L’option privilégiée pour les pauvres, le chemin difficile de la théologie de la libération, l’actuelle crise religieuse, la foi “autogérée” et vide de sens. Mais aussi l’inégalité sociale et le manque de relations. Ce sont quelques-uns des points abordés durant les trois jours de rencontre au Brésil (Mariapolis Ginetta, 31 octobre-2 novembre) par un groupe de professeurs universitaires et jeunes diplômés, à la recherche d’une nouvelle perspective culturelle pour l’Amérique latine. Des points en rapport avec la question de témoins et la soif spirituelle, la valorisation des cultures originelles et des afro-descendants. Des jours durant lesquels a émergé la vocation typiquement plurielle et sociale du continent.
Parmi les personnes présentes, le professeur Piero Coda, théologien, doyen de l’Institut universitaire Sophia (Loppiano, Florence) qui a vu passer parmi ses étudiants de nombreux latino-américains, dont quelques Brésiliens, présents à la rencontre. “En ce moment de grand tournant, de changement d’époque, de vision de l’homme et du monde, c’est une urgence historique d’offrir la contribution mûrie durant ces décennies par le don d’un charisme, le charisme de l’unité confié à Chiara Lubich“, a affirmé le professeur Coda.
Et durant les plus de 50 ans de présence du Mouvement des Focolari au Brésil et dans les différents pays de l’Amérique latine, nombreuses ont été les initiatives à caractère culturel nées dans les différentes universités. La fraternité a été souvent proposée comme une catégorie qui peut donner un nouveau souffle aux différentes disciplines, de la politique et économie au droit et pédagogie.
Avec l’intense échange d’expériences, propositions, réflexions, qui a caractérisé les trois jours de rencontre, s’est ouvert une nouvelle perspective, une nouvelle étape à franchir: que naisse, en Amérique latine aussi, un centre universitaire avec la même inspiration qui a donné vie à Sophia.
Il s’agit d’un projet embryonnaire, avec des connotations spécifiquement latino-américaines. Y ont pris part également la théologienne Maria Clara Bingemer, de l’Université pontificale catholique de Rio de Janeiro, qui a retracé la démarche conciliaire et post conciliaire de l’Église dans le continent, et le politologue argentin Juan Esteban Belderrain, qui a mis le doigt sur certaines des plaies les plus profondes du continent et ses causes, dont le manque de cohésion sociale.
La proposition culturelle de Sophia se profile ici donc avec une connotation spécifique, en harmonie avec les orientations de l’Église latino-américaine et avec les racines dans l’inspiration et méthodologie originelles présentées par Chiara Lubich en 2001. Ces dernières années, Sophia a été un laboratoire d’expérimentation, comme les anciens élèves en témoignent: “ici, étudiants et professeurs cherchent à conjuguer pensée et vie, privilégiant les rapports à tous les niveaux et visant à la transdisciplinarité, en réponse au morcellement des savoirs”. “En Chiara, il n’y a jamais eu d’opposition entre vie et pensée” – remarque le coprésident des Focolari, Jesús Morán, dans une récente interview – “Chiara est la ‘dévotion à l’esprit de Jésus’ et la fondatrice de l’École Abba et de l’Université Sophia. Comme tous les grands fondateurs, elle était pleinement consciente qu’un charisme où il n’y a pas de culture n’a pas de futur. La culture est toujours vie.”
Actuellement, les étudiants de l’Institut universitaire Sophia proviennent de 30 nations. La cohabitation internationale offre une contribution supplémentaire à former des “hommes-monde”, où la culture typique de chacun s’ouvre à une dimension universelle. Un projet en harmonie avec les consignes remises récemment par le pape François aux Focolari: contempler, sortir, faire école. Et le pape, dans son message vidéo pour le 50ème anniversaire de la cité-pilote de Loppiano, a justement rappelé que Sophia est un lieu où peuvent être formés des jeunes hommes et femmes “qui, en plus d’être opportunément préparés dans les différentes disciplines, sont en même temps imprégnés par la sagesse qui naît de l’amour de Dieu”.
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