Mouvement des Focolari

Public – privé : qu’est-ce que la foi ?

Oct 11, 2012

Igino Giordani en parle amplement dans son ouvrage Segno di contraddizione (Signe de contradiction) publié en 1964. Le langage est celui de l’époque, mais il transmet toute la force passionnée de celui qui voit la foi dans une dimension communautaire et pas seulement pour son usage personnel.

La foi est un feu qui grandit d’autant plus que l’on s’attache à plus d’âmes : celui qui le renferme en soi-même risque de l’étouffer, car il lui manque l’oxygène de la charité. On n’a pas tout fait quand on a trouvé la foi en soi ; le devoir commence de la donner aux autres. La religion naît dans la conscience ; mais elle n’y meurt pas. Elle naît et se répand au dehors. La renfermer en soi-même, comme dans un écrin, c’est y comprimer l’immensité de Dieu et de l’amour. Il s’ensuit un petit culte à notre mesure, tout prêt à jalouser le culte du voisin. Le chrétien n’a pas à séquestrer son Dieu. À notre Jésus on substitue mon Jésus ; la catholicité se ratatine jusqu’à en mourir, et la solidarité universelle est en lambeaux.

Cependant – et c’est en cela que réside la véritable personnalité – l’individu ne vit pas pour soi ; bien plus il vit le moins possible pour lui-même, et son  progrès spirituel est un continuel renoncement à lui-même, parce qu’en étant au service des autres, il sert Dieu et lui-même.

Selon le paradoxe du Christ, celui qui pense le plus à lui-même, y pense en fait le moins : c’est, par exemple, l’avare qui meurt de peur et de faim. Il est plus facile de se sauver par l’intermédiaire des autres. En effet, Dieu donne le salut en se basant sur la règle des œuvres accomplies par l’homme, c’est-à-dire les services rendus au prochain, dans lesquels l’homme réalise la loi d’amour. Car il est lié à Dieu non seulement par la foi, mais également par l’amour, qui se traduit en actes. Une foi soutenue par des actes, qui le mettent en rapport avec Dieu, non seulement dans une relation interpersonnelle, mais aussi en compagnie des frères, comme chaque enfant envers son père, avec une dette de solidarité.

Un élan vers le haut le mène à Dieu : un élan à l’horizontale le mène à l’humanité : les deux élans ne sont pas indépendants, ils sont liés, comme les deux axes de la croix, qui se rencontrent sur le cœur du Christ. Et plus l’un s’élève, plus l’autre se dilate. Plus on aime Dieu, plus on cherche les hommes, et en chacun d’eux resplendit son image.

Tiré d’Igino Giordani, Segno di Contraddizione, 1933 (Città Nuova, 1964- pp.272-274/ p.321)

www.iginogiordani.info

___

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

S'abonner à la lettre d'information

Mot du jour

Articles connexes

Reconnaître la beauté : Giulio Ciarrocchi et son héritage

Reconnaître la beauté : Giulio Ciarrocchi et son héritage

Le 26 juin 2025, Giulio Ciarrocchi est retourné à la maison du Père. Focolarino marié, il a longtemps travaillé au Secrétariat de Familles Nouvelles. À lui, la gratitude du Mouvement des Focolari pour l’héritage et l’exemple d’une foi immense et sans crainte.

Fratellanza

Fratellanza

La fraternité, le fait d’être fils d’un même Père, peut être la racine de tout pacifisme. Dans cet extrait du livre « Révolte catholique », Igino Giordani écrit presque une invocation, un appel poétique qui nous oblige à lever la tête et à ouvrir les yeux sur l’identité de notre frère, ce frère qui peut être qualifié d’ennemi, d’étranger, de migrant, mais qui est toujours un frère. C’est un appel qui, écrit en 1925, peut toucher nos cordes les plus profondes et nous mettre au défi d’être des bâtisseurs de paix.