Mouvement des Focolari
Le signe de Noël

Le signe de Noël

EmmanuelDeJesusC’était un « artiste graphique », Noël, au style bien reconnaissable. Une prédilection pour Michel-Ange, Van Gogh, Gaudi. Un talent précoce pour le dessin à main levée. La création d’un style moderne, personnel, fondé sur la connaissance des grands maîtres du passé. Emmanuel, pour tous Noël, travaillait coude à coude avec les jeunes de sa ville, prêtant sa luminosité inventive et créative dont il était capable à la préparation du Genfest 2018 qui rassemblera à Manilles 10.000 jeunes de tous les coins du monde. Le 2 septembre dernier, à cause d’une complication imprévue des apnées nocturnes dont il souffrait, il s’est endormi et ne s’est plus réveillé. Plus qu’un adulte, il était considéré comme un camarade du même âge que ces jeunes et ados du mouvement des Focolari aux Philippines, qui maintenant en récoltent son héritage et comptent sur son aide pour continuer. Grace, Paul, Lela, Paula, Edith et ses autres amis nous ont écrit pour nous raconter qui était Noël pour tout le monde. « Il se donnait sans épargner ses forces et ne s’attendait à rien en retour. Il bougeait dès qu’il était petit : à deux ans, arrivé pour la première fois à la Mariapoli, il courait et grimpait sur les murs même pendant les rencontres. Généreux de nature, à six ans il avait fait cadeau d’une paire de sandales à peine achetées lors d’une récolte de vêtements organisée après un terrible incendie qui avait ravagé la région. Quand on lui a demandé des explications : “J’ai vu Jésus dans ces personnes”, a-t-il répondu. Durant ses premières années d’école, Noël fait face à beaucoup de difficultés. Lorsqu’un médecin en découvre la cause, un problème aux yeux, il confesse tranquillement qu’il n’en avait jamais parlé à ses parents pour ne pas leur donner de préoccupation. La famille, par la suite, déménage dans un autre village, et Noël accroche un écriteau à la porte principale, « cherche des amis », et il commence à frapper à la porte des voisins, sans pourtant obliger personne. Devenu adulte, Noël se fait apprécier par ses collègues et ses patrons. Spontané et sociable, et en même temps homme de confiance et précis, respectueux des horaires. On lui pardonne si, à cause du mal qui le fait souffrir la nuit, il s’endort quelquefois à l’improviste, renversant même son café sur le clavier du pc. Il échange sur les réseaux ses œuvres, et l’une d’entre elles est exposée au Café Méditerranéen de Manilles. Il est toujours disponible pour les initiatives des Jeunes des Focolari. Toutes les fois qu’on a besoin de lui pour un dessin ou un projet, il met son talent à disposition. Enfant, c’est le batteur d’un orchestre gen. Ce n’est évidemment pas le meilleur batteur sur la place, mais quand il est là, l’orchestre ne se préoccupe pas trop de la perfection, mais de jouer avec le cœur. Agnès, membre de l’orchestre, se souvient que pour lui ce qui importait était « l’ensemble », non pas tellement de se montrer. La même attention, il la met dans les rapports avec les personnes. En 2004 Noël arrive à Loppiano (Italie) pour une école gen. Peu ont le permis de conduire alors il fait le chauffeur pour tout le monde, dans le cas où on a besoin de lui, même le soir, après une journée de travail. Pour beaucoup, de retour au pays, il devient un point de référence, une famille. Consciemment ou pas, il est pour eux un stimulant pour ne pas reculer, pour persévérer, espérer, suivre uniquement Dieu. « Dans l’amour il faut tout donner, surtout lorsque tu en as la possibilité », affirmait-il souvent. Noël est toujours à côté de sa maman, il protège ses sœurs, il est proche de son frère lorsqu’il part à l’étranger. Il ne veut personne de triste autour de lui. Un ami, un maître, un géant d’amabilité. Une personne qui a laissé une marque. Voilà qui est Noël pour nous. Il avait presque 38 ans, mais il ne voulait pas vieillir. Il sera maintenant jeune pour toujours ». @Genfest2018: Noël, à seulement 38 ans a laissé une empreinte ! « Dans l’amour il faut tout donner », disait le jeune philippin.

Vienne, pont entre l’Ouest et l’Est

Vienne, pont entre l’Ouest et l’Est

130 représentants de 44 Mouvements, Communautés et Associations liés au réseau œcuménique Ensemble pour l’Europe (EpE) se sont réunis dans la capitale autrichienne le 9 novembre dernier pour leur Congrès annuel. Interventions et échanges d’idées, avec des temps de prières, ont caractérisé le programme de ce Congrès. Le Père Heinrich Walter (Schönstatt), Gérard Testard (Communauté  Efesia, France), Gerhard Pross (CVJM/YMCA, Esslingen) ont parlé de l’histoire d’Ensemble pour l’Europe, de la situation actuelle et des prochains défis:  « Nous disons oui à une Europe à laquelle Dieu a confié une vocation au cours de l’histoire : le vivre ensemble du ciel et de la terre, le vivre ensemble de la foi et la formation du monde, car le ciel et la terre se rencontrent dans le crucifié ». Pàl Toth (Mouvement des Focolari, Hongrie), expert en sciences de la communication, a mis en évidence quelques différences entre Pays de l’Est et de l’Ouest et il a conclu avec cette  audacieuse prédiction : « Ensemble pour l’Europe pourrait peut devenir de plus en plus une plate-forme de dialogue, voire une école de dialogue intereuropéenne». Parmi les propositions, celle de mettre en valeur le 9 mai, considéré dans de nombreux Pays comme la Journée de l’Europe, pour diffuser le message d’EpE à travers des actions locales.  www.together4europe.org twitter: com/together4europe

Côte d’Ivoire : 25 ans de paix

Côte d’Ivoire : 25 ans de paix

MariapoliVictoria_01A l’improviste arrive la bénédiction du pape François aux habitants de la Cité pilote Victoria, une petite oasis de paix dans la ville de Man, en Côte d’Ivoire, qui a célébré ces jours-ci son jubilé d’argent. Avec un « merci pour l’œuvre d’Évangélisation accomplie en ce lieu » François invite à « persévérer courageusement au service de l’unité et de la concorde entre les hommes », et à continuer « sur le chemin d’une fraternité toujours plus universelle ». Ce lieu est constellé d’épisodes de fraternité, dès les premiers jours – qui sont inscrits dans l’histoire – de la guerre civile (2002-2003) lorsque les habitants – y compris blancs et européens, dont on pouvait se méfier – ont décidé de rester, malgré l’invitation des autorités à quitter le pays. Le témoignage a été d’aimer jusqu’au bout, d’ouvrir les portes pour protéger les personnes – 3500 y sont passées pendant ces mois-là – sans considérer si elles étaient musulmanes ou chrétiennes. Des gens qui ont risqué leur vie, comme Salvatore, Rino, Charles, mis au pied du mur, prêts à être tués : « Il ne vous reste plus qu’à prier ! », leur ont-ils dit. Mais ils s’en sont sortis. La ville et le pays ont maintenant tourné la page, même si la réconciliation politique n’est pas encore au beau fixe. MariapoliVictoria_10La Cité pilote Victoria n’est cependant pas uniquement une oasis de paix en temps de guerre. C’est un laboratoire social. Avec trois jours de fête (17-19 novembre) pour célébrer ses 25 ans, non seulement les discours ont trouvé leur place – rite incontournable – mais les faits. Le premier rendez-vous au programme était en effet la visite des activités de la cité-pilote. Par groupes, les hôtes ont visité le centre médico-social – né en tant que dispensaire qui au fur et à mesure des années s’est renouvelé et agrandi, ajoutant un service médical d’hôpital de jour, de soins dentaires et de  physiothérapie. Le centre nutritionnel, où le contraste de la plaie de la malnutrition est évident et où l’on enseigne aux mamans les principes d’une alimentation équilibrée. Le centre informatique, qui, de simple lieu internet est devenu  un centre d’alphabétisation informatique et de cours toujours plus spécialisés dans le domaine de la communication. Enfin les autres activités d’entreprise comme la menuiserie et la typographie. Pour préparer le 25ème anniversaire, et pour mettre dans le coup les teen-agers, un tournoi de football a été organisé précédemment – sport qui a la cote dans cette région – sous le signe de la fraternité et du fair-play. Ce n’est pas évident : de fait deux équipes ont été éliminées au cours du championnat. Dimanche 19 l’équipe gagnante a été finalement récompensée, non seulement pour avoir marqué plus de buts, mais pour les points acquis par fair-play. MariapoliVictoria_03L’inauguration d’une stèle sur la « Place de la Fraternité Universelle » était un symbole, un grand dé de la paix bien visible, même de loin, représente l’identité de la cité-pilote, là où le respect et l’amour envers l’autre se répandent dans tous les aspects de la vie : du travail au sport, de la religion à la famille. Rendez-vous ensuite, pour les célébrations officielles, à la paroisse Ste Marie de Doyagouiné Marie Reine de l’Afrique – confiée aux Focolares depuis les années 70 avant même la naissance de la cité-pilote. En plus du nonce apostolique en Côte d’Ivoire, Mgr Joseph Spiteri, et de l’évêque de Man, Mgr. Gaspar Bebi Gneba, étaient présentes de nombreuses personnalités civiles : le sous-préfet de Man, madame Djereche Claude et l’ex ministre Mabri Toikeusse, qui est aussi président de la chambre régionale de l’autorité ivoirienne pour l’assistance à la population durant la crise et en général pour l’action des Focolari envers les populations vulnérables. L’ambassadeur italien Stefano Lo Savio a voulu lui aussi se rendre présent par un chaleureux message. Les yeux sont maintenant tournés vers l’avenir. Trois mots-clés vont guider le parcours : accueil, formation, attention aux pauvres. Quelques pistes sont tracées : avec les jeunes la musique et le sport ; la relance de l’accueil pour groupes, enseignants, familles, personnes de formation spirituelle et professionnelle avec différents séminaires pour entrepreneurs, journalistes. En attendant, la cité-pilote est en route pour devenir un centre de formation globale. Maria Chiara De Lorenzo  

Parole de vie de décembre 2017

En Galilée, devenue partie de l’empire romain, une jeune femme reçoit, chez elle, une visite inattendue et bouleversante : un messager de Dieu lui apporte une invitation et attend sa réponse. « Réjouis-toi ! », lui dit l’ange en la saluant. Puis il lui révèle l’amour de Dieu pour elle et lui demande de collaborer à l’accomplissement de son dessein sur l’humanité. Stupéfaite et heureuse, Marie accueille le don de cette rencontre personnelle avec le Seigneur. Elle se donne totalement à ce projet encore inconnu, pleinement confiante en l’amour de Dieu. Avec générosité, Marie décide de se mettre au service de Dieu et des hommes, indiquant à tous de façon lumineuse comment adhérer à la volonté de Dieu. « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » Méditant cette phrase de l’Évangile, Chiara Lubich écrivait : « Pour accomplir ses desseins, Dieu a seulement besoin de personnes qui s’en remettent à lui avec l’humilité et la disponibilité d’une servante. Par son comportement, Marie, véritable représentante de l’humanité dont elle assume le destin, laisse toute la place à Dieu pour son activité créatrice. Cependant cette expression « serviteur du Seigneur », en plus d’être une marque d’humilité, était aussi un titre de noblesse attribué aux grands serviteurs de l’histoire du salut, tels qu’Abraham, Moïse, David et les Prophètes. Par ses paroles, Marie affirme toute sa grandeur [1]. » « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » Nous aussi, nous pouvons découvrir la présence de Dieu dans notre vie et écouter la “parole” qu’il nous adresse pour nous inviter à réaliser dès maintenant une part de son dessein d’amour. Notre fragilité et un sentiment d’inadéquation pourraient nous bloquer. Faisons nôtre alors la réponse de l’ange à Marie : « Rien n’est impossible à Dieu [2]. » Et ayons confiance en sa puissance plus qu’en nos propres forces. Une telle attitude nous libère des conditionnements et de la présomption que nous nous suffisons à nous-mêmes. Nos énergies et des ressources que nous ne pensions pas avoir nous rendent finalement capables d’aimer à notre tour. Un couple raconte : « Dès le début de notre mariage, nous avons ouvert notre maison aux parents d’enfants hospitalisés dans notre ville. Depuis, plus d’une centaine de familles sont passées chez nous. Nous nous sommes toujours efforcés d’être une famille pour elles. Souvent la Providence nous a aidés à financer cet accueil, mais il fallait que notre disponibilité le précède. Récemment une somme d’argent nous est arrivée, que nous pensions mettre de côté, sûrs qu’elle pourrait rendre service. Or une autre demande d’accueil est arrivée peu après : un vrai jeu d’amour avec Dieu ! Il suffit que nous soyons disponibles et prêts à agir. » « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! » Pour vivre cette phrase de l’Évangile, une suggestion de Chiara Lubich peut nous aider à accueillir la Parole de Dieu comme l’a fait Marie : « avec une totale disponibilité, sachant que ce n’est pas la parole d’un homme. La Parole de Dieu contient en elle-même une présence du Christ. Accueillez donc le Christ en vous dans sa Parole. Avec une grande promptitude, mettez-la en pratique instant après instant. Si vous agissez ainsi, le monde reverra le Christ passer par les rues de nos villes, le Christ en chacun de vous, vêtu comme tout le monde, le Christ qui travaille dans les bureaux, les écoles, dans les endroits les plus divers, au milieu de tous [3]. » En cette période de préparation à Noël, cherchons, nous aussi, comme l’a fait Marie, un peu de temps pour parler avec le Seigneur, en lisant peut-être une page d’évangile. Essayons de reconnaître sa voix dans notre conscience, éclairée par la Parole et rendue sensible aux nécessités des frères que nous rencontrons. Demandons-nous : de quelle manière puis-je être une présence de Jésus aujourd’hui, pour contribuer, là où je suis, à faire de la communauté humaine une famille ? La réponse que nous apporterons permettra à Dieu de semer la paix autour de nous et de faire grandir la joie dans notre cœur. Letizia Magri ______________________________________________ [1] D’après Chiara Lubich, Non perdere l’occasione, Città Nuova, 25, [1981], 22, p. 40. [2] Lc 1,37. [3] D’après Chiara Lubich, Non perdre l’occasione, Città Nuova, 25, [1981], 22, pp. 40-41.