Mouvement des Focolari
L’inculturation: une exigence du christianisme

L’inculturation: une exigence du christianisme

20151018-01L’inculturation est une exigence intrinsèque au christianisme. Il s’agit de processus difficiles et complexes qui ont besoin de temps.Les personnes du lieu sont particulièrement importantes. En vivant l’Evangile de manière authenthique, ces personnes, qui possèdent déjà en elles leur propre culture, élaboreront des synthèses qu’elles transmettront à travers les coutumes, les expressions artistiques, les institutions de leur propre peuple. Je suis totalement convaincu que la réalité primordiale est Dieu lui-même.Cela n’implique pas, évidemment, que nous restions passifs ou indifférents. Nous aussi par exemple nous sommes en train de recueillir les proverbes africains ou d’autres peuples; notre maison d’édition publie des ouvrages sur les grandes religions; Chiara Lubich a créé en Afrique une école pour se former à l’inculturation et par la suite en a fait naître une autre en Amérique Latine… Mais si quelqu’un pense qu’il suffit d’étudier les différentes cutures pour ensuite les rapporter à l’Evangile, il fait fausse route. Il faut donner Dieu, Lui qui est pleinement “intéressé” à ce que Lui-même a créé et ce sera Lui qui réalisera cette inculturation. Il y a naturellemnt de nombreuses formes d’inculturation, de nombreuses tentatives qu’il faut encourager et bénir, mais la véritable inculturation c’est Dieu seul qui la fait. La plus grande contribution que nous puissions donner est celle d’aimer. Si chacun se donne à fond, en se perdant dans l’autre et en l’accueillant en lui-même, alors la personnalité de chacun s’exprime de façon plus belle et plus complète. Il en va de ême entre les peuples: si l’on sait “perdre” sa propre culture par amour, en s’ouvrant à Dieu dans le prochain, on “sauvera” ce qu’il y a de meilleur dans chaque peuple et les valeurs spirituelles, mais aussi humaines et culturelles propres à chacu d’eux, émergeront et s’enrichiront mutuellement. Cette avancée commencera lentement, mais une fois trouvé le bon chemin, il y aura certainement une accélération très fructueuse”. Pasquale Foresi Extrait de: “Colloqui”, Pasquale Foresi, Città Nuova Editrice 2009, pages133-136. Recueil de réponses données aux membres du Mouvement des Focolari au cours des années 1990 -1998.

Paul VI et Chiara Lubich. Deux charismes qui se rencontrent

Paul VI et Chiara Lubich. Deux charismes qui se rencontrent

PaoloVI_ChiaraLubichLes études et les recherches sur Paul VI, qui fut le « timonier de Vatican II », n’ont pas manqué ces dernières années. Il en va de même pour la Fondatrice des Focolari. Mais le temps n’était pas encore venu d’approfondir le rapprochement providentiel des relations entre Giovanni Battista Montini et Chiara Lubich qui remontent justement à cette période. Un pape et une laïque, une femme : que peuvent-ils bien avoir en commun ? L’histoire n’en finit pas de surprendre. Grâce à l’aide du travail réalisé en commun par l’Institut Paul VI et le Centre Chiara Lubich, deux journées d’études ont eu lieu les 7/8 novembre 2014 : le sujet traitait des liens entre Paul VI et Chiara Lubich. La prophétie d’une Eglise qui se fait dialogue. C’est ainsi que l’on est arrivé à cette publication attendue. Le livre, sorti en juillet 2015, reprend le contenu de ces journées, qui ont permis de connaître, dans son contexte historique, social, ecclésial et théologique, le rapport qui a commencé en 1952 entre le substitut du Secrétariat d’Etat d’alors, Mgr. Montini, et Chiara Lubich, jusqu’à la mort de Paul VI en 1978. Cette étude porte sur des périodes importantes aussi bien pour l’Eglise que pour le mouvement des Focolari caractérisé, dès ses débuts dans la ville de Trente, par son élan charismatique. A partir des années 50, des doutes importants surgissent au sein de l’autorité ecclésiale qui a voulu vérifier l’authenticité de ce nouveau mouvement, jusqu’au moment des premières approbations, au début des années 60. Paul VI s’y est engagé personnellement et a joué un rôle fondamental dans la configuration juridique et institutionnelle du mouvement. Un sujet encore peu connu, mais de grand intérêt: la présence des Focolari dans les pays de l’Europe de l’Est, dès les premières années 60, en pleine Guerre Froide, et l’intensification d’importants contacts dans le domaine œcuménique au cours de la même période. Tout cela fut amplement documenté par une correspondance épistolaire étoffée entre Chiara et Paul VI et par ce qu’écrit Chiara dans son journal après ses audiences privées avec le pape Montini. Proche de ces deux personnalités, une figure importante, celle d’Igino Giordani. C’était un ami personnel du futur pape qui, encore jeune prélat à Rome, avait l’habitude de se rendre chez lui. Giordani était alors bibliothécaire au Vatican, futur membre de l’Assemblée Constituante et cofondateur du mouvement des Focolari aux côtés de Chiara Lubich. Maria Voce, présidente des Focolari, a mis en évidence « la convergence profonde qui vient en lumière de manière spéciale dans la capacité spirituelle très fine de Paul VI à cueillir dans le charisme donné par Dieu à Chiara Lubich l’action de l’Esprit Saint à un moment crucial de la célébration du Concile Vatican II qui s’ouvrait au dialogue avec tous. En rencontrant Chiara, il écoute, met en valeur, encourage. Frappé en 1964 par le caractère œcuménique du mouvement, il exhorte : “De même que vous avez ouvert le dialogue avec les chrétiens non catholiques, faites-le aussi avec ceux qui n’ont pas la foi’’ ». « C’est une histoire – note Don Angelo Maffeis, président de l’institut Paul VI – dont les débuts remontent bien avant la période de Vatican II et qui mérite d’être reconstruite pour éclairer l’origine des contacts personnels et des expériences ecclésiales qui ont petit à petit fait mûrir les orientations proposées par Paul VI au cours de son pontificat ». Les autres intervenants – Andrea Riccardi, Alberto Monticone, Lucia Abignente, Paolo Siniscalco, Joan Patricia Back, Alberto Lo Presti, Adriana Cosseddu et Piero Coda – ont mis en lumière sous différents aspects “la grandeur de la prophétie d’une Eglise qui se fait dialogue”. Deux charismes se sont rencontrés, se sont reconnus et ont travaillé ensemble pour faire de l’Eglise une « maison commune », et cela en dialogue avec le monde. Le volume Paul VI et Chiara Lubich. La prophétie d’une Eglise qui se fait dialogue est dirigé par Paolo Siniscalco et Xenio Toscani, édité chez ‘Studium’ ». Caterina Ruggiu

De la Colombie au Synode sur la famille

De la Colombie au Synode sur la famille

FamigliaRojas_PapaFrancesco - CopyIls sont mariés depuis 23 ans et ont deux fils adolescents. Éduqués dans la foi par les familles d’origine avec de solides bases chrétiennes, ils se sont connus dans le cadre du Mouvement des Focolari, dont ils font toujours partie. « Dans le passé, nous avons travaillé avec un groupe de jeunes dans un quartier marginal de la périphérie de Bogotà – racontent-ils (dans leur témoignage au Synode) – Là, nous jouions avec les enfants, nous enseignions aux adultes à lire, nous offrions gratuitement des services médicaux et de dentisterie ». Il s’agit de Los Chircales, quartier où siège actuellement le Centre Social Unidad : « Les obstacles n’ont pas manqué – affirme le couple colombien qui a parlé  au Synode sur la famille – en commençant par la préoccupation personnelle et par la peur d’aller dans ces quartiers et milieux aussi dégradés. Mais la volonté de servir ces frères a été plus forte que nos fragilités ».  FamigliaRojas_PapaFrancesco_b« Nous nous sommes mariés  – disent-ils en parcourant des passages de leur histoire – et très vite, la grâce du mariage s’est manifestée ». Caractères très différents : Luis, ”un type tranquille”, Maria Angélica ”un volcan”. « Nous savions que l’amour humain s’évanouit facilement : les années passent et l’enchantement initial diminue. C’est pour cela qu’il était important de consolider la relation en nourrissant notre amour avec l’amour de Dieu qui nous enseignait à aimer dans les petites choses de chaque jour ». « Pour moi, cela signifiait de ne pas toujours attendre d’être servi – confesse Luis – mais plutôt d’aider à faire la vaisselle ou en écoutant avec attention quand elle voulait me raconter quelque chose. De son côté, M. Angelica s’intéressait avec moi à la Formule 1… ».  « Nous avons expérimenté qu’en se nourrissant de l’Eucharistie, en s’approchant du sacrement de la réconciliation et en étant dans cette attitude d’amour réciproque, Jésus se rend présent au milieu de nous et nous avons ainsi la lumière pour éduquer et corriger nos enfants, comme également la force d’affronter les difficultés qui se présentent à nous ».  « Il y a quelques temps, nous avons eu une grosse discussion et l’unité entre nous s’est brisée en mille morceaux. Cette soirée-là, nous nous sommes couchés sans nous demander pardon », une des trois paroles qui, pour le pape François, ne peuvent pas manquer dans la vie de couple : « J’ai téléphoné à Lucho – raconte M.Angélica – et lui ai demandé pardon de lui avoir mal répondu. Cela a été l’occasion d’ouvrir un dialogue profond entre nous. Nous sommes certainement fragiles, mais c’est justement pour cela que nous voulons nous engager à recommencer à aimer chaque fois que nous commettons des erreurs ». 

20151016-01

Interview accordée à Rome (en anglais)

Ils ont organisé une série de visites à des communautés pauvres avec des évêques et des prêtres de quelques villes de la Colombie : « L’idée était de partager nos expériences et d’offrir une certaine formation en famille. Quelques-uns de ces couples nous ont confié leur désir de s’approcher du sacrement du mariage ».  « Avec les couples de fiancés, nous voyons que, grâce à cette proximité, quelques jeunes prennent courageusement et à contre-courant, la décision de choisir Dieu comme centre de leur propre vie, de vivre des aspects comme la chasteté dans le rapport de couple, de vivre pour les autres, en dédiant à cela, du temps et de l’énergie ». « Notre expérience – concluent-ils – nous amène à confirmer que la société sera, comme sera la famille. Nous savons que les familles sont appelées à de grandes choses, pour cela, nous demandons chaque jour à la Sainte Famille, la grâce de rester fidèles à l’amour, pour être constructeurs d’une société plus humaine et en même temps plus divine . Nous rêvons que, avec la contribution de tous, l’humanité se transforme réellement en une famille ».

Gen Rosso au Brésil

Le 5 septembre, le Gen Rosso International Performing Arts Group a commencé sa tournée avec la Fazenda da Esperança, qui célèbre dans six villes différentes l’approbation définitive de l’œuvre de Frère Hans, Nelson, Lucy et Iraçi, appelée Familia da Esperança. Première étape: Palmas, au centre géographique du Brésil, ville créée récemment et capitale du nouvel État du Tocantins. Neuf workshops (décors, théâtre, musique, hip-hop gang, hip hop combination, Festão, strong moves, percussions et broadway) et deux soirées avec un total de 2300 personnes. La chaîne nationale TV Globo, le directeur de TV Anhanguera, le directeur du journal local, le préfet, l’archevêque et deux évêques étaient également présents. Deuxième étape du 14 au 20 septembre: Caxias dans l’État de Maranhão dont l’ économie est basée principalement sur l’agriculture. Troisième étape à Manaus (21-25 septembre), ensuite Garanhuns dans l’État de Pernambouc. Puis en octobre à Casca, dans l’État du Rio Grande do Sul, jusqu’au 17 et, ensuite, à Guaratinguetá dans l’État de São Paulo et à Guarapuava dans l’État de Paraná.

Nobel d’économie : un revers de tendance

Nobel d’économie : un revers de tendance

deaton« Le Nobel 2015 décerné à Angus Deaton pour ses études sur le développement économique, son bien-être, sur les inégalités, sur les biens de consommation et sur ce qui détermine la pauvreté est un signal très important : après quelques années au cours desquelles, en pleine crise financière, Stockholm et ses conseillers continuaient à récompenser les économistes qui avaient étudié et organisé l’économie et la finance et avaient contribué à générer la crise ; avec le Nobel décerné à Deaton, on recommence à récompenser, dans le lieu le plus important pour la science contemporaine, des scientifiques sociaux bien équilibrés, continuateurs de la science politique ou civile qui est à l’origine de l’économie moderne. La politique de Stockholm a été plutôt bizarre au cours des dernières années : de 2010 à 2013, alors que le capitalisme était en train de risquer d’imploser par une crise financière jamais connue jusqu’alors, les Nobel pour l’Économie ont été décernés à quelques économistes parmi les plus grands théoriciens de ce paradigme économique et financier qui était en train de prouver ses dramatiques limites. Comme si, durant un été ayant le plus grand nombre d’incendies criminels jamais enregistrés, on avait donné des prix à ceux qui étudient les techniques sophistiquées d’allumages perfectionnés des incendies. Voilà pourquoi ce Nobel et aussi, dans une autre mesure, celui de l’année passée décerné au français Jean Tirole, pourraient indiquer un premier revers de tendance, Deaton étant beaucoup plus semblable aux premiers Nobel comme Amartya Sen, Joseph E. Stiglitz, Elinor Ostrom pltutôt qu’aux plus récents Eugène Fama et Lloyd Stowell Shapley. Nous ne devons pas oublier que la crise financière et économique que nous avons vécue et que nous sommes toujours en train de vivre, n’est pas indépendante des théories économiques des dernières décennies, car, à la différence des astrophysiciens dont les théories ne modifient pas les orbites des planètes, les économistes et leurs théories conditionnent fortement les choix économiques. Pendant les dernières années, les meilleurs départements d’économie du monde se sont remplis d’économistes toujours plus mathématiciens, avec une formation humaine toujours plus insuffisante, très experts de modèles hyper-spécialisés et devenus incapables en grande partie, d’avoir une vision d’ensemble du système économique, et donc, d’associer leurs modèles à la réalité économique et sociale. En plus du prix décerné à Deaton, qui suit celui décerné à Tirole, une plus grande sensibilité pour les thèmes du bien-être collectif et pas seulement des profits personnels et des rentes individuelles, pourrait indiquer un retour d’une théorie économique plus européenne, plus attentive à la dimension sociale de la profession. Cette aube possible atteindra son zénith si les prochains Nobel verront plus d’économistes philosophiques et moins d’économistes mathématiciens, comme l’écrivait déjà en 1991, l’économiste anglais Robert Sugden :”L’économiste aujourd’hui doit être à nouveau plus philosophe et moins mathématicien”. Une invitation qui ne fut alors pas accueillie par la profession, mais peut-être sommes-nous encore à temps. Angus Deaton ensuite est encore un économiste qui sait écrire des livres, pas seulement des articles de mathématique. Je conseille à tous son dernier livre ”La grande fuite”, dans lequel le jeune diplômé Nobel se demande, en tant qu ‘authentique scientifique social et héritier légitime de son compatriote Adam Smith (philosophe et économiste) si l’humanité pourra connaître dans le futur, une saison de progrès sans inégalités, question fondamentale alors qu’aujourd’hui, nous payons le prix du progrès avec une croissante inégalité dans le monde et une diminution du bonheur. L’économie pourra à nouveau être une science morale amie de la société, si elle se posera cette question et d’autres semblables, abandonnées trop rapidement pour répondre à d’autres questions beaucoup plus faciles et beaucoup moins utiles au progrès humain.» Luigino Bruni www.edc-online.org