“Beaucoup ont essayé d’expliquer les racines et les raisons des débuts de la vie monastique, mais les récits des Pères et leur expérience de vie nous montrent que le moine est ‘le martyr vivant’, et qu’ils ‘ont quitté le monde pour l’unique réalité qui a de la valeur: Dieu.” C’est comme vouloir répondre à l’amour de Dieu, bien exprimé dans un verset de la Sainte Messe copte, que nous appelons Divine Liturgie, qui s’adresse à Dieu: “De toutes les paroles dites, rien ne peut décrire Ton amour pour l’humanité”. Saint Jérôme dit que leur vie d’ascètes et d’ermites proclame: “L’amour divin nous a touchés avec ses flèches”; et chacun répétait: “J’ai trouvé ce à quoi mon âme aspire, je le garderai précieusement et ne le laisserai jamais”. Le désir de ces moines était, donc, de se donner complètement à cet amour et, pour se consacrer à Lui, ils ont dû quitter les villes.
Saint Basile annonce clairement: “Qui aime Dieu quitte tout et va vers Lui”. On dit du disciple de saint Pacôme, saint Théodore, que “son unique intérêt dans le monde était d’aimer Dieu de tout son cœur, en suivant le commandement de Jésus-Christ”. La racine de la vie ascétique c’est de ressembler au Christ: le dépouillement complet de soi, suivre la volonté du Père, la virginité, en contact continu avec Dieu le Père à travers la prière. Le Père Matta El Meskin l’explique bien: “La garantie de notre consécration (être moine) est dans le rattachement au Christ personnellement, et de bien suivre la Bible. Donc, avec le Christ et la Bible, nous pourrons marcher dans notre voie, en croissance continue, jusqu’à la fin”.
Le choix du consacré est de suivre Jésus “Voie, Vérité et Vie”. Vivre en Christ et pour Lui seulement. Le suivre dans le style de vie qu’il a vécu. Il a choisi de vivre pauvre, vierge et obéissant. Alors le moine ne choisit pas la pauvreté, mais le Christ pauvre. Le choix est de la personne même de Jésus, et par conséquent de ce qu’a vécu le Christ, comment il l’a vécu et pourquoi il l’a vécu ainsi.
Concernant l’aspect communautaire dans la vie ascétique des moines du désert, nous pouvons rappeler comment – par exemple dans les monastères qui suivent saint Pacôme – la vie de communion devenait l’extension de l’Église primitive à l’époque des apôtres. En regardant la vie des Pères, nous pouvons tracer quelques caractéristiques communautaires: l’amour réciproque (saint Pacôme sollicite toujours les siens à s’aimer, et c’est en raison de la charité entre les moines que cette vie s’est répandue et continue jusqu’à aujourd’hui); la vie ensemble (le “tout était en commun” des premières communautés chrétiennes est la caractéristique dominante dans tous les aspects de la cohabitation des moines).
Les enseignements des Pères du désert me rappellent la méditation de Chiara Lubich “L’attractivité des temps modernes”, qui exprime bien ce que j’éprouve: “Pénétrer dans la plus haute contemplation, tout en restant mêlés aux autres”. Cette contemplation actualise la vie des Pères durant ce siècle, mais au milieu du monde.
La présence spirituelle de Jésus au milieu de nous avec les focolarines catholiques avec lesquelles je vis dans le focolare de Sohag, l’engagement de nous aimer, nous a vraiment rendues sœurs et nous fait expérimenter la joie du Ressuscité au-delà de nos différences. Dans la vie quotidienne, tout est en commun: nous prions, travaillons, jouons et partageons les moments de souffrance des personnes qui nous entourent. Nous essayons de témoigner, avec notre vie, que Dieu est amour.
Vivre pour l’unité pleine dans l’Église du Christ “que tous soient un”, me fascine toujours plus. Je jouis de la beauté et la variété des dons de Dieu que je retrouve dans les différentes Églises, ainsi que l’aspiration et l’émotion de voir que nous sommes unis en Christ entre nous et dans le futur de l’Église dans le dessein de Dieu.
Les petits et grands pas sur le chemin œcuménique, aussi dans mon pays, en sont les témoignages. Depuis quelques années, par exemple, une commission œcuménique avec des personnes de chaque confession chrétienne présente à Sohag a été constituée. On se rencontre chaque fois dans une église différente: cette année dans l’église copte orthodoxe. Le 5 mars, presque tous les responsables locaux des églises étaient présents. Le thème principal était “la victoire sur le mal”, en partant de la situation de persécution des chrétiens en Libye et en retraçant les étapes du peuple d’Israël qui quitte l’Égypte. “Le drapeau qui flotte sur nous est l’amour de Dieu”, a affirmé l’évêque copte orthodoxe Mgr Bakhoum, souhaitant aux personnes présentes “que nous nous retrouvions toujours dans l’Amour”.
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