La Providence divine a voulu que mon premier voyage pastoral en dehors d’Italie ait comme objectif précisément mon pays d’origine et se déroule à l’occasion de la grande rencontre des jeunes du monde, vingt ans après l’institution de la Journée mondiale de la Jeunesse, voulue avec une intuition prophétique par mon inoubliable prédécesseur. L’étreinte spirituelle avec les jeunes participant à la Journée mondiale de la Jeunesse a commencé dès mon arrivée à l’aéroport de Cologne/Bonn et elle est devenue toujours plus riche d’émotions en parcourant le Rhin, de l’embarcadère de Rodenkirchenerbrücke jusqu’à Cologne, escorté par cinq autres embarcations représentant les cinq continents. L’arrêt en face du quai du Poller Rheinwiesen, où attendaient déjà plusieurs milliers de jeunes avec lesquels j’ai eu la première rencontre officielle, opportunément appelée « fête d’accueil » et qui avait pour devise les paroles des Rois Mages « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? » (Mt 2, 2a) a ensuite été particulièrement belle. Ce sont précisément les Mages qui ont été les « guides » de ces jeunes pèlerins vers le Christ, adorateurs du mystère de sa présence dans l’Eucharistie. Il est particulièrement significatif que tout cela ait eu lieu alors que nous nous approchons de la conclusion de l’Année eucharistique voulue par Jean-Paul II! « Nous sommes venus l’adorer »: le thème de la rencontre a invité chacun à suivre idéalement les Rois Mages, et à accomplir avec eux un voyage intérieur de conversion vers l’Emmanuel, le Dieu avec nous, pour le connaître, le rencontrer, l’adorer, et, après l’avoir rencontré et adoré, repartir ensuite en ayant dans notre âme, au plus profond de nous-mêmes, sa lumière et sa joie.
A Cologne, les jeunes ont eu à plusieurs reprises l’occasion d’approfondir ces importantes thématiques spirituelles et ils se sont sentis poussés par l’Esprit Saint à être des témoins enthousiastes et cohérents du Christ, qui dans l’Eucharistie, a promis de rester réellement présent parmi nous jusqu’à la fin du monde. Je repense aux divers moments que j’ai eu la joie de partager avec eux, en particulier la veillée du samedi soir et la célébration de conclusion du dimanche. Des millions d’autres jeunes de tous les lieux de la terre se sont unis à ces manifestations suggestives de foi grâce aux providentielles liaisons radio-télévisées. Mais je voudrais à présent réévoquer une rencontre particulière, la rencontre avec les séminaristes, des jeunes appelés à suivre personnellement de manière plus radicale le Christ, Maître et Pasteur. J’avais voulu qu’un moment spécifique leur soit consacré, également pour souligner la dimension vocationnelle typique des Journées mondiales de la Jeunesse. De nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont nées, au cours de ces vingt années, précisément durant les Journées mondiales de la Jeunesse, occasions privilégiées lors desquelles l’Esprit Saint fait ressentir avec force son appel. Dans le contexte riche d’espérance des Journées de Cologne, la rencontre œcuménique avec les représentants des autres Eglises et Communautés ecclésiales trouve harmonieusement sa place. Le rôle de l’Allemagne dans le dialogue œcuménique est important, que ce soit en raison de la triste histoire des divisions ou de son rôle significatif joué sur le chemin de la réconciliation. Je souhaite que le dialogue, en tant qu’échange réciproque de dons et pas seulement de paroles, contribue en outre à faire grandir et mûrir cette « symphonie » ordonnée et harmonieuse qu’est l’unité catholique. Dans cette perspective, les Journées mondiales de la Jeunesse représentent un « laboratoire » œcuménique fructueux. Et comment ne pas revivre avec émotion la visite à la Synagogue de Cologne, où a son siège la plus ancienne communauté juive en Allemagne? Avec nos frères juifs, nous avons rappelé la Shoah, et le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis. En outre, nous fêtons cette année le 40e anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra aetate, qui a inauguré une nouvelle ère de dialogue et de solidarité spirituelle entre les juifs et les chrétiens, ainsi que d’estime pour les autres grandes traditions religieuses. Parmi celles-ci, une place particulière est occupée par l’islam, dont les fidèles adorent l’unique Dieu et se réfèrent volontiers au patriarche Abraham. C’est pour cette raison que j’ai voulu rencontrer les représentants de plusieurs Communautés musulmanes, auxquels j’ai exprimé les espérances et les préoccupations du moment historique difficile que nous vivons, souhaitant que soient extirpés le fanatisme et la violence et que l’on puisse collaborer ensemble pour défendre toujours la dignité de la personne humaine et protéger ses droits fondamentaux.
Chers frères et sœurs, du cœur de la « vieille » Europe, qui au siècle dernier, a connu d’horribles conflits et des régimes inhumains, les jeunes ont reproposé à l’humanité de notre temps le message de l’espérance qui ne déçoit pas, car elle est fondée sur la Parole de Dieu qui s’est fait chair en Jésus Christ, mort et ressuscité pour notre salut. A Cologne, les jeunes ont rencontré et adoré l’Emmanuel, le Dieu avec-nous, dans le mystère de l’Eucharistie et ils ont mieux compris que l’Eglise est la grande famille à travers laquelle Dieu forme un espace de communion et d’unité entre chaque continent, culture et race, une famille plus grande que le monde, qui ne connaît pas de limites ni de frontières, en quelque sorte une « grande communauté de pèlerins » qui avancent avec le Christ, guidés par Lui, étoile radieuse qui illumine l’histoire. Jésus se fait notre compagnon de voyage dans l’Eucharistie, et dans l’Eucharistie – comme je le disais dans l’homélie de la célébration de conclusion, en empruntant à la physique une image bien connue – il apporte la « fission nucléaire » au cœur le plus caché de l’être. Seule cette intime explosion du bien qui vainc le mal peut donner vie aux autres transformations nécessaires pour changer le monde. Jésus, le visage de Dieu miséricordieux pour chaque homme, continue d’éclairer notre chemin comme l’étoile qui guida les Rois Mages, et il nous remplit de sa joie. Nous prions donc afin que les jeunes emportent avec eux, en eux, de Cologne la lumière du Christ qui est la vérité et l’amour et qu’ils la diffusent partout. Je suis certain que, grâce à la force de l’Esprit Saint et à l’aide maternelle de la Vierge Marie, nous pourrons assister à un grand printemps d’espérance en Allemagne, en Europe et dans le monde entier.
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