Mouvement des Focolari

Jordanie et Irak : prions aussi pour les terroristes

Oct 24, 2014

L'offensive des djihadistes de ce qu’on appelle l’Etat Islamique frappe en particulier les minorités chrétiennes et celles d’autres religions. Le témoignage de Rita du mouvement des Focolari, qui vit entre la Jordanie et l’Irak.

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Foto – EPA

Ceux qui souffrent de la violence absurde des extrémistes islamiques ce sont aussi les musulmans. De fait ce n’est pas le véritable islam qui pousse à la haine, affirment-ils. Les communautés des Focolari présentes dans les pays arabes mettent en pratique l’amour évangélique, comment affrontent-ils l’avancée de l’EI ? La réponse de Rita au micro d’Adriana Masotti, pour Radio Vaticane : “Dans cette situation, l’amour et l’unité sont purifiés par la souffrance que l’on vit. Nous étions choqués par la dernière tragédie où les terroristes sont entrés dans les villages du nord de l’Irak et d’un jour à l’autre nous avons vu des milliers de personnes arriver, sans rien. Une très grande souffrance ! Tu te demandes ce qui se passe et si ce en quoi nous croyons est encore vrai ! Mais ensuite, c’est peut-être là que vient le moment de le prouver. Ce qui nous en a donné la certitude c’est de sortir de nous-mêmes et d’aller à la rencontre de ces personnes. Une de nos familles en Irak, par exemple, en a accueilli 40 dans leur propre maison et à un certain moment, le père, après avoir casé tout le monde, s’est rendu compte qu’il n’y avait plus un coin de libre, il est alors allé dormir dans sa voiture. Une quarantaine de personnes, par contre, est allée se réfugier dans une autre zone de l’Irak, où nous avons deux ou trois familles qui ont ouvert leur propre maison. Voyant qu’elles étaient angoissées et dérangées, ils se sont rassemblés tous ensemble pour prier le chapelet : maintenant ils sont 60 et chaque soir quelqu’un du village s’ajoute et ils prient pour la paix, mais ils prient aussi pour les terroristes. Ils se sont rendu compte que certains avaient besoin de couverture, ils ont alors récolté un peu d’argent pour acheter une chose puis une autre ; mais ensuite il manquait encore quelque chose et la Providence leur a fait parvenir de l’argent en plus… Ils disaient : « la petite somme que nous avions mise ensemble, même si ce n’était pas grand-chose, en a attiré une autre puis une autre et cette petite somme n’en finissait plus ! Je me rends compte que cet amour authentique, peut-être distillé par la souffrance, nous fait voir que l’amour est plus fort. Personnellement j’ai vu des gens qui n’ont plus rien, mais ils ont maintenu la foi, et parce qu’ils ont senti la solidarité des autres, ils ont retrouvé le sens de la vie, de l’amour, de la paix véritable et ils y croient. Et même, ils sont maintenant des témoins encore plus forts ». Comment se présentent les relations entre les communautés des Focolari et les musulmans dans les pays que tu connais ? « Maintenant en Irak c’est plus difficile, parce que les parties sont un peu divisées : là où il y a des chrétiens, les musulmans sont peu nombreux. Nous n’avons pas beaucoup de contacts. Mais les gens nous aiment bien : ils ont toujours vécu ensemble. C’est cette politique qui manipule les rapports. En Jordanie, par contre, il existe un groupe de musulmans qui partage notre spiritualité. Je me souviens que lorsque sont arrivées en Jordanie quelques familles irakiennes réfugiées, nous avons raconté à notre communauté ce qui se passait en Irak. Une vingtaine de musulmans étaient présents – nous étions une centaine – et la première réaction immédiate est venue justement des musulmans qui ont dit : « Ce qui se passe n’est pas possible ! Ce sont nos frères : ouvrons-leur en premier nos maisons ! ». Ils éprouvent une grande souffrance pour ce qui arrive à cause de la violence des extrémistes. Ils n’osaient pas le dire parce qu’ils en avaient honte, mais ils voulaient nous faire comprendre que ce n’est pas leur religion. C’est profiter de la religion pour s’engager dans la violence, la haine… Avec certains nous avons de très bons rapports, dans la vérité. Et même, tu te sens poussé à être un vrai chrétien pour entrer en rapport avec un musulman : pas de compromis, pas de confusions. Chacun d’entre nous, face à l’autre, essaie d’être le meilleur de lui-même, d’être un vrai chrétien ; et le meilleur de soi, pour eux, c’est d’avoir le courage de faire tomber ce qui n’est pas pour l’homme, qui n’est pas amour, ce qu’ils définissent par ‘miséricorde’ ». Source : Radio Vaticane  (en italien)  

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