Nous ne sommes pas seuls
Nous ne sommes pas seuls
Nous ne sommes pas seuls
Nous sommes dans le récit de l’Annonciation. L’ange Gabriel se rend auprès de Marie de Nazareth pour lui faire connaître les projets de Dieu à son égard : elle concevra et donnera naissance à un fils, Jésus, qui “sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut” [1]. L’épisode s’inscrit dans la continuité d’autres événements de l’Ancien Testament qui ont conduit, chez des femmes stériles ou très âgées, à des naissances prodigieuses dont les enfants devaient jouer un rôle important dans l’histoire du salut. Ici, Marie, tout en souhaitant adhérer en toute liberté à la mission de devenir la mère du Messie, se demande comment cela va se passer, puisqu’elle est vierge. Gabriel l’assure que ce ne sera pas l’œuvre de l’homme : “L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre”[2]. Il ajoute : “Rien n’est impossible à Dieu”[3].
Cette assurance, qui signifie qu’aucune déclaration ou promesse de Dieu ne restera sans effet – car rien n’est impossible avec Lui – peut également être formulée de la manière suivante : rien n’est impossible avec Dieu. En effet, la nuance du texte grec “avec, ou près, ou ensemble avec Dieu” met en évidence sa proximité avec l’homme. Rien n’est impossible à l’être humain ou aux êtres humains , lorsqu’ils sont avec Dieu et qu’ils adhèrent librement à Lui.
« Rien n’est impossible à Dieu »
Comment mettre en pratique cette parole de vie ? Tout d’abord, en croyant avec une grande confiance que Dieu peut agir même dans et au-delà de nos limites et de nos faiblesses, ainsi que dans les conditions les plus sombres de la vie.
C’est l’expérience de Dietrich Bonhoeffer qui, pendant la détention qui le conduira au supplice, a écrit : « Nous devons nous immerger sans cesse dans la vie, la parole, l’action, la souffrance et la mort de Jésus pour reconnaître ce que Dieu promet et accomplit. Il est certain […] que rien d’impossible n’existe plus pour nous, parce que rien d’impossible n’existe pour Dieu ; […] il est certain que nous ne devons rien attendre et que pourtant nous pouvons tout demander ; il est certain que dans la souffrance se cache notre joie et dans la mort notre vie… À tout cela, Dieu a dit “oui” et “amen” dans le Christ. Ce “oui” et cet “amen” sont la base solide sur laquelle nous nous appuyons. » [4]
« Rien n’est impossible à Dieu »
En essayant d’aller au-delà de ce qui est apparemment “impossible”, au-delà de nos insuffisances, pour atteindre le “possible” d’une vie cohérente, un rôle décisif est joué par la dimension communautaire qui se développe là où les disciples, vivant entre eux le nouveau commandement de Jésus, se laissent habiter, individuellement et ensemble, par la puissance du Christ ressuscité. Chiara Lubich écrivait en 1948 à un groupe de jeunes religieux : « En avant ! Non pas avec nos forces, mesquines et faibles, mais avec la toute-puissance de l’unité. J’ai vu, j’ai touché du doigt, que Dieu parmi nous réalise l’impossible : le miracle ! Si nous restons fidèles à notre engagement […] le monde verra l’unité et avec elle la plénitude du Royaume de Dieu »[5].
Il y a quelques années, lorsque j’étais en Afrique, j’ai souvent rencontré des jeunes qui voulaient vivre en chrétiens et qui me racontaient les nombreuses difficultés qu’ils rencontraient quotidiennement dans leur milieu pour rester fidèles aux engagements de la foi et aux enseignements de l’Évangile. Nous en parlions pendant des heures et, à la fin, nous arrivions toujours à la même conclusion : “Seul, c’est impossible, mais ensemble, nous pouvons y arriver”. Jésus lui-même le garantit lorsqu’il promet : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom (dans mon amour), je suis au milieu d’eux. » [6]. Et avec Lui, tout est possible.
D’après Augusto Parody Reyes et l’équipe de la Parole de Vie
Photo: ©Sammmie – Pixabay
[1]Lc 1, 32.
[2] Ibid, 35.
[3] Ibid, 37.
[4] D. Bonhoeffer, Resistenza e resa, ed. San Paolo, Cinisello Balsamo 1988, p. 474. Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) è stato un teologo e pastore luterano tedesco, protagonista della resistenza al Nazismo.
[5] C. Lubich, Lettere dei primi tempi. Città Nuova, Roma 2010, p. 164.
[6] Cf. Mt 18, 20.
Lorsque la vie nous place face à des choix difficiles et imprévus, qui peuvent être effrayants, nos valeurs apparaissent clairement, ainsi que notre désir de les vivre de manière cohérente.
Ce n’est pas toujours facile. La réponse, dans une situation qui exige une décision libre et personnelle, peut sembler un pari difficile à relever, presque un saut dans l’inconnu, et nous avons besoin de force pour dépasser nos limites.
Mais où trouver cette force ? Pour certains, c’est la foi en une dimension surnaturelle et en un Dieu personnel qui nous aime et nous accompagne. Pour tous, ce peut être la proximité d’amis, de « compagnons de route » qui nous soutiennent par leur proximité et leur confiance. Ils font ressortir le meilleur de nous-mêmes, et nous aident à surmonter l’apparent “impossible“ de nos insuffisances, pour atteindre le “possible ” d’une vie cohérente.
C’est la conséquence de la dimension communautaire des relations basées sur la réciprocité. Comme le disait Chiara Lubich en 1948, dans le langage typique de l’époque : « Et del’avant ! Non pas avec nos propres forces, mesquines et faibles, mais avec la toute-puissance de l’unité. Si nous demeurons fidèles à notre engagement […], le monde verra l’unité[1]. »
Dépasser nos limites nous ouvre à de nouvelles opportunités et expériences qui pourraient autrement nous sembler hors de portée, nous permettant de croire et témoigner que toute espérance est possible.
Mais peut-on croire « que tout est possible » face à l’absurdité du Mal ? C’est la grande question de l’humanité d’aujourd’hui et de toujours. Une question sans réponse qui unit tout le monde, croyants, non-croyants, dans une quête qui ne peut se faire qu’ensemble. Car si le “Mal” reste un mystère, la force du”Bien” est tout aussi puissante. Il n’y a pas de réponse, mais une perspective de sens.
C’est ce qu’a rappelé dans une récente interview Edith Bruck, déportée à Auschwitz à l’âge de 13 ans et encore aujourd’hui, à 90 ans, authentique témoin de la paix. À la fin de la guerre, elle et sa sœur ont été confrontées à un dilemme dramatique. « Cinq fascistes hongrois qui avaient soutenu les nazis nous ont demandé de les aider à rentrer chez eux clandestinement, et nous les avons aidés tout au long du trajet. Nous avons partagé du pain et du chocolat avec eux. Ce fut l’un des moments les plus intenses que j’aie jamais vécu sur le plan spirituel. Je traitais en ami quelqu’un qui aurait pu tuer mon père. » La décision n’a pas été facile à prendre et elle a longuement discuté avec sa sœur, mais elles l’ont fait parce qu’elles pensaient que, peut-être, de cette façon, ces personnes ne maltraiteraient plus jamais un juif. [2]
L’IDÉE DU MOIS est actuellement réalisée par le “Centre pour le dialogue avec les personnes de croyance non religieuse” du Mouvement des Focolari. Il s’agit d’une initiative née en 2014 en Uruguay pour partager avec des amis non croyants les valeurs de la Parole de Vie, c’est-à-dire la phrase de l’Écriture que les membres du Mouvement s’engagent à mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Actuellement L’IDÉE DU MOIS est traduite en 12 langues et distribuée dans plus de 25 pays, avec des adaptations du texte pour s’adapter aux différentes sensibilités culturelles. dialogue4unity.focolare.org
Photo: © Pixabay
[1] Chiara Lubich Lettere dei primi tempi. Città Nuova, Roma 2010, p. 164
[2] Marisol Rojas Cadena SER- articcle sur E. Bruck 26/01/2024
Savoir attendre
Faire silence devant son frère/sa soeur