Mouvement des Focolari

Arrêter la guerre en Ukraine : reconstruire l’espace de dialogue et de négociation politique

Face aux événements qui bouleversent le monde entier depuis plusieurs jours, le Mouvement politique pour l’unité, qui s’inspire de l’expérience et des idéaux du mouvement des Focolari, affirme son engagement commun en faveur de la paix, qui ne peut être atteinte que par un “faire” concret.

« Si tu veux la paix, prépare la paix », disait Igino Giordani, homme politique pacifiste du début du 20e siècle. Seul un effort de paix quotidien et multiforme peut mettre fin à une guerre que l’histoire a déjà déclarée trop souvent comme un choix insensé.

Les voies d’opposition sont dépassées et ouvrent la voie à une plus grande insécurité, tant au niveau local que mondial.

Nous en sommes convaincus et nous, hommes et femmes politiques, fonctionnaires, citoyens, diplomates du Mouvement Politique Pour l’Unité (MPPU), depuis le monde entier, exprimons notre proximité avec les peuples qui subissent cette guerre tragique, tandis que nous soutenons fermement ceux qui, à divers titres, continuent de négocier pour la paix, la seule vraie solution.

Il n’est jamais trop tard pour rouvrir les négociations et le dialogue, à court et à long terme.

Que l’obligation de la paix nous guide.

Nous identifions trois grandes directions d’engagement :

1 – Souvent, la création des États-nations n’a pas été un libre choix des peuples, mais le résultat des tables de négociations d’après-guerre, héritages des impérialismes. Les anciennes et les nouvelles divisions exigent un effort politique courageux qui redonne un sens aux identités nationales, qui interpelle les unions continentales, en premier lieu l’Union Européenne, au-delà des intérêts immédiats.

2 – L’histoire nous enseigne que les sanctions économiques laissent les gouvernements indemnes et appauvrissent la société civile, les femmes et les hommes, et en particulier les enfants. La Syrie en est le dernier exemple, très grave.

Le choix des sanctions doit être fait avec prudence, afin qu’il ne s’inscrive pas dans la logique de la guerre et des rapports de force. La politique doit être capable de contrôler les circuits des armes et de l’industrie du carbone; ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra construire une paix véritable.

3 – Face à la recrudescence des armes nucléaires avec leur accroissement stratégique, nous appelons très vivement aujourd’hui nos gouvernements à signer et à mettre en œuvre le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, adopté par seulement 122 États le 7 juillet 2017. La force politique de l’ONU doit être réactivée et la voix des gouvernements se joindre à la voix des villes de la planète, réunies dans une assemblée mondiale spéciale, pour donner plus de poids à nos peuples.

En ces heures où semble prévaloir le pouvoir cru de la force, nous affirmons sans hésiter que nous croyons encore et toujours à la construction de la paix, aux processus du dialogue, aux instruments de la politique.

Ce sont les articulations de la société civile, avec la force spirituelle et culturelle de leurs credo, avec de nombreuses bonnes pratiques qui mettront en lumière les grands idéaux qui soutiennent l’histoire. Que nos représentants fassent taire au plus vite les armes et se mettent à l’écoute des femmes et ses hommes de paix.

Mario Bruno, Président MPPU

La géopolitique courageuse du pape François

La géopolitique courageuse du pape François

La catégorie incontournable du pontificat du pape François, confirmée également en Irak, est la fraternité. Son témoignage personnel et ecclésial, son magistère et ses relations avec le monde musulman, font désormais de la fraternité une figure géopolitique. La rencontre historique avec al-Sistani. Ces jours-ci, de nombreux acteurs tentent de faire le bilan de la visite du pape François en Irak. Je pense qu’il est difficile, voire impossible, d’en tenter un exhaustif. Les questions en jeu sont trop nombreuses et, surtout, nous sommes trop proches, à proximité immédiate d’un événement mondial articulé, que seul le passage du temps permettra de comprendre dans toute sa signification. Il est évident que certains éléments plus que d’autres ont frappé l’imagination de ceux qui ont suivi les différents événements dans un contexte qui, à certains égards, dans sa réalité brute, risquait presque de paraître surréaliste. Si nous pensons aux voyages pontificaux inaugurés par Woityla à partir de 1979, nous étions habitués à des scénarios et à des arrière-plans très différents : des foules océaniques, une préparation chorégraphique qui frôlait souvent la perfection et, surtout, des événements qui laissaient l’image, surtout dans les premières années de l’ère du pape polonais, d’une foi forte, au centre de l’histoire, en contraste avec le monde athée d’où venait le pape polonais. Le pape François, qui dès le début de son pontificat a introduit l’idée d’une Église accidentée  et l’a comparée à un hôpital de campagne, s’est attaché ces dernières années à véhiculer cette image de l’Église et l’a fait pratiquement partout où il est allé. De son premier voyage officiel à Lampedusa, port et cimetière de migrants, en passant par Bangui, où il voulait inaugurer son inattendu et extraordinaire Jubilé, à Mossoul, où la scène avait pour décor des décombres et des murs encore perforés par des balles de différents calibres. Et nous ne pouvons pas oublier Tacloban, où il a bravé un typhon imminent pour se tenir aux côtés des survivants d’un autre événement catastrophique ; Lesbos, où il a passé un temps précieux à écouter les histoires inédites de réfugiés d’origines diverses. Mais la leçon de François ne concerne pas seulement son engagement à montrer que le visage le plus précieux de l’Église est celui qui est accidenté. Il s’agit plutôt de la manière dont il fait preuve de proximité, de la chaleur nécessaire pour faire sentir à ceux qui souffrent la communauté chrétienne. Il s’engage surtout à projeter ces communautés sur la scène mondiale, pour dire que c’est la véritable Église, que nous devons tous chérir et qui témoigne réellement du Christ. Comme il l’a dit dans le vol de retour, Bergoglio respire dans ces moments-là, parce que c’est son appel pétrinien, celui pour lequel le conclave l’a élu sans savoir et sans imaginer où la barque de Pierre allait le mener. Nous le voyons et le vivons tous au cours de ces années. Et les voyages en sont probablement le miroir le plus fidèle, qui ne trahit pas et ne laisse aucune place aux malentendus. D’un autre côté, ce n’est pas nouveau. Comme ses prédécesseurs, le pape argentin démontre sa capacité à lire et à décoder les signes des temps et offre un témoignage crédible du fait que l’Église est un témoin dans le temps, interceptant les problèmes et les questions clés, offrant des réponses souvent à contre-courant de celles qu’impose le monde politique, international et, aujourd’hui, financier. Face à la réalité que François se trouve à vivre, y compris celle, sans précédent (du moins en ces termes), de la pandémie, la catégorie essentielle de son pontificat, confirmée aussi en Irak, est la fraternité. Le témoignage personnel et ecclésial de Bergoglio, son Magistère et ses relations, surtout mais pas seulement, avec le monde musulman, en font désormais une figure géopolitique. Sa rencontre avec le Grand Ayatollah al-Sistani l’a également démontré. Les implications de ces quarante-cinq minutes sont fondamentales. Nous savons tous, en effet, que le grand nœud que l’Islam doit aujourd’hui dénouer est interne à son monde : la tension jamais apaisée mais désormais dangereusement aiguisée entre les sphères sunnite et chiite. C’est ici qu’il faut chercher les racines de bon nombre de problèmes que connaissent les musulmans et à cause desquels, également, beaucoup meurent. Bergoglio a fait preuve d’un grand tact politique en voulant rencontrer al-Sistani, le représentant le plus significatif du chiisme spirituel, bien éloigné de la théocratie iranienne qui, depuis la révolution khomeyniste des années ’80 du siècle dernier, a poussé le monde iranien à se faire le champion de cette frange du kaléidoscope musulman. Al-Sistani a toujours pris ses distances par rapport au choix théocratique des ayatollahs iraniens, et a été pendant des décennies un chef spirituel et religieux reconnu. Entre autre, il est né en Iran. La rencontre entre les deux hommes s’est déroulée à huis clos, mais comme l’a décrit le pape François sur le vol de retour, il s’agissait d’un moment de spiritualité, « un message universel . J’ai ressenti le devoir, […] d’aller rendre visite à un grand, un sage, un homme de Dieu. Et ce n’est qu’en l’écoutant que l’on peut s’en rendre compte. […] Et c’est une personne qui a cette sagesse… et aussi la prudence. […] Et il a été très respectueux, très respectueux lors de la rencontre, et je me suis senti honoré. Même au moment de prendre congé : il ne se lève jamais, et il s’est levé, pour me saluer, deux fois. C’est un homme humble et sage. Cette rencontre a fait du bien à mon âme. C’est un moment de lumière ». Bergoglio s’est ensuite risqué à une appréciation qu’aucun pape n’avait peut-être eu le courage d’exprimer par le passé : « Ces sages sont partout, parce que la sagesse de Dieu s’est répandue dans le monde entier. Il en va de même pour les saints, qui ne sont pas seulement ceux qui sont sur les autels. Ce sont les saints de tous les jours, ceux que j’appelle ceux de « la porte à côté », les saints – hommes et femmes – qui vivent leur foi, quelle qu’elle soit, avec cohérence, qui vivent les valeurs humaines avec cohérence, la fraternité avec cohérence ». Tout cela n’est pas passé inaperçu. Les commentaires positifs pleuvent de toutes parts, à commencer par le monde musulman lui-même. Sayyed Jawad Mohammed Taqi Al-Khoei, secrétaire général de l’Institut Al-Khoei de Najaf, figure de proue du monde chiite irakien et directeur de l’Institut Al-Khoei qui fait partie de la Hawza de Najaf, un séminaire religieux fondé il y a près de mille ans pour les érudits musulmans chiites, a été très clair dans son appréciation. « Bien qu’il s’agisse de la première rencontre dans l’histoire entre le chef de l’establishment islamique chiite et le chef de l’Église catholique, cette visite est le fruit de nombreuses années d’échanges entre Nadjaf et le Vatican et renforcera sans aucun doute nos relations interconfessionnelles. Cela a été un moment historique pour l’Iran également. » M. Al-Khoei a affirmé l’engagement à « continuer à renforcer nos relations en tant qu’institutions et individus. Nous nous rendrons bientôt au Vatican pour veiller à ce que ce dialogue se poursuive, se développe et ne s’arrête pas ici. Le monde est confronté à des défis communs et ces défis ne peuvent être résolus par un État, une institution ou une personne seule ». L’agence AsiaNews rapporte également certains commentaires positifs parus dans la presse iranienne, qui a largement couvert cette rencontre historique et l’a célébrée comme une « opportunité pour la paix ». Cette nouvelle a fait la une des journaux et organes d’information de la République islamique. Sazandegi, une publication historique proche de l’aile réformatrice, a souligné que les deux chefs religieux sont aujourd’hui « les porte-drapeaux de la paix mondiale ». Il a qualifié leur rencontre en tête-à-tête au domicile du chef spirituel chiite d’ « événement le plus efficace [dans l’histoire] du dialogue entre les religions ».

Roberto Catalano

Les héros du « care »

Les héros du « care »

Quatre histoires de ceux qui « osent se soucier des autres » chaque jour : parce qu’il n’est pas nécessaire d’attendre la Journée mondiale de la paix pour construire un monde plus uni. « Ne cédons pas à la tentation de négliger les autres, surtout les plus faibles, ne nous habituons pas à détourner le regard, mais engageons-nous chaque jour concrètement à former une communauté composée de frères et de sœurs qui s’accueillent les uns les autres, en prenant soin les uns des autres ». Les mots de conclusion du message du Pape François pour le 1er janvier 2021, la 54ème Journée Mondiale de la Paix, sont un programme révolutionnaire pour la vie des personnes et des peuples pour cette année 2021 dans laquelle sont placés des espoirs infinis de paix ; une paix qui passe par la lutte contre la pauvreté, par une plus grande dignité de la personne, par le travail pour la résolution de toutes les formes de conflit, et enfin (et non des moindres) par la sauvegarde de la planète. Nous ouvrons cette année 2021 avec les récits de ceux que nous avons voulu définir comme étant  les « héros de l’entraide » : des gens comme nous, ou ceux qui vivent à côté de nous, qui n’ont pas manqué de précieuses occasions d’amour et de proximité dans les lieux les plus divers. Car le champ d’action des soins est vaste : il est aussi grand que le monde. Juniors pour un Monde Uni (Mexique) – « Nous voulions réaliser un projet ayant un impact à la fois social et environnemental et nous avons eu l’idée de collecter des bouchons en plastique pour les donner à une fondation qui s’occupe des personnes atteintes de cancer, afin de les aider grâce à l’argent récolté. Nous avons donc contribué à respecter l’environnement en recyclant le plastique et en aidant ces personnes à se soigner. À ce jour, nous avons effectué 23 livraisons pour un total d’un million de bouchons collectés en moins d’un an ! En outre, nous avons collecté des déchets recyclables et, avec l’argent récolté, nous avons pu donner de la nourriture à l’hôpital, des vêtements à des personnes aux ressources limitées et aider des maisons de retraite. Nous avons également planté des arbres dans certains quartiers de la ville ». Sandra Mugnaioni (Italie), enseignante à la retraite – Au lycée Copernico de Prato, elle mène depuis une vingtaine d’années des projets qui aident les élèves à devenir des « citoyens actifs ». L’un des projets les plus intéressants est celui des Peer Educator: les élèves choisissent un thème, en accord avec les enseignants qui suivent le projet, différent d’année en année : ils lisent des documents, étudient les différentes facettes du problème, puis décident de ce qu’ils vont faire. « L’année dernière, le thème était ce qu’on appelle les « écomafias » ». À la fin du parcours, 700 lycéens de la ville ont joué une pièce de théâtre, la Gardugña, (Notre cause en espagnol). « Les étudiants acquièrent ainsi une sensibilité et une compétence qui leur permettent de devenir des formateurs de leurs pairs, même de pairs en difficulté : ce sont en effet les pairs éducateurs qui, une fois diplômés, ne cessent de chercher des opportunités de faire le bien et ne renoncent pas à convaincre leur prof, à tel point que l’expérience, au lycée et en dehors, est partagée et construite par un groupe d’enseignants de plus en plus important ». Rolando (Guatemala) – Rolando est le propriétaire du Spokes Café. Il y a deux ans, il a visité une ‘maison d’accueil’ près de son quartier et a rencontré Madelyn à qui il a proposé de travailler comme barman. « Nous essayons de faire de notre bar un tremplin pour des jeunes comme elle », raconte Rolando, « en leur apprenant un métier, pour rompre ce cercle vicieux et les préparer à affronter le monde avec dignité. Souvent, ils décident ensuite de poursuivre leurs études à l’université et cela nous remplit de satisfaction ». Madelyn a 21 ans et est entrée dans cette maison d’accueil avec sa sœur. La plupart des jeunes qui y vivent sont victimes d’abus et d’exploitation. Certains ont même fait l’objet de trafics d’êtres humains. Bien que les jeunes femmes soient en sécurité dans ce foyer, beaucoup souffrent de la stigmatisation et parviennent rarement à trouver un travail décent. Madelyn dit qu’elle a toujours eu du mal à communiquer avec les gens : « J’ai encore un long chemin à parcourir, mais peu à peu j’apprends. En travaillant ici, j’ai découvert un sens des responsabilités et que derrière chaque client, il y a une personne. Ce travail a marqué un tournant dans ma vie ». Maria Liza (Philippines), procureur général de Tacloban – Le Centre de développement social pour les enfants (SDCC) est un refuge pour jeunes situé dans la partie nord de la ville de Tacloban, l’île qui a été gravement touchée par le typhon Haiyan en 2013. Aujourd’hui, le centre est dans une situation difficile en raison du manque de financement. « Nous sommes donc allés voir notre maire et nous lui avons proposé nos services », explique Maria Liza, « nous avons commencé à collecter des fonds pour faire face au manque de provisions et de médicaments, mais nous avons aussi pris en charge les signalements de violences de mineurs ». « Mais le plus important est que nous avons réussi à attirer l’attention de l’opinion publique sur le centre. Si nous n’y étions pas allés, personne n’aurait jamais admis leurs conditions de vie. Cela a créé une sorte de « préoccupation » publique pour que l’administration municipale puisse vraiment s’occuper de ces enfants ».

Stefania Tanesini

Pour connaître les récits complets, visitez la page web du projet United World Project

« L’amour vainc tout », aujourd’hui plus que jamais

« L’amour vainc tout », aujourd’hui plus que jamais

Quelle est l’idée de base du téléfilm « Chiara Lubich, l’amour vainc tout » ? Qu’est-ce que le récit des débuts des Focolari peut dire à notre époque ? Présenté à la presse aujourd’hui, il sera diffusé sur RAI Uno ce 3 janvier, en début de soirée. C’est un film extrêmement actuel qui nous parle à tous, offrant la fraternité universelle apportée par Chiara Lubich comme l’antidote au mal de notre temps. Tel est, en résumé, le message qui s’est dégagé aujourd’hui lors de la conférence de presse de présentation du téléfilm « Chiara Lubich, l’amour vainc tout » qui sera diffusé sur Rai Uno (la première chaîne nationale italienne) le 3 janvier prochain, à une heure de grande écoute. Les responsables de Rai Uno et de Rai Fiction étaient présents :  Stefano Colletta et Maria Pia Ammirati, le producteur de Eliseo Multimedia Luca Barbareschi, l’actrice principale Cristiana Capotondi et l’actrice Aurora Ruffino. Maurizio Fugatti, le Président de la Province Autonome de Trente où le film a été tourné, a également pris la parole. « Ce film, dans cette période si douloureuse, si dure pour nous, qu’est celle du Covid, devient une forte métaphore de l’espoir, du courage. » Un groupe de jeunes décident de croire en un rêve. Quand? Pendant la guerre ». Pour Luca Barbareschi, c’est le pari qu’il a visé en produisant l’histoire de Chiara Lubich : « J’espère que ce film sera vu sous cet angle, où la figure de Chiara (…) devient un symbole de simplicité et de passion, de courage, de volonté de rapprocher les personnes. Le symbole du focolare, c’est se réunir autour du feu, autour d’une lumière ». Giacomo Campiotti approuve mais il confie également que c’était le scénario le plus difficile pour lui jusqu’à présent, bien qu’il s’agisse d’une entreprise passionnante. « J’ai essayé d’apporter ma contribution en racontant une histoire pour tout le monde », a-t-il expliqué. « Chiara Lubich n’est pas seulement une histoire pour le monde chrétien, mais son idée était de parler à tout le monde ». Rappelant que la devise de Chiara était la phrase de l’Évangile « Que tous soient un » (cf. Jn. 17, 21), il a ajouté : « Chiara ne voulait rien fonder, mais chacun de nous a un pouvoir incroyable. Lorsqu’une personne commence à réaliser ce en quoi elle croit, elle crée autour d’elle un magnétisme qui change le monde. C’est ce qu’ont fait de grands personnages. Et ces personnages peuvent être d’une grande aide, d’une puissante inspiration pour tout le monde ». « Je ramène chez moi une très belle expérience, d’une grande spiritualité, absolue comme peu de choses l’ont peut-être été », confie Cristiana Capotondi. Pour l’actrice principale, Chiara Lubich est une personnalité qui est toujours restée jeune, « parce qu’elle a eu la force de faire éclater les conventions, les stéréotypes, d’ouvrir des portes, de parler avec le monde juif, de parler avec le monde islamique, de parler avec l’Église orthodoxe. C’est comme si elle n’avait pas de mémoire, de superstructure. Je trouve cela très jeune. Puis, quand nous grandissons, nous nous structurons, nous avons des craintes, des peurs. C’était une femme sans peur. En ce moment historique, je crois que son message est d’une force politique extraordinaire ». Aurora Ruffino joue un rôle important parmi les premières compagnes de Chiara. Ce qui l’a frappée chez elle et ses compagnes, c’est la façon dont elles vivaient dans l’incertitude du lendemain : « Une situation comme la nôtre aujourd’hui. Malgré cela, elle avait la certitude absolue que les choses se passeraient bien, que d’une certaine manière, Dieu lui aurait trouvé le chemin pour que les choses se passent bien. Cela m’a vraiment frappé. (…) Quand vous faites le bien, il vous revient toujours. Et elle l’a vécu dans la certitude absolue ». Per Stefano Coletta, il n’y a aucun doute sur les raisons pour lesquelles RAI Uno a choisi d’ouvrir l’année 2021 justement par ce projet : « Le film condense l’histoire de Chiara Lubich de manière très directe et sans rhétorique, une femme qui a vraiment rencontré Dieu et l’a rencontré dans l’action, plutôt que dans la mystique et l’activité contemplative. C’était une femme très concrète qui a vécu à un moment très compliqué comme la guerre avec la conviction presque politique que chaque rencontre méritait attention, curiosité et intelligence. Ce n’est pas un hasard si elle a été jusqu’au bout un signe de dialogue œcuménique ; elle a rencontré des spiritualités extrêmement différentes sans aucun préjugé ». Pour Maria Pia Ammirati, l’histoire racontée par le film a un caractère hagiographique, non pas dans le sens communément compris. « Comme toutes les hagiographies, les vraies, les saints sont avant tout des femmes et des hommes normaux. C’est pourquoi nous commençons bien, nous commençons très bien cette année 2021. Cette histoire est un viatique et un début positif dans une situation que nous savons sombre, qui nous éloigne. La conception de Chiara était celle du rapprochement, de commencer par de petites sociétés, par la solidarité, par le bien commun, par l’amour, comme le dit le sous-titre ».

Stefania Tanesini

 

Pérou – Autorité et miséricorde

Pérou – Autorité et miséricorde

Conjuguer profession et paternité selon les valeurs de l’Évangile : le témoignage d’un médecin péruvien à la pointe de la lutte contre la COVID -19. Je suis médecin depuis 25 ans et père de famille depuis 17 ans, mais je me rends compte que je n’ai pas encore appris à vivre chacune de ces missions selon les valeurs auxquelles je crois. Cette période de pandémie s’avère être une véritable école pour moi, pour évoluer dans ces deux rôles,  y compris dans des aspects qui ont été jusqu’à présent sous-estimés non seulement par moi mais par la plupart des gens. Depuis le début de cette épidémie mondiale, je travaille dans un hôpital de campagne Covid, le premier de la ville, qui accueille les patients de Piura, située au nord du Pérou.  J’ai vu plus de malades mourir au cours de ces trois derniers mois qu’en 25 ans  de pratique. Je sors de  l’une des meilleures facultés de médecine du Pays, réputée pour son prestige et sa rigueur scientifique. Cette terrible maladie m’a fait découvrir les limites, l’impuissance et les incertitudes de la science médicale  confrontée à ce virus inconnu. Malgré l’administration massive d’oxygène et les thérapies mises à notre disposition, j’ai vu mes patients souffrir beaucoup et mourir d’asphyxie. Dans un pays pauvre comme le nôtre,  nous sommes confrontés chaque jour  au manque de personnel et d’équipement. Combien de fois  me suis-je senti impuissant et démuni devant mes patients lorsque la maladie empirait ! Au milieu de la confusion générale, on pouvait les entendre crier : « J’ai soif ! De l’eau, s’il vous plaît ! Donnez-moi de l’eau ! » Les malades se plaignaient parfois et, c’est seulement lorsqu’on s’approchait d’eux pour leur demander s’ils voulaient boire, qu’ils faisaient un signe de tête affirmatif. C’est ainsi que, en plus de mon travail d’observation et de réflexion, j’ai commencé à donner à boire à tous ceux qui me le demandaient, à remonter leur oreiller, à tenir leurs mains entre les miennes, à caresser leur front, à leur masser le dos quand ils me le demandaient, ou à leur passer le bassin pour uriner. Ou bien je les aidais simplement à marcher, à prier avec eux ou pour eux et, à la fin, j’essayais de les réconforter dans leurs derniers moments. J’ai compris que l’exercice de notre métier comporte une double dimension : celle de l’autorité  conférée par la science médicale qui guérit souvent, mais il y a aussi la dimension humaine, fondée sur la miséricorde et l’amour qui viennent de Dieu et s’expriment dans des actes simples et quotidiens qui guérissent souvent l’âme. Science et compassion, connaissance et miséricorde, corps et âme, homme et Dieu, raison et foi : ce sont les deux faces d’une médaille qui peuvent combler  notre vie d’homme et le service que nous rendons; un équilibre difficile à atteindre. Entre le travail épuisant à l’hôpital, la surcharge d’émotions intenses et mes faiblesses, je rentrais chez moi pour dîner avec la seule envie de me reposer et de me défouler. Mon fils aîné, en pleine adolescence, frustré par le confinement et débordant d’énergie, a commencé à polémiquer avec tout le monde, surtout avec moi. Il me traitait comme un adversaire ou un ennemi et à table, on était comme sur un champ de bataille. Au départ, en proie à mes passions et à mon impulsivité, j’ai vécu avec lui une sorte de lutte acharnée au ton offensif. Pour la énième fois, j’ai vu mon autorité compromise et ma tentative de l’imposer par la force n’a fait qu’empirer les choses. À la maison, j’ai aussi redécouvert d’autres aspects de la paternité, comme la miséricorde et l’humilité, et j’ai donc commencé à me taire et à offrir à Dieu mon pardon face aux offenses, mais aussi à l’exprimer et à le demander si je  me rendais compte que j’étais allé trop loin. J’ai essayé de voir dans l’attitude agressive de mon fils une demande d’aide et d’affection ; de me taire davantage pour calmer la discussion et de continuer à prier seul et en famille même lorsque tout me semblait inutile. Peu à peu la situation s’améliore et nous retrouvons  l’équilibre d’une relation normale entre père et fils. Celle-ci repose sur deux piliers essentiels : l’autorité et la miséricorde. Ne sont-elles pas des expressions de la vie divine ?

                                                            Aux bons soins de  Gustavo E. Clariá

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