©saccord avec nos frĆØres. Le premier sacrifice, que Dieu attend de nous, c’est que nous nous efforcions d’être en harmonie avec tous. Dans cette exhortation, il semble que la pensĆ©e de JĆ©sus ne prĆ©sente pas de nouveautĆ© substantielle par rapport Ć  l’Ancien Testament. (…) Mais la nouveautĆ© existe et voilĆ  en quoi elle consisteĀ : JĆ©sus affirme que c’est toujours nous qui devons prendre l’initiative pour que la bonne entente soit constante, pour maintenir la communion fraternelle. JĆ©sus pousse ainsi le commandement de l’amour du prochain jusqu’à sa racine la plus profonde. Il ne dit pasĀ : « Si tu te souviens que tu as offensĆ© ton frĆØreĀ Ā», maisĀ : « si tu te souviens que ton frĆØre a quelque chose contre toiĀ Ā». Pour lui, le fait mĆŖme de rester indiffĆ©rents face au dĆ©saccord, mĆŖme lorsque nous n’en sommes pas responsables, est dĆ©jĆ  un motif pour que Dieu ne nous accepte pas bien et nous rejette. JĆ©sus veut donc nous mettre en garde non seulement contre les plus graves explosions de haine, mais aussi contre toute expression ou attitude qui, d’une maniĆØre ou d’une autre, dĆ©note un manque d’attention, d’amour envers les frĆØres. (…) Nous devrons chercher Ć  ne pas ĆŖtre superficiels dans nos relations, Ć  fouiller dans les recoins les plus secrets de notre cœur. Nous tĆ¢cherons aussi d’éliminer la simple indiffĆ©rence ou tout autre manque de bienveillance, toute attitude de supĆ©rioritĆ©, de nĆ©gligence envers quiconque. Ɖvidemment, nous chercherons Ć  rĆ©parer toute impolitesse, toute manifestation d’impatience, par une excuse ou un geste d’amitiĆ©. Et si parfois cela ne semble pas possible, c’est alors le changement radical de notre attitude intĆ©rieure qui comptera. Une attitude de rejet instinctif de l’autre sera remplacĆ©e par une attitude d’accueil total, d’acceptation complĆØte de l’autre, de misĆ©ricorde sans limites, de pardon, de comprĆ©hension, d’attention Ć  ses besoins. En agissant ainsi, nous pourrons offrir Ć  Dieu tous les dons que nous voudrons. Il les acceptera et en tiendra compte. Nous approfondirons notre rapport avec lui et nous arriverons Ć  cette union avec Dieu qui est notre bonheur prĆ©sent et futur.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, CittĆ  Nuova, 2017, pag. 282/3 – Extrait de Parole de Vie de fĆ©vrier 1984)

Ɖvangile vĆ©cu : Seigneur, quand mon frĆØre commettra une faute Ć  mon Ć©gard, combien de fois lui pardonnerai-je ? Jusqu’Ć  sept fois ? (Mt 18, 21)

Le pardon est un exercice constant dans notre vie quotidienne et est cette expĆ©rience qui permet Ć  l’amour de Dieu de nous remettre sur pied. ReconnaĆ®tre que nous sommes pardonnĆ©s est le point de dĆ©part pour essayer d’ĆŖtre misĆ©ricordieux, ouvrir notre regard sur l’autre et ĆŖtre vraiment libre. File d’attente Satisfait d’ĆŖtre arrivĆ© Ć  temps pour le rendez-vous chez le mĆ©decin, tout Ć  coup, dans la file d’attente, une dame me dĆ©passe comme si de rien n’Ć©tait. La rĆ©bellion monte en moi et je suis sur le point de me faire entendre, mais… Ć  la pensĆ©e de certaines scĆØnes de la guerre en Ukraine, je dĆ©cide soudain de transformer mes droits en courtoisie, en accueil. Mais comme il est difficile de mettre de cĆ“tĆ© l’idĆ©e de ce que l’on considĆØre comme son droit ! A la maison, je raconte alors ce qui m’est arrivĆ© et aussi le vĆ©cu intime. Notre fille aĆ®nĆ©e, aprĆØs un long silence, intervient en racontant sa derniĆØre expĆ©rience : elle aussi Ć©tait dans la file d’attente du secrĆ©tariat de l’universitĆ© et, face Ć  l’irrespect d’un Ć©tudiant impoli, elle l’a fortement rĆ©primandĆ© jusqu’Ć  la honte. « Peut-ĆŖtre que j’avais tortĀ Ā», a-t-elle ajoutĆ©. Nous finissons par conclure que, petite ou grande, la guerre nous guette mais qu’il est possible de la gagner par le pardon. (F.I. – Italie) Une leƧon Ć  retenir Ma femme est enseignante et un jour, alors qu’elle Ć©tait Ć  l’Ć©cole, j’Ć©tais restĆ© Ć  la maison pour lui faire une surprise. Je me suis mis Ć  faire ces petits travaux de rĆ©paration et de nettoyage que parfois nous nĆ©gligeons Ć  cause des nombreux engagements. J’étais heureux Ć  l’idĆ©e que cela lui plairait, mais dĆØs qu’elle est rentrĆ©e, elle s’est plainte d’avoir trouvĆ© la porte d’entrĆ©e ouverte : « Tu ne penses pas aux voleurs ?Ā Ā». J’Ć©tais confus. Je ne me souvenais pas de l’avoir laissĆ©e ouverte mais je ne voulais pas rĆ©criminerĀ ; alors mĆŖme si j’Ć©tais dĆ©solĆ©, j’ai dĆ©cidĆ© de ne pas alimenter la colĆØre. L’aprĆØs-midi, ma femme m’a demandĆ© de parler. Elle voulait se racheter : « En voyant tout ce que tu as fait et en pensant Ć  la faƧon dont je t’ai grondĆ© pour une broutille, je me suis sentie humiliĆ©e par mon aveuglement. Par ton silence, tu m’as donnĆ© une vraie leƧonĀ Ā». Quelques jours plus tard, elle me confia qu’aprĆØs avoir racontĆ© Ć  l’Ć©cole ce qui s’Ć©tait passĆ© entre nous, un climat de grand respect s’Ć©tait crƩƩ dans la classe comme jamais auparavant. (L.D. – Hongrie)

Sous la direction de Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittƠ Nuova, annƩe VIII, no.2, juillet-aoƻt 2022)

Chiara LubichĀ : c’est le ā€œcommentā€ qui compte

« Aime ton prochain comme toi-mĆŖme.Ā Ā» La mesure de l’amour que nous devons avoir pour chaque frĆØre ou sœur est contenue dans ce “comme”. Dans cet extrait d’un discours adressĆ© Ć  de jeunes sĆ©minaristes, Chiara Lubich nous exhorte Ć  prendre soin des autres comme de nous-mĆŖmes. JĆ©sus, qui est descendu du ciel sur la terre, avait l’expĆ©rience du ciel, en tant que Verbe de Dieu, et il a apportĆ© sur la terre cette expĆ©rience, il a enseignĆ© comment vivre sur la terre comme au ciel. En effet, iI a parlĆ© du commandement nouveau – où l’on Ć©voque et explique l’amour rĆ©ciproque, où l’on commande l’amour rĆ©ciproque -, d’un commandement qui est “le sien“, typiquement sien et “nouveau“. Et les premiers chrĆ©tiens considĆ©raient ce commandement, cet enseignement comme la synthĆØse de tous les enseignements de JĆ©sus et ils le pratiquaient de maniĆØre vraiment exemplaire. (…) Le commandement nouveau. Nous le connaissons tous, mais maintenant comment l’interprĆ©tons-nousĀ ? Comment le vivons-nousĀ ? Qu’est-ce qu’il signifie et quelles sont les consĆ©quences de la mise en pratique de l’amour rĆ©ciproqueĀ ? On peut bien le comprendre, si l’on comprend bien, d’abord, ce qu’est l’amour, aimer, pour le chrĆ©tien. DĆØs le dĆ©but, l’une des choses que l’Esprit Saint nous a enseignĆ©es, Ć  travers ce charisme, a Ć©tĆ© de comprendre que cette Parole de l’ƉvangileĀ : « Aime ton prochain comme toi-mĆŖmeĀ Ā» devait ĆŖtre pris au pied de la lettre. Que ce “comme“, voulait vraiment dire “comme“. Alors, que ce soit moi, que ce soit toi, que ce soit toi, ou toi, c’était la mĆŖme choseĀ : aime ton prochain comme toi-mĆŖme. Et nous avons compris qu’avant cette dĆ©couverte, notre amour pour le prochain Ć©tait bien moindre que notre amour pour nous-mĆŖmes. Nous Ć©tions chrĆ©tiens baptisĆ©s, nous communions peut-ĆŖtre tous les jours, mais loin de nous l’idĆ©e d’aimer l’autre comme nous-mĆŖmes, notre amour Ć©tait uniquement centrĆ© sur nous-mĆŖmes. Il nous fallait donc faire une conversion et prendre soin de l’autre comme de nous-mĆŖmes. Nous l’avons fait, nous avons essayĆ© de le faire avec chaque prochain que nous rencontrions, et une rĆ©volution s’est ensuivie. Cela semble impossible, mais l’Ɖvangile est toujours fraisĀ : il s’agit de le comprendre. Pourquoi une rĆ©volution en est-elle nĆ©eĀ ? Parce que cette faƧon de faire, quel que soit le lieu où on la pratique, touche les autres, ils se demandent pourquoi, qu’est-ce qui se passeĀ ? Qu’est-ce qu’il y a derriĆØreĀ ? Et ils nous donnent l’occasion d’expliquer pourquoi nous agissons ainsi, pourquoi nous faisons ainsi, nous servons ainsi, nous aidons ainsi. Et beaucoup de ceux qui nous interrogent ont le dĆ©sir de commencer eux aussi, d’essayer eux aussi. C’est ainsi que, de personnes indiffĆ©rentes les unes aux autres comme nous le sommes tous – mĆŖme chrĆ©tiens -, ces personnes commencent Ć  s’animer, Ć  s’intĆ©resser aux autres, Ć  s’aimer, Ć  former une communautĆ©, donnant l’idĆ©e de ce qu’est une Ɖglise vivante, avec une seule parole vĆ©cueĀ : « Aime ton prochain comme toi-mĆŖmeĀ Ā» car, dit Paul, « toute la loi est accomplie dans l’unique parole que voiciĀ : tu aimeras ton prochain comme toi-mĆŖmeĀ Ā». (Ga 5,14).

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, à un groupe de séminaristes, Castel Gandolfo, 30 décembre 1989)