Mouvement des Focolari

Le Dieu d’aujourd’hui

Sep 18, 2016

Città Nuova publie un recueil de textes de Chiara Lubich qui recouvre tout l’arc de sa vie : une invitation à se mettre à la suite de Jésus qui, au sommet de son existence terrestre, expérimente la douleur et le déchirement de se sentir divisé de son Père, mais c’est justement à ce moment-là qu’il réalise l’unité. Des pages d’une grande actualité en ce temps de ténèbres qui peuvent être le prélude à une renaissance.

Gesù AbbandonatoJe voudrais “le consoler”, “parcourir le monde pour Lui rallier de nombreux cœurs”, telle est la réaction spontanée que Chiara Lubich éprouve lorsque, le 24 janvier 1944, elle prend conscience de du cri abyssal de Jésus en croix : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Si c’est le moment où il a souffert le plus – conclut-elle -, cela veut dire que c’est celui où il nous a aimé le plus. Faisons de Lui l’Idéal de notre vie ! ». Et dire qu’alors la théologie ne réfléchissait pas sur l’abandon expérimenté par Jésus ! La piété chrétienne concentrait toute son attention sur ses douleurs physiques, sur l’agonie au Jardin des Oliviers. Et pourtant la seconde guerre mondiale, et en particulier l’holocauste, étaient en train de creuser dans la conscience humaine un gouffre que seule cette expérience extrême de Jésus pouvait en quelque sorte combler. Chiara, encore jeune, choisit de chercher et d’aimer Jésus Abandonné dans les innombrables visages de la souffrance humaine personnelle et collective, seulement par amour : pour ne pas laisser l’Abandonné seul. Mais assez vite elle fait une expérience inattendue : « On se plonge dans un océan de douleur et l’on se retrouve en train de nager dans une mer d’amour ». Le déchirement se change en joie et transforme les relations, crée la communion : « Ce sont les deux faces d’une unique médaille. A toutes les âmes je montre la page de l’unité. Pour moi et pour toutes celles qui sont en première ligne pour l’Unité : notre seul tout, c’est Jésus abandonné ». Les années 1949-1951 sont source de nouvelles intuitions. La blessure de l’abandon comme expression du plus grand Amour devient pour Chiara la clé de voûte de sa vision de l’histoire, de la vie humaine mais d’abord de celle de Dieu. Elle la contemple comme « la pupille de l’œil de Dieu sur le monde » : un Vide Infini à travers lequel Dieu nous regarde : la fenêtre de Dieu grande ouverte sur le monde et la fenêtre de l’humanité à travers laquelle on voit Dieu ». Suivent des années d’épreuve, celles de l’étude approfondie du nouveau charisme par l’Eglise. Une attente que Chiara vit à la lumière du Fils abandonné par le Père, convaincue qu’en tout cela l’Eglise est Mère. Etape après étape, le volume retrace ainsi la trajectoire de l’aventure spirituelle de Chiara, à travers ses notes, ses lettres, ses journaux et ses discours, regroupés en six chapitres. 160 pages, introduites par le théologien Hubertus Blaumeiser, qui pourront accompagner et éclairer notre quotidien. Avec l’approbation des Focolari par l’Eglise, au début des années 60, s’ouvre un nouvel horizon : Jésus abandonné devient le moteur qui pousse à aller à la rencontre des défis sociaux, à celle de toutes sortes de déchirements, c’est “un maître du dialogue » dans le domaine œcuménique et interreligieux, il se manifeste comme le « Dieu d’aujourd’hui », capable de s’adresser aussi à ceux qui ne croient pas, il est aussi la source d’un grand changement culturel. Avec lui, l’auteure entreprend ce qu’elle a appelé le “Saint Voyage”, un chemin de sainteté communautaire qui a entraîné à sa suite des milliers de personnes sur les cinq continents : « Il est le plus grand Maître de la vie spirituelle, du détachement de soi, des personnes, de toute chose, de ce qui est de Dieu mais n’est pas Dieu ». Il en sera ainsi jusqu’à une dernière “nuit” qui plonge encore davantage Chiara dans l’abyssale séparation expérimentée par Jésus et en même temps l’identifie à la nuit collective et culturelle que traverse l’humanité. « En aimant Jésus abandonné – écrit-elle – nous trouvons le motif et la force pour ne pas fuir ces maux, ces divisions, mais pour les accepter et les consumer, en y apportant ainsi notre remède personnel et collectif ». Et elle en est convaincue : « Si nous parvenons à le rencontrer dans chaque douleur, si nous l’aimons en nous adressant au Père comme Jésus sur la Croix : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit » (Lc 23, 46) ; alors avec Lui la nuit passera et la lumière nous éclairera ».

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