Mouvement des Focolari
Prévention des abus : la participation de toute l’Église est nécessaire

Prévention des abus : la participation de toute l’Église est nécessaire

« La réponse à long terme de l’Église aux abus nécessite plus que de simples réformes structurelles : elle exige la participation active de tous, à tous les niveaux de la vie de l’Église. » Cette phrase pourrait être l’une des phrases clés du deuxième Rapport annuel sur les politiques et les procédures de l’Église en matière de protection. Dans ce Rapport complet et détaillé, la Commission pontificale pour la protection des mineurs présente ses conclusions et recommandations pour la période de référence 2024, et remercie le pape Léon XIV de son soutien sans réserve à ce travail.

Une deuxième phrase clé pourrait être :
« Les victimes doivent être au cœur de nos priorités. » Pour cela, l’écoute directe des victimes et des survivants d’abus a été développée dans ce second Rapport. « Au-delà du rôle limité, et souvent insuffisant, de la réparation financière, dans une approche intégrale de cette réparation, sont essentiels les instruments suivants :

  • garantir des centres d’écoute accueillants pour les victimes/survivant(e)s, où elles peuvent être entendues par les autorités ecclésiales ;
  • fournir des services de soutien psychologique professionnel ;
  • la reconnaissance publique et des excuses ;
  • une communication proactive et transparente avec les victimes/survivant(e)s, afin de leur fournir régulièrement des informations actualisées sur leurs dossiers ;
  • l’implication des victimes/survivant(e)s dans l’élaboration des politiques et des procédures de protection de l’Église. »

Lors de la présentation du Rapport à la presse, l’accent a été mis sur le dialogue permanent en cours entre la Commission et les Conférences épiscopales du monde entier ; dialogue axé principalement sur la prévention, la transparence et les protocoles de protection applicables. Il est important de disposer d’environnements sûrs pour gérer les situations de manière préventive.

Conférence de presse de présentation du deuxième rapport annuel de la Commission pontificale pour la protection des mineurs. De gauche à droite : Prof. Benyam Dawit Mezmur, juriste, membre de la Commission pontificale ; S.E. Mgr Luis Manuel Alí Herrera, évêque titulaire de Giubalziana ; secrétaire de la Commission pontificale ; S.E. Mgr Thibault Verny, archevêque de Chambéry, évêque de Saint-Jean-de-Maurienne et Tarentaise ; président, Mme Maud de Boer-Buquicchio, juriste, chargée du rapport annuel ; Matteo Bruni, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège.

Les retards culturels dans de nombreux pays et les cas de résistance pour faire face aux situations et écouter les personnes qui ont subi des abus n’ont pas été occultés. Il faut faire preuve de professionnalisme et instaurer un dialogue structuré dans les services au niveau local, car souvent les victimes ou les survivant(e)s ne se sentent pas accompagnés de manière adéquate et dénoncent un manque de respect. Il est également nécessaire de mettre en place une procédure canonique plus claire pour la démission et/ou la révocation des dirigeants/responsables ou du personnel de l’Église en cas d’abus ou de négligence. Il y a toutefois une conscience diffuse de ces retards et des mesures sont prises avec beaucoup de sérieux pour acquérir les compétences nécessaires.

En ce qui concerne la communication, il s’agit d’un aspect critique souligné en particulier par les victimes, qui rappellent toujours la souffrance causée par le manque de transparence au niveau de l’Église universelle et des Églises locales. A été relevée également l’importance pour les familles de construire des parcours de formation et d’information sur les droits éducatifs.

Dans son Rapport, la Commission lance une étude sur les associations laïques, qui proposent notamment une méthodologie pilote pour assister le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie dans l’accompagnement des aspects liés à la protection au sein de ces associations. Cette méthodologie est exposée dans le Rapport, avec une première application dans le cas du Mouvement des Focolari.

« La Commission accueille favorablement les importantes réformes en matière de protection récemment mises en œuvre par le Mouvement des Focolari. Tout en soulignant certaines recommandations spécifiques, la Commission met également en évidence certaines bonnes pratiques, notamment : la création d’une Commission Centrale Indépendante pour la gestion des cas d’abus au sein du Mouvement des Focolari ; une politique d’information sur les abus sexuels sur les mineurs et les adultes vulnérables ; et des Lignes Directrices pour le soutien et la réparation financière en cas d’abus sexuels. »

Parmi les améliorations demandées et les recommandations figurent des procédures de révision et de contrôle externe ainsi qu’un plan systématique de révision indépendante, tout en tenant compte du travail du Conseil de surveillance, qui constitue toutefois une disposition utile dans le système de protection du Mouvement.

L’insertion dans le nouveau Protocole d’une clause stipulant que les victimes/survivant(e)s soient informé(e)s de manière proactive et affirmative de leur droit de signaler leur cas aux autorités civiles ; harmoniser les politiques différentes et fragmentées du Mouvement dans un document unique et cohérent, tout en accueillant favorablement un document consolidé qui sera publié prochainement.

Les Focolari expriment toute leur gratitude pour l’accompagnement reçu de la Commission Tutela Minorum qui, au cours de l’année dernière, a suivi les travaux du Mouvement concernant la formation, la prévention et la création d’un système de normes et de protocoles, mettant à disposition son savoir-faire. Le travail se poursuit à présent avec l’étude des recommandations proposées par la Commission dans le présent Rapport ; certaines seront mises en œuvre dès les prochains mois et feront l’objet d’une communication dans le prochain Rapport sur la protection de la personne dans le Mouvement des Focolari, qui sera publié d’ici février 2026.

Stefania Tanesini

Compte rendu Protection 2024 : une conversion intégrale

Compte rendu Protection 2024 : une conversion intégrale

Nous publions le rapport de l’année 2024 sur les activités du Mouvement des Focolari dans le domaine de la Protection de la Personne, en prenant comme introduction les mots que le Pape François a adressés à la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs et par lesquels, de fait, il a actualisé le mandat avec lequel il l’avait constituée il y a 10 ans. Nous nous sentons fortement appelés à réaliser cette « conversion intégrale » à laquelle fait appel le Saint-Père, qui n’est jamais totalement accomplie, mais qui nous demande de nous interroger continuellement, d’avoir un regard humble, toujours attentif, protecteur et accueillant envers chaque personne. Il nous demande de poursuivre avec persévérance le chemin de la formation et de la proximité authentique, conscients de la nécessité de changer, afin que chaque personne se sente en sécurité, aimée et respectée dans nos milieux et dans nos différentes activités.

Trois éléments ont caractérisé l’année écoulée du point de vue de la Protection, dans le Mouvement des Focolari : l’écoute et l’implication des victimes et des témoins à différent titre dans les processus de réparation et de formation des responsables ; la multiplication des cours et des sessions de formation pour tous les participants et la poursuite de la construction du cadre normatif, avec la mise en œuvre du Protocole pour les cas d’abus et la rédaction des Lignes Directrices pour les services d’écoute et d’accueil.

La rencontre, en novembre dernier, des responsables du Mouvement dans le monde avec des personnes victimes d’abus sexuels ou d’abus de pouvoir de la part de membres du Mouvement des Focolari a été d’une importance fondamentale. Les victimes ont raconté leurs histoires de grande souffrance et les graves conséquences sur leur vie, sur les communautés dont elles faisaient ou font encore partie. Des membres de la famille de l’une des victimes étaient également présents et ont témoigné des graves conséquences des abus sur l’ensemble des membres de la famille. Les mots de l’un des participant expriment bien l’importance de ce moment : « L’écoute de ces personnes a marqué un ‘avant’ et un ‘après’. Avec délicatesse et clarté, elles nous ont dit à quel point le Mouvement a failli dans ce qui est au cœur de son charisme : l’unité, l’amour du prochain, parce que dans de nombreux cas, non seulement nous avons été en quelque sorte coresponsables des abus commis, mais nous avons également laissé les personnes seules face à leur douleur. »

En outre, la contribution des victimes, de même que l’implication de professionnels de différentes disciplines, extérieurs au Mouvement, ont été fondamentales pour le travail réalisé au Centre International et dans les territoires pour les documents produits cette année et la formation à la protection des communautés des Focolari dans le monde, tout comme la conception et l’ouverture d’espaces d’écoute et d’accueil.

Lire le Compte rendu Protection 2024

(PDF téléchargeable en française)

A également vu la création d’une Commission d’étude sur les abus de pouvoir et les abus spirituels survenus au sein du Mouvement. Son objectif est d’en approfondir les causes, afin de modifier les pratiques néfastes et de mettre en place des mesures de prévention appropriées. L’étude, qui est encore en cours, fait également appel à des conseils extérieurs de spécialistes dans différents domaines : psychologique, pédagogique et juridique. Cette analyse est soutenue et encouragée par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie et, bien qu’elle n’en soit qu’à sa phase initiale, son importance est reconnue, car il est clair que la création et la mise en œuvre de normes et de protocoles ne suffisent pas : il faut aussi approfondir les dynamiques qui ont conduit aux différentes formes d’abus.

Enfin, des documents normatifs et des Lignes Directrices ont été actualisés, mis en œuvre et produits (à paraître prochainement en français), ce qui est également le résultat d’une coopération fructueuse avec la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs, qui a suivi et encouragé les nouvelles étapes franchies.

Stefania Tanesini

[1] Messaggio del Santo Padre Francesco all’Assemblea plenaria della Pontificia Commissione per la Tutela dei Minori, 25 marzo 2025 (Message du pape François aux participants à l’Assemblée Plénière de la Commission pour la Protection des Mineurs, 25 mars 2025)

Rapport abus 2023: conscience, réparation, prévention

Rapport abus 2023: conscience, réparation, prévention

Le Mouvement des Focolari publie le rapport d’activités sur la protection de la personne et les données relatives aux cas d’abus en 2023. Entretien avec Catherine Belzung, professeur de neurosciences et coordinatrice de la Chaire UNESCO en maltraitance infantile. Le 1 mars, paraît le deuxième rapport annuel du Mouvement des Focolari sur les activités et les données relatives aux cas d’abus sexuels sur mineurs, personnes vulnérables, abus de conscience, spirituels et d’autorité. Nous avons demandé une lecture et une évaluation du document à Catherine Belzung, professeur d’université en neurosciences en France. Elle est aussi membre senior de l’Institut Universitaire de France (2014) et directrice du centre de recherche multidisciplinaire iBrain. Depuis 2022, elle est coordinatrice de la Chaire Unesco en maltraitance infantile, qui correspond à un partenariat d’universités et d’institutions de 16 pays dans le monde. Elle est également co-responsable du Centre international pour le dialogue avec la Culture contemporaine du Mouvement des Focolari. En 2023, les Focolari ont fait le choix de publier un rapport annuel sur les abus sexuels sur mineurs, mais aussi sur les abus de conscience, les abus spirituels et d’autorité. Depuis votre poste d’observation international, que pensez-vous de ce choix ? Quelle est votre évaluation concernant ce deuxième rapport ? Je pense que ce rapport est un vrai pas en avant. En effet, le rapport de 2023 avait été critiqué, en particulier car les lieux et les dates des abus sexuels n’y étaient pas mentionnés. Le nouveau rapport porte sur les cas signalés pendant ces 10 dernières années et apporte ces précisions : on observe que les abus sexuels ont été perpétrés sur les 5 continents (une vingtaine de pays), avec un pic des cas dans les années 90-99, ainsi que dans la décennie précédente et la suivante. Les faits se répètent parfois sur plusieurs décennies, suggérant qu’il s’agit d’auteurs multirécidivistes, dont la succession d’abus n’a pas été interrompue. Quelques faits se sont aussi produits et ont été traités vers 2020, ce qui indique que des victimes ont pu signaler des faits d’abus quasiment en temps réel, ce qui est une avancée. Tous les abus sexuels signalés ont été perpétrés par des hommes. C’est l’inverse pour les abus d’autorité, qui dans 77% des cas sont perpétrés par des femmes, ce qui est à mettre en relation avec les proportions plus importantes de femmes parmi les membres de ce Mouvement. Le rapport comporte aussi une section sur les mesures mises en place au courant de l’année, en particulier concernant la formation, qui est détaillé et clair. Il restera à comprendre quelles sont les causes profondes de ces abus : au-delà des mesures de prévention et des sanctions, il faudrait poursuivre le travail permettant d’identifier les causes systémiques qui pourraient expliquer ces chiffres, afin de mettre en place une stratégie permettant d’y mettre fin. Dans ce second rapport, les auteurs sont identifiés selon des critères précis, définis dans la « Politique en matière d’information » publiée récemment par les Focolari. Que pensez-vous de ce choix ? Il s’agit d’un conflit éthique. En effet, il faut d’une part se fier au vécu des victimes et prendre au sérieux les signalements qu’elles effectuent, et mettre en place rapidement des mesures permettant de les protéger. D’autre part, il s’agit de respecter la présomption d’innocence concernant les auteurs présumés, d’éviter la diffamation, lorsque aucune condamnation pénale définitive n’a été prononcée. La question est complexe, et trouver une solution satisfaisante nécessitera sans doute beaucoup d’écoute et de dialogue. La chaire UNESCO sur la maltraitance infantile que vous coordonnez est née parce que vous-même avez été en contact avec un cas d’abus sur mineurs dont vous connaissiez à la fois l’une des victimes et l’auteur. Il s’agit d’un cas survenu dans l’Église catholique en France. La communauté sociale ou religieuse est définie comme « victime secondaire« . Qu’est-ce que cela signifie ? Quelles blessures les personnes portent-elles, comment contribuer à leur guérison au niveau social et communautaire ? Oui, en effet, cette chaire est née suite au contact avec une victime, contact qui m’a marquée très profondément : j’ai été touchée à vif par cette souffrance, et de là est né le désir d’agir. Les abus touchent d’abord la victime, qui souffrira souvent durablement de séquelles psychologiques. Parfois la révélation des faits peut ouvrir une fenêtre de grande vulnérabilité chez la personne, qui nécessite un accompagnement spécifique. Par ricochet, cela touche les proches de la victime comme son conjoint, ses enfants, mais aussi ses parents qui se sentent responsables d’avoir confié leur enfant à une institution qui ne l’a pas protégé.  Les effets dévastateurs touchent aussi toute la communauté, les membres ignorant souvent qu’en son sein se cachait un prédateur multirécidiviste, avec lequel ils pouvaient avoir un lien de proximité, d’amitié. Cela interroge profondément : pourquoi n’ai-je rien vu ? Un autre aspect concerne le lien avec l’institution qui peut avoir protégé l’agresseur, parfois de bonne foi, suscitant un sentiment de trahison et la défiance. Et pour finir, la communauté peut aussi se diviser, en fonction des analyses divergentes des uns et des autres, entre ceux qui se réfugient dans le déni, et ceux qui veulent se battre pour éviter que cela ne se reproduise. Réparer tout cela nécessite un vaste arsenal de mesures : il est crucial de prendre en charge l’accompagnement des victimes et de leur famille mais il faut aussi redonner confiance en l’institution qui s’est révélée défaillante, lorsque celle-ci montre une volonté sincère d’apprendre de ses erreurs passées. Pour cela, seuls les actes comptent : l’institution doit promouvoir la transparence en communiquant des informations très précises, mettre en place des procédures claires, créer des lieux d’écoute, mettre en place des procédures de réparation et, pour les communautés, des espaces de dialogue où les opinions opposées peuvent s’échanger. Le Mouvement des Focolari est une organisation mondiale, dont les membres sont issus de cultures, religions différentes, sont soumis à des systèmes juridiques différents et adoptent des styles de vie différents. Comment mettre en œuvre des pratiques contre les abus dans un environnement aussi multiculturel et diversifié ? Tout d’abord, les conséquences des abus sexuels sur mineurs existent dans toutes les cultures, elles sont universelles. Outre les séquelles psychologiques et sociales, les victimes peuvent présenter des séquelles biologiques, comme une augmentation des hormones du stress, une altération de l’expression de certains gènes ainsi que de la morphologie et du fonctionnement cérébral : ces dysfonctions se maintiennent tout au long de l’existence du survivant et peuvent se transmettre à la génération suivante. On ne peut donc pas dire qu’il y aurait des variations culturelles dans la gravité des conséquences sur les victimes, qu’il y aurait des cultures où les victimes souffriraient moins : c’est dévastateur toujours et partout. Il faut donc mettre en place des mesures de prévention, mais aussi de réparation partout dans le monde. On peut noter que la conscience de la gravité de ces situations est en progrès : par exemple dans l’Église catholique, des commissions d’enquête nationales ont été mises en place dans de nombreux pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Amérique latine mais aussi en Australie, en Inde, en Afrique du Sud. Si la souffrance ne varie pas, ce qui peut varier est la résistance à dénoncer les faits et la capacité à mettre en place de mesures de protection et de réparation. Cela peut être lié au fait que dans certaines cultures, parler de sexualité est tabou. Le premier pas est de sensibiliser les populations aux conséquences des abus : des programmes promus par diverses associations existent déjà qui prennent en compte la représentation de la sexualité dans les diverses cultures. Par exemple proposer d’écouter la souffrance de victimes membres de la même culture peut susciter de l’empathie et donner l’envie d’agir.  La prévention peut aussi être adressée directement aux enfants, par une éducation à leurs droits : là aussi, des programmes existent basés par exemple sur des chansons. Une autre chose qui varie est la capacité des états et des institutions à prendre des mesures de protection et de réparation. Le dialogue respectueux et non stigmatisant avec les protagonistes est la voie à suivre : cela permettra à chacun de comprendre la gravité des abus, mais aussi de trouver les modalités propres à chaque culture pour libérer la parole, pour mettre en place les réparations et former les membres de la communauté. Au sein du Mouvement des Focolari comme dans d’autres contextes, certains expriment la conviction que le moment est venu d’aller de l’avant ; c’est-à-dire qu’il ne faut pas continuer à parler seulement d’abus, mais se concentrer sur la « mission » du Mouvement et sur ce que la mise en œuvre de ce charisme génère de beau et de positif dans le monde. Quelle est votre opinion à ce sujet ? Quelle est la «mission» ? N’est-ce pas d’avancer vers la fraternité universelle, vers une culture qui mette la souffrance des plus faibles à la première place, une culture du dialogue, de l’ouverture, de l’humilité ? Il me semble que la lutte contre les abus de toutes sortes est justement une façon de mettre en œuvre ce désir de placer celui qui souffre à la première place. Aider à réparer les blessures des victimes est justement une façon d’avancer vers la fraternité universelle. Cela implique d’ailleurs aussi d’accompagner les auteurs d’abus, afin d’éviter la récidive. Reconnaitre ses erreurs, sa vulnérabilité, pour construire des solutions en prenant en compte les avis d’experts du domaine est justement une façon de construire la culture du dialogue. Lutter avec détermination contre les abus, accompagner les victimes est justement au cœur de cette « mission ». Il n’y a donc pas à choisir entre la lutte contre les abus et la mission, car cette lutte est un élément central de la mission. C’est une priorité douloureuse mais nécessaire dans le contexte d’aujourd’hui.

Stefania Tanesini

Rapport annuel 2023: « La protection de la personne au sein du Mouvement des Focolari » (Télécharger PDF)

Affaire Jean-Michel Merlin

La préfecture de Nanterre (France) a publié un appel à témoins Mardi 2 janvier 2024, la Préfecture de police de Nanterre (France) a lancé un appel à témoins suite aux accusations d’agressions sexuelles au sein du Mouvement des Focolari en France, portées contre l’ex-focolarino Jean-Michel Merlin. On lit dans le document que la Préfecture est à la recherche de « toute personne susceptible d’apporter des éléments intéressant l’enquête, ou souhaitant signaler des faits dont elle aurait été victime ». Jean-Michel Merlin – selon l’appel – a été accusé d’agressions sexuelles sur mineurs et majeurs, commises au fil des années au sein du Mouvement des Focolari. Nombre de victimes se manifestaient et rapportaient les actes commis à leur encontre. Le Mouvement des Focolari exprime sa complète disponibilité pour faciliter le travail des autorités judiciaires et pour relayer l’appel à témoins. Il offre son soutien aux victimes et son engagement à continuer à mettre en œuvre des mesures de protection des mineurs et des personnes, afin que le Mouvement puisse être toujours plus un lieu sûr pour tous. Quiconque dispose d’informations d’intérêt pour l’enquête ou souhaite dénoncer des faits dont il/elle a été victime, en France ou ailleurs, est invité à se mettre en contact avec les autorités judiciaires françaises à travers leur adresse email : appelatemoin-btpf92@interieur.gouv.fr  

Tous responsables de tous : une formation en réseau

Depuis aujourd’hui, 20 novembre 2023, les nouvelles Lignes Directrices pour la Formation à la Protection des Mineurs et des Personnes en situation de Vulnérabilité élaborées par le mouvement des Focolari sont disponibles. Margarita Gómez et Étienne Kenfack, conseillers du Centre International du Mouvement pour la Vie Physique et la Nature, nous offrent quelques précisions. Illustrer les caractéristiques nécessaires pour s’engager concrètement dans la protection de la vie et de la dignité de chaque personne : c’est ce qui distingue les nouvelles Lignes Directrices pour la Formation dans le domaine de la Protection des Mineurs et des Personnes Vulnérables (FPMV) du Mouvement des Focolari, publiées ce 20 novembre 2023, Journée Internationale de l’enfance et de l’adolescence. C’est un travail qui a vu la collaboration directe de 40 spécialistes et personnes impliquées dans ce domaine, provenant de tous les continents, et qui vise uniquement à fournir les éléments nécessaires pour que dans chaque pays où le Mouvement des Focolari opère, on puisse développer une stratégie de formation adéquate, orientée vers la prévention et l’éradication de tout type d’abus, aussi bien au sein du Mouvement que dans les milieux où se trouvent ses membres (travail, quartier, école). Dès 2013, le Mouvement s’était engagé dans la formation à la protection des mineurs, par un travail capillaire dans tous les pays où il est présent et par une formation de six heures qui contenait les principes fondamentaux. Cet effort de formation en décembre 2022 avait touché 17 000 personnes, et bien que la formation soit ouverte à tous, elle a été principalement réalisée par des personnes ayant une responsabilité ou un contact direct dans les activités avec les mineurs. Suite au rapport sur les cas graves d’abus sexuels recensés en France, publié un an après l’enquête par GCPS consulting, un besoin fort s’est fait sentir de proposer à tous les membres du mouvement des Focolari, quels que soient leur âge, leur vocation, leur nation, leur rôle, une formation ciblée. C’est pourquoi les Lignes Directrices constituent un outil universel, laissant une large place à une inculturation appropriée et à une mise en œuvre spécifique dans le contexte particulier concerné. « La formation s’adresse à tous et pour tous ; nous entendons non seulement les membres du Mouvement, mais aussi les personnes qui travaillent dans nos structures, précise Étienne Kenfack. Les Lignes directrices, en revanche, s’adressent aux responsables du Mouvement dans les différentes zones géographiques et à leurs équipes qui seront chargées de les mettre en œuvre ». Les lignes directrices entreront en vigueur le 1er janvier 2024, pour une durée de 20 mois ad experimentum. Une période de comparaison afin de recueillir toutes les modifications et transformations qui seront nécessaires à l’avenir. « Le document, poursuit Margarita Gómez, est basé sur une ressource clé pour nous, à savoir la communion : nous travaillerons donc en réseau, il y aura une Commission internationale et des équipes qui réaliseront le projet au niveau local ; il y aura des moments d’échange, par des liaisons en ligne, pour nous aider à dénouer les doutes, pour partager les bonnes pratiques. Ce n’est pas un hasard si nous avons décidé d’intituler notre programme de formation « Tous responsables de tous ». J’espère que ces Lignes Directrices seront bien accueillies dans nos communautés et que, dans quelques mois, nous aurons donné une impulsion significative à la formation dans ce domaine ».

Maria Grazia Berretta

Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/OsZW-DC_E7U

 

Le mouvement des Focolari et les abus, un engagement ferme pour la protection de la personne

Nous vous proposons l’entretien réalisé par Adriana Masotti de Vatican News avec Joachim Schwind, focolarino et membre du Conseil général du Centre international des Focolari. Ces jours-ci a été publié sur le site international du mouvement, le premier rapport sur les cas d’abus de mineurs et d’adultes vulnérables, ceux de type spirituel et ceux d’autorité, survenus en son sein. Ce rapport présente non seulement des données sur les signalements d’abus, mais aussi des mesures de réparation, de nouvelles procédures d’enquête et des activités de formation pour la protection intégrale de la personne. Dans l’interview, Joachim Schwind, focolarino prêtre et membre du Conseil général, explique le chemin entrepris. « Nous vous écrivons pour rendre compte publiquement des données recueillies relatives aux signalements d’abus et des mesures que nous avons prises en tant que Mouvement des Focolari, en raison du fléau des abus sexuels sur des mineurs et des personnes vulnérables et des abus de conscience, spirituels et d’autorité sur des adultes, qui a également touché notre mouvement ». C’est  ainsi que dans une lettre ouverte publiée sur le site du mouvement, la présidente Margaret Karram et le coprésident Jésus Morán présentent le premier rapport sur la gestion des cas d’abus survenus au sein du mouvement. Ce document, qui sera publié chaque année, intervient un an après que le  GCPS Consulting a été chargé, en 2020, d’enquêter sur les graves cas d’abus sexuels commis par un ex focolarino français, J.M.M., un cas qui a déclenché une prise de conscience du problème et donc la décision d’entamer un parcours, sur plusieurs fronts, pour assurer la prévention et la protection intégrale de la personne dans tous les domaines et milieux où se déroulent les activités des Focolari et pour lutter contre ce crime. Les victimes au centre : la demande de pardon Dans la lettre, la présidente et le coprésident demandent tout d’abord pardon à chacune des victimes  au nom du mouvement tout entier. Ils expriment leur profonde gratitude aux victimes et aux survivants, ainsi qu’aux familles et aux communautés concernées, non seulement en France, mais dans tous les pays où des cas d’abus ont été révélés, car grâce à leur collaboration et surtout à leur courage pour affronter et mettre en lumière ces crimes, le mouvement met aujourd’hui en œuvre de nouveaux engagements et de nouvelles procédures en matière de protection des personnes avec une plus grande conscience. Les personnes victimes d’abus occupent une place centrale et prioritaire dans ce processus. L’écoute, la demande de pardon, l’offre d’aide et le chemin de la réparation sont le point de départ. La nouvelle Commission centrale indépendante Le rapport se compose de plusieurs parties et présente les données sur les abus reçues par la Commission pour le bien-être et la protection de la personne (CO.BE.TU.) depuis 2014, année de sa création et donc de la collecte systématique des signalements d’abus, jusqu’en décembre 2022. Une autre partie est consacrée aux mesures mises en œuvre ou en cours de mise en œuvre, en réponse aux recommandations de l’enquête indépendante menée par le GCPS Consulting. Le texte annonce qu’à partir du 1er mai 2023, la Commission centrale indépendante prendra en charge le traitement des rapports et que la mission de la CO.BE.TU prendra fin. Le rapport présente également le « Protocole pour le traitement des cas d’abus dans le mouvement des Focolari » et les « Lignes de soutien et de réparation financière en cas d’abus sexuels sur des mineurs/adultes vulnérables ». Enfin, il existe un conseil de Vigilance nommé par la présidente et composé d’au moins cinq membres extérieurs au mouvement. Quelques données présentées dans le rapport Selon les données du texte publié, le nombre total de signalements d’abus s’élève à 61. En ce qui concerne les victimes, 17 rapports font référence à des adultes vulnérables, 28 à des jeunes âgés de 14 à 18 ans, 13 à des jeunes de moins de 14 ans, 2 rapports concernent la possession de matériel pédopornographique. Le nombre total d’agresseurs s’élève à 66, dont 63 hommes et 3 femmes. 20 des abuseurs avérés ont été exclus du mouvement, 9 ont fait l’objet de sanctions, d’autres cas sont encore en cours. Enfin, 39 cas se sont produits en Europe, 15 dans les Amériques, 3 en Asie/Océanie et 4 en Afrique. Pour le chapitre sur les abus sexuels, de conscience, spirituels et d’autorité à l’égard d’ adultes, il y a eu 22 signalements, 31 auteurs plus certains non encore identifiés, 12 étaient des hommes et 19 des femmes. La répartition des signalements par zone géographique est la suivante : 16 cas en Europe, 3 dans les Amériques, 2 en Afrique et 1 entre l’Asie et l’Océanie. Un réseau d’accueil et d’écoute des victimes Au sein du mouvement des Focolari, les commissions locales pour le bien-être et la protection des mineurs et des personnes vulnérables seront renforcées ou créées, avec la présence de professionnels dans les domaines de l’aide psychologique, juridique, pédagogique et éducative, chargés de recevoir les plaintes, les témoignages et d’entamer des procédures d’enquête. Les commissions locales pourront également offrir un point d’écoute à toute personne souhaitant partager son expérience d’abus, de violence, de malaise de toutes sortes, et bénéficier – si elle le souhaite – d’un accompagnement pour un parcours ultérieur. Dans certains pays, comme la France, l’Allemagne et d’autres, ces points d’écoute sont déjà actifs. En outre, une commission disciplinaire centrale, composée en majorité de professionnels externes, sera mise en place pour évaluer la responsabilité des responsables du mouvement des Focolari face aux abus de toutes sortes. Schwind : une honte qui exige de grands changements Joachim Schwind est un prêtre du mouvement des Focolari, théologien et journaliste d’origine allemande. Il est membre du Conseil général du Mouvement et coresponsable de la Commission chargée des recommandations du rapport préparé par le GCPS Consulting. A nos micros, il retrace ce qui a été fait sur la question des abus, en commençant par cette enquête et décrit comment les responsables et les communautés du mouvement ont vécu ce qui a émergé : Quel a été le point de départ de ce nouveau parcours pour la protection de la personne ? De quoi êtes-vous partis ? Je ne sais pas s’il faut parler de point de départ, mais plutôt de point décisif. Et c’est sans doute, il y a un an, la publication du rapport de la société britannique GCPS qui a enquêté sur ce cas de maltraitance en France. Ce n’était pas le point de départ car des mesures étaient déjà en place depuis 2011, mais elles étaient absolument insuffisantes, insatisfaisantes. Au contraire, ce rapport a provoqué un grand choc et une grande honte dans tout le Mouvement, pour l’ampleur, pour la durée de cette affaire, pour le nombre de victimes, mais aussi pour l’échec de notre gestion de cette situation, de la coordination de nos structures organisationnelles et gouvernementales. Et la décision de publier ce rapport « sans si…ni sans mais… » était importante, même si certains auraient voulu en discuter certaines parties, mais pour nous, cela signifiait accepter l’humiliation que ce rapport contenait, accepter que nous ne sommes pas meilleurs que d’autres. Mais il faut dire que ce n’est pas notre choix qui est à l’origine de cette décision, mais le courage des victimes qui ont dénoncé et rapporté ce qui s’était passé. Cela a dû être très douloureux d’apprendre les cas d’abus sexuels perpétrés au sein du mouvement. Quelles ont été les premières réactions ? Quelles ont été en particulier les réactions des responsables centraux du mouvement ? Bien sûr, comme je l’ai dit, c’était profondément douloureux, choquant et honteux. Les premières réactions ont été de reconnaître les faits, de demander pardon. Cela avait déjà été fait par la présidente de l’époque, Maria Voce, en 2019 et l’a été à nouveau par la présidente actuelle, Margaret Karam et notre coprésident Jésus Morán. Il n’est pas facile de dire quelles ont été les réactions d’un mouvement mondial, car nous sommes répartis dans le monde entier, dans tous les contextes culturels, et nous avons donc connu toute la gamme de réactions : le choc, l’incrédulité, la honte, mais aussi la recherche d’une justification. Il y a eu ceux qui ont essayé d’expliquer la situation comme un cas particulier, en disant que les auteurs étaient malades, que ces choses ne nous touchent pas, ou qu’elles ne concernaient pas leur propre pays, etc. Il y a eu de la colère, la colère de parents qui avaient confié leurs fils, leurs filles, au mouvement. Il y a eu quelques personnes qui ont quitté le mouvement, d’autres qui ont voulu faire la lumière sur ces situations, il y a eu ceux qui ont senti qu’ils devaient faire quelque chose et ensuite « tourner la page ». Et dans ce contexte, ce que notre coprésident nous a dit lors d’une réunion est très révélateur : « il faut lire cette page jusqu’au bout avant de la tourner ». Face à cette réalité, quelles décisions ont été prises, tout d’abord en ce qui concerne les plaintes qui avaient été déposées ? La première chose que nous avons faite au niveau des responsables a été un pèlerinage réalisé  ensemble, avec une liturgie de demande de pardon, de réconciliation devant Dieu. Nous avons mis en place une Commission, dont je suis membre, qui avait pour mission de préciser les étapes à suivre. Beaucoup d’entre nous, à commencer par la présidente et le coprésident, ont cherché à entrer en contact avec les victimes et je dois dire personnellement que les contacts avec les victimes ont été les choses les plus précieuses de tout ce parcours. La décision la plus importante a peut-être été la réforme de la Commission indépendante chargée d’enquêter sur les cas d’abus. La partie la plus évidente et la plus importante de cette réforme est que, désormais, tout abus sexuel sera signalé aux autorités judiciaires. Dans les pays où il existe une obligation de signalement, le signalement est fait immédiatement dès qu’il nous parvient et, lorsque la loi ne le prévoit pas, une sorte d’enquête et de vérification de la vraisemblance est effectuée ; une fois que cela est fait, le signalement est transmis aux autorités judiciaires. Ensuite, avec la réforme de cette Commission, nous avons essayé d’accélérer les procédures, toujours en pensant aux victimes, qui ne doivent pas attendre trop longtemps lorsqu’elles ont eu le courage de porter plainte. Nous avons également essayé de libérer cette Commission d’autres tâches, notamment celle de la formation, afin que toutes les procédures se déroulent plus rapidement, tandis que la formation est confiée à une Commission spéciale. Ensuite, nous avons mis en place des points d’écoute dans différents pays pour faciliter les dénonciations, car il n’est souvent pas facile de trouver le courage de le faire. L’autre front d’engagement a été la prévention des abus et la formation à la protection intégrale de la personne, de tous les membres du mouvement. Il y a eu une mobilisation importante à ce sujet…. Bien sûr, la prévention est peut-être le point le plus important, et dans ce contexte, nous avons également été aidés par des experts extérieurs, car après la publication du rapport de la GCPS, nous   été tentés de tout mettre en œuvre, mais il y avait aussi le risque de nous perdre un peu dans la mer de mesures que nous voulions prendre. Il nous a été conseillé de nous concentrer avant tout sur la création de lieux sûrs au sein du mouvement, c’est-à-dire de faire en sorte que les espaces, les réunions et les lieux du mouvement soient des espaces sûrs. Bien sûr, la sécurité à 100 % n’existe jamais, mais nous devons à tout prix accroître l’attention et la sensibilisation de chacun, ce qui nécessite formation, formation, formation. Notre choix a été non seulement de poursuivre la formation des formateurs, des éducateurs et des animateurs, qui était déjà en place, mais aussi de créer des parcours de formation pour tous les membres du mouvement, et nous avons lancé le défi très ambitieux que, dans un délai de deux ans, tous les membres du mouvement des Focolari doivent avoir suivi au moins un cours de base pour la prévention et la protection des mineurs contre les abus sexuels. Non seulement les abus sexuels à l’encontre de personnes vulnérables, mais aussi les abus spirituels et d’autorité. Cela est également mentionné dans le rapport publié. Et là, nous entrons dans un domaine peut-être plus subtil, plus difficile à décrypter. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ? Comment se présentent-ils et y a-t-il eu des plaintes à ce sujet ? Il est très important de parler d’abus spirituels, d’autorité, de pouvoir, de la conscience. Important parce que les abus sexuels sont presque toujours des abus de pouvoir. Le problème sous-jacent n’est donc pas la question de la sexualité, mais précisément l’abus de la conscience, l’abus spirituel, l’abus de dépendances liées au pouvoir. Et il est vrai, comme vous le dites, qu’il est très difficile de déchiffrer ce qu’est l’abus spirituel. Déjà, le terme n’est pas encore clair et bien défini et je pense que cela se reflète aussi dans le nombre relativement faible de ces cas que nous avons publié dans notre rapport. Il y a un chemin à parcourir, qui a commencé, et les points d’écoute que j’ai déjà mentionnés nous y aideront. Il y a aussi les personnes qui ont été victimes d’un abus de pouvoir et qui ne veulent pas faire un rapport à une commission, mais qui demandent à parler à ceux qui leur ont fait du mal. Elles demandent une médiation, un entretien, peut-être même un chemin vers la réconciliation. Et puis il y a les autres qui n’ont pas encore trouvé le courage de dénoncer. Dans tout cela, je pense qu’un changement de culture est très important, et pour nous, il y a eu un moment très significatif lorsque, en septembre dernier, les dirigeants du Mouvement de toutes les régions du monde se sont réunis dans notre Centre international avec le Conseil général, et pendant plusieurs jours nous avons parlé de nos expériences, nous avons pris le courage d’écouter, le courage de parler, et nous avons essayé de créer une nouvelle culture d’ouverture, d’écoute, de narration. Là aussi, nous avons besoin de formation, d’une distinction entre le for interne et externe, comme le pape le conseille à l’Église, d’une formation à la conscience, d’une formation à la prévalence absolue de la dignité humaine. Nous savons que le pouvoir comporte toujours un risque, c’est pourquoi notre chemin est entamé et nous sommes encore en train de l’affiner. Il faut revoir les procédures de choix des dirigeants et maintenant il y a beaucoup plus d’implication de la base dans le choix des candidats, et puis il faut aussi qu’il y ait une alternance dans les fonctions de gouvernement.

Qu’est-ce que cela signifie pour le mouvement des Focolari de rendre publique la question des abus ? Il aurait pu aussi choisir de ne pas le faire… Quel message veut-on envoyer ? Je ne dirais pas que nous voulons envoyer un message avec ce rapport, car cela pourrait donner l’impression que nous voulons soigner notre image. Je pense que nous devons d’abord demander pardon à chaque personne qui a souffert de l’inadéquation de nos formes de gouvernement, de contrôle, de responsabilité. Ensuite, nous devons remercier ceux qui ont trouvé le courage de dénoncer et de nous faire ressentir leur colère. C’est surtout à eux que nous voulons dire, avec la publication de ce rapport, qu’ils ne l’ont pas fait en vain et que le chemin de notre conversion et de notre réparation n’a fait que commencer, mais qu’il va durer. Et je pense que l’un des signaux les plus forts de ce rapport est le simple fait qu’il s’agit du début d’une série, car nous nous sommes engagés à publier un tel rapport chaque année à partir de maintenant. Cela permet aux victimes et à l’opinion publique de suivre et de contrôler notre parcours, y compris au sein de notre mouvement, et cela nous forcera à ne jamais abandonner.

                                                                                                                                                     Adriana Masotti – Cité du Vatican Source : Vatican News