
En Jordanie, un an après la tragédie de Ninive

(AP Photo/Raad Adayleh)

(AP Photo/Raad Adayleh)
https://vimeo.com/131676823
“Je m’appelle Marco et j’ai 35 ans. Depuis 2008, je suis enseignant remplaçant de religion catholique. Malheureusement – en raison de tracasseries administratives – je suis appelé à travailler de manière sporadique et irrégulière: trois jours dans une école, ensuite des mois passent, et je suis appelé ailleurs pendant une semaine. Puis, quelques jours là et quelques jours ailleurs. J’enseigne en moyenne deux mois par année. En qualité de fonctionnaire de l’État, je ne peux pas avoir deux emplois et je dois toujours être disponible lorsqu’on m’appelle pour enseigner, autrement, si je refuse, je suis remplacé par d’autres. Ayant du temps à disposition, je me consacre à différentes tâches à la maison – je vis avec mes parents – ensuite quelques engagements en paroisse, de la formation des jeunes et adultes du centre paroissial à la coordination de la Parole de Vie une fois par mois. Je fais aussi du bénévolat dans une maison de retraite et je fais partie du bureau diocésain pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Grâce à toutes ces activités, mes activités, je reste engagé et actif. Mais lorsque le travail manque, une sensation voilée d’insuffisance, de faible estime de soi, commence à grandir, et tout semble toujours et progressivement plus difficile. Un jour, un ami, connaissant ma situation professionnelle, me téléphone pour me dire qu’il avait rencontré un jeune du Lycée classique qui avait besoin de cours particuliers de latin et de grec. Mon ami comptait sur ma propension aux études et était certain que je puisse très bien le faire. En effet, après le lycée, je n’ai jamais abandonné les langues anciennes. En fait, pour mieux comprendre l’Ancien Testament, j’étudiais même l’hébreu biblique dernièrement. Toutefois, mon premier état d’esprit a été de refuser cette proposition. J’avais dix jours pour décider. Ensuite, le jeune garçon se serait adressé à d’autres professeurs particuliers. Qui est familiarisé avec l’art de la traduction et des langues anciennes sait parfaitement que traduire pour soi-même ou s’amuser à traduire par jeu est bien différent de donner des cours particuliers à quelqu’un qui a besoin de progresser et qui doit rapporter des bonnes notes. J’avais besoin de travailler, même si cela signifiait pour moi de devoir reprendre les règles grammaticales de la langue grecque et de la langue latine en dix jours, les comprendre à nouveau et savoir communiquer avec. J’aurais dû abandonner tous mes engagements pendant sept jours et étudier entre huit et dix heures par jour, assis devant des livres pour y arriver. Je devais faire un saut dans l’inconnu. C’est ce qu’il s’est passé: j’ai commencé à étudier comme un forcené. Quelques jours après, ce même ami me propose d’étudier chez lui et me donne ses clés! Un autre ami, qui a appris pour mon “nouveau travail”, m’annonce que son fils aussi a besoin de cours particuliers. Mais, plus qu’un professeur, il a besoin d’un précepteur: non seulement des cours particuliers de latin et de grec, mais aussi de philosophie, littérature italienne et anglaise. En somme, il faut couvrir toutes les sciences humaines. Son cas était désespéré. En plus, le comportement relationnel de ce jeune était très problématique. En dernière année de lycée, il était non promu, en janvier, dans toutes les matières. Je me suis remis à Dieu et j’ai répondu positivement. Aujourd’hui, le jeune a commencé à collectionner plusieurs 8,5 et 9 (sur un maximum de 10), et il y a pris goût. Ses rapports personnels commencent aussi à s’améliorer. Récemment, j’ai fait un mois entier de remplacement. J’ai continué à donner des cours particuliers l’après-midi et à maintenir les engagements que j’avais avant.”
En scrutant du regard la composition de la salle du Centre Chiara Lubich de Trente, on pourrait être surpris cette année par son étonnante hétérogénéité : 250 jeunes âgés de 16 à 30 ans venus de plus de 20 nations, 70 prêtres et séminaristes et une vingtaine d’adultes engagés dans la vie de la spiritualité des Focolari au niveau paroissial et diocésain. Quelle idée à l’origine de cette rencontre prévue du 2 au 8 août à Trente ? Quel lien entre des réalités culturelles si nombreuses et si différentes ? Un premier élément de réponse se trouve dans le titre choisi: “Aujourd’hui aussi comme hier”. Et un second dans la ville même de Trente. Ces jeunes, ces adultes et ces prêtres se réunissent pour réfléchir à partir de la vie du premier groupe qui a donné naissance à leur charisme et pour parcourir à nouveau, y compris physiquement, l’itinéraire qui, depuis 1943, a inspiré et donné forme au Mouvement des Focolari. “Nous avons commencé la rencontre dans un climat de joie explosive – racontent Ludovic et Eléonore -. Au programme une immersion dans la vie des premiers temps, en vivant la Parole avec la même radicalité ».
Les temps de réflexion thématique ont alterné avec des promenades où les Focolari ont fait leurs premiers pas : Piazza Cappuccini, Fiera di Primiero, Tonadico, Goccia d’Oro … « Au cours de la messe dans l’église des Capucins – écrit Zbiszek – nous nous sommes déclarés prêts, avec la grâce du Christ, à donner notre vie l’un pour l’autre, en commençant par les petites choses du quotidien. Dans ce lieu où Dieu a scellé le pacte d’unité entre Chiara et Foco (Igino Giordani), nous avons voulu nous aussi renouveler cet amour réciproque, que nous voulons vivre « Aujourd’hui comme hier ». Les interventions des experts en communication, dialogue interreligieux et aussi en matière de coopération et développement (AMU, Action Monde Uni) ont été enrichissantes pour tous. Ces contributions ont permis de réfléchir sur la communication et les défis de notre société multiethniques et pluriconfessionnelle. Par ailleurs un large temps a été consacré à approfondir la question de l’immigration et de l’accueil, à travers la précieuse collaboration offerte par “Progetto Cinformi”, qui a présenté le modèle proposé et appliqué par la ville de Trente : des ateliers ont permis deux visites dans les camps d’accueil ; moments inoubliables de rencontre avec une centaine de réfugiés en quête d’avenir.
Quelques uns sont venus nous voir au Centre. Rita nous confie : « J’ai été très frappée par Lamin, un jeune musulman du Ghana qui a écrit une poésie à sa maman et a voulu nous la lire à tous. Un poème plein de nostalgie mais aussi d’espérance. Les yeux de ces personnes expriment tant de choses, on ne peut les oublier ». En conclusion deux objectifs, l’un à brève échéance, c’est le rendez-vous à la Journée Mondiale de la Jeunesse (JMJ) qui se tiendra l’an prochain à Cracovie (Pologne); l’autre est à long terme et c’est l’unité du monde – selon la prière de Jésus “Que tous soient Un” – pour laquelle nous sommes convaincus qu’il vaut la peine de donner sa vie. “Nous partons avec l’engagement d’être “Parole vivante” – écrivent Danilo et Emanuele” – et de porter « l’eau pure de la source » dans nos pays et dans le quotidien de nos périphéries, en nous donnant à chaque prochain qui passera à nos côtés ».
“Une rencontre de cœur à cœur”, c’est ainsi qu’une personne, venue pour la première fois, a défini la Mariapolis d’Astorga, l’une des nombreuses du même genre qui ont eu lieu ou sont en cours dans toute l’Europe et dans beaucoup d’autres pays. L’événement s’est déroulé du 2 au 6 août et a déclenché l’invasion paisible de la ville par 800 personnes venues des diverses régions d’Espagne mais aussi de France, d’Italie, d’Allemagne et du Brésil. A l’issue de la visite de monuments et des musées de la ville, ou de la messe célébrée dans cathédrale gothique chargée d’histoire ou des soirées musicales de toutes sortes de genres, elles remplissaient les rues et les places. Et les habitants de la ville, à la vue de toutes ces relations tissées de fraternité, répondaient, interpellés, à leurs salutations. Une dame a même arrêté une jeune qui se promenait dans la rue pour la remercier de la présence d’un groupe aussi rayonnant dans la ville. Les participants ont apprécié l’équilibre entre les temps consacrés à la réflexion et à la formation et ceux dédiés au dialogue, aux témoignages et à la détente et aux jeux. Ce bon dosage a contribué aux objectifs de la Mariapolis : faciliter la rencontre avec soi-même, avec Dieu et avec les autres. « Cela n’a pas été un crescendo – a fait remarquer un participant -, nous n’avons pas débuté à un certain niveau pour ensuite progresser en qualité et en intensité. Chaque journée a été pleine, complète, chacune d’une grande valeur en soi ». Parmi les divers rendez-vous proposés aux adolescents et aux enfants, une marche dans la ville, entrecoupée de haltes avec animation dans certaines rues ou sur certaines places. https://www.facebook.com/mariapolisastorga2015 La Mariapoli d’Astorga était relayée par facebook grâce à un espace virtuel de rencontre destiné aussi bien aux participants eux-mêmes qu’aux personnes qui n’avaient pas pu venir. Les apports en photos et en commentaires ne manquent pas et l’on peut toujours y accéder. Quelques impressions : https://www.facebook.com/mariapolisastorga2015 «C’est ma première mariapolis écrit – Caty –. Ces journées ont été sous le signe de la fraternité, de l’amour et de l’unité. Ma fille et moi remercions tous ceux qui ont rendu possible cette rencontre » ; « De retour vers Tolède – écrit Paco – j’en profite pour remercier tout le monde pour ces journées. Je peux dire que ce fut une mariapolis riche en grâces ».
Pour incarner l’esprit de la mariapolis dans la vie quotidienne, le projet « Nous sommes tous méditerranéens » http://tousmediterraneens.com/en/#, a été proposé aux participants : il vise à sensibiliser les citoyens européens au drame de l’immigration qui touche le sud de la méditerranée, une mer qui leur est commune, depuis les pays qui sont en guerre ou désavantagés économiquement, en quête de meilleures conditions de vie. Ce projet, en accord avec le thème de la mariapolis « Des routes qui se rencontrent », se concrétise en recueillant des signatures pour demander à l’Union Européenne un changement significatif de la politique migratoire. Le dernier jour, au moment de l’évaluation, les participants se sont déclarés tous satisfaits, en particulier de l’accueil que chacun avait expérimenté depuis le début, même s’il venait pour la première fois. La ville d’Astorga, en raison de sa taille humaine et de son climat tempéré, réunit de nombreux critères qui ont facilité les possibilités de rencontre. En ce sens, « Le Mouvement des Focolari – écrivent les organisateurs – remercie vivement l’Evêché et la Municipalité pour l’excellente qualité de leurs services ».