Mouvement des Focolari

Un instrument d’unité et de service

La Présidente des Focolari a conféré aux nouveaux conseillers généraux du Mouvement leur mission et a insisté pour qu’ils forment un corps de direction caractérisé par un profond esprit de service fraternel qui naît de l’amour évangélique mutuel. Avec l’élection de Noreen Lockhart (Grande-Bretagne) et de Flavio Roveré (Brésil) à la tête des sections des focolarines et des focolarini, qui a eu lieu lors de leurs assemblées respectives le jeudi 11 février, un des organes centraux de direction du mouvement des Focolari, appelé le « Centre de l’Œuvre », a été complété. En font partie la Présidente et le Coprésident, les 22 conseillers généraux et les deux responsables de sections. Les conseillers viennent de 17 pays et de 4 continents, ils ont entre 52 et 70 ans et ils représentent le multiculturalisme qui distingue les Focolari. Beaucoup d’entre eux ont vécu dans différents pays en plus du leur, ce qui est important pour connaître en profondeur les caractéristiques, les besoins et les défis des pays dans lesquels vivent ceux qui s’identifient au message d’unité des Focolari. De par sa composition, le « Centre de l’Œuvre » devrait, d’une certaine manière, résumer l’ensemble du Mouvement et en manifester l’unité. Selon les Statuts généraux des Focolari, c’est la tâche de cet organe « d’assurer et de renforcer l’unité de l’ensemble du Mouvement, en l’orientant vers la réalisation de ses objectifs et en veillant à la coordination entre ses différentes parties ». Lors de sa deuxième session, la Présidente, Margaret Karram, a donné aujourd’hui, mardi 2 mars, aux conseillers élus les tâches qu’ils devront accomplir pour suivre la vie du Mouvement dans ses différents aspects et dans les différentes zones géographiques. À cette occasion, elle a réitéré son désir que le « Centre de l’Œuvre », comme chaque organe directeur du Mouvement, soit caractérisé par un profond esprit de service fraternel qui naît de l’amour évangélique mutuel.

Le Bureau de Communication

Conseillères Cuneo, Chiara (Italie)                          Spiritualité et vie de prière Escandell, Silvia (Argentine)             Déléguée centrale Gomez, Margarita (Espagne)              Nature et vie physique Kempt, Donna (États-Unis)                Europe Kobayashi, Renata (Japon)                 Unité et médias Koller, Friederike (Allemagne)          Témoignage et irradiation, Afrique et Moyen-Orient Lockhart, Noreen (Grande-Bretagne)           Responsable de la section des Focolarines Moussallem, Rita (Liban)                   Asie et Océanie Ngabo, Bernadette (RD Congo)         Amériques Sanze, Geneviève (RCA)                     Communion des biens, économie et travail Simon, Renata (Allemagne)               Sagesse et étude Zanolini, Clara (Italie)                          Harmonie et environnement Conseillers Asprer, Ray (Philippines)                   Délégué central Bartol, Angel (Espagne)                     Amériques Battiston, Ruperto (Italie)                  Communion des biens, économie et travail Brüschke, Klaus (Brésil)                     Témoignage et irradiation, Afrique et Moyen-Orient Canzani, Francisco (Uruguay)            Sagesse et étude Dijkema, Enno (Pays-Bas)                  Harmonie et environnement Kenfack, Etienne (Cameroun)           Nature et vie physique Roveré, Flavio (Brésil)                       Responsable de la section des Focolarini Salimbeni, Antonio (Italie)                 Asie et Océanie Schwind, Joachim (Allemagne)         Unité et médias St-Hilaire, Marc (Canada)                 Spiritualité et vie de prière Valtr, Vit (Tchéquie)                           Europe

Comprendre la croix

Chercher l’amour et fuir la souffrance : voilà un mécanisme quasi naturel de l’existence humaine. Avec le message de la croix, le christianisme, en revanche, enseigne que l’amour véritable et profond passe par la souffrance. Celui qui comprend bien la croix – dit Chiara Lubich dans le texte qui suit – y trouve une clé pour la plénitude de la vie. « Qu’il prenne sa croix… » (Mt 16, 24). Paroles étranges, singulières. Pourtant, comme toutes les paroles du Christ, elles possèdent une lumière que le monde ne connaît pas. Une lumière si éclatante que les yeux éteints des hommes – même les yeux des chrétiens attiédis – en sont aveuglés. […] La raison ? Sans doute parce que, dans le monde, on ne sait pas ce qu’est l’amour. L’amour est un mot si beau, mais si déformé, si souillé. […] Peut-être pouvons-nous en pressentir quelque chose par l’amour maternel, car l’amour d’une mère n’est pas seulement caresses et baisers, il est surtout sacrifice. De même pour Jésus : l’amour l’a poussé à la croix, folie aux yeux de beaucoup. Pourtant seule cette folie a sauvé l’humanité et forgé les saints. Les saints, en effet, sont des hommes capables de comprendre la croix. À la suite de Jésus, l’Homme-Dieu, ils ont accueilli la croix de chaque jour comme le bien le plus précieux. Parfois ils l’ont brandie comme une arme et se sont fait soldats de Dieu. Ils l’ont aimée tout au long de leur vie. Ils ont connu et expérimenté que la croix est la clé, la seule clé qui ouvre un trésor, le trésor. Il ouvre peu à peu les âmes à la communion avec Dieu. Alors, à travers l’homme, Dieu révèle à nouveau sa présence dans le monde et répète – à une échelle infiniment réduite, mais de façon semblable – les actions qu’il accomplissait quand, homme parmi les hommes, il bénissait qui le maudissait, pardonnait à qui l’insultait, sauvait, guérissait, parlait le langage du Ciel, rassasiait les affamés, fondait sur l’amour une société nouvelle et manifestait la puissance de Celui qui l’avait envoyé. Bref, la croix est l’instrument indispensable pour que le divin pénètre l’humain, pour que l’homme prenne part, en plénitude, à la vie de Dieu et s’élève du royaume de ce monde au Royaume des Cieux. Mais il faut que « nous prenions notre croix… » (Mt 16, 24). Nous réveiller le matin dans son attente, conscients que c’est par elle seulement que nous arrivent la paix, la joie, l’intelligence des choses du Ciel, inconnues aux hommes de ce monde. […] La croix, emblème du chrétien ! Le monde n’en veut pas. Il s’imagine, en la fuyant, échapper à la souffrance et ne sait pas qu’elle ouvre tout grand, quand on l’a comprise, sur le Royaume de la lumière et de l’amour, cet amour que le monde cherche en vain.

Chiara Lubich

Chiara Lubich, Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité 2008, p. 137-138  

Mexique : la découverte de Dieu Amour guérit un couple en crise

« Nous avons appris à nous aimer sans rien demander en retour, comme Dieu le fait ».  « Peu à peu, nous sommes tombés amoureux de l’âme de l’autre. Nous nous trouvons dans une plénitude d’amour jamais vécue, même lorsque nous étions fiancés, et cela est possible parce que maintenant nous nous aimons en toute liberté, sans rien demander en retour, comme le fait Dieu ». Nacho et Fili sont originaires du Mexique, ils sont mariés depuis 30 ans et ont deux enfants. Ils racontent que leur amour n’est vraiment né qu’après avoir découvert que Dieu est Amour et qu’Il a aimé l’homme au point de donner sa vie pour lui. En affrontant un si grand don, ils ont compris qu’ils pouvaient dépasser leurs limites respectives et panser les blessures qui avaient déchiré leur relation. C’est une découverte qui a donné un sens au parcours de chacun et les a rendus capables de s’aimer réciproquement jusqu’à se donner à l’un à l’autre. Leur histoire, jusqu’à un certain point, ressemble à celle de nombreux couples. Deux personnes qui se sentent amoureuses et décident de se marier, chacune apportant en guise de « dot » un vide intérieur qui sape les fondements de tout projet. Un vide qu’ils espèrent combler en additionnant leurs blessures respectives : c’est la prémisse d’un abîme qui conduit à une désintégration ultérieure. « Mon père a eu une autre femme et d’autres enfants, raconte Fili, et j’ai souffert pour cela. Je voulais donc me marier et avoir une famille stable ». « Enfant, j’ai aussi souffert de l’absence de mon père et du manque d’attention de ma mère, poursuit Nacho. Fili et moi avons rejoint notre solitude, mais nous voulions combler ces vides sans avoir connu le véritable amour. Assez rapidement, nous avons réalisé l’absence de cet amour entre nous ». En fait, les problèmes sont vite arrivés. À cause de la jalousie de Fili, Nacho a été obligé de changer souvent de travail et le ressentiment que cela a provoqué a entraîné des tensions. Les enfants en ont également souffert : « Notre amour pour eux était grand, mais nous ne savions pas comment les éduquer dans l’amour, ni comment les aider à aimer Dieu ». Quinze ans après leur mariage, les deux époux se séparent : Nacho est déçu et sent que la relation est brisée ; Fili ne réussit pas à  pardonner à son mari. « Il semblait que plus rien ne nous unissait, se souviennent-ils, qu’il n’y avait plus d’amour entre nous ». Puis l’événement qui change la direction de l’histoire. Un soir, alors qu’ils regardent la télévision, Nacho est touché par une femme, Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, qui parlait d’amour fraternel. Ils voient des images de la petite ville du Mouvement au Mexique, appelée El Diamante. C’est tout proche de chez eux ! Un dimanche, ils vont participer à la messe et sont invités à la Mariapolis, une rencontre des Focolari. Ils n’imaginent pas que l’invitation à suivre l’Évangile puisse être révolutionnaire pour eux : « Pardonnez jusqu’à soixante-dix sept fois (Matthieu 18:21-22) est la phrase qu’ils sont appelés à vivre dans leur vie quotidienne. « Ils nous ont parlé de Jésus abandonné », raconte Fili, de la façon dont il a pardonné et donné sa vie pour nous. J’ai compris que face à cela, mes souffrances étaient moindres. Dieu avait déjà pardonné à mon mari, et Sa volonté pour moi était que je lui pardonne. Je l’ai fait, et j’ai fait l’expérience qu’il est possible de naître à nouveau ». « Nous sommes imparfaits et différents, observe finalement Nacho, « mais j’ai appris à faire confiance à ce Dieu qui rend tout possible ».

Claudia Di Lorenzi

Fondation Unisol : la plus grande récompense

Un centre social en Bolivie offre un soutien à 220 enfants et familles en difficultés. L’histoire de Silvio : accueilli quand il était enfant, il travaille aujourd’hui pour l’association qui l’a sauvé. Silvio vit à Cochabamba, il a 10 frères et sœurs ; son père, mineur, est mort alors qu’il n’avait que 10 ans. Depuis lors, sa mère a dû élever seule les onze enfants : ils vivaient dans une pièce de 4 x 5 mètres, dans un quartier où la drogue et le vol étaient les principales activités des enfants. Aujourd’hui, Silvio travaille pour la Fondation Unisol, la même organisation caritative qui l’a un jour sauvé de la rue, lui et ses frères. Cette fondation est également soutenue par l’AFN (Association Action pour Familles Nouvelles), une organisation sans but lucratif qui offre, à travers des programmes spécifiques de Soutien à Distance, des services visant à soutenir le mineur dans les domaines scolaire, alimentaire et médical, en prenant également soin du contexte familial et communautaire auquel le mineur appartient, afin qu’il puisse grandir le plus possible dans un environnement sain. La mise en œuvre de ces programmes est coordonnée à distance par du personnel local compétent. Mais que fait concrètement la fondation ? Nous l’avons demandé justement à Silvio, dont l’histoire est intimement liée à celle d’Unisol, qui offre aujourd’hui un soutien à 220 enfants et familles en difficultés. Pouvez-vous nous parler de votre famille et de votre enfance ? « Nous sommes une famille nombreuse, 11 enfants en tout. Au début, nous vivions à Quillacollo, un des quartiers les plus dangereux de Cochabamba (une des villes les plus peuplées de Bolivie). Mon père travaillait dans une mine. Il est mort d’une tumeur quand j’avais 10 ans, et à partir de ce moment, ma mère a pris tout en charge et nous a élevés seule. Pour la première fois, elle a été forcée de chercher un emploi et a été engagée comme femme de ménage à l’école d’une autre ville. Pour faciliter son déménagement, on lui a proposé de vivre à l’intérieur de l’école, dans la loge du portier : une petite pièce de 4×5 mètres où nous vivions à 8 personnes. Le quartier où nous avons déménagé était meilleur que le précédent mais il restait très dangereux. Souvent, les familles ne pouvaient pas s’occuper de leurs enfants parce qu’elles travaillaient toute la journée et les enfants entraient facilement dans la spirale de la drogue. Ils vendaient ou volaient pour payer leurs doses. Beaucoup de mes camarades de classe qui allaient à l’école se sont retrouvés dans des gangs. J’avais l’habitude de leur parler, même aux plus dangereux. Je ne voulais certainement pas me faire des ennemis qui pourraient plus tard se venger sur moi ou sur ma famille ! Certains de mes amis consommaient beaucoup de drogues. Ils m’en offraient également. Mais j’ai toujours refusé, principalement à cause du respect que j’avais pour ma mère, qui se sacrifiait pour nous tous, les enfants, et je l’ai toujours beaucoup admirée ». Mais un jour, quelque chose a changé… « Oui. Un jour, des personnes du mouvement des Focolari sont venues à l’école et ont proposé à ma mère de nous aider, nous les enfants. Ils nous ont donné des snacks et des sucreries, ils nous ont fait jouer, ils nous ont écoutés, ils nous ont donné ce dont nous avions besoin. Et nous nous sentions finalement heureux. Puis, comme nous étions de plus en plus nombreux, l’idée est née de trouver un espace, autre que la rue, où nous pourrions jouer, étudier, rester ensemble. C’est ainsi que le centre Rincón de Luz (l’angle de lumière) est né à Cochabamba. A côté de cela, le centre Clara Luz (Lumière claire) est né également à Santa Cruz. Cet espace a changé nos vies ; par exemple, une de mes sœurs est sourde-muette. Il était impossible de lui trouver un emploi et nous n’avions pas d’argent pour qu’elle puisse étudier. Mais grâce à l’aide que nous avons reçue des donateurs de la Fondation, elle a pu se former et maintenant elle aussi a un métier”. Que fait concrètement la Fondation Unisol ? « Elle aide les plus démunis, en particulier les familles. Elle leur fournit de la nourriture, des médicaments et des fournitures scolaires ; elle offre également un soutien éducatif avec des activités extrascolaires pour les enfants ; elle organise des moments récréatifs, des déjeuners, des collations, des ateliers pour leur apprendre quelques activités pratiques et manuelles, la sensibilisation au recyclage et à l’environnement, la formation personnelle, le partage d’expériences, … » Après avoir fait l’expérience d’être accueilli par la Fondation, vous accueillez vous-même des enfants et des familles en difficultés. Qu’est-ce qui vous motive à rester ? « Tout d’abord, je dois expliquer un peu le contexte : en octobre 2019, il y a eu des élections présidentielles en Bolivie. Immédiatement après, il y a eu une crise politique qui a fortement réduit les versements de fonds aux organismes publics, puis la pandémie est arrivée. La situation s’est aggravée : de nombreux médecins et membres du personnel soignant ont cessé de travailler par crainte de la contagion. C’est à ce moment-là que j’ai reçu une offre d’emploi très avantageuse. J’étais tenté : qui n’aimerait pas quelques conforts supplémentaires ? Mais j’ai ensuite réalisé que l’argent ne m’aurait pas rendu heureux. J’ai compris que vivre pour les autres me rendait heureux : je devais continuer à Rincón de Luz … » Comment l’aide aux familles a-t-elle changé avec la pandémie ? Souhaitez-vous dire quelque chose en particulier à ceux qui voudront connaître la Fondation Unisol ? « La pandémie a durement frappé les familles. Beaucoup avaient l’habitude de vendre des objets ou de la nourriture dans la rue et maintenant ils ne peuvent plus le faire, cessant de gagner de l’argent. Nombreux sont ceux qui perdent tout espoir de se relever de cette situation. De plus, il y a eu de nombreux divorces, ce qui a également eu de nombreuses conséquences sur les enfants que nous accueillons. Même ma mère, en ce moment, accueille un enfant chez elle, le fils d’un couple qui vient de se séparer et qui n’a pratiquement plus rien. Ce que nous faisons, c’est d’être là pour tout ce dont ces familles ont besoin. Malheureusement, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour atteindre un plus grand nombre de personnes, bien que ce soit ce que nous aimerions faire. Nous continuons à aider les familles que nous suivions auparavant. En plus du reste, nous essayons aussi de leur fournir un endroit où ils peuvent se distraire, car la situation est vraiment très lourde. Mais il y a beaucoup plus de familles qui ont besoin de soutien, c’est pourquoi, j’invite tous ceux qui commencent à connaître la Fondation Unisol à donner un coup de main, à commencer par ceux qui sont proches, que nous ne connaissons peut-être pas, mais qui ont besoin de notre temps, de notre attention et de notre amour. »

Aux soins de Laura Salerno

L’interview de Laura Salerno avec Silvio (choisir sous-titres en français) : https://youtu.be/UVTztN2UoUE Contacts: www.fundacionunisol.org Facebook: @Fundaciónunisol https://www.afnonlus.org/ Facebook: @afnonlus Instagram: @afn.onlus    

Là est notre place

Le choix le plus radical dans la vie de Chiara Lubich a été d’aimer Jésus avant tout dans sa plus grande souffrance : son abandon sur la croix. Mais aimer « Jésus Abandonné » signifie, par conséquent, aimer avant tout ces prochains qui nous semblent les plus “éloignés” de nous. « Quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal[1]. » […] On revient à l’amour pour le frère. Et c’est utile, c’est nécessaire, c’est beau pour nous de le réexaminer. Le but général [de notre Mouvement] est la perfection de la charité. L’amour pour le frère. Un amour toujours plus profondément ressenti, perfectionné, profond, ciselé. Nous sentons parfois qu’il est difficile de plier notre cœur à un amour plus raffiné que celui que nous nourrissons déjà envers nos frères : notre cœur est encore un peu de pierre ; notre amour est rustre, superficiel, trop expéditif. Pourquoi ? Parce que nous avons encore le cœur occupé par nous-mêmes, par une certaine considération envers nous. Nous sommes, sans même nous en rendre compte, égoïstes et fiers. Et cela est démontré par le fait que, lorsque nous subissons une dure épreuve spirituelle (qui, comme un tremblement de terre, semble tout détruire à la racine, ayant ainsi pour effet de nous détacher de nous-mêmes, de nos affaires et de nous humilier, d’abaisser notre orgueil), nous expérimentons un amour plus compréhensif, plus profond, plus facile, plus spontané envers nos frères. C’est ainsi. On peut donc en déduire que la pauvreté et l’humilité sont à la base de la charité. La pauvreté et l’humilité. Comment les acquérir, comment les obtenir sans attendre les orages spirituels ? […] Il est nécessaire de « vivre l’autre » […] et cela suppose de ne pas se soucier de soi-même, cela suppose la pauvreté totale et l’humilité totale. […] Plaçons-nous devant nos prochains dans l’attitude d’accueillir parfaitement leur vie en nous. (…) Et puisque nous parlons de nos prochains, demandons-nous : qui devons-nous aimer en premier ? Qui aimer le plus ? Qui doit avoir notre préférence ? Dans la vie, nous avons choisi Jésus Abandonné. Il nous faut préférer ceux dont la situation nous rappelle un peu son visage : ceux qui, bien que catholiques, vivent séparés de l’Église ; et puis tous ceux qui, de différentes manières, sont plus ou moins éloignés de la vérité qu’est le Christ, et jusqu’aux non-croyants. Nous devons surtout nous concentrer sur ceux-ci. Nous devons prendre soin de nos grappes par des lettres, des visites, des appels téléphoniques ? Commençons par les personnes qui, d’une certaine manière, sont les plus éloignées de nous. Ravivons l’amour pour nos frères, en nous ‘’faisant un’’ avec eux pour — d’une certaine manière – vivre leur vie. Et commençons par ceux qui nous semblent le plus loin de notre façon évangélique de penser et de vivre […] Jésus Abandonné nous attend là. C’est là notre place.

Chiara Lubich

(D’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 12 février 1987) Tratto da : “Cominciare con l’amare i più lontani”, in : Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, Città Nuova Ed., 2019, pag. 273. [1] Mt 5, 22.

Prendre soin de la ville

Prendre soin de la ville

L’engagement d’une petite communauté de la région de Murcie en Espagne a donné lieu à de nombreuses activités visant à ouvrir des espaces de dialogue et de solidarité : rencontres entre citoyens et hommes politiques, événements culturels, activités pour les urgences sociales et humanitaires. Aljucer est une petite ville de la région de Murcie, dans le sud de l’Espagne. Il y a douze ans, la communauté locale des Focolari s’est demandé comment concrétiser son engagement à vivre la fraternité et à avoir un impact sur le plan social dans cette ville, immergée dans une zone fertile et proche de la mer Méditerranée, où les urgences, grandes et petites, ne manquent pas. La première étape a consisté à trouver un moyen de mettre en œuvre des formes de participation plus ouvertes et plus inclusives dans la vie de la ville. Pour cela, en collaboration avec d’autres groupes, ils ont créé l’association culturelle « ACLF Aljucer ». « La première expérience que nous avons eue en tant qu’association – disent-ils – a été de réunir les différents maires qui ont administré la ville pendant la période démocratique espagnole. Il n’a pas été facile de faire les invitations, mais à la fin tout le monde a accepté de participer. Ils ont eu l’occasion de se présenter, de se souvenir de l’époque où ils occupaient leurs fonctions et, dans certains cas, de se réconcilier. A la fin, en nous remerciant, ils nous ont encouragés à poursuivre dans cette voie ». Une expérience qui a donné naissance à une idée : répéter les rencontres chaque année pour rapprocher les hommes politiques et les citoyens. C’est ainsi que sont nés « In Our Hands » et « The Speaker ». « Le premier événement, qui en est à sa douzième édition – expliquent-ils – a lieu avant les élections et offre un environnement serein qui favorise le dialogue entre les citoyens et les candidats. Dans le second cas, en revanche, un sujet d’actualité est choisi et la parole est donnée aux hommes politiques et aux citoyens. Les interventions et les propositions sont recueillies, publiées sur le site web de l’Association et proposées comme contribution au Conseil municipal. Certains des thèmes proposés ont été étudiés en profondeur et, à partir de cette expérience, l’idée d’un centre culturel sous le contrôle de la municipalité est apparue et se concrétise actuellement ». Un autre domaine d’activité de l’Association est le domaine culturel : concerts, présentations de livres et expositions. Et puis « Aljucereños », un événement au cours duquel des personnalités de la culture, de la musique, de la peinture, de la littérature, de la politique, de l’économie et de la médecine racontent leurs expériences de vie et les motivations de leurs choix. Avec d’autres associations, ils encouragent une réunion mensuelle et organisent une Foire annuelle des Associations. Mais pour parvenir à la fraternité, il faut aussi écouter et répondre aux souffrances et aux blessures de la région. « La première étape dans le domaine de la solidarité – poursuivent-ils –  a été un dîner dans le cadre du projet ‘Fraternité avec l’Afrique’, destiné à financer des bourses pour les jeunes Africains qui se sont engagés à travailler dans leur pays pendant au moins cinq ans. En peu de temps, elle est devenue notre activité principale, celle pour laquelle beaucoup de gens nous connaissent . Des commerçants et des associations collaborent à la réalisation des dîners, qui réunissent environ deux cents personnes. Dans chaque édition, nous fournissons des mises à jour sur l’évolution du projet ». Mais l’association collabore également à des initiatives promues par d’autres organismes en soutien aux urgences humanitaires (Philippines, Madagascar, Croatie) et s’est engagée en faveur des réfugiés en raison de la guerre en Syrie. La dernière activité en date a été une collecte de fonds pour le Liban, après les explosions à Beyrouth en août 2020. Et même lorsque les urgences se sont rapprochées de la maison, ils n’ont pas reculé. « L’année dernière – expliquent-ils – notre priorité était de collecter de l’eau et de la nourriture pour les personnes touchées par les inondations dans notre région. Nous avons également organisé des activités bénévoles et des collectes de fournitures scolaires pour une école de notre région qui compte un pourcentage élevé de population menacée d’exclusion sociale. L’année dernière, nous avons soutenu trois familles touchées par la pandémie en leur fournissant de la nourriture, des médicaments et une aide financière. Nous diffusons toutes ces activités par le biais du site web et du profil Facebook de l’Association, ce qui nous aide à promouvoir une culture de la solidarité à grande échelle ».

Anna Lisa Innocenti